Harvard, 25 mars
@Scott Guerin
tw : drogue
Tristesse qui prend trop de place, lenteur sous mes pas, toi que j'ai laissé jadis derrière et dans cette cabine ce soir, car en réalité, incapable de pouvoir supporter ce froid qui provient de ta bouche. Enveloppe corporelle vide, ne possédant juste que par miracle, une âme sans vie. M’abandonnant alors aux songes de mon cœur, je ne remarque même pas cette serviette posée sur le côté. Ce n'est que lorsque mes épaules accueillent la chaleur du tissu épais, que mon corps s'arrête. Grands yeux ouverts sur tes émeraudes. La surprise. Je te fixe comme si je venais de voir un extraterrestre. Cet élan de générosité voir même ce soupçon de tendresse, me laissaient perplexe. — Ça va ? Je te demande, la carcasse qui tourne soudain autour de toi, finit par se caler dans ton dos. Pieds qui s'élancent sur leurs pointes pour enlacer ta nuque du bout des doigts et l'incliner en arrière, vers mon ovale. Les orbes qui vérifient en panique, un possible petit écoulement de sang. — Je n'ai pas rêvé ? Mais l'idiote que je suis, a totalement zappé ta question. — Aucun des deux... Beaucoup trop tête en l'air pour prévoir ce genre de situation. — Scott ? Murmure d'une entaille discrète dans l'armure de ma voix solitaire.

Pas humide sur le carrelage. La brune divague. Se place derrière lui pour y apposer ses mains. Force le brun à se contorsionner dans une position désagréable. Cervicales tendues. Gravité changeante. Son ovale offert au sien, rencontre ses opales. « Putain t’fous quoi ?! » De son emprise, il se retire. Dénoué de l’inconfort, il lui fait face. Se massant dans un geste nerveux la nuque. « T’es sur que t’en a pas pris ? » La voix plus posée. Moins brusque. « Ouais ? »

Harvard, 25 mars
@Scott Guerin
tw : drogue
Je ne pense pas avoir eu l'temps de connaître cette facette de toi. Tu m'avais toujours habitué à un Scott plutôt buté, désobéissant, difficile, dur, entêté, indocile, froid, indompté, rebelle et bordel que la liste est longue. Alors à te voir jouer ce nouveau rôle, me fait prendre conscience que peut-être, tu n'es pas si insensible. — J'te torture ça ne s'voit pas ? Je ne te dirais pas que tu m'as surprise et puis en même temps, c'était un peu comme une petite revanche à mon bijou que tu as balancé dans les chiottes. — Crois-moi que si j'en avais pris, tu aurais eu du mal à me contrôler. La sueur sur ton front, aurait coulée, chère ombre et tu le sais, je suis déjà si incontrôlable avec des gouttes d'alcool dans le sang, alors la drogue ? — C'est quoi ton secret ? Pour être aussi émotionnellement impassible ? J'ai envie de devenir comme toi. Gloussant dans le silence, je finis par traîner ma carcasse, serrant les bordures de la serviette autour de mes épaules. Le dos qui termine la course contre l'un des casiers. Les yeux, tellement habitués au chagrin. — Apprends-moi.

Ricanement acide. Disparaît aussi vite qu’il était venu. « Parce que tu crois que t’suffirais pour avoir le dessus avec moi ? » Lui non. Il est persuadé du contraire Scott. Bouche outrageuse. Entrouvre ses pulpeuses pour balancer son attaque, mais elle glisse sur le brun. Aucun impact. Il est conscience de ce qu’il montre. Conscient que l’on pense qu’il se fou de tout. Mise à part sa personne. Et c’est en partie vrai. Il se fait toujours passer en premier, parce que c’est la leçon qu’il a retenue. Toutefois, ses habitudes s’effritent. Un peu. Dans la pénombre, la gamine se met en mouvement. Recule contre le casier. La provoque dans les orbes. Il ne dit rien Scott. Observe son cinéma en silence. Pointe l’agacement. S’éveille dans ses veines. Pulse contre son impulsivité dormante. « T’as pas envie d’ça. » Parce que les drogues. L’alcool. Ça fait tout ressortir. Moiteur ambiante. S’accroche à son ombre. Les boots sur le sol, claque sur l’humidité dans un presque silence. Venant à sa rencontre. Il se met face à elle. Domine sa silhouette en manque. Étouffe son oxygène. « T’sais pourquoi ? » Timbre bas. Vibre dans l’atmosphère. Les émeraudes comédiennes cachent leur sournoiserie. La main qui s’élève. L’attrape par le menton pour forcer l’échange. Qu’elle imprime ce qu’il va lui balancer. « Parce que t’es accro. T’as voulu jouer et maintenant t’es comme une putain d’junkie en crise. » Amertume. Glace chaque son. Dur ironie. Il déteste ça le garçon. Ce poison. Brusquement, il met un terme à la proximité. Se recule, avant de commencer à lui tourner le dos. « Maintenant magne ton cul. J’te ramène.»

