j'avais pas regardé l'heure mais il devait être l'heure de manger. et je commençais à avoir un peu faim, malgré que le stade d'être désagréable n'avait pas encore été franchi. on se mettait tous les deux à chercher ce fameux tablier et c'est levy qui le trouvait en premier dans un des placards. il me le jetait entre les mains, me prenant au dépourvu. il voulait tester mes réflexes c'est ça? « j'avais apporté de quoi faire un poulet épicé au melon et au chorizo. sinon y'a aussi un sauté de crevettes de kimchi » demandais-je en allant fouiller dans le sac où j'avais placé les provisions. c'était pas compliqué à préparer et pas long non plus. mine de rien, peut-être que ça paraissait pas mais j'étais loin d'être une quiche en cuisine. j'avais pas eu le choix de me débrouiller avec mes frères et soeur quand on était adolescents. sans oublier que j'avais beaucoup appris de ma grand-mère paternelle. « attends moi je vais aller me changer pour mettre que ça » j'étais très sérieuse dans ma démarche, je partais me changer dans la chambre.     

t'ouvres grand les yeux quand elle te donne les deux noms de recette qu'elle a prévu. — attends quoi ? tu rigoles. tu t'attendais à des lasagnes ou peut être un gratin de pâtes, mais pas des trucs aussi.. recherché? toi t'es à peine capable de faire des pâtes alors là, elle t'as perdu. — les crevettes.. kim.. t'as compris ! des crevettes, miam miam. quoi que, le poulet c'était pas mal aussi. peu importe ce qu'elle fait de toute façon, t'aimes à peu près tout et en plus t'as faim. tu la regardes disparaitre de la pièce. t'aurais pas pensé qu'elle te prendrait aux mots, mais.. pourquoi pas? tu laisses tomber ton corps sur le canapé du salon. — si je reste trop longtemps affalé.. j'vais dormir disais-tu après avoir baillé. t'étais éclaté de ta nuit à l'urbex, c'était quand même mal tombé.

l'incompréhension dans le regard de levy me faisait rire et sourire, les deux à la fois. je crois pas qu'il s'attendait à quelque chose qui était hors du commun. mes connaissances en cuisine allaient au-delà que de savoir faire des pancakes, de la soupe, des pâtes, grilled cheese. « ouais je nous fais ça! » disais-je en rigolant, l'effort de vouloir reprendre la phrase était là. j'imagine qu'il savait même pas c'était quoi, seul les crevettes l'avait interpellé. je partais m'enfermer dans la chambre pour me changer, retirant tous les vêtements pour enfiler que le tablier. en vrai, moi ça me faisait rire. c'était bon enfant et si ça pouvait me permettre de garder son esprit avec moi je disais pas non. j'ouvrais la porte, me dirigeant vers le salon où il s'était affalé dans un canapé. « j'crois pas non, le timing est loin d'être idéal » je me plantais devant lui. « vous m'entendez toujours fowler? » c'était pas le temps de dormir parce que je l'avais décidé autrement.     

ses recettes avaient l'air sophistiquées, du moins leurs noms l'étaient. ça te mettait l'eau à la bouche. tu t'installais sur le canapé, luttant pour ne pas t'endormir mais tes paupières se faisaient lourdes. en plus, il n'y avait plus aucun bruit depuis qu'elle était sortie de la pièce. tu te faisait vite rappeler à l'ordre. les opales qui s'ouvraient pour se rendre compte de brinley dans une tenue.. plus légère. tu t'étirais. — t'étais donc sérieuse.. disais-tu en soulevant le tablier pour se rendre compte qu'elle avait bien joué le jeu. —c'est mieux que dans un rêve tu rigolais mais t'étais sérieux. vivre ça en vrai, c'était quelque chose. — ok et du coup, tu vas vraiment faire des crevettes aussi ? non parce qu'à tout moment, tu t'attends à ce qu'elle te dise qu'elle blague. tout ne peut pas être si réel dans l'espace d'un même instant.

évidemment que j'étais sérieuse. je faisais pas les choses à moitié et c'était tellement improvisé comme situation. heureusement que les fenêtres étaient orientées différemment, histoire que les voisins n'aient pas une superbe vue de là où ils étaient. dommage, ils rataient un spectacle. levy soulevait le tablier pour s'assurer que j'avais pas gardé mes sous-vêtements. « tes rêves deviennent réalités » je souriais légèrement, j'espérais que ça l'inciterait à rester éveiller. sinon, j'allais sûrement très mal le prendre hm? c'est lui qui en avait parlé, moi je faisais juste mettre les choses en place. « ouais? c'était une vraie affirmation » répondais-je, me retirant de sa vue pour aller à la cuisine pour commencer à préparer le repas. je sortais ce que j'avais de besoin. « tu peux aussi dormir t'sais mais tu risquerais de manquer des choses importantes »   

