Quelques jours que je ne l'avais pas croisé au Nirvana, et bien que m'inquiéter n'est largement pas dans mes habitudes, il fait parti des clients récurrents que j'apprécie venir voir traîner au club. Même si bien évidemment il n'y est pas vraiment pour les mêmes raisons que moi. Il fait juste parti du monde de la nuit, comme c'est mon cas. Amitié née d'une histoire pas vraiment glorieuse, lui se faisant emmerdé à l'entrée du club, jalousie d'un copain de la fille qu'il accompagnait ce soir là et moi à tenter de panser les coups que le gamin de l'époque avait pris, instinct de protection envers sa petite gueule que j'ai appris à apprécier. Evidemment, je ne l'avais pas fait de gaieté de coeur, qu'on se le dise, parce que prendre soin d'autres personnes que moi, n'est vraiment pas dans mes convenances, mais faut croire que ce soir là, j'étais bien lunée. Alors dans l'après midi, je lui ai envoyé un message, non pas pour lui demander clairement des nouvelles, non, juste deux trois mots, destinés à lui faire comprendre que je ne suis pas du genre à courir après les gens, bien que je l'ai fait, pour garder Clay, il est vrai. C'est d'ailleurs à ce dernier que j'ai précisé que j'allais m'absenter à la fin de la journée, histoire d'aller récupérer Happy à l’hôpital, et lui changer les idées. Promettant à mon amant de ne pas rentrer tard, répondant aux questions qu'il a pu me poser, pour savoir qui j'allais retrouver. «  Un gosse que j'ai ramassé un soir alors qu'il venait de se faire péter la gueule devant le Nirvana. » Un chat de gouttière, comme aurait dit ma mère. Et connaître ensuite l'endroit où on allait se rendre, j'en ai ris, c'est vrai, puis docile, j'ai avoué. « On va boire un verre, dans ce petit bar, plutôt calme, histoire de parler. Mais pas d'alcool, promis, de toute façon, rien que l'odeur me donne envie de gerber. » Et c'est en riant, encore, contre lui que j'ai observé sa main lorsqu'il a vérifié si j'avais bien la batterie dans mon cellulaire. Lui ai balancé un « parano », et j'ai embrassé sa peau. Avant de prendre mon sac, mes clefs, et de le quitter pour aller retrouver mon ami pour offrir à sa vie un aparté. C'est donc devant l’hôpital que je l'attends, mains cramponnées au volant, une voiture discrète, pour une fois. Parce que même si Happy me connaît plus que certains, il ne sait de moi que ma personnalité de serveuse de bar. Je n'ai jamais réellement évoqué, le fait d'être une future héritière qui tente tant bien que mal de fuir sa propre réalité.

Cela devenait de plus en plus difficile pour Happy que d’aller plusieurs fois par semaine à l’hôpital, parler à sa mère adoptive dont le coma n’avait pas progressé, ni plus profondément, ni moins. Les médecins ne lui avaient rien appris non plus, ce qui le désespérait au plus haut point. En vérité, il avait bien besoin de parler à Annalynne ce soir, car il savait très bien qu’elle ne le jugerait pas, bien au contraire. L’américain pouvait bien se lâcher, insulter le destin ou frapper dans une poubelle en ferraille pour passer ses nerfs, elle ne lui en tiendrait certainement pas rigueur. Certes, il merdait moins avec ce genre de choses depuis qu’il la savait enceinte, Happy n’avait pas complètement perdu les pédales… quoique. « Merci d’être venue me chercher ma biche, tu vas bien toi ? » fit-il en grimpant dans la voiture où il avait aperçu son amie. Il embrassa légèrement sa joue au passage, pour la saluer comme il se devait, avant de pousser un long soupir. « Je peux plus blairer cet endroit. Je te jure, j’ai envie de le cramer à chaque fois que j’y viens » expliqua-t-il sans donner, pour l’instant du moins, plus de détails. « On va le boire ce verre ? »

