STOP ON THE ROAD

 Autant pour nous éloigner. Voilà les mots sanglants qu'Happy venait de formuler, comme un poignard qui venait refléter la réalité de notre relation. Cette relation un jour fusionnelle et indestructible et le lendemain tendue et fendue, la vie n'était pas facile, et notre relation tellement compliquée. Le revoir ici me faisais d'ailleurs remémorer tellement de moments, les bons comme les mauvais, comme si nous avions partagés tous les sentiments, qu'il était le seul à savoir tout ce qui pouvait m'atteindre, me détruire et me faire rêver. « Le temps était passé ... nos vies se sont séparées, mais à croire que le destin voyait les choses différemment. » Le tacot rénové par mes soins semblaient vouloir nous mener jusqu'à la destination, en espérant tout simplement que Kacy ne serait pas dans les parages, oui après tous ces mois j'avais réellement envie de retrouver mon Happy rien que pour moi. Peut être un brin égoïste, mais cela était comme une nécessité, comme la bouée de secours que j'attendais depuis des mois, cette bouffée d'air frais essentielle pour me faire revenir à la surface. Lui aussi en enfer ?! Ecarquillant les yeux, navré pour lui, après tout qui méritait une vie pourrie, personne mais encore moins Gainsborough. Puis il reprit la parole, un choc, un drame ! Mon souffle se coupa un instant, avant de poser ma main sur sa jambe, le regardant un bref instant .. « Je suis vraiment désolée Happy ...   » Toute retournée, je me sentais un instant totalement inutile, j'aimerais pouvoir panser sa peine, ses pleurs, sa tristesse, mais j'en étais incapable, ce n'était plus ma place, plus à moi de le faire et pourtant tout mon corps rêvait de pouvoir l'aider, souffrir pour lui, souffrir avec lui ... Nous arrivions finalement à l'appart, je me garais juste devant alors que le silence avait pris possession de la voiture, je descendais venant lui ouvrir sa porte, à peine était il sorti que je le prenais dans mes bras, d'une étreinte intense, comme pour lui montrer que je regrettais tout, que j'étais là, que j'avais besoin de lui montrer tout 'l'amour" que je pouvais avoir pour lui juste par une étreinte, celle que j'attendais depuis que je l'avais retrouvé, peu importe le cambouis, la sueur, c'était presque vital.

mise en page par .Stay Away

Que le destin puisse voir les choses autrement, Happy s’y était habitué. Ce couillon passait son temps à mettre des bâtons dans les roues de ses décisions, rouage pourtant bien huilé en temps normal. La preuve, en remettant Cléo sur sa route, c’était un peu une nouvelle épreuve pour son petit palpitant déjà bien malmené par ailleurs. Non pas que l’envie de se jeter dans les bras de la demoiselle soit là, ce temps était effectivement passé comme elle venait de le faire justement remarquer. Désormais, l’américain se trouvait heureux en couple avec sa belle russe, une relation ayant connu quelques orages et arrivant enfin à devenir paisible et épanouissante. La passion prenait place sur la rancœur, et aidait considérablement le beau brun à relativiser tout ce qui cafouillait par ailleurs dans son existence. « Ce n’était pas un reproche, Cléo. Je sais bien que tu as ta vie et je n’ai pas à te demander des comptes, loin de moi cette idée. Le destin est un abruti qui se joue sans arrêt de nous, ceci étant… » admit-il d’un air un peu amusé et absent à la fois. Si seulement elle savait quel enfer il vivait… actuellement, sa mère dans le coma restait le summum, mais on pouvait difficilement mettre de côté son futur handicap, sa surdité naissante le rapprochant chaque jour un peu plus de l’isolement phonique. La frayeur secouait ses tripes et pourtant, tout ce sur quoi il se concentrait, c’était sa mère adoptive. Cette femme lui ayant tout donné, et qu’il se refusait d’abandonner dans un moment pareil… « Ne le sois pas, tu n’y es pour rien » reprit-il d’une voix douce alors qu’ils arrivaient à l’appartement de la demoiselle, qui venait juste de le prendre dans ses bras. D’abord surpris, il entoura à son tour son corps des siens dans une délicate étreinte, dont il avait grandement besoin. « Merci d’être là… Cléo… »