« Tords partagés. » Je n’étais pas assez salop pour tout lui mettre sur le dos, j’étais assez lucide sur notre histoire pour savoir que je n’avais pas le CV du petit ami parfait. Entre ma coucherie avec Ivy juste avant notre mise en couple et qui m’avait valu un été en exil, et ensuite mon attitude distante parce que secoué par les récents évènements, ça n’avait pas joué en ma faveur. Mais j’expliquai à ma BF la raison de la rupture : la coucherie de Kyla, révélée seulement récemment, au sujet de sa coucherie passée avec Wade. Nina souligna le fait que c’était antérieur à notre histoire et je me rembrunis : « Elle avait pas à me le cacher c’est tout… » Ca me rendait maussade de parler de ça, peut être que je préférais encore parler de la Eliot et de son règlement, jouant les donneurs de leçon au sujet de la Mather House. Nina promit la discrétion. « Tu pouvais pas savoir que certains serait à la Mather ? Ca veut dire que… Me dis pas que t’as fait ça Nina… » Coucher avec un vert, des verts peut être même ? « Faut que tu sois plus sélective dans tes fréquentations. » Mais elle objecta avoir sa meilleure amie là bas, et qu’elle ne comptait pas la laisser. « Ta meilleure quoi ? Ennemie non ? » repris-je en déformant ses mots, comme si amie et mather ne pouvaient pas se conjuguer. Et en parlant de mathers, en voilà un qui se ramena… Enfin, à sa démarche chancelante, je compris que ça devait être de ces énergumènes. Il renversa de l’alcool sur Nina, qu’il semblait connaître et déjà, là, je vis rouge, je voulus le saisir par le poignet, mais il déversa le reste de sa boisson sur moi. « Dégage de là avant qu’on appelle les flic sale ivrogne ! » hurlai-je alors qu’il filait déjà rapidement. Et me tournant vers Nina, rouge de rage, je brandis mon index devant son nez, l’air sévère : « Tu vois, tu dois VRAIMENT faire le tri dans tes fréquentations. C’est qui celui là ? Un mather avec qui t’a couché c’est ça ? » J’étais énervé ça y est. Furieux même. Mon costard empesté le sky super...

Forcément, la tension monta entre nous quand le règlement fut abordé. Il ne faisait pas l’unanimité mais pourtant il était nécessaire de redresser la barre, de remettre les bleus dans le droit chemin, Nina incluse, parce que vu ses paroles, je crus qu’elle l’avait fait, qu’elle avait couché avec un mather. Je perdis patience, m’énervant quelque peu, l’hôpital qui se foutait de la charité hein, quand on savait avec qui j’avais moi même couché dernièrement. Mais je devais jouer mon rôle d’exemple, et surtout taire ma liaison avec Lucky. Nina répliqua alors qu’elle n’avait couché avec aucun mather, mon ouf de soulagement fut de courte durée parce qu’elle me révéla ensuite qu’elle vivait bien chez sa meilleure amie mather. « Arrête Nina, tu pouvais aller squatter chez n’importe qui, et tu files chez l’ennemie ! » soupirai-je. « Faut pas qu’Oksanna le sache… » Oui, je voulais pas que la présidente, motivée encore davantage que moi à serrer la vis, ne vire ma meilleure amie de la confrérie.  « Ha ouais, de meilleures alliances ? Avec qui ? Ces crétins de winthrops peut être ? Me dis pas que tu fricottes avec un winthrop, ils sont dans le même sac que les mathers ! » m’emportai-je à nouveau, furieux. Une colère qui ne désemplit pas quand un abruti de bourré, surement un vert by the way, nous arrosa d’alcool avec de déguerpir. On n’avait pas besoin de ça, et le ton monta encore un peu plus entre nous. « Et on va se changer chez qui maintenant ? » Parce que hors de question que je reste dans mon costard empestant le whisky. Ou comment passer pour un alcoolo quoi. J’avais une réputation à ne pas salir moi, et Nina aussi. « Chez la quincy qui m’héberge et où tu risques d’étouffer ou chez ta meilleure pote la mather droguée jusqu’à la moelle ? C’est qui cette nana d’ailleurs ? »  

