Je me pinçai les lèvres en l’entendant dire que j’étais facilement distrait, encaissant la réplique quand, en effet, elle parvenait à me déconcentrer un peu trop rapidement à mon goût. « Contente-toi du fait que je reconnaisse que tu n’es pas si mauvaise » soulignai-je en insistant sur le si, ravi de la provoquer encore un peu. Puis je venais l’aider avec son casque et immédiatement, les sensations que j’avais ressenties l’autre soir me saisissaient à nouveau face à cette proximité. Sans la colère, sans ce sentiment d’urgence presque bestial que j’avais ressenti. Juste avec cette attirance que je n’expliquais pas, cette chaleur qui me gagnait de l’avoir si près de moi. J’avais envie de plus évidemment mais je prenais sur moi, me contentant de regards et de sourires. Pour l’instant. Même quand elle me répondait je la dévorais des yeux, ayant clairement du mal à cacher le désir que j’avais pour elle. « Disons ça » répondis-je en m’éloignant, allant récupérer nos affaires. Je saluais le gérant au passage, ayant déjà réglé les frais, et tendais son manteau à Brinley. « Un fast-food ? » Elle pensait vraiment que j’allais l’emmener là dedans ? « J’avais autre chose en tête » répondis-je alors que nous arrivions au niveau de la limousine. Je lui ouvrais la portière, l’invitant à se mettre au chaud, et refermais derrière nous. Immédiatement Kenneth se mettait en route, connaissant déjà l’adresse. Je me mettais à l’aise, plus détendu après cette partie de karting. « Je te propose un jeu. On se pose chacun trois questions, on doit répondre sincèrement à deux d’entre elles et mentir sur l’autre. Et l’autre doit deviner quelles sont les vraies réponses et qu’elle est la fausse. » Ou comment assouvir mon besoin de curiosité en ce qui la concernait, clairement. « Je commence. Ta chanson préférée ? La première chose que tu regardes chez un mec ? Et.. Si tu es plutôt du matin ou du soir ? »

Pas si mauvaise pour une fille? Je crois surtout qu'il avait pas aimé se faire vaincre par une meuf, la prochaine fois sera la bonne mon chou t'inquiète pas. J'avais des bribes de souvenirs qui remontaient à la surface. Comme une impression de déjà vue. Sauf que s'en était pas une. Y'avait réellement eu un rapprochement physique entre nous il y a quelques jours, ces baisers hantaient encore ma tête. Lena pensait que je ressentais des papillons dans le ventre en étant avec lui et c'était pas ça du tout, je ressentais bien un truc mais j'arrivais pas à poser de mot là-dessus. Parce que.. j'avais jamais ressenti ça avant. Ni pour mon ex, ni pour Levy. J'avais pas l'impression que c'était un truc physique ou sexuelle vis-à-vis de Marcus. Oui il en avait un peu, forcément, mais ça allait au-delà. C'est terrible à quel point de mon côté j'étais incapable d'être loin de lui, la salle était immense et on trouvait quand même le moyen de jouer une fois de plus avec cette distance qui nous séparait à peine. J'enfilais mon manteau alors qu'on sortait à l'extérieur pour regagner la limousine. « Tu vas cuisiner? » Ça devait l'amuser d'ouvrir des portes pour que je me perdre dans mes réflexions, comme s'il voulait que j'apprenne à le connaître de cette manière. Dans la limousine je m'installais de sorte à être à côté de lui, trouvant que c'était peut-être le meilleur moment pour montrer que j'entreprenais des démarches positives vis-à-vis de lui. « Je te propose un jeu. On se pose chacun trois questions, on doit répondre sincèrement à deux d’entre elles et mentir sur l’autre. Et l’autre doit deviner quelles sont les vraies réponses et qu’elle est la fausse. » Un jeu sans alcool, c'tait possible ça? Sachant qu'à toutes les fois où on s'était retrouvés ensemble -ou presque-, il y avait eu de la boisson. J'aimais bien cette idée, si ça pouvait permettre à chacun de nous d'en savoir un peu plus sur l'autre je disais pas non. Il se proposait pour commencer et je me mettais à réfléchir quelques secondes avant de me tourner vers lui, avec un air sérieux sur mon visage. « Gloria chanté par Umberto Tozzi. » Un très grand classique chez les Italiens. « Physiquement ou dans son comportement? Si je dois aller avec le physique je dirais les bras. Comportemental je dirais lorsqu'il se montre audacieux. Et je suis clairement du soir. » répondais-je doucement, en étirant un peu mes jambes. Je me mettais à chanter la dite chanson. « Manchi tu nell'aria manchi come il sale manchi più del sole.. » chantais-je en italien histoire de créer de la confusion dans sa tête. « Quelles sont tes phobies? Ta série préférée? Et qu'est-ce que tu aimes mais que les autres détestent? » demandais-je en replaçant une mèche de mes cheveux derrière mon oreille.    

