Tout était allé bien trop vite. Un pressentiment, une fuite, un homme armé, une arme pointée sur elle, un coup qui part puis… Plus rien. Lisbeth s’était jetée au sol pour éviter le tir et son flanc et son poignets gauches avaient violemment heurté le sol. La douleur avait été fulgurante, rapide puis… Puis un deuxième tir. Ce son qui la ramena violemment à la réalité. Maverick, où était-il ? Elle avait relevé la tête et l’avait aperçu à travers une mèche de ses cheveux collée contre son visage : au sol. A côté de lui, une silhouette inerte. Le tireur encagoulé. Un instant, Lisbeth se revit le soir où William avait tenté de l’assassiner. Et si… Non, ce n’était pas lui qui gisait au sol, mort. Will n’aurait pas raté deux fois sa cible. Et surtout, elle était certaine que jamais il ne l’aurait trahie. Rapidement, elle s’était relevée pour se précipiter auprès de l’homme qu’elle aimait, touché à la jambe. A la jambe… Un immense soulagement l’envahit d’un coup alors qu’elle dénouait son écharpe pour en faire une compresse. Puis son pull, dévoilant ainsi son corps frêle couvert par un T-shirt noir. Ses mains rougissaient sous l’afflux du sang s’échappant de la plaie de Maverick. Allait-elle seulement s’arrêter de saigner ? Des mots lui échappèrent. Lesquels ? Elle ne s’en souvenait plus. Tel un robot, elle s’était emparée de son téléphone portable et avait composé le numéro des urgences. Ambulance, voitures de police, toutes les forces des urgences étaient présentes à la patinoire de Boston. Une petite foule s’amoncelait déjà alors que Lisbeth se reculait, s’acculait contre le mur du bâtiment de pierres tel un animal apeuré. Sous le choc, elle observait la scène de loin, comme si ce corps mince et épuisé ne lui appartenait pas. On s’occupait de Maverick… On lui posait des cathéters à n’en plus finir, on l’emmenait dans l’ambulance, on fermait la porte et… Bientôt, il ne resta plus que Lisbeth et la police. Un agent s’était approché d’elle et avait posé une main rassurante sur son épaule. La jeune femme avait à peine réagi. Il voulait savoir ce qui s’était passé. Mais aucun son ne franchit la barrière de ses lèvres. Ses yeux dilatés et écarquillés, elle fixait la petite flaque de sang qui avait fait place à Maverick. Le flic la secoua un peu par les épaules sans lui faire mal. Le regard éteint, elle tourna lentement la tête vers lui. Que s’était-il passé ? Des mots s’échappèrent enfin de sa bouche tremblotante. Sûrement expliqua-t-elle qu’elle s’était sentie en danger dans la patinoire et que Maverick l’avait conduite dehors pour fuir. Mais malheureusement, un type encagoulé l’avait mis en joue et, pour la protéger, l’homme qu’elle aimait s’était interposé et avait reçu une balle dans la jambe avant de retourner l’arme contre le tueur au risque de se faire lui-même assassiner. Peut-être avait-elle raconté cela. En tout cas, ses mots suffirent aux policiers pour la laisser tranquille. Ils voulaient juste savoir où elle voulait aller comme ça. Comment ça ? A peine avait-elle eu conscience qu’elle s’était levée et qu’elle se dirigeait vers la voiture de Maverick pour prendre le volant. Et puis quoi, encore ? Une policière la rattrapa et lui arracha les clés des mains. Lisbeth fit volte-face, prête à lui envoyer un coup. La flic esquiva et lui attrapa les poignets. Un cri de douleur déchirant. Surprise, la femme de justice lâcha les mains de Lisbeth et remarqua alors la rougeur et l’œdème qui commençaient à se former sur son poignet. Elle attrapa alors son autre bras et la calma en la plaquant dos contre sa poitrine pour tenter de l’immobiliser. Après s’être débattue à peine une minute, la jeune suédoise s’immobilisa en croyant entendre qu’on allait la conduire à l’hôpital. Tant mieux, c’était là qu’elle devait se rendre.

