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    « What the day owes to the night. » Pv. Lawrie.
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    « What the day owes to the night. »
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    D’un aplomb à toute épreuve, la lueur dans le regard de Lenore était pourtant devenue plus furibonde, plus inquisitrice aussi face à sa remarque. Ses lèvres fines s’étaient pincées, trahissant son agacement soudain. Elle avait conscience qu’il la jugeait sans savoir, qu’il ne comprendrait certainement jamais les raisons qui l’avaient poussée à partir, et encore moi ce qui avait suivi … Elle estimait ne pas avoir à se justifier. Surtout auprès d’un parfait inconnu. Qui était-il pour la juger ? Personne. S’il avait été un frère, un conjoint, un parrain, pourquoi pas. Mais là, à ses yeux, il n’était rien si ce n’est un parasite qu’il valait mieux écraser au plus vite. « Pas tout à fait. Lily a eu vingt-cinq ans il y quelques jours. » Affirma-t-elle sur un ton pointilleux, pour souligner que si Lily était certes une enfant à l’époque, elle n’était pas partie à cause d’elle, étant restée plus de quatre ans à ses côtés malgré tout. En soi, c’était une durée infime. Et sa remarque aurait presque porté à rire. Mais elle semblait d’un sérieux imparable, ses traits se durcissant à vue d’œil. « Je n’espère pas non. J’apprécierai que vous ne rôdiez pas trop dans les parages. Vous risqueriez d’attirer des ennuis inutiles. » Au moins, cela avait le mérite d’être clair. Elle ne mâchait pas ses mots, restait d’un calme olympien et incisif malgré les circonstances. Et elle avait réussi à frapper, en plein dans le mille. A effleurer la corde sensible jusqu’à la pincer légèrement et la faire vibrer. Sa femme. Ou du moins … Ex-femme. Sa famille. A juger de la teinte qu’avait pris son regard, non seulement elle avait visé juste, mais en plus avec force, sans forcément entrer dans les détails. « Sachez que je prends toujours la peine de m’intéresser à ceux que je rencontre. Particulièrement ceux qui se mêlent de ma vie privée, et des histoires qui ne concernent que ma famille. » Une menace sous-jacente ? Peut-être. Mais elle n’avait visiblement pas peur de lui, ayant été habituée à vivre au quotidien avec plus coriace que cela. « Oh … Un coup de foudre vraiment ? C’est si charmant … » avait-elle soufflé en s’éloignant, sur une tonalité à mi-chemin entre la moquerie et la désinvolture, voire même le sarcasme, avant de s’en retourner à son mari, qui à présent lui glissait furtivement quelques mots à l’oreille en plaçant un verre de vin blanc entre ses mains diaphanes. Déjà ses lèvres s’étaient parées de nouveau d’un sourire de circonstances. Elle semblait magnifique, d’une beauté cruelle, et calculatrice. Avec cet homme à ses côtés, ils étaient parfaitement assortis.

    Posant un regard sur celui qu’elle venait de tirer délicatement à l’écart, quand l’intonation de sa voix se réverbéra dans le couloir, elle eut inconsciemment un léger mouvement de recul. Ses traits se figèrent, voire se refermèrent alors que sa main, prudente, se reculait jusqu’à retomber inerte le long de son corps. Visiblement, il était contrarié. Pourquoi ? Elle l’ignorait. Il ne lui semblait pas avoir fait quelque chose de mal … Du moins, pas consciemment. Et tout à l’heure, il avait l’air plus que satisfait au bras de cette charmante jeune femme  … Alors quoi, que s’était-il passé qui le mette d’humeur aussi détestable ? Pendant un instant elle eut envie de disparaître entre les murs, de se fondre dans le décor jusqu’à en devenir invisible. Mais les questions rhétoriques qui suivirent, comme des coups de poignards assenés avec une précision chirurgicale, rendirent son sang plus chaud qu’il ne l’était jusqu’alors. L’agacement, conjugué à la lassitude, commençait à prendre possession de ses traits et à mettre à mal ses nerfs. Au début elle ne dit rien, se contente de soutenir son regard avec un aplomb qui ressemblait à celui de Lenore un peu plus tôt, même si ses traits, d’apparence plus fragile, la faisaient paraître moins rude que sa mère ne pouvait l’être. « Je ne voyais pas d’autres raisons qui auraient pu t’amener à venir. Que je sache, tu n’y connais rien en art, et ça ne t’intéresse pas plus que ça … Ne va pas me faire croire que tu es là pour le plaisir de déguster des petits fours, laisser de jolies femmes minauder à ton bras, et te noyer dans le champagne. » Sa tonalité, au début calme, commence au fil de ses mots à se faire plus incisive. Elle se défend, tout simplement. Comme la bête acculée qui sort les griffes alors que le prédateur décide de l’attaquer. « Ah oui, il ne t’a rien demandé ?! Et quand tu as signé le gros chèque pour me faire passer prioritaire, là aussi, il ne t’avait rien demandé ?! » La remarque avait glissé entre ses lèvres sans qu’elle ne puisse la retenir, ses instincts rendus moins prudents à cause de l’alcool s’insurgeant de cette colère qu’il semblait prompt à vouloir laisser déferler sur elle. « Un bienfaiteur anonyme. Mais bien sûr. Je pensais au début que c’était Lenore, mais quand elle m’a assuré que ce n’était pas le cas, tout de suite j’ai su que c’était toi … » Ses sourcils se froncèrent. Bien sûr qu’elle lui était reconnaissante. Et peut-être se trompait-elle sur l’identité de son « bienfaiteur », qu’il n’avait rien à voir avec cela. Mais elle en mettrait sa main à couper … cette vie, elle la lui devait, d’une manière ou d’une autre. Elle ne comprenait simplement pas pourquoi tout le monde s’évertuait à le lui taire, pourquoi personne ne lui disait jamais la vérité sans se cacher derrière des excuses, et des faux-semblants. Pourquoi il ne pouvait pas simplement admettre qu’il était venu pour la voir, si irrationnelle cette pensée lui apparaisse alors. « Ça aussi, c’était une erreur ?! » cracha-t-elle en écho alors que son visage s’était sensiblement rapproche du sien, presque à sa hauteur à présent, même si malgré les talons, il la surplombait toujours d’une bonne quinzaine de centimètres. Et puis sa remarque, à propos de Cyprien, qui la laissa interdite. Ses traits se figèrent, elle le dévisagea sans comprendre, notant le jugement amer dans le fond de sa voix qu’elle trouvait parfaitement déplacé. « Est-ce que tu es entrain de me reprocher d’essayer de passer une bonne soirée ? Est-ce que je t’ai jugé, moi, quand tu jouais les jolis cœurs avec cette miss Delacour ? Figure-toi que oui, il me plaît beaucoup. Il est charmant, attentif, il ne me regarde pas comme si je sortais d’un conte tragique pour enfants, et j’ai toujours admiré sa fibre créative. je ne crois pas avoir fait quelque chose de mal. Au moins je ne passe pas mon temps à lui caresser le torse comme s'il m'appartenait ... » Son palpitant commençait à faire des embardées dans sa poitrine, peu habitué aux émotions d’une telle vivacité. Rajoutez à cela les effluves du champagne, et elle commençait déjà à avoir les oreilles qui bourdonnent. « Attends un peu … Qu’est-ce que tu as dit ? » elle venait de répéter dans sa tête les mots qu’il venait de prononcer, un à un. Ses sourcils se froncèrent, et elle reprit d’une voix moins furibonde tout à coup : « Tu as parlé avec Lenore ? Qu’est-ce qu’elle t’a dit ? » Elle en devenait presque suspicieuse, à se demander ce qu’elle avait bien pu lui raconter dans son dos qui aurait pu le mettre dans un tel état. Ou ce qu’elle avait pu sous-entendre … Elle la croyait bien capable d’user de phrases malignes pour lui faire comprendre l’animosité qu’elle éprouvait à son égard. Une animosité dont elle avait du mal à saisir l’essence en réalité.  « О, черт … (Oh bon sang …), je dois prendre l’air … »  ça tanguait un peu là-dedans, presque au point de lui donner le mal de mer, et elle commençait à manquer d’air. Alors sans attendre, elle l’avait repoussé sur le côté, désentravant le passage de ce corps qui se situait entre elle, et le balcon donnant sur l’extérieur. Trois enjambées plus tard, apposant ses mains sur le rebord en pierre, elle prit une grande bouffée d’air, qui lui permit de retrouver un peu de contenance, et surtout, qui chassa doucement la nausée qui tiraillait son estomac vide de nourriture.






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    Lien du postSam 3 Déc 2016 - 7:57
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    Tout à coup, la colère avait laissé place à l'incompréhension, jusqu'à une forme excessive de colère teintée de malaise. Elle avait dit vingt-cinq ans...il y a quelques jours. Lily avait fêté ses vingt-cinq ans il y a quelques jours et je...j'avais oublié. Les paupières closes le temps d'une seconde, je retins un grognement d'agacement en songeant à l'imbécile que j'étais devenu à trop me préoccuper de mon travail, du reste du monde, plutôt que de l'une des seules personnes pour qui j'avais véritablement de l'affection. Comment ais-je pu omettre ne serait-ce que de le lui souhaiter ? Cela ne me ressemblait pas ? D'autant que mon retour datait d'il y a deux semaines avant que je ne sonne à sa porte, ce n'était donc pas comme si j'avais toujours été exilé à l'autre bout du monde. Les tempes battantes, le cœur las, je rejette d'un froncement de sourcils l'avertissement subtile de Lénore, trop concentré sur le cadeau que je comptais offrir à Lily afin de me faire pardonner, pour m'inquiéter des retombées éventuelles de Lénore, suite à ma présence ici ce soir, et dans la vie de sa fille plus généralement. En outre, de savoir que sa mère s'intéressait plus à mon cas que je ne l'aurais cru, me surprenait et ...me rendait fier, en un sens, car cela signifiait, outre le fait de ma dangerosité présumée, que j'avais mine de rien une importance aux yeux de Lily. Allez savoir pourquoi, cette pensée suffisait à me redonner le sourire, même sommairement. Quoiqu'il en soit, le dernier regard que je posais sur le couple formé par le beau-père de Lily et miss Swanson me fit prendre conscience de l'intérêt que je portais véritablement pour la jeune femme. J'avais conscience depuis un petit moment déjà que ce n'était pas uniquement pour la protéger de l'influence que je jugeais perfide de sa mère, mais que cela tenait davantage de ...l'égoïsme. Car sans prétendre vouloir garder Lily pour moi seul, ce ne serait jamais le cas, sa vie, ses relations, sa liberté de choix et d'action me tenait particulièrement à cœur. Peut-être une forme de fidélité à son père. Mais plus j'y songe, plus je m'aperçois que la vérité est ailleurs. Rien à voir avec X-files, bien entendu.