« Tu vas cuisiner? » Cette question provoqua immédiatement une quinte de toux chez moi, manquant de me marrer, tant c'était incongru pour moi. Je m'éclaircissais la gorge, reprenant contenance. « Uniquement si je souhaite t'empoisonner » répondis-je avec le sourire, mais totalement sérieux. J'étais terriblement nul en cuisine, tout juste si je savais faire cuire des pâtes. Et je n'y prenais aucun goût. Avec la vie que je menais, je m'étais clairement rabattu sur le room service et les restaurant, ce qui m'allait très bien. Quelques instants plus tard nous nous retrouvions dans la limousine, direction le restaurant que j'avais choisi. Je décidais de lui proposer un jeu, espérant ainsi en apprendre plus sur elle sans passer pour un dingue en faisant appel à un détective privé. Petit à petit, je me rendais compte que j'avais vraiment envie de la découvrir, de l'entendre se dévoiler... si elle l'acceptait. Vu qu'elle s'était assise à côté de moi je me tournais vers elle, bras reposé sur le dossier de la banquette pour lui faire face, attendant avec impatience ses réponses. Je détaillais son visage, adorant la voir prendre cet air sérieux. Frappé par la beauté de ses traits... Puis elle me répondais. Je prenais quelques secondes pour assimiler, plissant légèrement les yeux en réfléchissant à quelle réponse était la fausse. Déconcentré un instant en l'entendant chantonner en italien. « Mmh je pense que tu dis vrai pour le côté audacieux chez les hommes, même si les bras... j'aurais pas pensé à ça » commençai-je, amusé. « Et tu dois probablement être du soir vu les heures auxquelles on s'est croisés dernièrement. Gloria ta chanson préférée, j'y crois pas. Trop classique » dis-je en guettant sa réaction pour voir si j'étais dans le vrai. Puis c'était à son tour de poser ses questions. Honnêtement, elle attaquait rude. Je me pinçai les lèvres, faisant mes choix de réponse dans ma tête. « J'ai peur de l'échec. Peur de décevoir certaines personnes. Ma série préférée c'est Game of Thrones. Et ce que j'aime mais que les autres détestent... le froid » répondis-je en relevant mon regard vers elle.

Évidemment voyons, suis-je bête. Je devais me douter qu'il n'y connaissait rien en cuisine, avec les nombreux employés qui bossaient pour sa famille. Maintenant que j'avais officiellement ma réponse, il n'avait aucun droit de prétendre que je faisais pas d'effort pour en apprendre plus. « Je t'apprendrai un jour si tu veux, c'est pas compliqué. » Pourquoi je venais de dire ça? Je restais perplexe devant mes propres mots, j'voulais pas brûler des étapes. Et j'avais on va dire.. pas peur mais, je voulais pas qu'il croit que j'en étais déjà là dans ma tête. Trier les pensées c'était définitivement pas pour moi, j'étais spontanée et c'était comme ça, fallait qu'il l'accepte. Son bras se posait derrière moi sur le dossier de la banquette, alors que j'essayais de pas flancher. Il avait vraiment le don de me déstabiliser avec ses yeux, cet air qu'il prenait pour me regarder. Focus sur tes réponses Brin, t'es plus forte que ça. Ses traits changeaient un peu lorsque je me mettais à chanter, j'avais pas une voix extraordinaire non plus et je m'en foutais, c'était pas le but de toute façon. « C'est vrai que j'aurais pu dire autre chose que les bras mais tu vois que j'suis pas comme les autres. » J'étais différente, unique, ce que vous voulez comme synonyme. J'écoutais ses réponses, penchant ma tête sur le côté tout en me pinçant les lèvres entre elles. Il avait vu juste. « T'as raison pour Gloria. C'est pas ma chanson préférée mais mon grand-père la chantait à ma grand-mère quand il avait quelque chose à se faire pardonner.. Il avait même modifié Gloria pour rajouter son prénom, Mariella. » répondais-je doucement en l'observant réfléchir de son côté. Je me demandais bien à quoi il pensait. « J'hésite entre game of thrones ou le froid qui serait faux. Mh, j'pense que t'aimes pas le froid, tu supportes pas la pluie alors là le froid.. j'y crois pas. » disais-je après quelques secondes de silence. « J'ai envie de te croire sur le fait que t'as peur de l'échec et de décevoir les gens.. » Mon intuition parlait, je repensais au repas de Noël où il avait presque rien dit lorsque son père avait attaqué tout le monde. Soudain, la limousine s'immobilisait et je tournais ma tête vers la fenêtre. « On est où? » Je reconnaissais pas la rue vite comme ça.  