Une odeur aseptisée… Des blouses blanches qui couraient de tous les côtés. Une pression relâchée sur son épaule. Une jeune femme perdue au milieu de ce long couloir. Une femme en blanc s’approcha d’elle lentement et ses lèvres bougeaient. Que disait-elle ? Maverick… Oui, elle voulait voir Maverick ! Elle se laissa guider tel un zombie à travers les dédales de couloirs avant de s’immobiliser. Comment était-elle arrivée là ? Elle tourna la tête à gauche et à droite puis fit volte-face. Plus personne près d’elle. Aïe, mais pourquoi avait-elle mal quand elle respirait ? Instinctivement, elle posa sa main gauche sur son flanc et une nouvelle décharge de douleur la transperça comme une épée. Elle s’était vraiment fait mal en tombant… Malgré tout, sa main au poignet blessé s’approcha de la poignée de la porte. Elle l’actionna lentement, la poussa et… Elle le vit. Relié à des perfusions, comme elle presque deux mois plus tôt. C’est à ce moment précis que ce désagréable ralenti s’arrêta et tout redevint normal autour d’elle. Le décor de la chambre se précisa et les sons autour d’elle redevinrent audibles et distincts. Lisbeth revint violemment à elle, l’état de choc faisant brusquement place à la peur et au soulagement. Maverick était là, bien vivant et elle le vit ouvrit un œil à son entrée. Alors Lisbeth craqua complètement et se précipita vers lui, ses jambes à nouveau opérationnelles. Les larmes ruisselaient et ses joues étaient inondées. Jamais pareille réaction ne l’avait envahie. Elle pleurait et elle pleurait comme si on lui avait arraché le cœur et qu’on la narguait avec. Ses mains pleines de sang séché (celui de Maverick), elle saisit une des siennes pour être certaine qu’il était bien vivant.

« Mav… » Hoqueta-t-elle.

Ce sont les seules paroles qu’elle put articuler avant que de gros sanglots bloquent à nouveau sa voix. Il était assez perturbant de voir une personne aussi forte que Lisbeth se laissait ainsi envahir par les émotions et surtout, les montrer. Jamais elle n’avait pleuré de la sorte et surtout pas devant quelqu’un. Elle se laissa alors glisser à genoux sur le sol froid, sa main agrippée à celle de Maverick. Son poignet était en train de prendre une couleur violacée mais la douleur était annihilée pour le moment. Ses côtes lui faisaient mal à chaque sanglot, à chaque respiration, mais elle n’en tenait pas compte. Agenouillée au sol, à bout de force, Lisbeth avait le front posé contre le matelas du lit sur lequel était allongé l’homme qu’elle aimait. Ses épaules se soulevaient à chaque sanglot. Qu’avait-elle donc fait ? Qu’avait-elle provoqué ?

EXORDIUM.

Lisbeth sanglotait encore et encore, le front posé contre le lit sur lequel était allongé l’homme qu’elle aimait. Elle n’arrivait pas à prononcer un mot, sa gorge nouée et pleine de sanglots. Elle eut à peine conscience de la main de Maverick dans ses cheveux noirs et désordonnés. Ses épaules se soulevaient au rythme de ses pleurs et bientôt, elle sentit sa main glisser sur son menton pour la forcer à relever la tête. Et c’est ce qu’elle fit, lentement. Son visage, rougi, était également noyé de larmes. Ses magnifiques yeux ambrés étaient rouges et humides. Elle avait piètre allure et on aurait dit que le monde venait de s’effondrer sur ses épaules. C’était peut-être le cas. Tout ceci, c’était de sa faute. Jamais elle n’aurait dû s’attacher à quelqu’un, jamais elle n’aurait dû ouvrir son cœur. Si elle avait tenu Maverick à l’écart, cette satanée Suédoise n’aurait jamais pu l’atteindre comme elle l’avait fait ce jour. Si le jeune slovaque était dans cet état, c’était de sa faute et en aucun cas la sienne. Comme elle avait envie de hurler, de frapper quelque chose, de se défouler ! Elle serra les dents et tenta de reprendre le contrôle de sa respiration et de ses nerfs. Ce n’était pas simple parce qu’elle était touchée en plein cœur. Et il ne se soignait pas aussi rapidement qu’on le voudrait.

