Enfin nous y étions: le spring break. Mais si pour beaucoup il était synonyme de détente, j'avais pour ma part du mal à relâcher la pression. Non pas à cause de mes études, mais bien pour tous les scandales auxquels j'avais été mêlés ces dernières semaines... surtout un, en particulier. Je n'osais imaginer la tête de mon père lorsqu'il avait dû découvrir son fils en une de la presse people autrichienne, en train de coucher avec une fille dans sa limousine... Par contre j'avais très bien entendu le son de sa voix lorsqu'il m'avait appelé pour me démonter. Toujours suivi de près par quelques paparazzi qui tentaient - de manière pitoyable - de se cacher, je commençait réellement à être à bout de nerfs. Mais la veille du départ, j'avais finalement à nouveau eu mon père qui m'avait donné des consignes très précises à adopter, afin de redorer mon image et du même coup, la famille royale: jouer au petit couple parfait avec Saphyr, et surtout, faire en sorte d'être photographiés. Supprimer de la tête des gens l'image d'un prince dévergondé qui sautait des filles dans sa limo, pour laisser place à un prince dépassé par la passion et l'amour qu'il éprouve pour sa parfaite petite amie Rothschild. Quelle mascarade. Moi qui détestais m'afficher en public, j'étais servi. Pourtant, j'étais bien déterminé à retrouver un minimum d'estime de mon père et à faire tout ce qu'il souhaitait pour ça. Même jouer à la comédie avec Saphyr. D'autant que je n'avais même pas à la manipuler elle, vu qu'il s'agissait apparemment d'un accord entre les deux familles. Parfait. Il n'y avait donc plus qu'à passer à l'action pour être enfin débarrassés de la besogne. Et alors que j'avais décidé d'aller prendre un bain de soleil sur une plage privée de mid beach, je reconnaissais justement Saphyr, allongée sur son transat. Je m'approchais d'elle, lunettes de soleil sur le nez. — Alors ce séjour en Angleterre ? demandai-je en arrivant à ses côtés, mon regard glissant malgré moi sur sa silhouette dénudée. Maudissant Valentin et mes principes qui m'interdisaient de goûter à nouveau à cette jolie poupée.

Dans quel merdier nous nous étions mis malgré nous... Tout ça pour un dérapage incontrôlé, motivé par un besoin de tout envoyer valser face au tumulte de nos propres déceptions. Malgré tout il n'y avait pas de regrets, ou peut-être juste celui de ne pas avoir pensé à activer ces foutues vitres teintées. — Dans quelle catégorie tu inclus le fait que nous devons jouer au couple parfait devant les paparazzi ? demandai-je après m'être assis sur le bord de son transat. Si elle n'était pas encore au courant, c'était chose faite. Mais je me doutais que son père avait dû l'informer de ce qu'il s'était tramé pour nous. J'étais fatigué de tout ça, clairement, même si passer un peu de temps en compagnie de la jeune femme ne me dérangeait pas, loin de là. Mais devoir s'afficher dans une comédie romantique montée de toute pièce, c'était autre chose. — Eh bien, je crois que je suis devenu expert dans l'art de passer icognito dis-je avec humour, haussant légèrement les sourcils. Ils me pompaient l'air à me suivre au moindre déplacement que je faisais, clairement.

Je ne pouvais qu'imaginer le séjour de Saphyr dans sa famille et avec tout ce qui c'était passé... ça n'avait pas dû être une partie de plaisir. Je ne préférais pas imaginer de mon côté ce que ça aurait été si mon père m'avait rappelé auprès de lui en autriche. Je ne m'en étais pas trop mal sorti de ce côté là, mais ça ne m'avait pas empêché d'essuyer un sacré savon.  Saphyr souriait, mais je voyais bien qu'elle était tendue par toute cette histoire. — Je comprends répondis-je en acquiesçant doucement. Même si j'étais déterminé à satisfaire mon père, je n'étais pas non plus ravi de cette comédie que nous allions devoir jouer. Mais avions-nous vraiment le choix ? J'avais déçu mon père une fois, hors de question que cela se reproduise. — Oui, ce n'est pas tellement le début de vacances que j'avais imaginé... répondis-je en soupirant légèrement. — Ca va mieux entre vous ? demandai-je en l'entendant évoquer Braden. — On va marcher, histoire de leur donner ce qu'ils veulent ? lui dis-je ensuite en lui tendant ma main.

Il était clair que ce n'était pas vraiment les vacances auxquelles nous nous étions attendues. Mais maintenant que nous avions le nez dedans, nous n'avions plus tellement le choix sur la marche à suivre. Saphyr semblait accorder autant d'importance que moi à l'opinion de son paternel et au moins là dessus, il n'y avait pas de débat. Nous allions faire exactement ce qu'on nous demandait. Et nous allions même le réaliser à la perfection. Saphyr me parlait de ses difficultés avec Braden. Je ne connaissais pas grand chose à leur relation au fond, juste que de ce que j'avais compris, ce mec enchainait toutes les meufs qui avaient le malheur de passer devant lui. « Autant te dire que je préfèrerai que ça s'arrange entre vous » Et qu'ainsi, Brinley se tienne loin de lui. Je lui tendais ensuite ma main, lui proposant une balade sur la plage pour commencer à régaler les paparazzi. En espérant qu'au plus tôt la besogne serait effectuée, au plus vite nous en serions débarrassés. Pourtant le moment était loin d'être désagréable. Mes yeux glissaient sur la silhouette de la brune en la voyant se mettre debout, admirant ses courbes féminines de derrière mes lunettes de soleil. Si Val n'avaient pas été mon pote... Je souriais d'amusement en entendant son surnom affectueux, puis attrapais volontiers son paréo pour le nouer autour de sa taille. « T'as le sens de la mise en scène » la taquinai-je sourire aux lèvres. « Tu n'as pas peur que ton Braden pète en cable en voyant les photos ? »