De ceux qui me connaissent en rapport avec mon travail au Nirvana, Happy est un des rares à savoir le fait que je suis présentement en train de porter un enfant. Grossesse cachée en vue de mon mariage imminent avec Alan, mariage que je ne sais encore comment annulé, en faveur du père de mon enfant, Clay. Après quelques minutes, il arrive, se place rapidement sur le siège passager. Une esquisse de sourire sur mes lèvres, j'écoute sa première phrase, encline à la politesse. « Merci d’être venue me chercher ma biche, tu vas bien toi ? » Et lorsque je m'apprête à répondre, il coupe un peu mon élan, venant déposer sur ma joue un baiser, contact physique auquel je ne suis que très peu habituée. Les élans d'affection en amitié ont un côté qui se peut parfois me déranger. Pas avec lui, même si je n'en reste pas moins quelque peu sonnée, avant de prendre la parole. « Bien est … un grand mot. » Je vomis mes tripes, en permanence, je commence à bouffer pour deux, et ça m'écoeure. Je me reconnais pas, j'ai peur de tout, tu vois ? J'ai perdu de ma superbe, et c'est déplaisant de le comprendre. Il soupire, longtemps, j'en mords mes lèvres, de mes dents. « Je peux plus blairer cet endroit. Je te jure, j’ai envie de le cramer à chaque fois que j’y viens » Je ne peux affirmer le comprendre réellement, mes parents n'ont jamais été hospitalisés aussi longtemps, aussi gravement. Et là encore, si tel était le cas, je ne sais pas, si j'aurai autant peur, si je soufrerais comme il le fait. Peu certaine de savoir encore comment les aimer. « On va le boire ce verre ? » J'opine directement, et tourne la clef afin de démarrer. Ne lâchant pas du regard la route face à nous, je m’éclaircis la voix, avant de lui dire, railleuse. « Par contre, interdiction de te foutre à l'envers. » On va boire un verre, pas redéfinir l'expression être saoul, pas vrai. « J'ai déjà assez d'alcoolique à gérer au Nirvana. » De pauvres cons, qui pensent que l'alcool donne des ailes, même si ce dernier m'a mené, irrémédiablement, à Clay. « On va éviter la danse sur le bar, tu vois ? » Humour détourné, volonté de détendre l'atmosphère avant d'entrer dans le vif du sujet. « Ta mère ? » Que je lui demande, en prenant un embranchement serré.

Face à la première réponse d’Annalynne, Happy fronça légèrement les sourcils. N’étant pas médecin, sage-femme, infirmier ou toute autre personne bien placée pour connaître les « dommages » causés par la grossesse, il ne pouvait ni s’y attendre, ni comprendre, sans compter qu’il n’était pas une femme. « Tu m’expliques ou tu préfères pas ? » Il valait mieux lui laisser le choix. La forcer n’avait jamais été dans ses habitudes, et puis elle savait très bien qu’elle pouvait se confier sur à peu près tout et n’importe quoi, rien ne choquait jamais l’américain. C’était bien ça le problème… rien ne le choquait jamais ! Il était si difficilement impressionnable que c’en était pénible à la longue. Mais il fallait l’accepter tel qu’il était… avec ses défauts comme ses qualités. « La dernière fois que tu m’as vu tellement torché que j’en roulais une pelle à un lampadaire, c’était il y a un siècle ! » fit-il pour sa défense, à moitié mort de rire. Ce souvenir restait, tout comme les autres, à jamais gravé dans sa mémoire, bien que ledit souvenir soit un brin flou. Pas étonnant, vu la quantité d’alcool qu’il s’était ingéré. Mais aujourd’hui, si le fait d’avoir vu sa mère adoptive chérie toujours aussi inerte sur ce foutu lit d’hôpital le mettait en boule, l’envie de se mettre à l’envers en prime n’y était pas. Et puis il y avait la question de la finance, aussi… se mettre une cuite avait un prix qu’il ne pouvait hélas pas se permettre. « Même si je voulais, je suis fauché comme les blés alors le coup à boire sera restreint, te fais pas de bile » reprit-il en osant un petit sourire sincère, qui s’atténua dès qu’il fallut parler de l’état de sa mère. Logique qu’Annalynne pose la question, mais c’était toujours aussi difficile pour lui de répondre. « État stationnaire. Pas d’amélioration, même si j’arrête pas d’espérer comme un con. Faudrait que je me dise que c’est mort, mais j’y arrive pas. »

« Tu m’expliques ou tu préfères pas ? » Un regard encore lancé en biais, je hausse les épaules en un premier temps, je ne suis pas du genre à me plaindre, bien loin de là. Au contraire, je porte sur mes épaules bien des poids. Et puis lui dire que ma grossesse ne se déroule pas totalement au mieux changerait quoi ? Pas grand-chose, à part rendre un brin pus dramatique la situation, et j'ai horreur de cela. Puis il ne connaît qu'une part de moi, ignore encore le fait que je dois me marier, ce prochain seize juillet, mariage indésiré pour lequel je manque de courage afin de l'annuler. Je me contente d'un soupir muet, synonyme de « on verra plus tard » si je suis plus apte à coopérer.