 « Nina… » Voilà que ma meilleure amie me soufflait, à demi mot, de me taire sur ses copinages mather. « Je dirais rien t’as ma parole… » Parce que j’aimais pas que le ton monte comme ça entre nous, et que qu’importe ce qu’il se passait, je serais toujours team Nina. Team Dunford même. Mes deux meilleures amies, à la vie à la mort… On pouvait m’accuser de bien des choses, de paranoïa, de snobisme, d’égoïsme, mais en amitié j’étais doué d’une loyauté sans faille. Si tant est qu’on ne trahissait pas ma confiance. J’étais quelqu’un sur qui on pouvait compter. Même si el l’occurrence il s’agissait de couvrir des agissements allant contre mon précieux règlement. « J’ai pas dit ça… Je dis juste que si tu pouvais sortir et épouser Hades, Abe ou Darwin, ils sont pas mal ces trois là non ? » soufflai-je en m’improvisant un instant cupidon. Nina tiquait sur les winthrops, me questionnant sur ce que je leur reprochais. « Ils ont pactisé avec les petits hommes verts. » Et je ne faisais pas référence aux aliens. On était là, trempés, empestant l’alcool, et en plus on risquait d’attraper la mort. Il fallait se changer. Je l’interrogeai au passage sur sa fameuse hébergeuse et manquai de m’étouffer quand elle lâcha qu’elle allait chez elle, déclinant au passage son identité. « Burberry ? » demandai-je pour confirmation, me remémorant soudain les textos que j’avais échangé avec la mather quelques temps auparavant, quand elle m’avait parlé de son amitié pour Nina. « Ok, bah va chez elle moi je ne te suis pas… » Trop trop trop risqué… D’ailleurs, j’étais d’un coup super mal à l’aise, nerveux. Est-ce que Lucky avait raconté quelque chose sur nous à Nina ? « Hum, vous êtes vraiment proches elle et toi ? »  

Le débat sur les fréquentations douteuses de la demoiselle était houleux. Pourtant, je ne pouvais pas la trahir. Pas ma Nina. Jamais. Je serais capable de la couvrir, malgré mon ton moralisateur, mes avertissements, je serais et resterais team Nina pour toujours. Mais si elle pouvait épouser l’un de mes potes plutôt qu’un de ces cas soc’ de mathers… Quand je l’entendis approuver au nom d’Hades, je sautai sur l’occas’ : « Attends, j’appelle la mairie, l’église, et on fait ça dès demain. » Je m’improviserais organisateur de mariage express si il le fallait. « Sérieusement, Hades te plait ? » repris-je plus sérieusement, prêt à jouer les cupidons sur pattes. Parce que Baptiste, fallait oublier, si cet été j’avais envisagé la chose, désormais, c’était une autre histoire. C’était un traite, pactisant avec les verts. Et depuis notre échange de textos tendus, on ne s’était pas reparlés lui et moi. « T’écoutes jamais les conseils ? » soupirai-je quand elle refuse mes avertissements au sujet des winthrops. Je pourrais ronchonner encore longtemps comme ça, sauf que quand j’entendis le nom de sa fameuse meilleure amie, je changeais de couleur. Ma discussion par sms avec Lucky me revint en mémoire et je me raidis, craignant que la demoiselle ait pu révéler des choses sur notre étrange relation auprès de notre amie commune. « Tu devrais faire attention Nina… Sois prudente. La EH n’a pas cramé par hasard. » soufflai-je alors, un ton soucieux et un air inquiet sur le visage, véritablement convaincu du danger qu’on courrait tous. Je n’étais pas rassuré de la laisser repartir en terres ennemies, mais on n’avait guère le choix, il fallait qu’on aille se changer. « On essaie de se revoir vite ? » Et en terrain neutre.