    J'aurai dû mieux garder mon sang-froid, me contrôler. Surtout que ce n'était faute d'entraînement. Allez savoir pour quelles raisons absurdes ce soir, je manquais de perdre mes moyens. Lily, malheureusement en avait fait les frais. Toutefois, elle ne se laissait pas faire, coupant court à des pensées noires qui me taraudaient depuis ma conversation avec sa chère et tendre mère. Je ne l'avais vu que très rarement – et j'en suis bien aise d'ailleurs – en colère. Les joues rosies, sa bouche formant un léger pincement, j'y découvrais le portrait de Lénore, en plus fragile, et ne pouvait m'empêcher de la trouver plus attirante encore. Mais...à quoi pensais-je ? Attirante ? Lily ? Je crois que les bulles de champagne me montent à la tête. Ou l'excès d'adrénaline dû à la rage. Je suis intimement convaincu que d'étrangler ma' Swanson pourrait tout arranger. Attentif malgré une mine soucieuse, je l'écoute, buvant chaque parole avec, à chaque fois, une émotion différente. Ainsi ne voyait-elle pas une autre raison qui justifiait ma présence ici ce soir. Pour moi, c'était une évidence. Indésirable, pathétique et effroyable à envisager pour un homme de ma stature, de mon âge et de mon expérience de vie, mais que je ne pouvais plus omettre d'un revers de main comme s'il s'agissait d'un faux-semblant. Loin de lui avouer la raison réelle qui m'avait poussé à venir ce soir, car estimant que l'illusion était préférable à une amère vérité qui, en tous états de cause, ne pourrait jamais exister et perdurer, je me contente de pincer les lèvres et d'afficher ce même air sérieux et inébranlable qui dissimulait parfaitement le moindre de mes sentiments. « Qui t'en a parlé ? » Mon timbre, un peu abrupte sur le coup, suffit alors pour laisser entendre ma surprise, et plus encore, mon agacement. Evidemment, si sa mère avait nié sa responsabilité et que son père n'avait pas réussi à réunir la somme ni la faire passer sur liste prioritaire durant toutes ces années, qui restait-il ? Je pouvais réfuter, biensûr, mais il était davantage dans ma nature d'omettre plutôt que de mentir. Or, puisque Lily avait vu juste, je ne voyais pas très bien comment prétendre le contraire désormais. Ceci dit, je comprenais difficilement la colère de Lily. Après tout, ce n'était pas comme si cela avait de l'importance. Enfin, à mes yeux ça en avait précisément car je ne souhaitais pas qu'elle se sente un jour, redevable de la vie que je lui avais permise de mener suite à l'opération. Ce pourquoi j'avais formellement demandé à Jon de garder le secret sur ce « donateur anonyme ». J'aurais mieux fait de passer une annonce à la radio, tiens. Cependant, je venais de me rendre compte. Des mots employés. De ce qu'elle venait d'avancer, de l'erreur commise. La désagréable surprise de savoir qu'elle avait appris passée, mon regard se focalisa sur son visage, détaillant ses traits avec patience et douceur. La colère aurait pû ressurgir. Elle aurait dû d'ailleurs, mais au lieu de ça, ce fut la tristesse qui voilà le ciel bleu pendant une fraction de secondes. « Il n'a pas eu besoin de demander Lily. » soupirais-je comme s'il s'agissait d'une évidence. Croyait-elle sincèrement que je l'aurais laissé dans l'état de santé déplorable dans lequel elle se trouvait durant toutes ces années si j'avais su qu'il y avait eu un autre moyen, certes onéreux mais efficace et lui permettant de vivre une vie « normale » ? Au fond, j'en voulais à Jon de s'être montré aussi discret sur les moyens dont il ne disposait pas mais qu'il aurait pu me confier afin que je fasse le nécessaire. Au lieu de quoi, Lily avait grandi dans l'attente d'une mort soudaine et imminente. « Je ne l'ai pas fait pour lui, ni pour ta mère. » Certes, j'avais ressenti la reconnaissance de Jonathan, bien plus que de la part de Lénore par ailleurs – j'avais compris ses besoins, ses attentes, ses espoirs retrouvés. Mais pour être tout à fait honnête, j'aurais apporté mon aide à Lily, qu'il soit d'accord ou non. Parce que, et je n'en avais jamais parlé à quiconque, Lily représentait bien plus à mes yeux qu'elle l'imaginait. Qu'il croyait. Que je supposais. Trop proche de mon visage, trop proche de mon corps maintenant qu'elle savait, je la contemplais de haut, desserrant peu à peu les lèvres, presque mal à l'aise de constater, en raison de la distance minime qu'elle avait mise entre nous, l'effet qu'elle produisait sur tout mon être. Ses tâches de rousseau, ses cils, la couleur de ses yeux, leurs formes, sa bouche pleine, son nez retroussé, chaque détail était étudié avec minutie. Chacun me faisant un peu plus succomber. Et mon désarroi, augmenter. Heureusement, la conversation changea le cours des choses. Les pensées déplacées qui s'étaient insidieusement insinuées en moi, évacuées, retrouvèrent leur fil conducteur, raisonnable et aussi droit qu'il se puisse être. Le portait qu'elle dressait de ce...Cyprien, nom totalement stupide soit -dit en passant, la façon d'épeler son prénom, de le décrire comme s'il était la septième merveille du monde, comme si...Chhtt, calme-toi. Respire et inspire un bon coup. « Personnellement, l'attitude d'Héléna ne me dérangeait pas. C'est bien toi qui m'as dit que je devrais réapprendre à vivre, notamment aux côtés d'une femme ? Peut-être que j'apprécie ces petites attentions, ce côté possessif et tactile ? Peut-être que c'est ce qu'il me fallait au fond. Etre regardé comme un homme fait de chair et de sang et non comme un tueur froid et sans cœur ? Comme un grand frère ou une figure paternelle qui ne saurait pas, soit disant parce qu'il n'y connait rien à l'art, reconnaître la beauté lorsqu'elle se tient devant lui ? » tonnais-je à mon tour avant de me rendre compte, trop tard, de ce que je venais d'admettre devant elle. Soupirant un bon coup, je me remémore la scène, espérant l'effacer de mon esprit. Et de celui de Lily, si possible. Mais qu'est-ce qui m'arrive ce soir ? L'alcool, c'était forcément ça. D'ordinaire pourtant, je le tiens assez bien. « Je n'ai rien dit. » grommelais-je en avisant le balcon. Il suffisait de quelques pas... Et sa mère qui revient sur le devant de la scène. Soudain, je la sens confuse, le pas chancelant, et par réflexe, mon bras s'était glissé sous le sien, qu'elle avait aussitôt repoussé alors qu'elle s'était dirigé vers le fameux balcon perché. Une minute passa sans que je n'eus de réaction si ce n'est celle de l'observer derrière la baie vitrée. Une minute qui suffit cependant à me faire recouvrer un semblant de calme et de raison. Je ne pouvais m'en aller de cette manière, l'abandonnant ici, comme si rien ne s'était passé. Je l'estimais bien trop pour agir comme un mufle en prétendant que ma conversation avec Lénore, ou le reste par ailleurs qui m'avait titillé les nerfs au point où je m'en suis pris à elle, ne la concernait en rien. Si elle voulait savoir, elle saurait.

    « Lawrence ? » De là où elle se trouvait, je ne l'avais ni vue ni entendue. De toutes façons, même si cela avait été le cas, ça n'aurait rien changé. Tranquillement, en faisant fi des regards et notamment celui de Swanson, je m'étais dirigé vers la salle où chacun commençait à se servir alors que les conversations allaient bon train. Puis, j'avais fait un détour par les cuisines, où je leur avais demandé une part de l'un des desserts qui serait servi en fin de repas. Du gâteau au chocolat. Cela se mariait très bien avec le champagne qu'elle avait bu tout au long de la soirée, et avait le mérite de redonner le moral. Une fois mon assiette en main, sa fourchette aux côtés de la part surmontée d'une fraise finement imbibée de chantilly, je contournais la salle principale, dressée pour les convives, pour prendre un raccourci de sorte d'arriver plus facilement à la salle où se trouvait encore Lily. Refermant la baie derrière moi afin que les éclats de voix des invités ne nous dérangent pas, je me rapproche, stoppant à quelques centimètres à ses côtés, admirant d'abord la vue de là où nous étions, avant d'effleurer son dos d'une légère caresse. « Lily... » Je ne lui demanderai pas si elle allait bien ou comment elle se sentait, car ses informations je les lisais déjà sur chacun de ses traits. « Je t'ai apporté une part de gâteau de chocolat. » annonçais-je presque timidement. Comme l'adolescent souhaitant faire la cour à l'élue de son cœur, mais qui craint de ne pas savoir s'y prendre, quel cadeau offrir, quoi dire pour qu'elle ne s'enfuit pas en courant. « C'est un bavarois, c'est délicieux et encore meilleur avec du champagne. » repris-je avec un sourire encourageant tandis que je lui tendais l'assiette d'une main. « Excuse-moi pour...mon comportement de ce soir. J'ignore ce qui m'a pris. L'alcool peut-être. D'habitude je n'ai aucun mal à garder mon sang-froid. » Ce n'était pas une raison, c'était un prétexte, bien que je sois sincère à ce sujet, elle n'avait pas à subir mes foudres. « J'ai eu une conversation avec ta mère et hum... » Je soupire, m'adossant à la balustrade du balcon, affichant un sourire sévère en y repensant. « ...disons qu'elle a le don de toucher où ça fait mal. » soufflais-je pour moi-même en l'observant du coin de l'oeil.




