STOP ON THE ROAD

Foutue voiture ! Oublié les cabs de New York, non j’avais opté pour louer une voiture avant d’avoir le coup de cœur pour un jolie bolide. Sauf qu’aujourd’hui, j’avais réellement la poisse ! Après avoir attendu plus d’une heure suite à un accident, les dangers publics sur la route, j’vous jure. Oui ce n’était pas comme si peu de jour plus tôt je m’étais retrouvée au poste de police pour excès de vitesse, je gérais : en vrai j’étais bien la femme de Flash McQueen. Toujours était-il qu’après les bouchons, voilà que je venais entendre un bruit sourd à l’arrière de la voiture, super. Me garant alors le plus rapidement possible, je descendais du petit tacot, avant de souffler un bon coup en voyant que le pneu était crevé ! Putain de merde, c’était quoi cette journée de folie, vivement que je me retrouve dans mon lit, au moins Morphée ne me ferait pas la misère … Autant dire que Georges mon beau père n’étant pas dans le coin, j’allais devoir me débrouiller toute seule, même si ce n’était pas réellement gagné. Posant mon smartphone sur le siège passager, pour aller ouvrir le coffre, mama mia il y a avait tous les outils, même si je ne savais pas un brin comme il fonctionnait, heureusement que mon côté pratique était plus que développé.
C’était plus de trente minutes plus tard, qu’après quelques minutes de galère, je finissais par me poser le cul par terre dans une chute involontaire, ouf je venais de finir ! I did it ! Non je ne ressemblais plus à rien, entre mes mains toutes noires et quelques traits sur le visage, mes fringues un peu limite, je n’avais qu’une envie rentrée chez moi, lorsque se posta devant moi ce beau jeune homme. Le jeune homme ! Ce mec qui m’avait plu du premier regard il y a quelques années à NYC. Pourquoi se trouvait il devant moi, m’avait il lui aussi reconnu ? Malgré mon look à la bricoleuse du dimanche, son short de sport et son tee shirt tout mouillé, le duo de choc de la dégueulassitude.
« Pour être mon héros vous arrivez un peu tard ...    »formulais je avec un sourire aux lèvres, loin d'être sûre que ce soit lui tout de même, même si ses yeux ne mentaient, après tout j'aurais pu ne pas le reconnaitre, je préférais alors jouer le jeu de l'innocence.

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Il ne se passait pas un jour sans qu’Happy n’aille courir quelques kilomètres. Chaque matin. Qu’il pleuve, neige, vente ou fasse un soleil de plomb, l’américain se mettait en débardeur et jogging, enfilait sa meilleure paire de baskets pour aller se défouler, se vider l’esprit autour de chez lui. Parfois, il partait même suffisamment loin pour être à la bourre en cours, et ce n’était pas faute de se lever pourtant aux aurores. Mais qu’importe, il se sentait bien. Son cœur lui donnait l’impression de battre d’une meilleure façon, et d’être davantage en vie. Pourtant, rien ne lui laissait présager que sa course le mènerait à croiser une demoiselle qu’il connaissait. Qu’il connaissait même très bien. Profondément perdu dans ses pensées, sa foulée le guidait de manière quasi automatique vers une jeune femme en panne, pleine de cambouis, donnant l’impression qu’elle n’avait pas franchement l’habitude de bricoler, surtout une voiture. Le beau blond ralenti aussitôt, s’approchant en marchant et en faisant fi de la sueur marquant son débardeur ainsi que son visage, humide au possible. Preuve qu’il se dépensait depuis un certain nombre d’heures déjà… « Ah oui, si tard que ça ? » fit-il d’une voix charmante, un large sourire étirant ses lèvres avant qu’un soudain sérieux ne marque son visage. « Nom de dieu… » formula-t-il sans trop y réfléchir. « Cléo ! Avec du cambouis, mais Cléo quand même ! »

