Trois heures que je suis assis là, je ne sens plus mes jambes au contact de l'herbe fraîche, plus rien n'a d'importance que la tombe que je fixe depuis toutes ces heures, celle de Caleb, décédé il y a deux ans maintenant. Cet attentat à la bombe à été la pire journée de ma vie, quand j'ai appris que mon frère ne s'en sortirait pas quelques heures plus tard au bloc opératoire, une partie de ma vie s'est envolée avec lui, pourquoi le destin est si cruel ? J'aurai tellement aimé que ce soit moi sous cette tombe, qu'il soit en vie, il n'avait rien fait de mal, c'était un ange, c'était moi le coupable, moi le consommateur de narcotiques, moi celui qui se foutait de l'image de sa famille et de sa responsabilité au sein de cette famille mais non, le destin frappe sans prévenir, choisissant au hasard qui nous enlevé, j'emmerde le destin, cette foutue vie.

Je viens juste de sortir de la deuxième étape de mon deuil alors que Palmyr, ma petite sœur, commence à se reconstruire, j'aimerai tellement être rendu à ce stade, la dernière étape mais elle n'a jamais été aussi proche de Caleb que je l'ai été, nous n'avions que huit mois de différence, il était presque mon jumeau, et qu'on soient autant proches et fusionnels m'a enfoncé dans une spirale destructrice à un point que je n'imaginais même pas. Tout est devenu si compliqué depuis l'attentat, je me suis éloigné de ma famille, de ma petite sœur particulièrement, je me suis recroquevillé dans une coquille d'amertume et de dégoût, je ressens à chaque seconde ces pulsions de colère parcourir mes veines, je suis énervé tout le temps, contre tout le monde et pourquoi ? Parce que je viens juste d'accepter la mort de Caleb, que je réalise enfin qu'il ne sera plus là, et que je réalise surtout que j'ai plongé encore plus dans les narcotiques au point de bouffer l'argent de poche que papa me donne chaque mois dedans.

Je décide de me relever, fixant une dernière fois la tombe de Caleb, sentant une dernière fois la rose que je tiens dans ma main, la serrant puis je la laisse tomber juste devant la tombe, remarquant que je me suis coupé, laissant de mon sang sur cette rose en deuil, reprendre le cours de ma vie sera très difficile mais j'y arriverai, pour Caleb, le seul qui me mettait des gifles quand je m'écartais de la ligne de conduite, maintenant c'est Palmyr qui me les met quand plus rien ne va mais je peux compter sur elle, même si un froid constant est là entre nous, je l'aime comme j'aime Caleb et ma famille, je ne le montre pas, tout simplement parce que je n'ai plus rien à montrer.