« A… Arrête ! » réussit-elle à articuler, enfin !

La jeune femme secouait la tête en signe de dénégation. Assise malgré elle sur le lit, près de Maverick, elle détournait le regard pour ne pas avoir à observer les dégâts causés par cette maudite balle. Projectile qui lui était normalement destiné. Sa gorge se noua à nouveau et elle passa une main sur son visage mouillé de larmes. Quand il l’embrassa, elle se laissa faire presque passivement. Était-elle déjà en train de mettre des barrières entre eux, pour le protéger ? Cette histoire, ces problèmes, c’était les siens. Elle ne voulait en aucun cas que Maverick en pâtisse ! Mais, malgré elle, elle vint se blottir tout contre lui, ce contact lui apportant le plus grand bien et apaisement. Comment se passer de ça, de tous ces gestes de tendresse qui lui étaient inconnus quelques mois plus tôt ? Son cœur se serra violemment dans sa poitrine et elle manqua un court instant de souffle. A présent allongée à côté de l’homme qu’elle aimait, elle se rendit compte qu’elle était appuyée contre son flanc gauche et qu’elle avait un mal de chien quand elle respirait. Quand les infirmières arrivèrent dans la chambre, Lisbeth se redressa pour soulager ses côtes. Elle respira un peu plus librement. Les soignantes inspectèrent la blessure de leur patient avant de ressortir, apparemment satisfaites. La jeune suédoise se releva enfin et quitta le lit pour se diriger vers la fenêtre quand le téléphone de son homme sonna. Elle le laissa tranquillement répondre alors qu’elle extirpait le sien de sa poche. L’écran était fissuré sur le haut et un léger grognement désapprobateur lui échappa. Inconsciemment, elle chercha le contact de William, cliqua dessus et une fenêtre vierge pour messages cryptés apparut sur son écran. Son pouce au-dessus de l’écran, elle était prête à écrire un message pour lui expliquer les évènements survenus plus tôt dans la journée. Elle se ravisa au dernier moment et fit disparaître la fenêtre avant de ranger son téléphone. C’est à ce moment qu’elle remarqua le sang séché qui souillait encore ses mains tremblantes. Lisbeth se dirigea vers le lavabo alors que Maverick raccrochait. Apparemment, il avait raconté ce qui lui était arrivé. Pour sa part, elle se contenterait de garder ça pour elle. Pour le moment.

L’eau tiède coulait et Lisbeth dut frotter fort avec le savon désinfectant pour que tout ce sang parte. Quand Maverick lui adressa la parole après avoir raccroché, elle était toujours concentrée sur sa tâche.

« Non ! Tu ne vas en aucun cas marcher tout de suite ! Quoi ? »

Son poignet ? Son regard se posa dessus et, effectivement, elle remarqua la belle couleur violette qu’il prenait. Elle effectua quelques rotations avec et grimaça de douleur. Bordel, il ne manquait plus qu’il soit cassé ! Vu l’œdème qui se formait, ça pouvait être le cas… Mais elle arrivait à le bouger, ce qui était quand même bon signe. Quant à ses côtes… Elle souleva enfin son T-shirt et grimaça de plus belle en voyant le résultat de sa chute. Bon, elle s’en sortait pas mal.

