Après quelques jours d'absences, te voilà de retour. Alors que tu mets correctement le sac sur ton épaule, tu lances un dernier regard autour de toi. As-tu bien fait de revenir maintenant ? Tu n'as point envie d'étudier, en réalité, tu n'avais envie de rien ces temps-ci. Face à la porte de ta salle de cours, tes pas se stoppent tandis que ta main se retire de la poignée. Un sourire s'échappe d'entre tes lèvres et tu recules de quelques pas. Ça ne servira à rien. Tu ne feras que t'endormir, alors à quoi bon ? Finalement, tes jambes rebroussent chemin et tu décides de monter quelques marches jusqu'au toit. Porte qui s'ouvre, le vent fouette rapidement ton visage et fait voler tes cheveux. Cheveux soigneusement coupés chez le coiffeur d'ailleurs, un bien fou de ne plus les sentir dans ton dos. Cependant, ils réchauffent toujours ta nuque. Tu t'installes sur cette petite place de brique, sourire étirant tes pulpeuses tandis que tes yeux guettent l’horizon. Tu n'avais pas prévu de sécher ton cours, mais ce silence te procure un bien fou. Index qui s'amuse à tournoyer autour d'une mèche rebelle, laissant petit à petit tes pensées voyager à travers le temps.


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Des cernes plus que visible sous les yeux, tu ne dors presque plus Julia. À trop penser, à être totalement perdue et ne plus savoir comment te reprendre en main. Cette fois, tu as vraiment touché le fond. Le bout du tunnel, il est inexistant pour toi. Balançant des pieds, tu finis par pincer l’arrête de ton nez pour tenter de revenir à la réalité. Une profonde solitude vient t’animer, préférant largement le doux chant du vent, à l'agitation des salles de cours. Tu admires ce bleu magnifique, cette étendue infinie remplie de mystères. Soupirant de tristesse, tu fermes les paupières en pensant être seule. Une voix s'invite dans ton espace, ouvrant alors les paupières, tu tournes la tête et ne vois personne, mais tu sais qu'il y a quelqu'un. Corps qui se redresse, tes jambes te mène doucement à cette voix derrière le mur. Cachée, tu ne sors que la moitié de la tête pour l'observer. Une immense peine illustre ses traits et ses gestes. Encore une fille dont la vie ne fait pas de cadeau. Lentement, tu sors de ta cachette et te positionnes face à elle. Tu ne sais pas pourquoi, mais tes membres bougent seuls. T'obliges à t'accroupir et poser la paume de ta main sur le haut sa tête. — Ça va aller... Voix douce. Réconfortante. Elle pourrait te prendre pour une cingler à lui caresser la crinière comme si tu caressais un petit chiot, mais ce geste se voulait juste chaleureux. Pourquoi ce geste alors que tu ne la connais ni d'Adam, ni d'Ève ? — Tu veux en parler ? On dit qu'il est toujours mieux de se confier à un inconnu plutôt qu'à un proche non ? Malgré le mal qui te tourmente, tu fais l'effort de lui offrir un sourire rassurant.


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Les pas t'ont guidé vers cette fille blessée par la vie. Et faut croire qu'en ce moment, tu enchaînes des rencontres dont le cœur est meurtri. Ça te va, Julia. Ça te va parce que ton état n'est pas mieux, et pour ta santé mentale, tu n'as pas besoin de tomber sur quelqu'un qui respire la joie de vivre. Tu ne veux que des gens blessés comme toi. Ça t'aide bizarrement, à oublier un bref instant, ton mal-être. Regard abasourdi qu'elle te lance, surprise aussi, de ta présence ? De ton geste ? Petite âme damnée, brebis blessée, une fille que tu vas tenter d'apaiser alors que toi-même, tu ne sais comment t'apaiser. T'aider. Ça fait de toi la nouvelle héroïne masquée ? Le délire te monte à la tête ces temps-ci. Revenant ainsi à la petite brebis, tu remarques son teint pâle. — Ça va ? Main qui quitte enfin sa tête, le but n'étant pas de lui causer un quelconque sentiment de gêne. Puis secoues la tête, daignant même lui offrir un léger sourire. — Tu ne m'ennuies pas du tout. Un peu de compagnie dans cette profonde solitude ne fera point de mal. Ton corps se redresse pour ensuite se poser à côté d'elle. Glissant le long du mur, tu remontes tes genoux contre ta poitrine. — Alors fais comme tu le sens. Aucune pression. Je peux tout aussi bien t'aider dans le silence. Ne lui offrir qu'une présence rassurante. C'est tout ce que tu peux faire en ce moment de toute façon. — Julia. Julia Steiner à ton service ! Tends la main d'une touche d'humour pour apaiser l'atmosphère.


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