« Je t'apprendrai un jour si tu veux, c'est pas compliqué. » J'avais haussé les sourcils à cette phrase avant d'avoir un léger sourire amusé. Ca voulait... tout et rien dire. Mais me retrouver à avoir des cours de cuisine de la part de Brin impliquait forcément un certains rapprochement. Rapprochement que j'avais encore du mal à assimiler, mais qui bizarrement était loin de me déplaire, moi qui pourtant avait du mal à partager des choses avec qui que ce soit. « Pourquoi pas » avais-je répondu, amusé du petit air presque gêné qui était apparu sur ses traits.
A présent dans la limousine je me concentrais sur cette nouvelle manche qui débutait, à la fois fasciné et excité d'en savoir plus sur elle. Elle représentait un tel mystère pour moi, elle m'obsédait tant... Je lâchais un léger rire en l'entendant dire qu'elle n'était pas comme les autres, chose que je ne pouvais nier. « Non ça, c'est sûr » commentai-je, sourire en coin, ayant maintenant de plus en plus de mal à cacher combien elle me plaisait. J'avais beau faire le mec détaché, j'étais totalement sous son charme. Satisfait d'entendre que j'avais vu juste, j'étais surtout attentif à ces souvenirs qu'elle me partageait, essayant d'imaginer dans quel monde elle avait grandi. « Tu as vécu en Italie ? » demandais-je, réellement curieux. Jusqu'à présent je ne m'étais même pas douté qu'elle parlait italien, ayant simplement remarqué que son nom de famille sonnait comme tel. J'avais donc vu juste. Comme toujours quand je jouais, je ressentais cette petite satisfaction puérile lorsque j'étais bon. C'était à son tour de démêler le vrai du faux et pour le coup, j'avais réellement joué le jeu. Je m'étais dévoilé avec sincérité, et c'était avec une certaine appréhension que j'attendais sa réaction, sans pour autant montrer mon trouble. « Bien vu » répondis-je, mon regard toujours sur elle. « J'aime pas la pluie, j'aime pas le froid... j'aime le confort » concluais-je. Quant à son intuition, elle était bonne concernant mes craintes. Pourtant je ne m'étalais pas sur le sujet, mal à l'aise quand il s'agissait de parler de moi. Pile à cet instant la limousine ralentissait, jusqu'à s'immobiliser. « On est... arrivés » répondis-je en jetant un coup d'oeil par la fenêtre. A nouveau je sortais à l'extérieur, lui tenant la porte pour la laisser découvrir le bistrot français où j'avais réservé une table. « C'est mieux qu'un fast-food, tu vas voir » dis-je en l'entraînant à l'intérieur. L'ambiance était simple, chaleureuse. Loin des restaurants guindés que je fréquentais la plupart du temps et pourtant, j'adorais cet endroit. Le serveur nous dirigeait vers une table reculée, dans un box avec deux banquettes qui se faisaient face. Très intimiste mais cosy. « C'est moi qui invite » précisai-je en retirant mon manteau.