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    @Lily-Rose S. Hopkins
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    Lien du postSam 3 Déc 2016 - 20:21
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    La confusion la tenaillait comme un étau placé sous la gorge, à la faire osciller entre une colère naissante, et un désarroi profond. Sa réponse venait de confirmer ce qu’elle avait craint et espéré tout à la fois. Craint, parce qu’elle se sentait déjà redevable envers lui pour beaucoup de choses. De lui avoir sauvé la vie par exemple, dans cette station-service.  D’avoir été là pour elle quand elle en avait besoin, par rapport à cette sombre affaire, et pour tout ce qui avait suivi, et suivrait peut-être encore. Mais cet accord financier passé sans qu’elle puisse vraiment y consentir la mettait quelque peu mal à l’aise. Elle avait cette impression irrationnelle de lui devoir tout, que sa vie ne lui appartenait plus à elle-seule, mais au contraire lui appartenait en partie. C’était stupide de raisonner ainsi. De se dire qu’elle avait une dette envers lui qu’elle devrait lui rembourser tôt ou tard, comme s’il était un terrible créancier. Mais elle ne pouvait s’empêcher d’y penser, cette idée ternissant son jugement, la rendant plus incisive avec lui sans qu’elle n’explique exactement pourquoi. Elle avait si peur de comprendre un jour qu’il l’avait fait pour soulager sa conscience, pour racheter des fautes commises au prix de son existence décousue, que cela la rendait presque malade. D’effleurer l’idée qu’au fond, elle l’indifférait, qu’elle n’avait été qu’un moyen de soulager un poids comme un autre. Alors elle décidait de le défier, de le pousser dans ses retranchements comme l’on accule une bête blessée qui cherchera immanquablement à se défendre avant la fin. « Pour qui l’as-tu fait dans ce cas Lawrence ? Pour qui ? » Si c’était pour elle, elle voulait le savoir. Si c’était pour lui-même, elle voulait le savoir aussi. L’un comme l’autre, elle désirait pour une fois obtenir une réponse sans fard, sans dissimulation. Une réponse qu’il n’était peut-être pas prêt à lui fournir, ou qui sonnait peut-être en lui comme une évidence, mais qui pour elle était aussi confuse que cette absence dans laquelle il s’était muré pendant des mois entiers. Depuis qu’il était revenu, tout avait changé. Etait-ce lui, ou elle, ou les deux tous ensembles ? Elle ne savait pas encore, son regard pour l’heure pourfendant le sien sans faillir, sans lui accorder le privilège de prendre l’avantage, elle qui était auparavant trop souvent prompte à se dérober sous ses prunelles d’une clarté obscure.

    Lily l’observait sans le voir, exultant d’une rage profonde qui lui retournait les entrailles. Elle n’avait jamais eu jusque-là une conscience si accrue de ses traits, à vouloir les détailler et les griffer en même temps tant les sentiments qui l’accablaient étaient contradictoires. Jalouse, elle ? Certainement pas. Alors quel était cette impression possessive qui s’emparait tout doucement de son self-control ? Pourquoi bouillonnait-elle autant de l’intérieur tandis qu’il convoquait ses propres conseils ? « Si c’est à ce point ce qu’il te faut, qu’est-ce que tu fais encore ici ?! Pourquoi tu t’attardes, au lieu d’aller la retrouver pour que vous puissiez réapprendre à vivre tous les deux, vous posséder, tout ce que vous voulez ! » Bon sang. Rien que d’y penser, cela lui retournait l’estomac. Et elle encaissait mal les reproches dissimulés sur sa façon de le percevoir, alors qu’il ne cessait de se comporter avec elle comme si elle avait été la petite fille de cinq ans qu’il avait connu autrefois. « C’est comme ça que tu crois que je te vois ? Comme un tueur froid, sans cœur, comme un père de substitution ?! » Son souffle s’altère, devient plus fébrile. Elle se rend compte que sur les trois adjectifs, au moins un n’est pas si éloigné de la vérité. Le premier. Un tueur froid. Des images lui revinrent furtivement en tête. Comment lui avouer qu’elle ne dormait plus depuis des jours ? Comment admettre que dans les affres de la nuit, elle sentait encore la poigne de cet homme autour de sa chair, de sa paume faisant vibrer l’os de sa pommette. Elle se souvenait de la texture du sol, de l’odeur nauséabonde de l’endroit, de cette sensation poisseuse qui l’avait envahie toute entière quand le sang avait emplit sa bouche. Mais elle se rappelait aussi de sa précision chirurgicale à lui, glaçante, à briser les os et cisailler la chair. Elle se souvenait de cet effroi qui l’avait envahie à le voir si différent, mais en même temps si semblable à celui qu’elle avait toujours connu. Et tout cela se conjuguait avec le souvenir mortifère plus ancien qui la tétanisait encore. De sentir la chaleur du corps aimé s’égarer entre ses doigts, de pouvoir caresser la brûlure de son sang frais alors qu’il s’agrippait à son regard dans une terreur infinie à laquelle elle n’avait su trouver de réponse. Toutes ces images la happaient avec une telle force depuis quelques semaines, qu’elle avait parfois l’impression de perdre pieds. D’y repenser tout d’un coup, ses traits s’étaient voilés de cette lueur étrange, presque mortifère. Elle chercha ses mots pendant un instant, ne les trouva pas tel qu’elle les avait imaginés, mais continua malgré tout : « Je ne peux pas nier le fait qu’une partie de toi me fait peur. Mais combien parmi ces femmes peuvent se vanter de t’avoir aperçu tout entier, et d’être restées malgré tout ? » Un aveu à son tour, inconscient ? Ou l’énonciation d’une vérité sans fard ? Car elle n’était pas sure que le sourire de cette charmante Helena continuerait d’éclore pour ses beaux yeux si elle savait qu’il était capable de lui briser la nuque d’une simple pression de la main. Lily le savait. L’avait vu faire de ses propres yeux. Etait-elle partie pour autant ? Non. Mais nier que cette part-là de lui ne lui faisait rien serait irrationnel. Bien sûr qu’elle en avait peur, bien sûr qu’elle se demandait où était son âme lorsqu’il jouait avec les vies comme un marionnettiste. Ignorer cela, c’était se fermer à une partie de ce qu’il était. Et pour l’heure, elle ne l’avait pas fait. Pas encore du moins. « Ne viens pas me reprocher de ne pas savoir comment te considérer, quand tu ignores encore comment me regarder. »

    Elle avait retenu le compliment, l’avait dissimulé dans un coin de sa mémoire, trop troublée sur le coup pour réussir à le relever sans s’égarer. Et alors que la vague d’émotions devenait soudain trop difficile à gérer, l’appel d’air frais lui sembla salvateur. Ses doigts se crispèrent contre la pierre du balcon, sa peau se recouvrant peu à peu d’ondes qui venaient glacer son sang. Sa respiration se fit pus régulière, ses membres, moins fébriles. Son regard se perdit un instant dans la contemplation du décor, du jardin de l’hôtel juste en dessous qui accueillait quelques âmes vagabondes. Visiblement deux convives avaient décidé d’aller s’encanailler dans les buissons. Elle entendait le rire de la femme, à peine contenu, suivi des avances hardies de son « compagnon ». Cela la prêta à sourire, alors qu’un léger frisson vint lui parcourir l’échine, glissant le long de sa colonne vertébrale jusqu’à la faire tressaillir de sentir sur sa peau glacée cette caresse presque tiède. Son regard se posa sur ses traits d’abords, s’abaissèrent ensuite lentement jusqu’à rencontrer le met qu’il avait décidé de rapporter. Elle n’avait pas spécialement faim, mais prenait conscience que boire le ventre vide ne lui apporterait rien, si ce n’est des étourdissements. « Merci … » Avec prudence, ses doigts se glissèrent sous l’assiette. Elle n’y toucha pas pendant un moment. « L’alcool ?… Oui. C’est sans doute ça. Si tu le dis. » La tonalité lointaine qu’elle venait d’emprunter était plus révélatrice que n’importe quelle autre. Comme si elle notait sa propension à se dérober, mais sans inciter, soudain aux prises d’une lassitude qui l’empêchait de lutter. Avec minutie, Lily avait planté la petite fourchette dans le gâteau, en portant une bouchée à ses lèvres sans appétit réel. « Que t’a-t-elle dit pour te mettre dans un tel état ? » murmura-t-elle en écho, présentant l’assiette dans sa direction dans un geste accompagné d’un : « Tu en veux ? » Mais elle était presque sure qu’il refuserait, aussi avait-elle simplement posé l’assiette encore pleine sur le rebord en pierre, entre leurs deux silhouettes. « Elle m’a proposé de venir travailler avec elle, à New –York. C’est une occasion rêvée, presque inespérée. Ça me donnerait accès à des perspectives de carrière que je n’aurais jamais ici … A un réseau qu’un artiste lambda met des années avant d’acquérir … » Elle marque un temps de pause, son index soulève une larme de chantilly dans un coin de l’assiette, vient se glisser dans sa bouche alors qu’elle observe confusément un point invisible dans l’obscurité urbaine qui s’étend devant leurs yeux. « Devrais-je accepter, selon toi ? »






