Tu cours après quoi Anna, hein ? T’espère sauver quoi ? Il y a des pots cassés que même la plus forte des colles ne peut réparer. Après l’amour, tu cours, après l’amour … Stupide, toujours.
A travers la pluie, son regard s’en devient plus que perçant lorsqu’il daigne enfin se retourner vers moi. J’ai mal au coeur quand un tremblement s’éprend de mon corps. On en est là, Clay, n’est ce pas ? A ce point de non retour qui ne donne plus aucune place à cet amour ? Si tu savais comme je me déteste d’espérer encore alors qu’il est clair que tu as tiré un trait sur moi. Que de cette lettre envoyé il y a quelques mois il n’en reste réellement plus rien si ce n’est un incommensurable dédain. Et dans ses paroles je l’entend d’ailleurs, palpable. " Attention. Tu pourrais glisser. " Balancé pour me rappeler le peu de qualité des talons que je m’évertue à porter. Soit, je ne bouge pas d’un centimètre, me contente de le toiser.

L’attente s’en devient étrange, croire qu’il se pourrait qu’il fasse un pas vers moi. Qu’il me montre un semblant d’intérêt, une once de je-ne-sais-quoi qui démontrerait que tout n’est pas à jeter. Je ne relève même pas le pathétisme de l’instant, nous deux sous la pluie, moi à croire toujours en lui. Et je ne saurai dire si c’est la fatigue qui me pousse à ces sentiments, mais face à lui aussi vulnérable, j’en ai une envie de pleurer. Comme une gamine, à défaut de me positionner en femme bafouée. Si seulement il savait combien cela peut me coûter alors que c’est lui qui a fauté. Ravaler cette fierté, espérer une trêve. Un rêve … " Tu m'as viré Anna."  Tu m’as trompée, Clay. " Et tu ne m'as pas pardonné et ne le feras jamais. Alors quoi? " Et si … Et si je le pouvais justement ? Et si j’acceptais de faire comme si rien n’était jamais arrivé ? Si je t’aimais si fort que je ne peux me passer de toi ? Que je préfère encore t’avoir à moi en sachant que tu m’as trahit une fois plutôt que de ne plus jamais passer une seule nuit avec toi.

Je m’écrase alors que dans mon âme cela fait rage. Je m’insupporte, me débecte, bordel, je me sens si bête. Je pourrai dire tout et n’importe quoi, et pourtant je connais déjà les mots qui brûlent mes lèvres, qui me consument toute entière. A l’image de ce que je ressens, durant ses secondes interminables où je n’entends que ma respiration saccadé, un éclair traverse le ciel pour finalement s’exploser en un tonnerre assourdissant. C’est a travers la pluie battante que je lui balance, abandonnant la véhémence pour un murmure qui s’apparente au secret, que seul les nuages sauront garder. « Je t’aime encore. » et ca me dévore … malgré tout ce qu’il s’est passé, là est la seule vérité. Mais je ne peux passer une vie entière à te courir après. Je vais rentrer, sans toi, sans ton aide, sous la pluie, à pieds. On se dit adieu pour de bon, parce que voilà ce que nous sommes, deux cons.

Deux cons qui croyaient tout savoir de la vie, sauf que pour mon bien, je me dois d’essayer de passer la mienne sans lui.

@Clay Fitz. Cooper