Tu sais que je mens. Qu’on arrête de se voiler la face. Je sais que tu sais que ce n’était pas une grippe. Juste une envie passionnelle de toi que je ne peux assouvir pleinement. Distance, il faudrait que je le sois. L’idéal serait qu’on arrête de se parler. Je n’y arrive pas. Alors je préfère m’en rendre malade. Vendredi à samedi, pleine nuit, les angoisses qui reprennent, le manque de toi. Les disputes qui remontent. Comme quand ça a mal tourné avec Lane. Bondissant sur le frigidaire, les placards, mangeant tout ce que je pouvais ingurgiter et bien plus encore. Les larmes qui coulaient, incontrôlable sur les agissements. Personnes n’aurait pu me stopper. Pas toi, ni Astra, ni mes frères. Personne. J’ai juste demandé à Rosa de venir la nuit suivante pour ne pas recommencer. Généralement, ça commence toujours quand je suis seule. Est-ce que ça changera quelque chose, aucune idée. Mais je dois te le dire, t’en parler. Te dire combien ce nous qui n’existe pas me prend jusqu’aux tripes. Combien tu m’es indispensable quitte à me mettre dans des états que je ne voulais plus.
Etat lamentable, cernées, pas maquillée, à peine coiffée, un jean et un sweat en guise de vêtement, et ton adresse donné à mon chauffeur. Discussion dont je ne connais pas l’issu. Peut-être un point final ? Un compromis ? Même si j’ai déjà l’impression de faire beaucoup dans les compromis, en te laissant profiter avec toutes les femmes que tu souhaites. Notre accord n’est-ce pas ? Bâtiment que je connais par cœur, montant jusque chez toi, une hésitation avant de frapper. Je me lance. Peu sûre d'elle pour une fois la Rothschild.

Elle perd le contrôle la Rothschild. Je ne sais plus penser quand il s’agit de toi, je ne sais plus être raisonnable. Tant d’années d’expérience à envoyer chier chaque personne qui s’approche un peu trop près de moi, pour finalement totalement succomber à toi. Toi qui ne voulais pas me faire de mal, on est en plein dedans. Revenant des années en arrière, retourner en thérapie pour tenter de me soigner à nouveau. Et dans cette étape à la guérison, il y a la vérité. Connaître mes failles et mes faiblesses dont juste Astra et le reste de ma famille sait. Maladie cachée aux yeux du monde que je m’apprête à te dire. Le poing qui frappe à ta porte, sans savoir si t’es là, si t’es seul. Porte qui s’offre sur toi, regard différent que tu poses sur moi, je le sens déjà. Pas apprêté, pas la plus belle, juste celle qui a besoin de toi. Pas le temps de répondre que tu me sers contre toi, le myocarde qui va exploser tant il tachycarde. Visage reposant sur ton torse, respirant ton odeur, enivrante. Main douce que tu poses sur moi, rassurante. L’oreille qui se pose, je l’entends ton cœur Braden, il est là, enfouie, mais il bat en cet instant. Sur la pointe des pieds, je me tends pour atteindre le goût sucré de tes lèvres. Alors qu’une goutte salée quitte mes yeux pour perler sur ma joue. Tu ne verras pas ça souvent. En silence, les mains glissent de tes mâchoires, tes épaules, tes bras pour finir par te prendre les mains. « J’ai besoin de te parler. » Gardant juste l’une de tes mains pour aller dans le salon, se poser dans le canapé, jetant mon sac au passage dans un coin. Je ne lâche pas le contact, je pourrais faillir si je ne te sens plus proche de moi. « Tu dirais quoi si je n’étais pas la femme aussi forte que tu le penses ? Que je ne suis pas autant détachée de toi qu’on est sensé l’être ? Tu penserais quoi de moi à si c’était le cas ? » Besoin de savoir pour savoir si je peux tout te dire, tout ce que je suis sensée te dire.

Pas certaine de devoir le dire, de devoir le faire. Pourtant, ce besoin devient vital que tu connaisses cette partie de moi. Haussement d’épaules, tes bras si réconfortants qui peuvent bientôt ne plus l’être. Assise dans le canapé, la gorge nouée, question fatidique. M’attendant à ce que tu me dises ça. « Je ne suis peut être pas aussi forte que tu le penses. » Parce que oui je suis perdue, parce que oui, je suis folle de toi. Folle au point d’en perdre toute raison. Gardant ta main, la serrant pour me rassurer. « Oui.. » mot soufflé, prenant peur d’un coup, respiration coupée, larmes aux yeux. Peur de te perdre.

Obligée de te répondre avec de la franchise. Ils existent peu de gens capable de me rendre mal. J’aurai tout donné pour que tu n’en fasses pas parti. Que tu sois celui qui me fera croire en de belles choses, qui fera de moi sa huitième merveille du monde. Ton corps qui recule, cœur qui se brise, réaction que j’appréhendais. « Attends s’il te plait. » suppliante à ton égard. Grande inspiration, priant pour ne pas me dégonfler. Tes doigts que je saisi, posant sur ma main gauche, précisément sur l’index et le majeur, doigts abîmés, fripés. Incompréhensible pour toi, interrogation à laquelle je vais bientôt répondre. Larmes salées perlant sur les joues.

Base qui part, d’une fausse entorse à la cheville. D’un jeu purement sexuel. Prise à mon propre jeu, moi qui refusait l’attachement depuis tant d’années. Peur de souffrir, peur d’aimer. Peur de ne pas être aimer. Tu es arrivé dans ma tête sans crier gare, l’obsédant tout le temps. Alerte que j’ai lancé dans un vide sidéral, tout ça dans un sens unique. Ma conscience se vengeant sur moi-même, dysfonctionnant mon cerveau, mes pulsions envers la nourriture que j’avais pourtant calmé. Tu comprends rapidement ce qu’il se passe à ma plus grande surprise. Envie de fondre en larmes, moi qui ne laisse jamais rien paraître. ça ne peut pas continuer comme ça. Cœur qui se brise, n’ayant pas la clé de la solution. Juste me fondre dans tes bras. « Je suis désolée… » mal que je sais te transmettre involontairement.