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    Lien du postSam 3 Déc 2016 - 21:53
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    Sa question, quoique légitime, me fit virer au blanc, et pendant plusieurs secondes je fus incapable de la regarder en face, me contentant d'observer le buisson qui gémissait plus bas, ou les étoiles qui semblaient s'émouvoir du spectacle au dessus de nos têtes. Dans mon esprit, tout était si limpide que ma colère s'en était allée pour laisser place à un malaise de plus en plus croissant à l'égard de la jeune femme. Avant ce soir, le regard que je posais sur elle demeurait celui d'un protecteur, d'un ami proche certes, d'un confident peut-être même, mais depuis tout avait changé. Et ce n'était pas seulement à cause de sa robe qui, je devais l'admettre, avait su bouleverser mes sens et mon sens du devoir. L'avoir vu au bras d'un autre, leurs doigts qui se frayaient un chemin autour de sa taille gracile...jamais je n'aurais cru la jalousie me consumer à ce point. Que Lily me pose maintenant la question me renvoyait pourtant à mes responsabilités. Persuadé que la réponse ne la satisferait pas, et plus encore qu'elle entraînerait des conséquences par la suite, j'hésitais longuement, songeant à mon statut, à mon âge, ce qui me fit par ailleurs sourire d'un air las. « Je pensais que c'était évident. Tu mérites de vivre, autant que n'importe qui, je te l'ai dit. » J'aurais pu m'arrêter là. Rester sur une position défensive pour ne pas reconnaître que j'avais changé, qu'elle...m'avait changé. Car finalement, admettre mes raisons me renvoyait à ma propre impuissance à laquelle je ne pouvais malheureusement succomber. « Je l'ai fait pour toi. Parce que... » Impuissant à avouer combien je tenais à elle, non plus comme une enfant, plus depuis ce soir, bien que cela avait commencé depuis longtemps déjà. Depuis ce jour où j'avais cru la perdre pour de bon. Depuis son opération. Le jour où j'avais fui. Quand j'y songe, ce ne pouvait pas être le fruit du hasard si j'avais quitté la ville ce jour-là. Ce n'était pas seulement ces hommes qui m'avaient poussé à partir, c'était elle. Rivés aux miens, ses yeux me transperçaient de toute part, et pour la première fois en six ans, je me sentais démuni devant une telle candeur. « Parce que je tiens plus à toi que je ne devrais. » Plus, n'étant pas le terme approprié. J'aurais du dire « différemment », peut-être aurait-elle mieux compris. Sauf que je n'étais pas certain de vouloir qu'elle l'entende ainsi.

    Sa colère reprenant bien vite le dessus, je ne sus quoi dire pour la canaliser. Retrouver Héléna n'avait pourtant jamais fait partie de mes préoccupations, loin de là. En outre, si je demeurais à ses côtés plutôt qu'à la table de ma cavalière, l'explication la plus plausible devait être que la compagnie de Lily m'importait davantage que la sienne. Le problème étant qu'à la réaction de Lily, aux mots employés, je venais de comprendre que ce qu'il me fallait, elle l'avait évoqué très justement, n'était pas ce à quoi je m'aspirais. Héléna était certes absolument divine, mais ses caresses sur mon torse n'avaient servi qu'à provoquer de l'amusement, de l'excitation à la rigueur, mais rien de suffisamment renversant pour que je m'y attarde. La colère de Lily en revanche, sa seule présence me donnait toujours le tournis. Sauf qu'elle ne comprenait pas. Elle ne comprendrait jamais que si j'étais resté à ses côtés, c'était justement parce qu'ELLE était ce qu'il me fallait. Et je n'avais pas l'intention de le lui dire. J'en avais trop dit, en fait. Lily était jeune, belle, passionnée. Elle avait le temps de vivre, d'apprendre, d'aimer. Mais pas celui qui l'accompagnait ce soir. Lui, la vie l'avait abîmé, écorché vif, il ne savait pas exprimer ses sentiments sans se croire faible, il était vieux, son vécu n'avait rien de la normalité dans laquelle se vautrent les citoyens lambdas. Lui, il avait peur d'aimer à nouveau, et de la faire souffrir. Elle méritait mieux que lui, alors je n'ai rien dit. J'ai fait face, comme à mon habitude. Même à la question qu'elle me posa ensuite, seuls mes yeux ont parlé pour moi alors que mes lèvres demeuraient hermétiquement closes. Oui, c'est comme ça que je crois que tu me vois. Et finalement, j'avais vu juste, au moins en partie, puisqu'elle me l'avait avoué de vive voix. Et j'avais compris. Malgré le coup porté et la blessure qui en a résulté, je ne comprenais que trop bien. Catherine avait éprouvé le même sentiment lorsque nous nous connus les toutes premières fois. Lorsque je lui ai parlé de mon travail. Mais, comme Lily, elle était restée. Oui sur ce point, je ne pouvais le nier. Mais alors, se pourrait-il que ...non, non impossible. Tu rêves, mon pauvre Lawrie. « Je te regarde comme un homme regarde une femme à laquelle il tient. Pas comme une enfant, plus maintenant, ni comme une adulte, car contrairement à moi, je ne peux m'empêcher de comparer nos vies, mon expérience, ton âge. Je n'y peux rien Lily, c'est un constat rien de plus. Tu ne peux pas m'en vouloir, tu sais que j'ai raison. Mais...tu as tort de croire que je ne sais pas te regarder. Je te l'ai pas dit plus tôt parce que...eh bien, tu étais en charmante compagnie, mais dans cette robe...tu es resplendissante. D'ailleurs, ce n'est pas uniquement la robe, depuis l'opération, je te revois sourire, rire, vivre comme si rien ne comptait. Et j'aime te voir ainsi, j'aime quand on se dispute parce que cela me donne le sentiment d'avoir de l'importance à tes yeux. Pas comme un père, ni comme un ami, mais juste comme...l'homme que je suis réellement. Dans tes yeux et par tes lèvres, je n'ai pas besoin de me cacher derrière des faux semblants, je peux être moi-même. C'est ce qui me plait chez toi. Alors oui, peut-être que c'est le fruit du hasard parce qu'après tout, ton père et moi sommes collègues et amis. Je pensais que ça suffirait, je le croyais vraiment. » soufflais-je pour moi-même en attrapant l'une de ses mèches du bout des doigts avant de la relâcher lorsque les mots dépassèrent ma pensée.

    « Ce n'est pas à moi de prendre cette décision. » Conscient du conseil qu'elle recherchait pourtant, je je ne pus me retenir de poursuivre, gardant les yeux rivés devant moi pour garder cette assurance factice de départ. « On a tous des objectifs de vie, conséquences de plusieurs expériences qui nous font avancer à différentes vitesse. Une fois l'un de ces objectifs atteint, on a tendance à en rechercher un autre comme si notre vie en dépendait. Faire des plans, se projeter par peur de vivre le moment présent. C'est à cela que l'Homme se consacre depuis la nuit des temps. Certains, qui ont connu plus de souffrances que d'autres ont davantage tendance à vouloir ralentir, parfois même arrêter le train en marche juste pour souffler et oublier les tourments du passé. Ils savent mieux apprécier les petits bonheurs du quotidien parce qu'ils en ont été privés trop longtemps. Au fond, il faut que tu saches précisément quel est ton objectif. New-York fera de toi une grande artiste, j'en suis persuadé, car même si je ne connais rien à l'art, je n'ai jamais eu aucun doute sur tes capacités. Tu auras une vie riche, rencontreras des personnes issus d'un autre milieu qui te permettront d'avancer financièrement et socialement. Ce sera l'occasion pour toi de recoller les morceaux avec la mère que tu as toujours désiré avoir, et tu finiras par tout lui pardonner. » murmurais-je avec un sourire triste. « Auprès d'elle t'attendent le prestige d'une belle carrière et la promesse d'une nouvelle relation familiale. Si c'est que tu recherches, alors tu devrais lui dire oui. » m'entendis-je lui dire avec un calme inébranlable. « Je n'ai qu'un conseil à te donner. Ne pars pas pour lui faire plaisir, réfléchis bien, songe à ce que tu peux vivre là-bas certes, mais aussi à ce que tu perdrais en quittant Boston. » Mes mots se perdent à mesure du temps qui passe. Mes yeux s'abaissent pour la contempler, une fraction de secondes. « Qu'est-ce qui te rendrait heureuse, Lily ? » J'ai la sensation de me noyer dans son regard émeraude et pourtant je ne peux m'en détacher, attiré malgré moi dans une spirale contre laquelle je ne pouvais plus rien. « C'est la question que tu dois te poser avant de prendre ta décision. » Ne pas se baser sur la logique, la raison, car au bout du compte, on s'aperçoit de l'erreur monumentale que l'on a commise. La vie est suffisamment courte pour songer à vivre l'instant présent, à vivre intensément sans crainte du lendemain. Le long terme, on avait bien le temps de s'y consacrer plus tard. Ma voix se brise alors que j'imagine ma vie ici...sans Lily. Une hypothèse que j'avais bien du mal à envisager, qui m'effrayait à dire vrai, et dont je savais, si elle acceptait la proposition de Lénore, ne jamais m'en remettre. Mais je ne pouvais pas lui en parler. Je n'avais pas le droit de briser ses rêves au prétexte que...Nous n'aurons jamais cette relation. Bien qu'une partie de moi, la plus sentimentale sans doute, argumentait afin de s'autoriser cet interdit, ma raison ne cessait de la faire taire en lui renvoyant au visage mon âge, mon expérience de vie, ma profession aussi, tant de réalités qui rendaient ce lien impossible et destructeur s'il venait à exister.