Je frôlais sa cuisse de ma main, alors que je pouvais pas m'empêcher de sourire en repensant aux nombreux souvenirs où je revoyais mes grands-parents paternels créer leur propre histoire d'amour. J'avais grandi en partie avec eux pendant mon enfance et début d'adolescence, autant que c'était agréable de repenser à ça. Et autant que c'était un peu douloureux. « Non je suis née ici aux États-Unis mais j'y allais à chaque été quand j'étais plus jeune. Ça fait un moment de ça.. » Trop longtemps, toute ma famille italienne était là-bas, excepté mon père et mes grands-parents qui vivaient ici. J'étais davantage plus proche de la famille maternelle, même si on se voyait pu aussi souvent. Pour ce qui était de démêler du vrai du faux, j'avais visé juste. « Je sais à qui demander le jour où j'aurai envie de faire du camping à l'état sauvage. » disais-je en me foutant un peu de lui, même si je savais que nous étions vraiment le total opposé de l'autre. J'essayais de l'imaginer sans confort.. le désastre assuré. Ça serait une expérience à tester, au moins une fois pour voir comment il s'en sortirait. Je me mordais la lèvre pour contenir mon fou rire rien qu'en y pensant. Quant aux sujets de ses phobies, ça m'intriguait d'en connaître un peu plus c'est vrai mais je respectais qu'il ne veuille pas s'éterniser dessus. On avait chacun des sujets délicats ancrés à nous, qui peut-être un jour, sortiraient. Pour le moment, on avait tellement d'autres sujets de conversation à discuter, à explorer. Arrivés à destination, on sortait de la limousine et pénétrions dans ce bistrot français, ça sentait bon. Rare les fois où j'avais mis les pieds dans un bistrot, ça me plaisait de sortir de ma zone de confort. Je prenais place sur l'une des banquettes, alors que je retirais mon bonnet et mon manteau. « Tu sais que je suis une femme indépendante capable de payer ses propres trucs? » demandais-je à Marcus, sourire collé au coin de mes lèvres, « On paye chacun notre part, c'est pas négociable. » Peut-être qu'il avait l'habitude ça mais moi non et j'y tenais, j'étais pas intéressée par son fric. C'est sa personne qui m'intéressais.

Je voyais la nostalgie dans son regard lorsqu'elle parlait de ses souvenirs en Italie. « Tu aimerais y retourner » affirmai-je, voyant clairement que c'était le cas. Ce que je comprenais. Je restais moi-même très attaché à l'Autriche, même si les souvenirs là bas étaient douloureux. Je me plaisais à imaginer Brinley plus jeune, bien que les zones d'ombres étaient encore trop nombreuses. C'était... étrange, mais ça me plaisait.
On continuait notre jeu, et je voyais bien que ma réponse la faisait marrer. Je levais les yeux au ciel en l'entendant évoquer un camping sauvage, bien qu'elle n'avait pas tort: c'était certainement pas le genre de d'activité où on pouvait me trouver de prime abord. J'étais plutôt du genre à louer un beau chalet dans les arbres avec jacuzzi et tout ce qui va avec. Arrivés à destination je la guidais jusqu'au restaurant, espérant avoir visé juste encore une fois. Je m'étais basé sur le peu d'infos que m'avait transmises Immy concernant ses goûts. Sauf qu'à peine lui avais-je glissé que je l'invitais qu'elle refusait tout net, parvenant une nouvelle fois à me prendre au dépourvu. « Ca te plait de me contredire n'est-ce pas ? » lançai-je en posant mes coudes sur la table, croisant mes mains entre elles en lui faisant face. Le pire c'est que j'étais sûr que oui. « Je suis persuadé que tu es une femme forte, libre et indépendante, et que tu peux te payer toi-même à manger » glissai-je avec un brin d'humour. « C'est juste que ça me fait plaisir de t'inviter. L'accepter ne veut pas dire que tu es dépendante de moi, loin de là. » A vrai dire, je n'avais pas pour ambition d'essayer de dompter Brinley. Elle... m'échappait. Totalement. Peut-être était-ce ça, qui me submergeait chez elle. La serveuse venait nous donner le menu et commander nos boissons. « Un verre de rouge pour moi... un Côte du Rhone ». Nous étions dans un restaurant français, alors autant en profiter. Brin commandait sa boisson elle aussi, et la serveuse s'éclipsait. « Alors voyons... Une de tes passions ? As-tu déjà été amoureuse ? L'endroit où tu aimes le plus être ? » Oui, je continuai de jouer.

C'était facile de l'exprimer par écrit cette envie de retourner dans ce pays mais le dire de vive voix.. c'était plus compliqué. Je me contentais d'affirmer en hochant la tête, parfois les silences étaient plus bénéfiques que la prise de parole. Prenant place à la table, je croisais ma jambe sur l'autre en posant mes deux mains sur la table, alors que je jouais avec l'élastique autour de mon poignet. « C'est vrai que j'aime bien pousser tes réflexions plus loin. » répondais-je en souriant. Ceci dit, je le laissais exprimer son point de vue. Il y avait de l'humour dans sa phrase, ce qui était pas une mauvaise chose en soit. Peut-être que je me trompais mais je crois qu'il savait pas trop comment agir avec moi ou du moins, comment prendre le problème. Je me comparais toujours à un rubik's cube mais en très très complexe, même les geeks seraient incapables de réussir. « J'ai déjà accepté que t'aies payé un prix exorbitant pour privatiser le karting. » Dans le sens où j'étais pas au courant de cette surprise, j'avais trouvé ça chou. « On pourrait en débattre longtemps, sache que j'irai pas raconter que t'as pas payé pour moi. » Et puis c'était pas officiellement un date, c'était juste un repas. « Parce que si tu payes pour moi aujourd'hui, la prochaine fois ça sera la même chose ect ect. J'aime pas devoir des comptes monétairement parlant c'est tout. C'est pas toujours aux hommes de payer les restaus. » Y'a pas de matière à débattre ou alors il y avait un peu de mon éducation qui jouait dans la balance. La serveuse débarquait avec le menu et pour prendre nos breuvages. « Hm un verre de vin blanc pour moi, un Touraine. » Je jetais un coup d'oeil au menu, alors que Marcus décidait de poursuivre ce jeu. Je posais mon dos contre la banquette pour mieux le regarder. « J'aime lire, j'ai beaucoup de livres dans ma bibliothèque. J'ai été amoureuse une fois et.. l'endroit que j'aime le plus être c'est le village de Dogtown. » Aka le village abandonné qui m'avait rendu folle pendant le meetbex. Voyons voir son niveau de connaissance géographique, voir s'il allait mordre à l'hameçon ou pas.