« Bien sûr que je suis préoccupée par toi ! »

Au moment où elle se retournait pour lui faire face, elle lâchait son T-shirt. Elle revint vers Maverick et l’aida à s’asseoir au bord du lit. Elle était quasiment certaine que ce n’était pas une bonne idée et que sa jambe avait sûrement besoin d’être à plat, voire légèrement surélevée pour favoriser le retour sanguin et éviter les œdèmes.

« Tu as mal ? Je peux appeler une infirmière… »

EXORDIUM.

Lisbeth était un peu brutale et froide. Le choc avait fait place à une toute autre émotion, totalement opposée. Elle devait à tout prix reprendre le contrôle et se remettre à surveiller ses arrières. Encore. Cette pétasse de Suédoise avait encore frappé et, une nouvelle fois, elle faillit réussir son coup. Heureusement que la balle avait seulement touché la jambe de Maverick… Quoi que… Elle aurait préféré que ce soit la sienne. Le truc, c’est qu’elle ne comprenait toujours pas pourquoi on s’acharnait autant sur elle ! Peut-être devait-elle attaquer cette affaire sous un tout autre angle. Peut-être devait-elle partir d’elle-même et tenter de voir si quelque chose la reliait à cette tueuse invétérée. Car elle ne lâchait rien, celle-ci ! Ça la tuait d’entendre Maverick porter le blâme alors que tout était de sa faute à elle ! Était-il aveugle ? S’il avait été en danger, c’était à cause d’elle ! Comment pouvait-il ne pas la dégager de la pièce ? A présent en colère, elle tentait de se maîtriser et frottait ses mains encore plus fort, jusqu’à les faire rougir. Calme-toi, Lisbeth. Respire calmement. Finalement, elle prit une grande inspiration et coupa l’eau avant de s’essuyer les mains. Quand elle reporta son attention sur l’homme qu’elle aimait, son cœur manqua plusieurs battements en regardait sa jambe. Qu’avait-elle donc provoqué ? Elle était certaine que sa tortionnaire était au courant qu’une autre personne qu’elle s’était prise la balle qui lui était destinée. N’allait-elle pas traquer Maverick, maintenant ? Pour jouer avec son point faible ?

A sa demande, elle appela une infirmière en appuyant simplement sur la sonnette. Elle ne voulait en aucun cas qu’il souffre inutilement, surtout si les antidouleurs existaient dans ce bas-monde. Elle sortit une nouvelle fois son téléphone portable de sa poche pour regarder l’heure.

« 22h30. »

Elle fut surprise qu’il fût déjà si tard. Était-elle donc restée aussi longtemps en état de choc ? Elle se souvint de la dernière fois qu’elle avait fixé l’horloge de la patinoire et il était 17h32 à ce moment-là. Secouant la tête, elle posa son téléphone fissuré sur la table de nuit avant de s’installer aux côtés de Maverick. Ses épaules s’affaissèrent d’un seul coup comme si tout le poids du monde l’écrasait. La main qu’il passa sur son dos la réconforta un peu mais pas suffisamment pour lui ôter toute la peur et la culpabilité qui la rongeaient de l’intérieur.

« Tu vas guérir, oui… J’avais senti que j’étais suivie… Ou plutôt, j’ai senti qu’on m’observait après le match. Je t’avais dit qu’on me suivait. Je l’ai tout de suite ressenti. Je…Il faut que je t’installe un système de sécurité, chez toi. Ne proteste pas. Tu es en danger, toi aussi. Par ma faute… »

Elle pensait toujours qu’il fallait qu’ils prennent leurs distances. Mais pas tant qu’elle ne le savait pas en sécurité. Et pour le moment, c’était loin d’être le cas. Au moment où elle allait reprendre la parole, une infirmière entra enfin dans la chambre. Elle ne fut pas très contente de voir son patient assis au bord du lit et Lisbeth lui fit comprendre qu’elle n’avait rien pu faire pour l’en empêcher. Maverick n’allait pas être un patient très… Patient. Elle passa une main dans les cheveux de l’homme qu’elle aimait avant de sortir un moment de la chambre pour laisser l’infirmière faire son travail. Elle avait récupéré son téléphone et s’assit sur une chaise située dans le couloir, non loin de la porte de la chambre de Maverick. Les larmes lui montèrent à nouveau, faisant rougir ses joues sous l’effet de l’émotion. La même question tournait en boucle dans son esprit : qu’avait-elle donc provoqué ?