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    Lien du postDim 4 Déc 2016 - 10:13
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    « What the day owes to the night. »
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    « Que tu ne devrais ? » Un écho de sa phrase, qui se réverbérait dans l’obscurité, lui renvoyait au visage les ombres incertaines d’une réalité rendue confuse par l’alcool, et l’émotion troublante qui naissait au creux de son ventre. Une sorte de douleur viciée, à mi-chemin entre la contorsion des nerfs et la douceur tiède des aveux accordés du bout des lèvres. Ses yeux s’étaient agrandis, à le regarder comme si elle le voyait pour la première fois, à s’interroger sur tout ce qu’elle n’avait pas compris jusqu’alors, et qu’il était si habile à lui dissimuler. Pourtant, il lui semblait que sa phrase dessinait des perspectives étranges, des contours dont elle avait toujours eu conscience des contrastes sans pour autant réussir à les accepter tout à fait. Elle commençait tout juste à entrevoir l’idée d’un au-delà de l’armure, d’un au-delà de la peine, et des meurtrissures, où l’onde mortifère n’aurait aucune prise. Où elle pourrait distinguer l’homme, tapi dans les méandres de sa chair scarifiée, sans avoir peur, et sans craindre d’y apposer ses mains pour tenter d’alléger le fardeau, partager le joug au risque de courber elle-même l’échine. De se dire qu’elle avait aperçu l’homme, et qu’elle avait envie de le voir encore, d’en esquisser les contours, qu’ils soient anguleux, abruptes, ou d’une courbure gracile, la terrifiait. Mais quelles que puissent être les envies qu’elle commençait tout juste à entrevoir dans un horizon aussi brumeux qu’incertain, elles étaient rendues malsaines par les carcans auxquels ils appartenaient, et les principes qui régissaient leurs vies, leurs choix, leurs espérances. La perspective d’entrevoir encore l’homme, de s’en approcher toujours plus, devenait alors un vice. Une injure à la normalité qui voulait qu’un homme comme lui soit avec une femme de la stature d’Helena, et qu’une femme comme elle se perde dans les idéologies fantasques d’un homme tel que Cyprien. « Tu estimes qu’il y a dans l’attachement, des règles à respecter ? » La question ne cherchait pas à le défier pour une fois, elle énonçait simplement tout haut une réalité née de leur éducation, de la société dans laquelle ils évoluaient aussi. Une onde glacée avait traversé sa colonne vertébrale, tandis qu’un souffle tiède, proche du soupire las, accompagnait l’onde fébrile qui s’était échappé de ses lèvres dans une brume blanchâtre.

    S’agrippant à ses mots comme le condamné s’agrippe aux derniers instants de vie avant l’étreinte brutale de la mort, il lui semblait que le sang battait de plus en plus ses tempes, à l’en étourdir. Elle ne rougissait pas, statufiée dans cette pâleur qui voilait ses traits, et la rendait presque inflexible, même face aux tumultes des émotions qui se déchaînaient dans sa cage thoracique. Oui, il avait raison. Et ce constat sonnait d’ores et déjà le glas d’une possibilité qu’elle n’avait même pas eu le temps d’apercevoir, ou même d’envisager. Ils appartenaient chacun à deux mondes parallèles, qui ne se touchaient que par le fruit de l’égarement du hasard. Lui, rendu trop adulte par les tourments qui l’avaient accablés, prématurément vieilli et fourbu d’avoir dû affronter l’hostilité sans armure, elle, toujours oscillante entre l’innocence enfantine et la cruauté assassine du monde des adultes en devenir. Le constat était alors sans appel, sans issue. Sur les territoires qu’ils empruntaient, il n’y avait pas de place pour leurs deux corps sur un même chemin. A moins d’en créer un nouveau, plus alambiqué, plus dangereux aussi. Prendre le risque qu’il disparaisse à un croisement, qu’il s’évanouisse au gré des obstacles infranchissables. « Les disputes ne sont pas le seul moyen tu sais … » ose-t-elle murmurer avec ironie, sans oser l’interrompre plus que cela. Elle ne sait pas quoi dire en réalité, car elle n’est pas sure de ce qu’il est pour elle. Pas tout à fait du moins. Ce lien, elle ne peut donc pas le défendre. Même de savoir, de comprendre que le regard qu’il pose sur elle n’est plus le même, cela la chamboule au plus haut point, parce qu’elle sait qu’elle ne pourra plus se comporter avec lui avec la même candeur que jadis. Ce n’était déjà plus le cas c’est vrai. Mais quand même, jusqu’alors, elle n’en avait pas une conscience si intime. Et puis il y avait ce glas, tapi dans sa chair. Cette sonnette d’alarme qui se déclenchait chaque fois qu’elle s’attachait un peu trop, lui rappelant la souffrance qui vient avec la perte, la violence et la cruauté de l’abandon lorsque l’une des entités de l’équation en vient à disparaître. Lily déglutit doucement. Se noierait bien encore dans une coupe de champagne. Enfin elle rassemble tout ce qu’elle peut avoir de maîtrise, décide de lui répondre, sans trop savoir ce qu’elle peut dire. « Tu as raison, nous ne sommes pas fait du même alliage … Je … Je ne t’en veux pas. Tout ça … Je te le dois tu sais. » Toute cette vie, toutes ces perspectives. C’était grâce à lui qu’elle pouvait désormais les toucher du doigt. Mais il devait le savoir. « Mais tout compte désormais. Bien plus qu’avant. J’ai à présent une conscience infinie que tout ne tient qu’à un fil, qu’il suffit d’un soubresaut, un tressaillement … Pour que disparaisse tout ce que tu as pu essayer de construire pendant des années. Si … Si tu veux être toi-même avec moi Lawrence … Sois-le. Mais sois-le jusqu’au bout, pour n’avoir rien à regretter ensuite. » Elle ne savait pas encore trop où elle voulait en venir, mais elle y arrivait en tout cas. Où exactement ? Difficile à dire. Mais quelque part.

    De nouveau ses pensées effleurèrent les contours de son visage, à l’écouter parler avec une attention renouvelée. Inconsciemment, elle frottait doucement le haut de ses bras nus, pour lutter contre le froid dont elle commençait à avoir conscience. Ce n’était pas un conseil qu’elle recherchait, davantage son avis. Car la décision, contre toute attente, elle l’avait déjà prise depuis longtemps. Elle l’entendait tracer des perspectives. Des perspectives idéales, presque attirantes. Mais chaque fois, il dessinait des contours dont il ne faisait pas partie. Comme s’il avait la certitude qu’elle ne pouvait que le considérer comme une ombre dans son sillage, délaissée en arrière sans un regard. « Je ne pourrais jamais lui pardonner cette faiblesse, cette absence … Jamais entièrement du moins. » Avait-elle murmuré en se rapprochant de son corps légèrement, comme happée par ce qu’il dégageait à l’orée des mots prononcés dans un mélange de sagesse et de tristesse mêlée. Tu devais lui dire oui disait-il, avec cet air calme qui lui donnait envie de le secouer comme un arbre. « Oui, tu as raison. Tout a l’air si plein de perspectives là-bas … Je devrais lui dire oui. Après tout, qu’est-ce qui me retient ici n’est-ce pas ? Mon père ? Il est de plus en plus absent ces temps-ci, il ne verra pas la différence, et nous pourrons toujours nous voir en prenant l’avion. Mes amis ? J’en trouverai sans doutes d’autres, car nul n’est irremplaçable … Qui d’autre ? Je ne vois pas. Tu as raison … Je devrais lui dire oui. » Lily posait à présent de grands yeux sur lui, le défiant presque, à apposer avec délicatesse ses mains sur ses avants bras recouverts de son costume, dont ses pouces effleurèrent l’étoffe. Elle cherchait à mettre en exergue cette triste objectivité dont il faisait preuve. Bienvenue certes, mais terrible au fond. Elle créait des perspectives pour en assassiner d’autres. Toutes celles dont il pourrait faire partie par exemple … réduit à néant dans le conseil qu’il lui donnait. « Sauf que … La décision, je l’ai déjà prise. » Et étrangement, pour la prendre, elle n’avait même pas eu à beaucoup y songer. Cela s’était réverbéré en elle comme une évidence. Entre temps, l’air pensif, l’un de ses mains s’était égarée contre sa joue, s’y apposant sans y exercer de pression. Son pouce avait tracé le contour de sa lèvre inférieure, comme une plume, s’adonnant à une contemplation muette d’un être qu’elle touchait, mais qu’elle avait l’impression de sentir se dérober sous ses doigts. Elle s’apprêtait à ajouter autre chose, ses lèvres s’étaient même entre-ouvertes. Mais une voix dans son dos lui avait fait reculer sa main fébrilement. « Lily-Rose ? » Elle avait reconnu la voix de Cyprien, qui l’interrogeait dans son dos, un peu plus loin. L’instant suspendu n’existait plus, il s’était évanouit, rappelé par la conscience d’une réalité qui elle, n’attendait pas. « Oui … Je viens. » Elle ne l’avait pas regardé, continuait de s’arrimer aux prunelles de Lawrence jusqu’à s’y noyer. Finalement elle lui avait adressé un petit sourire triste, proche de la mélancolie. « On devrait y retourner. Ils … Ils s’impatientent. » Faire comme si de rien n’était, retourner au carcan qu’ils s’infligeaient puisque de toute façon, ils estimaient ne pas pouvoir avancer ensemble. Alors il fallait remettre le masque, retourner aux fioritures, et aux rires surfaits. D’un pas feutré, elle s’était retournée, rejoignant la silhouette de l’artiste jusqu’à se placer à ses côtés pour retourner dans la salle, où ils étaient en train d’attaquer le plat principal.