STOP ON THE ROAD

J'avais peut être tout de la new yorkaise, préférant de loin faire chauffer ma carte bancaire pleine aux as que bricoler une voiture et pourtant je m'y collais. L'indépendance pour moi était l'une des choses les plus importantes, dans les galères je me débrouillais toute seule avant d'appeler Sloan, car le pauvre avec toutes les merdes qui me tombaient dessus, il n'aurait pas fini. Et puis après tout ce n'était pas en bricolant que j'allais me faire mal, au pire un ou deux ongles cassés et alors ?! Malgré les apparences et mes allures, je n'avais rien de ces jeunes femmes précieuses au possible, quelques fois garçons manqués, non je n'avais pas peur d'être ridicule ou aucunement à mon avantage, comme à cet instant même alors qu'une beauté fatale venait d'apparaître devant moi. Lorsqu'il ouvrit la bouche pour formuler quelques mots, je comprenais en quelques secondes que c'était bel et bien lui, d'ailleurs me coeur se mettait à battre la chamade, pourquoi ?! « Trop tard oui ! Sauf si bien sûr tu as de quoi me rafraîchir, ça pourrait toujours être une bonne initiative.   » Je lui lançais un clin d'oeil, avant de m'approcher un peu de lui comme dans un élan que je ne contrôlais pas, pour le voir de plus près, depuis tout ce temps ... Non il n'avait pas vraiment changé, mis à part peut être être encore plus canon qu'auparavant, la vie était réellement injuste quelques fois. « J'suis pas sexy avec mon cambouis ?! Et toi tu as piqué une tête dans l'eau ou tu ruisselles de sueur malodorante ?   » dis je alors que mon regard avait bien du mal à quitter ses prunelles que j'avais si longtemps fixées par le passé.

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Revoir Cléo… pour sûr, la surprise demeurait conséquente. A croire que le destin ait à cœur de se jouer de lui en replaçant sur sa route une histoire d’amour passée. Comme si Happy n’était pas assez émotionnellement chamboulé en ce moment ! Mais avant même que de la reconnaître, le jeune homme ne manqua pas de sortir de son sweat, soigneusement enroulé autour de sa taille fine, une bouteille d’eau encore un peu fraîche. Cela avait beau fait quelques heures qu’il avait quitté son appartement, il n’en demeurait pas moins toujours armé contre la chaleur et la sècheresse. « Bonne initiative, c’est mon deuxième prénom… de plus, la bouteille d’eau est tout de même l’arme première de tout joggeur qui se respecte ! » tenta-t-il la carte de l’humour, avant même que son visage ne laisse échapper une large surprise. Oui, elle était de taille… revoir Cléo comme ça, outre le cambouis et le fait qu’elle soit manifestement en panne, demeurait troublant pour le beau blond. Il n’avait jamais été de marbre. Secret, oui, mais de marbre, non. « Cambouis ou pas cambouis, tu sais très bien à quel point tu es belle » admit-il dans un élan de sérieux lui ressemblant parfaitement, surtout en temps de trouble. Happy ne bougeait pas, et ne quittait pas davantage des yeux les belles prunelles de celle qu’il avait aimé par le passé. « Malodorante je ne pense pas, mais je reviens de ma course matinale… à croire que l’on fait la paire, toi en mode cambouis et moi en mode sueur ! »

STOP ON THE ROAD

Le voir ici, devant moi, dans cet état me faisait échapper un sourire, entre contente et surprise. Il était surement l'un des derniers que j'aurais pu croire revoir dans le coin, non pas que cela ne me dérange réellement, peut être juste que le savoir dans la même ville pour de bon, sans que nos vies ne soient commune comme par le passé, allait me poser quelques soucis. Après tout Happy n'était pas comme les autres, il avait été ma première fois, celui qui avait réellement compté pour moi ..  « J'ai connu plus glamour comme deuxième prénom.  » Une petite taquinerie comme si le temps n'avait pas eu d'influence sur la complicité que nous avions pu avoir par le passé, comme si tout semblait encore naturel, le tout avec quelques années, rides et aventures en plus. Sa phrase me fit rougir un brin, sous le cambouis bingo cela ne se voyait pas. « Et j'vois que tu as commencé les cours de violon...   » J'avais bien du mal à croire à tout ce qu'on pouvait me dire, croyant au fait que je pouvais plaire aux hommes, j''avais toujours cette idée que les beaux parleurs étaient les pires. Lui en sueur, j'aurais pu sortir une phrase bien placée, digne de moi et mon sans gênes, pourtant ne préférant pas le mettre dans l'embarras je taisais tout. « A croire que le destin ne voulait surtout pas qu'on retombe amoureux l'un de l'autre ...   » Même si je ne suis pas certain de pouvoir un jour ne plus ressentir un peu d'amour pour lui, il restait Happy c'était indéfinissable, peut être parce que la rupture avait été causée plus par notre éloignement et que malgré tout je serais toujours attachée à lui, même si à cet instant précis je ne voulais qu'une chose garder mes distances de sa sueur dégueulasse.