EXORDIUM.

Lisbeth resta un long moment assise sur sa chaise à ressasser les évènements de la fin de journée. Elle se repassait les scènes en boucle : son impression d’être épiée alors qu’elle était assise sur les gradins, sa course dans les couloirs pour avertir Maverick puis leur fuite à l’extérieur de la patinoire. Le reste la fit frissonner : le type encagoulé, le canon de son flingue pointé sur elle puis Maverick qui se jette sur le tueur au moment où ce dernier tirait pour l’achever une bonne fois pour toutes. Le canon avait été dévié de sa cible pour en atteindre une nouvelle : la jambe du jeune slovaque. Une lutte avait débuté au cours de laquelle Maverick réussit à retourner l’arme contre l’homme en noir au moment où ce dernier appuyait sur la gâchette. Mort, son énième agresseur était mort. Mais Lisbeth n’était pas dupe : elle était certaine que la Suédoise était au courant dans les moindres détails des évènements. Maverick faisait sûrement partie des indésirables à éliminer. Après tout, il avait empêché à sa cible de mourir. Il allait payer pour ça. Un long frisson d’horreur parcourut l’échine de la jeune femme et elle se précipita dans les WC des visiteurs. Elle s’y enferma à double tour et rendit ce que son estomac contenait. Pas grand-chose à vrai dire. Une violente nausée la secouait mais peut-être la retenait-elle depuis tout à l’heure. Ou l’adrénaline avait atteint son taux normal, permettant enfin à son corps de réagir convenablement aux évènements. Epuisée et surtout percluse de douleur, elle s’assit sur le sol froid et s’adossa au mur situé près des WC. Elle ferma les yeux et porta une main à son front moite. Un haut-le-cœur la reprit et elle se tint les côtes en prévision de ce qui allait suivre. Mais rien ne vint cette fois. Par contre, ses muscles abdominaux étaient encore tendus sous l’effort qu’elle venait de fournir et chaque respiration lui causait un mal de chien. Elle était tellement épuisée, à bout de force ! Comment allait-elle tenir ? Elle préférait ne pas y penser. Pour l’heure, elle devait rejoindre Maverick. Se tenant toujours le flanc, elle se remit debout avec toutes les peines du monde avant de tirer la chasse d’eau. Lisbeth se rinça la bouche et aspergea son visage d’eau fraîche avant de quitter la petite pièce exiguë.

C’est en se tenant toujours les côtes qu’elle revint dans la chambre qu’occupait l’homme qu’elle aimait. Les infirmières étaient déjà reparties et Maverick était recouché. Apparemment, elles n’avaient pas aimé le voir assis et elle les comprenait parfaitement. Elle s’approcha de lui quand la porte se rouvrit : quoi, encore ? Elle fit volte-face et aperçut le médecin. Elle s’écarta pour le laisser accéder à Maverick mais il se dirigea vers elle. Il avisa sa main qui soutenait toujours son côté gauche et il lui demanda avec douceur s’il pouvait l’examiner. Ah, ces infirmières, toujours un œil sur tout ! Lisbeth refusa dans un premier temps mais quand le toubib lui dit qu’une ou plusieurs côtes pouvaient être cassées, elle céda et abandonna sa position antalgique. Elle grimaça et releva son T-shirt, dévoilant un magnifique hématome bien foncé. Le médecin mit des gants et le palpa doucement, faisant se crisper la jeune femme. Elle serrait les dents pour s’empêcher de gémir de douleur et resta parfaitement immobile. Cette palpation insupportable dura une éternité aux yeux de l’étudiante mais bientôt, le médecin conclut qu’il lui fallait une radio pour être sûr. Il pensait à une fêlure mais il voulait en avoir le cœur net. Lisbeth leva les yeux au plafond, exaspérée. Puis elle accepta. Très bien, on l’appellerait quand ce serait son tour. L’homme en blouse blanche quitta la pièce, les laissant enfin seuls.