— wow si j'avais cru ça un jour... si tous tes rêves pouvaient devenir réalité, tu en serais vraiment heureux. c'est déjà un très bon début là. et si tu as la bonne surprise de découvrir qu'il n'y a rien sous son tablier, t'es aussi surpris de la voir se pavaner sans soucis jusqu'à la cuisine comme si de rien était. sourire aux lèvres. le ventre qui criait famine et les yeux qui luttaient pour ne pas dormir. ok là, ça va être compliqué. et même si elle te donne l'autorisation de dormir, tu sens dans sa voix que ce n'est qu'une semi validation. — attends, on fait un deal. tu te redresses un peu pour la voir mieux. — je dors quinze minutes et après, j'viens t'aider? l'aider à faire quoi tu ne sais pas, mais l'aider. peut être qu'elle aura besoin que tu coupes quelque chose ou alors.. que tu fasses bouillir de l'eau? tu fais les yeux doux, t'essayes de l'attendrir, parce que si tu dors pas là, tu vas t'endormir en mangeant.

j'étais un bucket list humain, c'était mieux être ça que de s'auto-proclamer la perfection sur terre. c'était trop contraignant d'être comme ça et de pas faire un pas de travers, non merci. « me remercie pas » tu vois à quel point j'suis adorable là? je me promenais dans l'appart sans aucune gêne. dos à lui, j'ouvrais une porte d'un placard pour en sortir de quoi faire cuir les crevettes, la préparation du riz et des légumes. face à ce qu'il me disait, je me retournais pour le regarder. je l'écoutais toute ouïe. « tu vas te mettre un réveil pour te réveiller? » parce que quinze minutes, ça passait vite dès qu'on fermait les yeux. il me faisait les yeux du chat potté et c'était mignon de le voir me faire ça. genre, il était vraiment au bout de sa vie quoi. « deal, endors toi » j'aimais bien négocier avec lui, c'était simple. de mon côté, j'essayais de me convaincre psychologiquement que j'avais pas mal à la tête. les ingrédients sortis, je me plongeais dans ma bulle pour entamer chaque étape.      

si tu dormais pas un peu maintenant, t'allais jamais tenir ce week-end. le but c'était de profiter ok, mais en étant fatigué, c'était difficilement faisable. elle acceptait ton deal, bien heureusement. de toute façon, si elle avait dit non, t'aurais dormis à un moment ou à un autre. entre les quelques heures de sommeil à ton actif et la route, t'avais plus les yeux en face des trous. — non, tu me réveilles ! t'avais pas ton téléphone sur toi, tu l'avais mis à charger en arrivant. c'était elle ton réveil. elle ne verrait peut être pas les quinze minutes passer et t'allais peut-être pouvoir gratter un peu plus. tu lui souriais, lui envoyait un clin d'oeil et tu t'installais finalement sur le canapé pour taper ta meilleure sieste. il te fallait que quelques secondes avant de sombrer dans un coma que t'espérais être réparateur.

ça servait à rien que je lui dise non, c'était un peu comme des vacances de vingt-quatre loin de boston. et en vacances, on foutait rien. voilà. je pouvais comprendre qu'il soit ko, j'avais fait l'urbex de mon côté et j'avais été confronté à mes pires peurs. j'avais perdu mon sang froid et.. ouais, j'avais eu des hallucinations visuelles de mon agresseur cette nuit-là. autant dire que l'état psychique en prenait un énorme coup. j'arrivais à me mettre à sa place et je lui accordais ce petit répit pour qu'il soit de bonne humeur plus tard. « ça marche! » disais-je, en lui retournant le clin d'oeil qu'il venait de me faire. heureusement que le plancher craquait pas parce que je me déplaçais ici et là pour m'avancer un peu. je m'occupais d'abord des crevettes. poêle sur un feu moyen, j'ajoutais un filet d'huile d'olive. j'en profitais pour prendre quelques gorgées d'eau. les minutes passaient et je regardais l'heure, c'est là que je réalisais que j'avais laissé trente minutes de sommeil à levy. en soit, c'était pas grave. « fowler? c'est l'heure » demandais-je en me retournant légèrement, j'pouvais pas quitter la cuisine comme ça.    

le sommeil n'avait pas tardé a te gagner. quelques secondes après avoir fermé les yeux, tu t'étais laissé aller dans les bras de morphée. pas de réveil qui sonnait mais une voix qui t'interpellait. t'étais dans une phase down du sommeil pour l'entendre, parce que t'aurais pu dormir encore des heures. tu te tournais dans le canapé, signe que tu l'avais bien entendu. tu t'étirais de tout ton long, les yeux que tu peinais à rouvrir. — déjà ? disais-tu en baillant. — j'sais pas si je suis plus ou moins fatigué qu'avant d'avoir dormi sottise. t'étais beaucoup moins fatigué, fallait juste le temps que tu émerges. après plusieurs minutes à te réveiller, tu te levais d'un bond. tu massais ton bras, un peu douloureux et endolori car tu t'étais endormi dessus, puis tu rejoignais la cuisine. — oh putain, tu sais que j'pensais vraiment avoir rêvé ça ! lâchais-tu en s'approchant d'elle pour te coller dans son dos. nez que tu viens approcher de sa chevelure et sentir son parfum enivrant. — en quoi puis-je t'aider? fallait bien que t'honores ton deal..