Harvard, 25 mars
@Scott Guerin
tw : drogue
— L'espoir fait vivre. Je n'ai pas la prétention d'affirmer que je pourrais avoir le dessus sur toi, t'as vu un peu ton gabarit en même temps ? Tu me soulèverais presque d'une main sans aucune difficulté si tu le voulais. Corps plaqué sur toute la longueur du casier, je te vois réduire la distance tandis que je baisse immédiatement l'ovale. Parce que je sais ce que tu vas essayer de faire. Je te sens d'ailleurs approcher avec cette aura glacée. Cette noirceur rampante. Glissante. Prenante. Surplomber à nouveau ma silhouette. Les doigts qui se posent sous mon menton. Non... — Arrête... Les oreilles faibles et nonchalantes finissent par être captivées alors que l'ovale, lui, lutte pour ne pas céder. Mais t'es comme ça, tu arrives toujours à tes fins. Forcée, tu m'obliges à lever les yeux. À échanger nos regards. Ta carrure impose à mon être, une respiration beaucoup plus rapide. — mh... Est-ce vraiment ce que je suis ? Est-ce vraiment cela le fardeau que vais-je devoir porter ? Est-ce vraiment la réalité que je refuse de voir ? Tu me tournes le dos et moi, je me suis encore perdue dans les songes. Néanmoins, je finis par te suivre derrière. Plus lente, je garde une certaine distance. Qu'une autre vérité ne vienne pas s'abattre sur moi. — T'as peut-être raison. Voix beaucoup plus basse, presque comme un murmure suffocant, mais suffisant pour que tu entendes. — Pour cela qu'on n'est pas obligé d'être amis. Loin, tu seras. Mieux tu t'en porteras. En réalité, tu n'as pas besoin d'une junkie dans ta vie. Toi et tous mon entourage d'ailleurs.

Peut-être ? Il avait raison. Et si elle n’en avait pas conscience, c’est qu’elle se voilait la face. Y a qu’à voir le comportement dont elle se pare. Derrière lui, elle évolue. Se fait plus discrète. Sauf ses mots. Intérieurement, il soupire. Ne trouve rien à dire d’autre. Du plat de la main, il finit par pousser la porte battante pour la laisser passer. Dans le hall, ils se retrouvent. Plongé dans une presque totale obscurité. Seul un faible éclairage subsiste. Finissant par la rejoindre, le brun retire sa veste. Sweat noir comme à son habitude. Habille son torse. « Fous ça. » Le bras tendu, sa veste patiente.

Harvard, 25 mars
@Scott Guerin
tw : drogue
Cette nuit enlise les idées, me fait prendre conscience de beaucoup de choses auxquelles je n'avais pas spécialement envie de me pencher. De voir. Mais voilà qu'il a fallu que tu viennes pour m'obliger à y faire face. Te suivant à la trace, nos âmes sont soudainement plongées dans la pénombre. L'obscurité pèse. J'entends ta voix, mais je ne sais pas où exactement, regarder. Alors je tends les mains. Raté. C'est ton visage. Mes doigts parcourent les traits de ce visage que je reconnais malgré le temps écoulé. Mes phalanges continuent leurs courses, descendent sur tes épaules, elles tâtent le long de tes bras jusqu'à toucher enfin le tissu. Mes mains se rejoignent pour attraper le vêtement et l'enfiler. Mais même dans le noir, je devine cette veste assez grande sur moi. Je sens les manches dépasser mes phalanges. — J'nage dedans Scott. Cela n'a guère changé. — Sérieux, ils pourraient mettre un peu d'lumière ici.

Mains baladeuses. Prennent vie sur son ovale. Ses bras. Arrivent enfin à destination. Pendant tout ce temps, il reste silencieux. Observe l’aveuglée, alors que lui, y voit. Peut être parce qu’il est trop habitué. À l’obscure. Aux ombres qui hantent la masse sombre. « ça t’évitera d’te geler l’cul. » Il fait référence à sa robe. Trop fine. Humide. « C’est ton excuse pour me toucher ? » Moquerie perceptible dans la voix. Pas assez forte pour qu’il en rie, mais pas assez basse pour qu’elle soit nuisible.

Harvard, 25 mars
@Scott Guerin
tw : drogue
Je suppose que dans cette veste, je vais être beaucoup plus couverte, épargnant à tes yeux, de loucher sur mes courbes. Tout ce que tu fus lorsque je t'ai connu Scott, était enfoui au plus profond de mon être. Mais cette odeur, qui est la tienne et qui se dégage du tissu pour se propager furtivement dans les narines, en une fraction de seconde, fait remonter tout à la surface. Ces souvenirs m'arrachent un sourire discret qui disparaît ensuite dans l'obscurité. — J'en rêvais tellement si tu savais. Je n'en dormais plus les nuits. Tu ne changeras donc jamais ? Phalanges qui laissent tomber la serviette à mes pieds. — Pourquoi j'aurais envie de te toucher ? La paume se pose contre le mur, m'aide à avancer dans les ténèbres de ce hall. Le monde ne possède pas tes émeraudes infrarouges, Guerin.

De la veste, elle se drape. Disparaît sous la couche épaisse. Bruit sourd. Tombe la serviette humide. Devant lui, la brune entame la procession. Derrière elle, il suit le mouvement. La noirceur moins dense, s’acclimate à ses pupilles. Ombre dessinée. Julia paraît difforme avec sa veste. Irréelle. « A toi d’me l’dire. » Le pas tranquille, il la suit. « C’toi qui me tripote comme si t’voyais rien. » Parce qu’ils étaient pas non plus dans un four. Sourire narquois. Il la retrouve un peu moins perdu. Assez pour qu’il est revête le profil de l’emmerdeur. « T’as aimé ça. » Mesquin garçon. La carcasse qui se rapproche. Intime silencieusement à la gamine d’aller plus vite.