« Oui Mav… Je vais rester avec toi… »

Elle vint s’asseoir au bord du lit et passa une main sur sa joue. Elle était un peu plus calme à présent et moins froide. Un lourd soupir finit par lui échapper : elle n’avait toujours pas répondu à sa question précédente, celle avant que les infirmières ne les interrompent et qu’elle quittât la chambre.

« Tu as empêché un tueur à gage de me tuer. Elle ne va pas être contente, j’en suis certaine. Tu t’es mis sur son chemin. Tu as fait capoter sa mission. Et je refuse qu’il t’arrive quelque chose… D’autre… »

Elle prit une de ses mains dans la sienne (celle qui ne tenait pas son flanc) et la serra doucement.

« Je t’aime et je ferais tout pour toi. »

« Tout » signifiait aussi que si elle jugeait sage de prendre de la distance avec Maverick pour le protéger alors elle le ferait.

EXORDIUM.

Lisbeth s’était laissé examiner sans broncher bien que l’idée ne lui plût absolument pas. Mais elle devait prendre un minimum soin d’elle sinon, elle allait très vite être dépassée. Quand le médecin palpa son flanc, elle se crispa de plus belle et ferma les yeux pour se concentrer sur autre chose que la douleur. Le verdict tomba bientôt : une radio devait être faite pour exclure toute fracture. Bon, s’il le fallait… Une fois seuls, elle s’assit au bord du lit de Maverick et prit sa main dans la sienne. Son regard tout à coup fatigué plongea dans les yeux bleus du jeune homme. Ses paroles serrèrent violemment son cœur déjà pas mal éprouvé et elle se mordit la lèvre pour empêcher les larmes de couler. Ce n’était pas le moment de s’y remettre ! Assez de larmes pour ce soir ! Elle s’approcha de lui quand il posa sa main sur son dos et elle passa ses bras autour de lui avec précaution. Elle fit attention à ce que son flanc ne soit pas appuyé contre quelque chose et elle ferma les yeux.

« Tout ceci ne change rien à ce que je ressens pour toi… S’il devait t’arriver quelque chose par ma faute, je ne me le pardonnerais jamais. Tu es la seule personne que j’ai jamais aimé et je n’imagine pas une seule seconde te perdre. »

Elle préférait le savoir en sécurité et loin d’elle plutôt que près d’elle et en danger. Ou pire, mort et enterré. Finalement, Lisbeth s’allongea lentement à côté de Maverick et grimaça de douleur. Fichues côtes ! Bon, c’était mieux ça qu’une balle dans la tête… Quand la tête du jeune homme se posa près de sa poitrine, elle fut certaine qu’il pouvait entendre les battements rapides de son cœur. Malgré son calme apparent, elle était toujours aussi angoissée et sur les nerfs.

« Oui, je dormirai près de toi, si tu le veux bien. »

Elle ne voulait pas rentrer chez elle. C’était paradoxal : elle préférait rester auprès de Maverick et assurer elle-même sa sécurité au besoin alors qu’elle venait d’émettre l’idée que peut-être ils allaient devoir prendre des distantes pour le protéger. Ses idées étaient en vrac et il fallait qu’elle dorme un peu. Surtout que ces derniers temps, elle manquait cruellement de sommeil et ne se nourrissait pas correctement.

« Repose-toi un peu, Mav… Je suis là et je veille sur toi. »

EXORDIUM.