« La dernière fois que tu m’as vu tellement torché que j’en roulais une pelle à un lampadaire, c’était il y a un siècle ! » Un bref rire s'échappe de mes lèvres, un siècle, non, je ne pense pas. Mais il est vrai que cela fait quelques temps, je crois surtout que c'est la vie qui nous a mené à ça. Une amitié où l'on a pas besoin d'être collés pour savoir que l'autre se porte bien. « Même si je voulais, je suis fauché comme les blés alors le coup à boire sera restreint, te fais pas de bile » Un sourire ovalise ma bouche maquillée, pour ce qui est de l'argent, c'est plutôt lui qui ne devrait pas se faire de bile. Je suis encore Annalynne Malcolm, fille de Richard Malcolm PDG de la société Omnicom pour encore quelques jours. Alors, si en apparence je suis simple serveuse, il peut être certain que mes cartes de crédit d'héritière pourrie ne sont pas encore coupées. « Je t'ai dit que je t'invitais. » En somme, t'auras pas à dépenser. « Alors, fais pas chier. » Ordre balancé comme celui qu'on donne à un gosse en train de nous irriter. « Donc je compte bien en avoir pour mon argent. » Blagueuse, évidemment, sur le spectacle qu'il serait susceptible de me donner.

Alors le sujet de conversation s'en devient sérieux, et une seconde, la voiture à l'arrêt au feu rouge, j'en clos mes yeux. « État stationnaire. Pas d’amélioration, même si j’arrête pas d’espérer comme un con. Faudrait que je me dise que c’est mort, mais j’y arrive pas. » J'imagine que l'espoir est un sentiment normal, dans ces cas. J'en sais rien, je n'ai jamais perdu quelqu'un, mes parents biologiques, certes, et encore, achetée très petite par les Malcolm, je ne saurai vraiment dire s'ils sont morts, ne les ayant – en pure égoïste – jamais recherchés. « Mhm. » J'ose une onomatopée alors que j'embraye à nouveau pour reprendre le chemin du bar, taciturne jusqu'à notre arrivée, je coupe le moteur, pour le regarder, et faire preuve de la franchise qu'il me connaît pour lui dire le cheminement de mes pensées. « Tu te sens prêt ? A leur dire de la débrancher ? » Puisque c'est mort, comme il le dit, puisqu'il est temps. Autant entrer dans le vif du sujet, sans tenter de me faire pardonner sur mon côté brut, je ne suis simplement pas du genre à prendre des pincettes, je regrette.

Happy n’étant pas du genre à insister, il laissait simplement la porte ouverte à Annalynne, au cas où elle soit d’humeur bavarde sur son état à un moment donné. Il doutait de la chose, la brunette étant parfois aussi secrète que lui sur sa « vie privée », chose qui englobait bien évidemment la grossesse et les détails à connaître là-dessus. Puis s’ils sortaient ce soir, ce n’était pas pour se déprimer sur leurs vies respectives, non. Plutôt en vue de passer un bon moment et d’oublier ce qui déconnait à plein tube dans leurs existences. Ceci étant, l’américain n’avait aucune intention de se donner en spectacle, et comptait donc boire avec raison. Même si son amie proche lui rappela qu’elle l’invitait, et qu’il n’avait donc aucunement à s’en faire pour l’argent dépensé. « Raison de plus ! Tu sais bien que je n’aime pas me lâcher sur la bibine quand on m’invite. Quand c’est mon propre fric c’est pas pareil » répondit-il en haussant les épaules. Jouer les dépensiers avec l’argent d’autrui, c’est toujours plus facile… mais Happy n’avait pas été élevé ainsi, manque de bol. Il lui restait encore un minimum de conscience à ce sujet, n’en déplaise à qui que ce soit. « Mais je fais chier si je veux » reprit-il avec humour, lui tirant légèrement la langue. Soit elle allait en rire, soit elle allait criser. Il aimait bien la taquiner car il savait qu’elle ne lui en tiendrait pas rigueur… heureusement. En revanche, même si la franchise d’Annalynne lui plaisait la plupart du temps, sa question le fit pâlir. « Non » fit-il d’un ton catégorique. Non il n’était pas prêt à la débrancher. Non il ne voulait pas perdre espoir. Elle n’avait eu qu’un AVC bordel de merde ! Qui disait qu’elle ne reviendrait jamais, hein ? « Je suis prêt à payer toutes les factures du monde si je peux la garder encore un peu avec moi. Rien à foutre de l’avis de ces médecins de merde. »

