Mon téléphone ne cessait de sonner. Des textos, pour organiser le relogement, pour gérer les choses avec les Cabots, avec les Quincys. Et puis moi, en attendant je ruminais… C’était juste trop. Le mariage sanglant, la rupture avec Kyla, et maintenant ça ? Le feu dans notre baraque ? J’y croyais pas, je refusais de croire à un funeste coup du sort. Les verts étaient là dessous. J’étais bouffé par les soupçons, incapable d’avaler d’ailleurs, que Lucky puisse être inquiète pour moi. Non, ses sms, c’était une preuve de plus que les mathers étaient derrière toute cette histoire d’incendie. Cole dans toute sa splendeur et une de ses nombreuses démo de grande paranoïa. Que voulez vous ? On occupait son esprit comme on pouvait, plutôt que de lamenter sur son petit sort. Enfin, les textos de Nina, eux, ça me valut de retrouver un peu le sourire. Un rencard au parc plus tard, et la voilà qui avançait vers moi, tout sourire. « Je vais embaucher une secrétaire pour gérer mon planning de ministre… » lançai-je après sa réflexion avant de la taquiner : « Hey mais attends, tu pourrais très bien remplir cette mission… » Ha non, j’oubliais, l’été était fini, Nina n’avait plus à jouer les sbires pour ma petite personne. « Je suis trop déçu que tu ne sois pas ma bizut. » soufflai-je avant de venir embrasser sa joue, pour la saluer comme il se doit. « Ca va… » Ouais ouais on n’y croit. Quand je répondais vite comme ça et que j’enchainais tout aussi rapidement, on pouvait presqu’y croire : « Et toi tu vas comment ? Qui est-ce qui est chargé de te martyriser pour ton bizutage au fait ? » Histoire que je lui souffle des idées...

Lorsque j’évoquais l’embauche potentielle d’une secrétaire, et tu fais que cela lui irait bien, Nina répliqua que je n’aurais alors pas le droit aux avantages en nature. Oui parce que la réput’ de toutes les secrétaires du monde c’était de coucher avec leur boss bien sûr. Donc en gros, Nina venait de me mettre un énième vent. Je pris une mine boudeuse et malheureuse en me lamentant : « Les sœurs Dunford, vous n’êtes bonnes qu’à me briser le cœur toutes les deux… » C’était pas faute d’user et d’abuser de sous entendus tendancieux avec mes deux meilleures amies. Mais ni l’une, ni l’autre des deux sœurs n’avaient jamais cédés à mes avances. Fallait croire que mon statut de célibataire récemment récupéré n’y changerait rien. Quand on évoqua son bizutage, Nina avoua qu’elle avait en tête de séduire son bizuteur. « Tu sais qu’on encourage vivement les couples Eliot. Ca sera mieux que de te voir traîner avec une bande de winthrops, ou pire de mathers. » Je savais que mon amie ne prenait pas trop au sérieux ces histoires d’alliance et de confrérie. Mais je comptais bien l’initier à ce petit jeu. « Je gère, je gère… » Que j’affirme, l’air serein avant qu’elle ne lâche, en me tournant le dos l’identité du fameux mec qui s’occupait de son bizutage et qu’elle voulait amadouer en le séduisant : Tate ! Un petit rire s’échappa alors de mes lèvres : « T’es tombé sur l’un des meilleurs. Je suis sûr qu’il prendra soin de toi… Et pour ce qui est de le séduire… Demande à Hippo comment elle s’y est prise. » Et je me marrais de plus belle. Les frangines avaient-elles vraiment les mêmes goûts en matière de garçons ? 

Mes meilleures amies. Deux demi sœurs. Deux des filles les plus canons du campus. Et je n’avais pas été fichu d’ajouter l’une ou l’autre sur ma liste de conquêtes. Et quand je soulignais leur tendance familiale à me briser le cœur, Nina s’en amusa avec un sourire et un haussement d’épaule. « Aussi belles que cruelles. » Ca pourrait devenir leur slogan. Mais après tout, c’était ainsi que je les aimais, mes deux BF. J’encourageais vivement une relation avec un Eliot, mieux un couple avec un Eliot, sauf que la demoiselle n’était pas faire pour être en couple. « Ma dernière relation en date a été un échec cuisant, alors ne compte pas sur moi pour te vendre du rêve sur les bénéfices de la vie à deux. » rigolai-je, affichant un détachement feint, comme si cette séparation ne me touchait pas, ne me bouffait pas. Comme si elle ne me manquait pas.. Je préférais d’ailleurs rebondir sur l’affirmation de Nina, un air outré sur le visage : « Les mathers ont un goût d’interdit car c’est interdit. T’auras pas de passe droit Nina, couche donc avec ton bizuteur ça sera mieux. » la sermonnai-je, laissant davantage parler le VP que le meilleur ami. Sauf que j’appris juste après l’identité de celui qui la bizutait et là, la coucherie me parut une moins bonne idée. Les sœurs n’avaient surement pas envie de partager les mêmes plans culs. Nina me le confirma, elle n’aimait pas passer derrière sa sœur. Sauf qu’elle précisa ne pas envisager d’aller jusque dans son lit, juste s’amuser. « Je vois… Tu vas le rendre dingue, je suis certain qu’il va a-do-rer. » soufflai-je à la demoiselle.

J’évoquais comme ça, l’air de rien, légèrement, comme si ce n’était qu’un détail, l’échec de ma dernière relation en date, comme argument validant sa théorie de –les couples c’est nul- mais je ne me rendis pas compte de la perche que je lui tendais. Malheureusement, elle l’attrapa et voilà que Nina mit son prénom sur le tapis. « Comme ça qu’est-ce que J’ai foutu avec Kyla ? C’est pas envisageable que de nous deux ce soit elle qui ait merdé ? » m’offusquai-je alors. Non ma BF me connaissait bien, elle savait surement que j’étais en partie fautif. Car si c’était le mensonge de sa coucherie avec Wade qui avait scellé la fin de notre couple c’était bien mes sms avec Lucky qui avait été l’élément déclencheur de cette fatale dispute entre nous. « T’es censée être ma meilleure amie et être de mon côté non ? » ronchonnai-je avant d’avouer : « Je l’ai quittée parce qu’elle a eu une liaison avec Wade par le passé. Fin de l’histoire. » The end. Générique de fin. Rideau. Je bâcle mon explication, ça veut dire que –n’en parlons plus-. « Je crois que le problème c’est pas que Kyla n’était pas bien pour moi, mais que je n’étais pas bien pour elle… » laissai-je échapper malgré moi, après la confidence de mon amie. Et puis je me repris, je retrouvai mon aplomb, mon rôle de VP rigoureux pour lui rappeler les règles et elle répliqua ne pas aimer ça. « Te fais pas prendre c’est tout Nina… » Parce que si c’était le cas, si c’était moi qui la prenait en flagrant délit, je pourrais la couvrir mais si c’était Oks… Et si ça revenait ensuite jusqu’aux oreilles d’Hippo, sa sœur serait intransigeante aussi. « T’as fait quoi ? T’as enfreint quelle règle ? » demandai-je alors, baissant la voix, comme si des oreilles traînaient dans ce parc et risquaient de nous entendre. « C’est le meilleur ami qui demande, pas le VP. » En gros je ne lui remonterais pas les bretelles, qu’elle se sente libre de parler. Puis j’avais moi même, encore récemment, fait un gros écart au règlement…

Il s’en fout Amare, il se promène à la recherche de la proie parfaite. Sa journée a été merdique, tout le monde pleurait comme des mauviettes sur les maisons qui ont été incendié par la tempête, et il s’en foutait complètement. Il compatissait pour certaines personnes, mais pas plus. Il ne le montrait même pas d’ailleurs. A quoi bon ? Il y avait déjà assez de personnes pour pleurer confortablement alors bon, il n’allait certainement pas offrir son épaule en extra. Le parc avait été ravagé mais la municipalité avait fait un bon boulot pour le remettre sur pied, littéralement vu que des troncs d’arbres avaient du être replanté dans le sol. Mais il voit Nina. La fille du bar. S’avançant vers elle, il voit qu’elle est accompagné du vice président des Eliots, le détestable Cole. Vu leur proximité, elle doit être très proche de lui. Parfait, il allait s’incruster un peu. De toute façon, son bizutage lui exigeait de foutre la merdre dans une réunion d’Eliot. Vu qu’il fallait être deux pour faire une réunion, c’était l’occasion parfaite. Prenant sa flasque de whisky, il en prit une gorgée et la garda ouverte. Il n’avait pas vraiment d’idée mais bon, il allait laisser sa connerie parler pour lui. « Nina. Comment vas-tu ? » dit-il avec une voix étrange. Il donnait l’illusion qu’il était alcoolisé. Mais toute personne le connaissant savait que jamais il n’aurait agit de la sorte sous l’alcool. Il fit semblant de trébuché sur une branche et aspergea le vêtement de la jeune femme d’alcool. « Oh zut, oh mec faut que tu l’aides sérieux ! » fit-il avec de grands yeux à Cole. Il l’aspergea du reste de sa boisson par la même occasion. Deux Eliots puant le whisky, en voilà une belle situation. « Oh désolé, sérieux. Bon, j’me tire. Bonne journée. » Il partit sans la moindre hésitation, bien fière d’avoir aspergé deux Eliot bon chic bon genre et effectuer la première partie de son bizutage.

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