Tu t'étais réfugié dans le boulot pour mettre ton cerveau sur off. Tu ne voulais plus penser, ne plus ressentir, tu n'aspirais qu'à retrouver ce calme olympien qui était le tien et qui était aux abonnés absents ces derniers temps. Ce que tu révisais ne te plaisait pas tant que ça, en fait ça t'en tapait une sans faire bouger l'autre, mais ça faisait le taf, tant que tu te concentrais là dessus tes pensées ne partaient pas complètement en vrille. C'était tout du moins ton plan, avant que tu réalises la date du jour. Une semaine. Sept jours. Dix mille quatre vingt minutes. Six cent quatre mille huit cent secondes de silence radio, du jamais vu depuis que tu la connaissais. D'habitude, les chiffres avaient quelque chose de rassurant. C'était une donnée brute, objective, pas de discussion ni d'interprétation possible et pourtant, aujourd'hui ça t'angoissait. Il y avait la morsure du manque en toile de fond, comme un remord tapi dans l'ombre et qui était prêt à surgir à chaque instant, à l'instar d'un diable jaillissant d'une boîte à ressort. Agacé, tu frappais plus fort sur les touches de ton ordinateur portable pour que le son finisse par noyer tes pensées. Trop tard. L'angoisse était là, latente, la fébrilité à fleur de peau, le besoin urgent de t'enfuir. Quelle heure était-il? Tu étais tellement absorbé par ta tâche que tu avais perdu toute notion du temps, tu en avais même oublié de manger. Au fond du gobelet en plastique, il restait quelques gouttes de café froid au goût chimique. L'idée de te lever pour aller en chercher un autre t'effleura l'esprit mais un bruit attira ton attention. Cette fois, tu sortis de ta bulle totalement. L'air hagard, l'esprit dans le brouillard, tu remarquais l'absence de gens, comme si tous avaient décidé de déserter les lieux sans que tu t'en rendes compte. Tu regardas la montre que tu avais au poignet. L'heure de la fermeture était passée, et tu t'étonnais que personne n'avait fait le tour avant de tout fermer - tu n'avais peut-être pas fait attention aux derniers rappels? Un autre bruit se fit entendre, non loin de toi. Tu n'étais plus seul. "Il y a quelqu'un?" Tu lanças au hasard, tout en te disant que ce réflexe était complètement crétin. C'est là que tu la vis. Elle. Tu la reconnaîtrais entre mille et ce constat t'arracha un sifflement douloureux. "C'était toi." Tu murmuras, incertain, bouleversé aussi, mais tu repris rapidement consistance.  C'est une blague, n'est-ce pas? si jusqu'à présent tu avais encore des doutes sur le fait que ton karma  se foutait de ta gueule, là, tu en avais la confirmation.    

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Searching for words and praying for signs, I struggle to find the rhythm and rhyme.  

Envolée, ta concentration, lorsque tu entendis du bruit à proximité de la table où tu t'étais étalé. Tu avais laissé tes affaires en plan, dans l'optique d'aller chercher un café à la machine mais cette apparition t'avait stoppé net dans ton élan. Te voilà désormais figé, massacrant le pauvre gobelet en plastique dans ta poigne trop forte, alors que tu tentais de contenir l'élancement qui gagnait ton cœur. Le fait est que tu n'as jamais été capable de gérer tes émotions, Landon, soit tu ressentais tout, soit tu ne ressentais rien, il n'y avait pas d'entre deux, et Jinx était sans aucun doute la seule personne au monde capable de susciter autant d'émotions en toi, parfois contradictoires. Rien ne te préparait à la croiser, pas les mêmes études, pas le même entourage, vous appartenez à la même confrérie mais tu restais de moins en moins à la Kirkland, alors les probabilités d'une rencontre fortuite étaient minces. En parlant de probabilités, quelles étaient celles pour que vous vous trouviez ici en ce moment même, si ce n'est un sinistre coup du sort qui se jouait encore de vous? Te voir ne semblait pas lui faire plaisir non plus et tu ne pouvais pas vraiment lui en tenir rigueur, tu l'avais mérité au moment même où tu avais écrit ces mots assassins et que tu ne pouvais pas effacer ensuite. Ce serait trop facile, sinon, tu n'aurais pas eu à assumer les conséquences de tes actes. Tu avais bien joué au plus con, Landon, et tu avais perdu.  "Personne, vu l'heure tardive." Tu dis alors, d'un ton neutre, comme si tu étais émotionnellement détaché de tout, planqué derrière ton masque de fer. "On est selon toute vraisemblance les derniers ici, je n'ai pas vu l'heure." Le temps n'avait que peu d'emprise sur toi lorsque tu étais concentré sur une tâche, sauf peut-être quand il s'agissait de compter chaque minute et chaque seconde depuis qu'elle t'avait puni par un silence mortel. Tu allais tirer sur la porte d'entrée de la salle d'études quand tu réalisas qu'elle était fermée. Tu tiras encore, pensant à une simple résistance qui pouvait céder en insistant un peu, mais sans plus de succès. "Essaie de l'ouvrir, toi." Tu dis alors, en tout désespoir de cause, refusant d'admettre ce qui pourtant paraissait terriblement évident, comme pour beaucoup d'autres choses, d'ailleurs.   

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