« Raison de plus ! Tu sais bien que je n’aime pas me lâcher sur la bibine quand on m’invite. Quand c’est mon propre fric c’est pas pareil » Là, c'est un soupir que je lui sers, parce que je ne comprends pas. Ce n'est pas comme si il se devait d'y avoir une gêne entre lui et moi. Après tout, la première fois que je l'ai croisé ça avait annoncé la couleur, notre relation n'est pas de celle où on ose pas, où on s'impose des barrières ou je-ne-sais-quoi. Bien que je l'ai toujours fait, malgré moi. « Mais je fais chier si je veux » Et passant une nouvelle vitesse, tout en fixant encore le bitume, je lui balance, amusée. « Sale gosse. » Parce que c'est parfois ce qu'il est. Happy a tout d'un enfant, un étudiant dont l'innocence n'est pas encore totalement volée. Il est de ceux qui ont grandit trop vite, faute d'une vie biaisée. Ses écorchures, elles ont fait écho à mes blessures. Il est mature, dans sa légèreté, et c'est pour cette raison qu'à lui j'ai bien voulu me lier. Qu'il a été un des premiers, à savoir ce que je porte comme secret. Témoin, quelques fois, d'un peu de vomissements incontrôlables, cela va de soi.

Et pourtant, même s'il connaît certains de mes tourments, il ignore les grandes parties, et c'est peut-être pour cette raison, que je m'incline en faveur d'un sujet qui me semble à son égard, des plus importants. Sa maman. Bien que ma question, soit, je le conçois, trop directe, pour d'autres, mais c'est de cette manière que je sais fonctionner. L'on ne m'a pas appris à faire autrement, bien au contraire, on m'a inculqué à me sentir au dessus des gens. Qu'on se le dise, je n'en reste pas moins concernée par les maux qui peuvent le tourmenter. Parcimonie d'inquiétude qui m'arrache à ma solitude. « Non » On ne peut plus clair. Mon interrogation, elle le fout à l'envers. « Je suis prêt à payer toutes les factures du monde si je peux la garder encore un peu avec moi. Rien à foutre de l’avis de ces médecins de merde. » J'essaie alors de me mettre à sa place, d'essayer de comprendre son point de vue, de me demander ce que je ferai si c'était à ma mère que ça arrivait, si c'était mon père qui sur un lit d'hôpital était en train d'agoniser. J'ose à peine penser réellement ce que je ferai, comme si pouvait m'entendre et voir ma dureté. Ca tombe sous le sens, j'abrégerai ses souffrances, qu'importe celle que cela pourrait engendrer en moi. Je blinderai mes émotions, comme toujours, et j'arrêterai la vie. Me prendrait pour dieu, l'espace d'un instant, et à force de courage, je stopperai le cours du temps. Ce serait affreux, insensible bourreau. « Calme toi, tu veux. » Pas la peine de s'énerver, je ne suis pas celle qui lui dit de tout arrêter. « Garde ta fougue pour le whisky. » Et changeant de sujet, lorsqu'on arrive à destination, et que je coupe le contact, je me permets d'ajouter. « En plus, faut que tu bois pour deux. » Puisque mon état ne me permets pas de profiter d'autres vodka.

Spoiler:

Annalynne le traitait peut-être de sale gosse, mais il n’empêche qu’Happy ne pouvait pas s’empêcher d’être gêné d’être ainsi invité. Leur amitié demeurait tellement forte que cette gêne s’avérait inutile, mais elle demeurait néanmoins forte et frénétique chez lui. « Mais tu adores ça » répliqua-t-il dans un grand sourire, donnant presque l’impression d’un faciès campaniforme en tournant ainsi son visage vers son amie. Pour sûr, tous les deux possédaient leurs impedimenta respectifs, dont ils connaissaient mutuellement la nature. Si la brunette avait conscience de la situation financière et familiale de l’américain, de son côté, il avait également reçu son lot de confidence de la part d’Annalynne. Inutile donc qu’ils ne se lancent tous deux dans un éloge panégyrique de l’autre, ils se connaissaient trop pour cela. Pas de mamours qui tiennent, Happy sachant pertinemment qu’elle n’aimait pas ça. Pourtant, cela n’empêcha pas la demoiselle de se pencher, l’espace d’un court instant, sur l’état de santé de la mère adoptive de son ami. Cette dernière ne lâcha pas un mot face à la tirade passablement absconde du jeune homme, sûrement car cela reviendrait à devenir un peu trop sentimentale. Il ne la blâmait aucunement pour cela. Lui-même avait beaucoup de mal à en parler sans que cela ne devienne une montagne de sentiments contradictoires et puissants au fond de son être. Un peu comme si son âme se retrouvait en pleine agora, ou à converser avec l’empire byzantin en personne. « Je suis très calme, pourquoi tu me dis de me calmer ? » l’interrogea-t-il, sa curiosité étant piquée au vif. Ce n’était pas comme s’il avait évacué la moindre petite colère, que ce soit dans un discours quelconque ou par pantomime. Il restait étonnamment calme. « Hey je vais déjà boire pour un, ce sera pas mal non ? » esquissa-t-il un petit rire, sachant pertinemment où elle voulait en venir. Pour sûr, ce soir, il ne serait ni abstème, ni avec le comportement d’un ecclésiastique, surtout vis-à-vis de l’alcool.