Une fois de plus elle me déstabilisait. Je l'écoutais m'expliquer son point de vue, le cerveau en vrac, ne m'étant pas une seconde attendu à ça. Et cette différence si flagrante entre elle et moi semblait arriver à point nommé pour me narguer, me rappeler que nous n'étions pas pareil, que nous n'évoluions pas dans le même monde elle et moi. « La question n'est pas que tu ailles raconter que j'ai ou que tu as payé le restau, ou le fait que je sois un homme et toi une femme... Vois-le comme un cadeau. Quand tu fais un cadeau à quelqu'un tu le fais par plaisir. Et celui qui reçoit le cadeau n'est pas tenu d'en offrir un à son tour ensuite... ça serait même dommage car ça perd tout son sens » répondis-je, sans me démonter. « Mais en effet, on pourrait en débattre longtemps » dis-je en me pinçant les lèvres, amusé de la situation. La serveuse ayant pris la commande de nos boissons j'ouvrais le menu, parcourant la carte des yeux avant de poser trois nouvelles questions. Mon regard glissait sur elle, guettant ses réactions. J'étais bien plus intéressé par elle que par ce que j'allais manger, honnêtement. Ses réponses donnaient matière à réflexion, c'est clair. « Mmh... j'ai envie de dire que tu as vraiment aimé une personne. J'hésite entre les deux autres » dis-je avec un léger sourire, à fond dans le jeu. Bizarrement, le nom de Dogtown me disait quelque chose. « Aller, on va dire que c'est la lecture qui est vrai » concluais-je, relevant mon regard vers elle.

Est-ce que nous étions réellement en train de débattre sur un point qui était futile mais pourtant si important? Oui, carrément. Le but étant de passer un agréable moment et non passer des commentaires sur le féminisme, j'arrivais pas à faire autrement. Je secouais légèrement la tête tout en prenant mon visage entre mes mains. « Tu sais quoi? J'pensais pas trouver quelqu'un d'aussi têtu que moi et c'est frustrant. Après, je suis naturellement généreuse donc si j'ai envie de te faire un cadeau t'auras pas le droit de rechigner. J'te laisse payer le restau cette fois mais retiens bien que je maintiens quand même mon point et qu'on en restera pas là. » C'est comme ça qu'on négocie avec un prince? Je trouve que je me débrouille quand même assez bien, même si j'ai encore beaucoup à apprendre. Je parcourais le menu, jetant mon dévolu sur une assiette de fruits de mer qui allaient bien avec le verre de vin. Si j'avais choisi assez rapidement, Marcus lui semblait plutôt indécis sur ce qu'il voulait. Ses questions je les trouvais pertinentes en vrai, parce que c'était pas des questions connes, il cherchait réellement à me connaître et ça c'était.. mignon. « Bien vu pour le fait que j'ai été amoureuse et les livres. Tu tiens réellement à connaître la ville de Dogtown? Elle existe pour de vrai. » La discussion était plus que fluide, ça me poussait à en savoir plus sur lui. Dire que y'a quelques mois de ça, les choses étaient tellement différentes. Je le considérais pu comme un robot sans émotions, loin de là. « Qu'est-ce qui te dégoûtes le plus? Le truc le plus dingue que t'as fait par amour? Et.. est-ce que tu suis ton coeur ou ta raison pour prendre une décision importante? » Je restais tout de même prudente sur les choix de mes questions, même si c'était un peu le but du jouer, apprendre à mieux se connaître l'un l'autre.