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Si Happy avait compté pour Cléo, l’inverse demeurait diablement vrai également. Il trouvait toujours aussi dommage que leur histoire n’ait pas continué, mais impossible de contrôler le destin comme dit l’autre. Du coup, l’américain ne savait guère sur quel pied danser, à quel saint se vouer. « Pas glamour mais pratique, c’est déjà pas si mal… » fit-il valoir, ayant toujours le même répondant qu’avant, voire même davantage. Happy n’était plus le jeune homme complètement taré et impulsif qu’elle avait connu. Il restait foufou, certes, mais face à certaines personnes de confiance uniquement. Fatalement, il était devenu secret, très secret, au point que Cléo ne le connaisse plus vraiment au jour d’aujourd’hui. « De violon ? Pas ma faute si tu ne sais toujours pas prendre un compliment pour ce qu’il est… » se rétracta-t-il légèrement, haussant les épaules sans pour autant bouger géographiquement. Il demeurait à la même place, faisant bien face à cette demoiselle n’ayant pas tant changé que cela, du moins physiquement. Pour le côté mental… difficile à dire en quelques minutes à peine. « Oh tu sais, moi le destin je lui botte souvent le cul, surtout en ce moment. D’ailleurs… ça fait longtemps que tu es là ? » Si la sueur d’Happy était repoussante aux yeux de Cléo, l’odeur du cambouis l’était plus encore, autant être honnête. Une chance qu’il soit capable de passer outre.

STOP ON THE ROAD

Lui prenait la bouteille des mains une fois qu'il eut fini, je la levais à ma bouche, totalement déshydratée à changer cette roue sous la canicule qui ne semblait pas encore totalement prête à s'échapper de Boston. Pratique pour le coup il avait bien raison, et malgré il me sauvait un peu la mise. Rangeant quelques bricoles dans mon coffre, maintenant que ma voiture de location aussi pourrie soit elle pouvait redémarrer, une bonne douche était surement la meilleure perspective. Revenant en face de lui, je ne pouvais m'empêcher de plonger mes yeux noisettes dans son regard clair et pénétrant. « J'me suis toujours méfiée à croire que sur ce point j'ai pas réellement changé ...  » Même si ça phrase me rassurait et avouait de façon indirecte qu'il le pensait réellement, à croire que cette alchimie et cette "attirance" entre nous n'étaient pas totalement éteintes. Laissant échapper un rire à sa remarque sur le destin, comme quoi il restait encore un peu la même personne, tout envoyer valser et suivre les chemins que nous avions décidé. « Ta vie est toujours loin d'être un long fleuve tranquille à ce que j'entends ... Déjà beaucoup trop longtemps pour rêver de retourner dans ma contrée new yorkaise.   » N'en pouvant plus de ressembler à rien, et de cuire sous le soleil, il allait bien falloir que je rentre, surtout que j'aurais préféré revoir cet homme dans toutes autres circonstances, plus à mon avantage, pourquoi ? à quoi bon ?! Surement mon subconscient qui frappait encore. « Tu as fini ton footing matinale ? J't'invite manger un bout chez moi ? » Pas certaine qu'il veuille monter dans ma voiture de course tacot, mais c'était soit cela soit nos destins allaient encore se séparer, même si de toute évidence nous serions surement amenés à nous recroiser, dans de meilleures circonstances espérons le.

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« Effectivement je confirme, tu es encore plus méfiante que moi et pourtant il y a déjà du level me concernant ! » Happy n’avait jamais nié cette attirance envers Cléo, mais il la prenait avec une infini précaution. Il valait mieux, car la demoiselle savait être aussi imprévisible que lui dans le genre, et le beau brun avait déjà bien assez de soucis dans sa vie pour en rajouter encore une couche. Il appréciait désormais son ex d’une autre manière, du moins s’y efforçait-il, alors que la vision de cette dernière le troublait légèrement. A en croire ce contrôle dont elle faisait preuve, ce trouble ne semblait guère partagé. Cela ne l’étonnait pas, en vérité, puisqu’ils avaient toujours eu du mal à être sur la même longueur d’ondes. « Et quelque chose t’empêche de retourner à ta chère contrée new-yorkaise j’imagine ? » s’enquit-il, par curiosité, ne posant la question que parce qu’elle avait évoqué le sujet. Ses propos suivant parvinrent néanmoins à lui arracher un petit sourire radieux, car oui, Happy savait encore très bien porter son prénom. « J’avais fini en effet, alors je te suis avec plaisir. Comme ça tu me raconteras ce que tu deviens, et comment tu as atterrit ici ! » fit-il en s’engouffrant dans la voiture de Cléo sans l’ombre d’une hésitation.

STOP ON THE ROAD

 Méfiante ?! Toujours, même si depuis quelques révélations je me mettais à croire que je ne l'avais peut être pas assez été, je m'étais faite avoir comme une bleue deux fois, deux fois de trop ... « Malgré nos grandes différences, il y a bien beaucoup de choses qui nous ont rapprochées par le passé Happy ... » Et le fait de faire deux pas en avant pour en faire à chaque fois un ou deux en arrière en faisait surement parti, oui nous nous ressemblions à notre façon.  Le regardant, je me demandais comment je pouvais rester si loin de lui alors que mon corps tout entier réclamait sa présence, comme si de le voir face à moi faisait de nouveau éclore tout ce qui avait pu nous rattacher ... et pourtant comme paralysée je restais là toute pleine de cambouis, loin d'être canon malgré les dire d'Happy. « Ou plutôt devrais je dire plus rien ne m'attend là bas ...  » Bien sûr que je pourrais y retourner, sauf que ma vie était partie en éclat, que mon existence toute entière se fendillait. Les certitudes d'hier étaient devenues les doutes d'aujourd'hui, les alliés d'hier les ennemis de cet instant, je ne pouvais compter plus que sur Sloan donc je me devais d'être ici, ici dans cette ville si particulière, si oppressante par la simple existence de Cooper dans le coin ...  « Ma vie n'a rien d'un conte de fée, j't'épargnerais ... »  Je lui lançais un regard suivi d'un clin d'oeil, alors que nous étions montés dans le tacot réparé, direction ma nouvelle demeure, chez Kacy, peu importe je pouvais emmener qui je souhaitais et autant dire qu'Happy était à cet instant le premier sur la liste.  « Et toi tu n'as pas bougé ... T'as pas voulu voir ailleurs qu'ici, ce petit coin d'Amérique ? Qu'est ce qui te retient tant, c'est pas non plus Vegas et la folie ici..   » Cléo la new yorkaise était bien de retour, Boston c'était le néant, le vide ... l'ennui, quoi qu'avec Happy dans le coin cela pourrait peut être s'améliorer.

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« Je suppose qu’il y aura toujours des choses pour nous rapprocher, et hélas autant pour nous éloigner » fit-il remarquer sans reproche, sans brutalité, car il s’agissait là d’une pure constatation. Cléo était méfiante au moins autant que l’était Happy, accroché telle à une bouée de sauvetage à son existence précaire. Non, le mot ne pouvait pas être trop fort. Lorsque l’on savait la merde dans laquelle il se trouvait, le mot convenait au contraire parfaitement. « C’est drôle que tu sois venue ici sans essayer de me chercher… je n’aurais jamais cru que tu viendrais par ici, à ma décharge ! » Là encore, l’américain ne reprochait rien. Sûrement la brunette avait-elle pensé qu’il aurait déménagé depuis le temps, ou bien qu’il n’ait pas envie de la voir. Toutes les hypothèses restaient ouvertes alors qu’il pénétrait dans le charmant tacot de Cléo, le clin d’œil de la demoiselle ne lui échappant pas plus que ses propos. Si elle ne vivait pas un conte de fées, alors il demeurait en enfer, autant dire ce qui est. Il doutait fortement qu’une comparaison soit possible entre leurs deux existences - en plus du fait qu’il n’y ait aucun avantage à en faire une - en connaissant le métier nocturne qu’il exerçait, ses soucis financiers et familiaux. De quoi avoir envie de se plonger littéralement la tête sous l’eau sans vouloir en ressortir avant d’être noyé. « Je t’épargnerai mon enfer à moi aussi dans ce cas » admit-il en lui rendant son clin d’œil, qui fut rapidement suivi d’un soupir à sa question. « C’est chez moi ici. Je n’ai aucune raison d’aller voir ailleurs, en plus du fait de ne pas avoir les moyens puis… ma mère est dans le coma ici et je refuse de la laisser. »