HJ:

« Mais tu adores ça » Dans un automatisme mes yeux se lèvent au ciel face à son sourire grandissant. Fier de lui et de sa bêtise, les sales gosses ne sont pas la compagnie que je préfère mais il est vrai que je ne me suis encore jamais plainte de la sienne. Alors je lui concède un soupir affirmatif juste avant que la discussion ne dérive sur quelque chose de bien plus sérieux, sa mère, son état, et ses sentiments au sujet de tout cela. Et je l'intime de se calmer, c'est avec surprise qu'il reprend mes mots. « Je suis très calme, pourquoi tu me dis de me calmer ? » Une seconde à peine, et je prends le temps de lui répondre. « Parce que tu te lances dans de grands discours. » Et que je ne suis pas là pour te dire quoi que ce soit. Bien au contraire, c'est une chose bien trop délicate pour moi. Jamais je ne serai celle qui le conseillera de débrancher, ou que sais-je. Bien que j'ai pu « l'insulter » de sale gosse, j'ose le penser assez mature pour prendre ses décisions tout seul, et je ne jugerai pas. La vie apporte son lot de problèmes, à chaque fois, et les solutions ne sont jamais faciles à prendre, peu importe le niveau du souci. Je me dis, que chacun se doit de gérer. Après tout, ne l'ai-je pas toujours fait ? Me suffisant à moi-même, apprenant petit à petit à me départager, parce qu'amoureuse de Clay. « Hey je vais déjà boire pour un, ce sera pas mal non ? » Et j'en hausse les épaules, juste avant de détacher ma ceinture de sécurité, et me relever. Je le devine à ma suite sortir de la voiture, puisque je le fais, et viens à sa rencontre pour que côte à côte on marche en direction dudit bar. Cependant avant d'entrer, je lui précise, encore railleuse. « Au moins je n'aurai pas à empêcher qui que ce soit d'abîmer ton joli minois. » Evidemment, je me moque, le traitant encore une fois comme un enfant. Lorsque nous entrons et que mes prunelles papillonnent déjà afin de trouver un endroit où nous asseoir le temps de notre soirée improvisée.

Spoiler:

Le côté hilare d’Happy se calma d’un coup d’un seul lorsque Annalynne lui intima de se calmer, avant de préciser qu’il se lançait dans de grands discours. Un peu piqué au vif, car il venait de parler tout de même d’un sujet extrêmement sensible et douloureux, il répliqua froidement : « bah je me lance dans un long discours parce que je ne suis pas une pierre, navré si ça te dérange. Pourquoi tu m’as posé la question alors ? Tout le monde ne sait pas s’exprimer en une seule phrase courte, concise et froide pour tout ! » L’américain haussa les épaules. Il avait beau adorer la brunette, ce genre de remarque, elle pouvait aussi bien le garder pour elle. Il ne s’agissait pas d’un élan de susceptibilité mais simplement de respect. Respect du tempérament de l’autre. Happy l’acceptait telle qu’elle était, et si elle n’était pas capable d’en faire autant, surtout pour un sujet aussi ‘grave’ aux yeux du jeune homme, alors ils auraient un problème. Par chance, il parvint à se calmer suffisamment vite pour suivre Annalynne une fois la voiture stoppée. L’américain détacha sa ceinture de sécurité, referma la portière et emboita son pas sans traîner, constatant que décidément, elle était partie pour le traiter comme un gamin. « Tu sais que j’ai plus cinq ans et que c’est à ton gosse que tu devrais donner une telle énergie maternelle ? » reprit-il, sur un ton humoristique cette fois-ci. « Tu vas boire quoi du coup ? »

HJ: