Siloë,

Pour Leonidas Vasilis, il y avait une insulte pire que les autres : l’accuser d’avoir des sentiments. Il refusait même le concept des sentiments. Il n’avait aucunement l’intention d’en avoir comme elle l’espérait tant, comme elles le voulaient toutes. Les femmes pouvaient se bercer d’illusions à une vitesse folle si bien que cela avait toujours eu le temps de l’épater et de l’écœurer. « Soit, je ressentirai au moins un sentiment grâce à toi ! La haine, ça me va très bien » rétorqua-t-il en entrant dans son jeu. Ces deux-là avaient eu des disputes mais aucune était allée aussi loin, aussi profondément. Chaque mot prononcé n’avait qu’un seul et unique but : faire le plus de mal possible. Elle, en lui parlant d’Ael. La colère mais aussi le sentiment de trahison qu’il ressentait à son égard lui avait fait perdre le control. Leonidas avait réussi à empêcher l’impensable mais il savait ce qu’il avait voulu faire : la posséder avec ou sans son consentement pour lui démontrer par A+B à qui elle appartenait, qui lui donnerait toujours davantage de plaisir que les autres. Il voulait la soumettre, lui rabattre le caquet, la faire souffrir comme elle était en train de le faire actuellement. Oh comme il la haïssait à cet instant précis de faire voler toute sa vie en éclat. Il avait fait tellement de choses, tellement de sacrifice pour arriver à ce résultat, et elle, qu’est-ce qu’elle trouvait de mieux à faire ? Le pousser au-delà de ses limites, le faire craquer. « On n’est pas dans un Disney ! Réveille-toi, il n’y a rien entre nous comme il n’y aura jamais rien. Tu t’es fait des films, reviens à la réalité, tu croyais quoi ? Que c’était différent entre nous ? Tu n’es rien de plus qu’une autre conquête… au moins, toi, je t’avais à domicile, même pas de besoin de me déplacer pour tirer mon coup » lâcha-t-il sur un ton méprisant. Il ne pensait pas ce qu’il disait mais il avait besoin de faire mal, de la rejeter complétement.

Au final, elle était partie s’isoler dans sa chambre, le laissant entre rage et froide détermination. Leonidas reprenait peu à peu le contrôle de ses nerfs, de ses muscles. Il fallait que cela cesse, il devait arrêter de se tourmenter. Pas de sentiment, Siloë était une femme comme les autres à savoir volage et méprisable. « Pour une fois, tu supposes bien » rétorqua-t-il quand elle revint dans le salon. Elle était calme, il était froid. D’un point de vue extérieur, on pourrait croire que cette dispute n’avait jamais eu lieu mais les dégâts existaient bel et bien. Dernier échange, dernière pique et elle quittait l’appartement, le laissant seul. A peine la porte était fermée qu’il se laissait glisser contre un mur en se prenant la tête entre ses mains. C’était mieux comme ça songeait-il comme pour se donner bonne conscience, comme pour mettre de côté cette douleur dont il n’arrivait pas à définir l’origine.

TOPIC CLOS.