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    Lien du postDim 4 Déc 2016 - 13:16
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    Incertain quant à la conduite à tenir en de pareilles circonstances, et mal à l'aise de constater à mesure du temps les sentiments que j'éprouvais pour elle, je sentais le vide m'envahir, et l'armure que je m'étais forgée durant toute ces années pour éviter d'inutiles souffrances, se fissurer. Toutefois, ma résolution demeurait intacte. Au prix d'un effet presque surhumain, je la repoussais, comptant sur la raison et le peu de morale qu'il me restait pour m'aider à suivre le bon chemin. Ce regard étrange qu'elle posait sur moi devenait insupportable. Parce que j'étais incapable de relever les yeux pour me confronter à elle. Insupportable parce que j'y lisais de l'incrédulité, de la surprise, et ...de l'espoir. Or, tout espoir devait être brisé, pour elle, pour moi. Notre histoire n'était pas faite pour être contée. Sa question me renvoya à mes propres démons. A ces règles injustes prônant un règlement pour le bien du plus grand nombre. Un homme face à ses devoirs professionnels et moraux. Un homme face à ce que lui dictait son cœur. Je luttais en vain, car je savais au fond qui remporterait ce douloureux combat. Le sens de l'honneur m'avait été enseigné par l'Agence. J'avais appris où était ma place depuis longtemps et comment la tenir. Ce qui expliquait les raisons qui m'avaient contraint à m'éloigner de ma propre famille, pour leur sécurité. En un sens, Lily faisait exception parce qu'elle savait déjà dans quel monde j'évoluais, soit. Mais savoir n'est pas pouvoir, et de savoir ma profession ne pourrait empêcher mes adversaires de se servir de cette unique faiblesse à leurs avantages. La question était donc de savoir si le risque valait d'être pris. Si je pouvais mettre de côté mes responsabilités en tant que professionnel, pour me consacrer en tant qu'homme à ma vie sentimentale et de lui offrir ce que seule Catherine avait eu le privilège de connaître jusqu'à présent. « Oui, il y en a. Lorsque tu...éprouves des sentiments profonds pour une personne, tu te dois d'être présent, attentionné et aussi sincère que possible. C'est...comme le consensus social finalement. Agir pour le bien-être commun, parce que chacun en attend autant de l'autre que l'autre de lui. C'est ce qui permet de faire évoluer positivement la relation, de faire naître la confiance et d'assurer sa sécurité. » soufflais-je comme si je récitais une leçon par cœur. Il n'y avait rien de très romantique dans mes propos, j'en avais parfaitement conscience, mais je ne parvenais pas à considérer la situation sous un nouvel angle. « Non, biensûr que non. » Un rire étouffé s'évapore malgré la nuit, glacée. Non les disputes ne sont pas le seul moyen, mais parfois elles permettent de réajuster le tir, de percer une carapace jusqu'à y découvrir le cœur du problème et de pouvoir s'y installer pour mieux trouver la solution, ensembles. A mes yeux, mais tout dépendait encore du contexte, les disputes pouvaient même servir à pimenter une relation de couple, pourvu qu'elles ne soient pas durables dans le temps et que le couple en question soit suffisamment solides pour les endurer sans succomber à la facilité de la séparation. N'importe qui peut se séparer. Il est plus difficile de réparer ses erreurs. « Tu me dois rien, Lily. Je n'ai jamais été qu'un conseiller, tout au plus. » lui murmurais-je avec un sourire prévenant avant de recouvrer mon sérieux presqu'immédiatement. Ses derniers mots m'avaient fait reculer, à peine de quelques centimètres, mon regard s'est penché vers elle, la fixant avec un mélange d'envie, d'effroi et de surprise. Je ne m'attendais pas à une telle réponse. Malgré l'implicite, le message était on-ne-peut-plus clair. Les conséquences en revanche, persistaient dans leur flou artistique.

    Une partie de moi ne pouvait qu'être ravi de savoir que Lily avait suffisamment d'esprit pour se rendre compte du visage de sa mère. L'autre par contre, s'attristait de ce constat amer. Qu'une mère abandonna son enfant pouvait être jugée morale si la sécurité ou sa santé l'obligeait à pareilles mesures. La situation de Lénore et de sa fille ne se basait quant à elle, si je me réfère aux propos tenus par sa mère, que sur un mauvais mariage. Une mère indigne, voilà comment je considérais Lénore Swanson.

    Le rapprochement soudain de son corps contre le mien et les frissons dont elle semblait souffrir m'amenèrent inconsciemment à glisser un bras autour de ses épaules, comme pour la protéger du froid...ou d'autre chose de plus difficile encore à affronter. Ses mots sonnent alors le glas et je n'ai plus qu'à écouter, silencieux et morose, l'annonce de son départ. Immobile, je garde pour moi mes regrets et mes espoirs, à jamais figés dans des larmes qui ne couleront pas ce soir. Qui d'autre ? Elle les avait tous évoqué. Son père, ses amis...qui d'autre ? Personne. Mes mâchoires se crispent, luttant contre cette agonie qui me dévore déjà les entrailles. Je n'ai pas articulé un seul mot, ni cherché à le retenir, seuls mes yeux continuaient à l'étudier, la dévorant toute entière en cherchant à comprendre pourquoi, en cherchant la faille qui saurait me redonner espoir. Reposant sur mes avant-bras, ses mains empêchent toute dérobade de ma part. Pour aller où de toutes façons ? Je n'avais plus nulle part où aller, et je ne voulais être nulle part ailleurs malgré la douleur. « Tu...tu restes ? » Tout à coup, mon visage s'illumine à nouveau. Un sourire empli d'espoir et de douceur conjugués. Une caresse effleurant mes joues suffit à me faire rendre les armes. Les paupières fermées, je sentais mon cœur se ranimer, mes sens s'éveiller au contact de sa peau contre la mienne. Son pouce chatouilla ma lèvre inférieure me fit reprendre conscience, et de mes bras je l'encourageais à faire durer ce moment, enlaçant sa taille si gracile afin qu'elle se rapproche le plus possible. Distrait, je m'étais senti peu à peu partir en avant, jusqu'à ce qu'un détail, infime pourtant, ne vienne tout gâcher. Brutalement ramené à la réalité, mes bras avaient vacillé, reposant aussitôt le long de mon corps, tandis que j'aspirais à oublier ce qui venait de se produire, comme si une faute impardonnable venait d'être commise. Je fus d'ailleurs le premier à rompre le contact visuel, jetant un coup d'oeil discret à Cyprien, avant de détourner les yeux pour de bon. « Oui...oui vas-y, je te rejoins. » bafouillais-je alors en tentant de retrouver mes anciennes habitudes. Insondable, voilà ce à quoi les gens étaient habitués lorsqu'ils me voyaient arriver. Ce à quoi je prétendrais en regagnant la table des convives.

    « Où étiez-vous passé enfin ? Je commençais à croire que vous vous étiez perdu, très cher. Ou pire, que vous m'aviez fait faux bon ! » protesta Héléna à peine installé à ses côtés. « Veuillez me pardonner, j'avais besoin de réfléchir et je n'ai pas vu le temps passer. » Espérant qu'elle n'aurait pas l'audace de me questionner au sujet de ces fameuses « réflexions », je fis mine de me servir du plat principal, en forte petite quantité car l'appétit ce soir, me manquait. En outre, pas une fois je ne posais les yeux sur Lily, conscient que le moindre échange visuel pouvait se retourner contre nous. Car, parmi les témoins qui nous entouraient, certains ne manquaient déjà pas de nous observer, avec une suspicion digne des plus grands limiers.




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    Ses paroles sonnaient comme un cours de relation humaines, appris par cœur, et récité avec une froideur chirurgicale.  Lily était beaucoup moins tempérée de ce point de vu. Ayant toujours été d’une spontanéité parfois désarmante, davantage proche de la flamme que de la glace lorsqu’il s’agissait d’apprivoiser l’existence, si elle comprenait bien sûr où il voulait en venir, elle n’était pas certaine de l’accepter pour autant. « Et toutes ces règles que tu suis comme des préceptes, que t’ont-elles apportées … Jusqu’à présent ? » Son regard se fit plus insistant suite à cette question glissée comme une lame de rasoir sur les principes. Car prendre la décision pour l’autre, se répéter que l’on agit pour le bien du binôme, était-ce réellement une solution ? Selon elle, pas du tout, car s’était oublier le libre-arbitre de l’un des deux protagonistes. Ces règles qu’il lui communiquait comme des conseils, que lui avaient-elles apportées ? Il vivait seul, s’était peut-être remis de la perte de femme et enfant, mais n’avait pour autant pas réussi à tourner la page. En suivant ces règles, il se condamnait lui-même à une solitude aux abîmes infinis, qui ne lui permettraient que d’accepter des relations sans profondeurs, et sans texture. Il ne pourrait qu’errer au gré des corps anonymes, sans jamais pouvoir se perdre en un seul dans la mesure où se perdre, ce serait prendre le risque de se voir arracher ce qui comptait à ses yeux. Elle ne pouvait le blâmer pour ce choix, mais ne pouvait s’empêcher de trouver qu’il s’infligeait là un avenir bien sombre, et sans nuances.

    La relation naissante que Lily entretenait avec Lénore était encore à construire, semée des embûches et des non-dits que le temps avait placé entre elles. Bien sûr qu’elle éprouvait de l’amertume à ne jamais avoir eu de présence féminine dans sa vie. Bien sûr qu’elle regrettait de ne pas avoir eu une mère, pour lui brosser les cheveux, lui apprendre à se maquiller, la goinfrer de chocolat pour apaiser les pleurs de la perte du premier amour, ou encore pour avoir une entité féminine à qui parler. Au lieu de ça elle n’avait eu qu’un père. Un père imparfait, et maladroit, qui lui avait appris ce qu’était un calibre 9 mm avant de lui montrer à quoi servait une serviette hygiénique. Un père qui lui avait appris à réchauffer des boîtes de conserves avec trois fois rien, qui lui avait montré comment mater les garçons qui lui tiraient les cheveux à l’école, et qui n’avait jamais été capable de lui faire des couettes à la même hauteur. Mais ce père, jamais il ne l’avait abandonné. Il avait fait de son mieux aux vues des circonstances. Elle le savait désormais, et ne regrettait rien. Mais de revoir Lénore, elle caressait du bout des doigts cette envie d’être enfin entière. De savoir, comprendre, d’où elle venait et que quelles chairs elle appartenait. Un besoin niché au creux de ses entrailles, qui la poussait à céder à certains de ses caprices, à essayer de passer du temps avec elle pour mieux la comprendre et la connaître. Car peut-être qu’en la découvrant, elle y verrait une partie d’elle-même dont elle ignorait encore l’existence.

    A se sentir si proche de lui, et en même temps si loin, inconsciemment Lily avait raffermit la prise de ses mains autour de ses avant-bras, pour l’empêcher de se dérober, de disparaitre encore. Son regard l’étudiait avec une sorte d’insatiabilité, à étudier ses expressions qui se décomposaient alors qu’elle citait un à un tous ceux qu’elle pourrait regretter, hormis lui bien sûr. Parce que c’était une évidence, et que s’il ne le voyait pas, c’est qu’il était bien aveugle. Sa question lui fit esquisser un sourire en demi-lune, énigmatique. Avait-il vraiment besoin de demander ? N’était-ce pas évident, au fond, que jamais elle ne serait partie, même pour les beaux yeux de ce cher Cyprien ? Visiblement non, et elle demeura un instant, une lueur amusée dans le regard, à étudier cette incrédulité qui dansait dans ses yeux comme une flamme malmenée par la brise. Ses paupières balbutièrent, son cœur fit un bruit sourd dans sa poitrine à presque sentir son souffle qui chatouillait son épiderme. Et puis, plus rien. Le lien était rompu. Et tandis qu’elle s’éloignait vers cette silhouette qui était apparue comme une injure dans le tableau harmonieux qu’ils incarnaient alors, par-dessus son épaule, elle avait simplement murmuré un : « Bien sûr. J’ai encore des ennuis à t’attirer. » nimbé d’ironie. Au moins admettait-elle que sa propension à s’attirer des ennuis, et à l’entraîner avec elle dans ses gamelles, était une réalité, et non juste un leurre.

    A table, s’installant gracieusement après que Cyprien lui ait tiré sa chaise avec courtoisie, Lily se concentrait sur les différents plats qui circulaient, se servant sans réelle convictions, assez soupçonneuse face à cette purée vert fluo qui venait d’atterrir dans son assiette comme une touche de peinture mal mélangée. A ses côtés, Cyprien parlait à un rythme effréné, sa voix se réverbérant en toile de fond de sa conscience sans qu’elle ne comprenne un traître mot de ce qu’il était entrain de raconter. A vrai dire, elle ne l’écoutait pas, trop préoccupée qu’elle était à jeter des regards furtifs sur la table un peu plus loin, entre deux bouchées sans conviction. « Lily-Rose, tu m’as entendu ? » Ah, mince. Il s’en était rendu compte, les « oui oui » ne suffisant visiblement pas à le contenter. « Pardon, j’ai l’esprit ailleurs. Je vais aller … Me rafraîchir la nuque, il fait un peu chaud ici non ? » Elle battit l’air avec sa serviette, alors qu’ils commençaient déjà à débarrasser les assiettes pour enchaîner sur le dessert. « Tu veux que je t’accompagne ? » Elle hésita à peine une fraction de seconde. « Non c’est inutile, j’en ai pour un instant. »  Il avait levé les yeux au ciel. Elle lui avait déjà promis de revenir dans un instant plus tôt dans la soirée, et l’instant s’était avéré beaucoup plus long que prévu. Se glissant furtivement entre les tables animées de conversations enflammées, enfin dans le couloir adjacent, elle le longea jusqu’aux toilettes des dames, passant ses mains sous l’eau glacée, en tamponnant délicatement dans le creux de sa nuque. Bon sang, ce plat n’était vraiment pas fameux. Elle en avait des aigreurs d’estomac. A moins que ce ne soit le vin. On avait pas arrêté de lui remplir son verre pendant toute la soirée, il fallait bien qu’elle en ressente les effets un jour. S’apprêtant à ressortir des toilettes, sa surprise fut entière lorsqu’elle vit une silhouette lui barrer la route, se plaçant dans l’encadrement de la porte avec une moue clairement … Clairement … « Alors quoi, j’suis pas assez bien pour le petit chaperon rouge ? » Oh bon sang, elle l’avait complètement oublié celui-là. Henry. Où était-il passé jusqu’à maintenant ? Lily grimaça un instant face à sa tonalité éraillée, et son haleine de vinasse lorsqu’il s’était penché vers son visage. « Qu’est-ce que vous faites Henry ? Vous avez vraiment trop bu, regardez-vous, vous tenez à peine debout … » Ses mains l’avaient repoussé de l’encadrement de la porte, sa silhouette parvenant à se faufiler à l’extérieur par on ne sait quel miracle. « Un « petit arriviste » qu’il a dit … Mais quel connard guindé celui-là … Et c’est de ça qu’les poupées s’entichent ? » la surplombant d’un regard menaçant, ses prunelles s’étaient agrandies comme des soucoupes, à l’observer s’approcher en ayant un pas de recul, puis deux. Jusqu’à ce que son dos rencontre une paroi, celle du mur, où elle se sentie tout d’un coup prise au piège. « Henry, vous devriez vous calmez … Lâcher cette bouteille que vous … » Il avait vidé la bouteille de champagne qu’il tenait dans sa main droite, la balançant sur le sol avec fracas, alertant en même temps un membre du personnel, alors qu'un sursaut l'avait fait se coller contre le mur. «  Ça va, ça va, elle lui a échappé … » essaya-t-elle de le défendre, essayant de se répéter que ce n’était pas un mauvais bougre au fond, que l’alcool avait juste un effet terrible sur sa personne, et qu'il en avait bien trop abusé depuis le début de la soirée, jusqu'à le rendre mauvais. Rester calme. Rester calme. Alors pourquoi ses jambes commençaient-elles à trembler ? Non non. Rester serein, pragmatique, se frayer un chemin sur le côté, puis courir. Ou le frapper, maintenant. Mais avec quoi ? Son regard glissa sur le côté, une nausée lui venant au bord des lèvres de sentir de nouveau son halène caresser son souffle. Et son esprit, moins hagard à cause de l’alcool, qui semblait fonctionner au ralenti.





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    Lien du postMar 6 Déc 2016 - 11:41
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    Evidemment, aucune réponse ne vint. Elle avait raison, respecter mes principes ne m'avaient servi qu'à perdre Catherine et ce, bien avant son décès tragique. Cependant, loin de l'admettre, je ne fis qu'observer, la dévisager comme si ses yeux, l'ensemble de sa personne pouvait me fournir une réponse à l'éternelle question de savoir si mon comportement était juste, moral, droit comme je l'avais été fut un temps. Je ne souhaitais pas écrire l'ébauche d'une nouvelle histoire basée sur des mensonges ou pire, une vérité que je ne parviendrais jamais à accepter. Avant de vouloir, de posséder, je devais tirer un trait sur mon passé, et consentir à lâcher une bride qui m'avait toujours maintenu dans une illusion de bonheur vicié.

    Tel le loup se sentant pris au piège face au chasseur qui, lentement, avec une patience qui le rendait imprévisible et dangereux attendait le bon moment pour viser juste, mon souffle se raréfiait, devenant à la fois plus rapide et plus court face à cette poupée rousse qui cherchait à m'apprivoiser. A me comprendre, non pas comme le tueur que je suis mais comme l'homme que j'étais devenu. Sans défense face à elle, je l'observe, attentif au moindre de ses gestes, mes pupilles se dilatant à mesure qu'elle s'avance, qu'elle me touche avec la légèreté d'une plume caressant le bois brut. Si la psychologie – notamment criminelle – n'avait plus aucun secret pour moi après des années de pratique à disséquer les cerveaux des hommes qu je traquais, Lily n'avait jamais plus mystérieuse à mes yeux. Une énigme qui parvenait à elle seule à me tromper, me déstabiliser, briser une carapace que j'avais mis longtemps à forger. Mais alors que mes lèvres se rapprochaient, et que l'envie surpassait la raison, tout s'écroula. Le temps, l'espace, ce jeu intime dans lequel nous avancions pas à pas.

    A table, je ne me rendais même pas compte des regards suspicieux, désireux de comprendre ce qui clochait, de ma cavalière de la soirée. La stupidité ne faisait pas partie de ses défauts, loin de là, et alors que ses yeux suivaient la trace de Lily, elle comprit. Subitement, brutalement, elle me dévisagea avec un mélange de tristesse, de déception et d'envie, avant même que j'eus pris la décision de la suivre. Pour quelle raison ? Peu m'importait. Le simple fait de savoir que sa présence s'éloignait suffisait à me donner envie de fuir la salle. Les grandes réceptions, les soirées mondaines, ces gens, cette catégorie bien particulière de riches, je détestais l'inconfort qu'ils me procuraient. Solitaire dans l'âme, j'avais enfin trouvé après des années d'abstinence, celle pour qui j'étais prêt à passer le cap, à tout risquer. Un regard vers Héléna me rendit ma culpabilité. Sa main se posa pourtant sur la mienne, fragile, tandis qu'elle me murmurait à l'oreille ce que ma raison refusait d'entendre. « Je le savais. J'ai compris dès que je vous ai vus tous les deux. Allez, allez la rejoindre. Elle n'attend que cela, et vous aussi. Ne vous inquiétez pas pour moi, je sais ce qu'on ressent à aimer à ce point. » Loin de la contredire, je m'étais alors levé de ma chaise, fronçant les sourcils à sa remarque, la remerciant d'un baiser fugace au creux de sa main. Depuis le début de la soirée, j'avais eu la sensation que cette femme si particulière m'analysait. Et pire que tout, me comprenait mieux que nul autre. « Vous avez de la chance tous les deux. Quelque chose de rare er de précieux qui n'est pas donné à tout le monde. Ne gâchez pas tout. » murmura t-elle avant de retourner aux autres convives, sourire aux lèvres, comme si rien ne s'était passé. Ignorant de savoir si ces derniers mots nous concernaient tous les deux ou si j'en étais le seul responsable, je ne me fis pas prier pour suivre ses conseils, longeant la salle jusqu'à l'endroit où je pensais la trouver. Surpris de me rendre compte de ma faiblesse, puisque j'étais devenu incapable de me passer de son odeur, de cette lueur mi indignée mi amusée qu'elle promenait sur moi à longueur de temps, de son corps, et...de son cœur. L'unique organe qui m'effrayait plus que tout le reste et qui rendait au mien sa vigueur d'antan.

    Je ne fus pas long à la trouver, après tout il n'y a pas tellement d'endroits où se cacher dans ce genre d'hôtel. Surpris en revanche de rencontrer ce cher Henry au passage, mon sang ne fit qu'un tour en découvrant le regard paniqué de Lily. Acculée au mur, elle ne bougeait pas d'un millimètre, sans doute pour éviter d'alimenter la fureur de l'ogre complètement saoul qui la dévorait des yeux. Or, bien que je fus habitué à garder mon sang-froid quel que soit le contexte, je dus reconnaître que ce fut une rage savamment maîtrisée qui interpella Henry ce soir-là. Et que si je n'avais pas eu cet entraînement quasi militaire, Henry serait mort, les vertèbres brisées, pour avoir osé s'approcher d'elle d'un peu trop près. S'abattant sur son épaule, mes doigts s'enfoncent sans prendre garde à la souffrance qu'ils pouvaient causer, jusqu'à le tirer en arrière et l'envoyer valser un mètre plus loin. « Ne vous approchez pas d'elle. » l'avertis-je d'une voix grave et parfaitement calme malgré l'animosité qu'il put lire dans mon regard. Indifférent à ce qui se passait tout autour de nous, mon bras entoura alors sa taille, la gardant proche de mon corps qui faisait barrage, tandis que je ne quittais pas Henry des yeux. « Vous m'avez entendu. Partez, Montgermont. Avant que je ne me fâche. » repris-je en resserrant mon étreinte.




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    Lien du postMer 7 Déc 2016 - 10:34
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    « What the day owes to the night. »
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    Ses mains tâtonnent la surface des moulures dans son dos, cherchent à trouver dans le mur une prise rassurante, une pièce dérobée pour s’y glisser et y disparaître enfin. L’haleine d’Henry lui picote les narines. Elle le soupçonne d’avoir abusé non seulement du champagne, mais probablement d’autres breuvages plus sirupeux et moins aériens. Il est soudain bien moins attirant, à l’observer avec cette lueur furibonde dans le regard, les pupilles dilatées et rougies par une ivresse qui a atteint son paroxysme depuis trop longtemps. La bienséance dans ses travers viciés … Comment un homme si propre sur lui, si guindé dans ses principes de petit bourgeois mal luné pouvait imploser en se confondant dans les bouteilles sans fond ? Et pourquoi aussi ? Etait-ce par simple blessure d’orgueil qu’il s’était retranché dans ses travers ? Ou est-ce que cela n’avait été qu’un prétexte pour révéler ses passions nocturnes ? Les yeux ronds, agrandis par une stupeur qu’elle ne comprenait pas encore, Lily s’interrogeait à ce sujet alors que ses prunelles avides la détaillaient. Son cœur battait la mesure d’une inquiétude naissante nichée au creux de son ventre avec lenteur, et force. Un rythme puissant et répété qui lui donnait l’impression que sa cage thoracique était une caisse de résonance. « Henry, vous devriez réfléchir avant de … » Son souffle se coupa quelques instants alors que ses doigts se rapprochaient de son visage, venant d’un geste tremblant et imparfait désorganiser une mèche de sa coiffure. Son pouce traça un sillage sur sa joue, dériva sur sa lèvre inférieure, jusqu’à s’apposer sur sa jugulaire, sur laquelle il exerça une légère pression. Sa salive se bloqua au fond de sa gorge, à l’observer sans savoir si elle devait commencer à hurler tout de suite, lui planter ses griffes dans les tempes ou … Attendre. Une partie d’elle lui criait de lui enfoncer son talon aiguille dans le pied, mais son corps ne semblait pas réussir à répondre à l’appel, tétanisé par un froid glacé qui l’empêchait de se mouvoir, mais qui ne lui interdisait pourtant pas de réfléchir. « Si fragile … Si frêle … Je pourrais te briser la...- » Le grésillement rauque de sa voix avait été interrompu par une autre, plus familière. Et si une nausée lui retournait d’ores et déjà l’estomac, une onde de soulagement l’avait saisie en sentant son corps se reculer enfin, et sa prise libérer sa gorge. Elle inspira une bouffée d’air, voulut se reculer encore, mais ne trouva rien de plus que le mur sur lequel elle était déjà adossée jusqu’alors. « Lawrie … ça va je n’ai rien … Calme … Calme toi. » bégaya-t-elle avec un calme contenu pour éviter un raz-de-marée. Sans doute craignait-elle qu’il agisse avec une violence incontrôlée, et incontrôlable. Heureusement il semblait se maîtriser, le mieux étant d’éviter un drame à une soirée qui ne manquerait pas de faire parler d’elle. Montgermont, lui, de son pas titubant d’ivrogne, avait chancelé sur le côté, raflant le sol avec maladresse, manquant de s’y étaler de tout son long. Il se redressait à présent en riant jaune, s’égosillant dans son orgueil mis à mal encore par la même silhouette masculine. « Alors quoi ?! T’as gravé ton nom dessus ? Tu l’as marquée comme une pouliche ?! C’est vrai qu’elle est plutôt bien roulée, t’aurais eu tort de t’en priver … » Il hoquette légèrement, fourrage ses cheveux en se frottant le front. Reprend l’offensive verbale puisqu’il a du mal à mettre un pied devant l’autre. « Ne l’écoute pas … Viens … Viens on s’en va … Il est ivre … Il ne sait pas ce qu’il dit … » répétait pendant ce temps-là Lily d’une voix sourde, comme un leitmotiv alors que ses mains, apposées autour de sa taille, cherchaient à lui imprimer un mouvement dans la direction opposées. La tonalité de sa voix se modelait peu à peu, devenant supplique, glissant dans des travers doucereux qui trahissaient son malaise, ce lieu étrange où elle commençait à se retrancher pour se protéger des pensées parasites. « Oooh, tu vas te fâcher ? Tu vas nous montrer ce qui arrive quand on touche à la propriété exclusive du papa poule ?  » La pente est glissante, la tension plus que palpable. Lily le sait, mais ignore comment intervenir, comment le faire taire. « Franchement, vous me donnez envie de dégueuler tous les deux. Votre duo malsain, c’est une injure pour la jeunesse, et la délicatesse. » Sur son dernier mot, il l’avait observé avec une sorte de cynisme écœuré. Mais elle ne l’avait pas regardé, rendue sourde aux injures alors que ses prunelles  s’arrimaient au profil du visage de Lawrence, cherchant à convoquer tout, sauf l’animosité qui s’insinuait au creux de ses veines. « Lawrie, viens. On s’en va. »  




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    Lien du postMer 7 Déc 2016 - 13:32
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    Son haleine empestait l'alcool. Je n'avais pas eu besoin de le humer très longtemps pour le sentir. Mais c'était surtout son attitude, cette manière de la regarder comme un chasseur traque le gibier qu'il entend dévorer, qui me mettait hors de moi. Lily ne lui appartenait pas. Ni à moi, d'ailleurs. Ce qui semblait surprenant au vu des circonstances était alors de mon comportement. Surprotecteur, tel le loup protégeant sa meute, ou dans le cas présent, sa compagne, mes crocs ne tarderaient pas à s'enfoncer dans sa chair s'il avait l'audace de s'approcher encore. Mon subconscient, s'il résistait, réclamait vengeance, par la jalousie qui l'obsédait. La voix de Lily résonnait à l'intérieur de ma tête, mais elle semblait si loin, comme si un mur la séparait de moi. Comme si le monde réel avait laissé place à cette cage dans laquelle rugissaient deux lions prêts à se jeter à la gorge à tous instants. Chaque mot qu'il prononçait ne faisait qu'attiser le feu qui embrasait mes pupilles. Malgré mon calme apparent et ma haute stature, mes tempes battaient si fort qu'une veine bleutée transparaissait à la jonction de mon front et de mes joues. Les poings serrés, je ne le quittais pas des yeux, presque fébrile à l'idée qu'un pas de sa part conduirait inexorablement à sa propre fin. Lily, elle, insistait en cherchant à m'éloigner. Sans doute craignait-elle ma réaction. Elle n'avait pas tort. Et ce n'était nullement parce que j'étais un agent surentraîné qu'Henry devait se méfier. Bien au contraire. C'était même parce que j'avais appris à me contrôler qu'il n'était pas encore mort à l'heure qu'il est. Ma colère, mes ressentiments naissaient d'ailleurs, du plus profond de mon être. Une histoire tout ce qu'il y a de plus normale et de stupide en fait. Un homme comme les autres qui désirait protéger la femme qu'il chérissait. Hélas, la force de Lily et son poids n'avaient aucun impact sur mon corps. Je ne bougeais pas d'un millimètre pendant qu'elle essayait toujours de m'éloigner. Finalement, ce fut Henry qui parvint à me convaincre. Par ses dernières paroles, vulgaires et sans fondement, je sortais de ma léthargie pour jeter un œil sur Lily, lui offrir un sourire rassurant, avant de revenir vers Montgermont, ma colère se dissipant à vue d'oeil. « Oui, on s'en va. » murmurai-je à la jeune femme. Deux pas en avant ne me satisfont pas. Je retourne à la bataille, réduisant rapidement la distance qui me séparait d'Henry. Sans doute avait-il été surpris d'ailleurs. « Je vous saurai gré de ne plus jamais importuner mademoiselle Hopkins, Montgermont. » l'avertis-je à deux centimètres de son visage. Ma main se soulève, mes doigts accrochent finalement sa nuque comme il l'avait fait avant moi à l'égard de Lily, et je serre jusqu'à presque entendre crépiter ses os. Son visage se tord de douleur, vire au blanc, et il peine déjà à respirer, cognant en vain sur un membre qui n'a pas l'intention de lâcher prise. « Une dernière chose : Touchez la encore, et je vous jure que je vous tue. » soufflais-je près de son oreille pour que seul lui puisse m'entendre, avant de le laisser retomber telle une loque sur le sol carrelé. Aucun regard en arrière, aucun regret lorsque ma main passe dans le dos de Lily, et lorsqu'enfin nous finissons par nous éloigner..




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