Il n’a pas de mal à comprendre Anders, que toutes ces questions sont plus ou moins intéressées. Si elle l’avait voulu, elle aurait pu les poser il y a plus d’un an, lorsqu’elle a appris la paternité d’Anders, lorsqu’elle l'a vu avec cette petite puce dans les bras. Elle aurait pu tout lui demander, sans détour, et Anders aurait répondu, des réponses surement très proches de celles qu’il a donné aujourd’hui. Mais elle avait attendu, et il soupçonne que cette attente n’était pas un hasard. Il devine, dans ses hochements de tête, dans son regard perdu dans le vague, ce qu’elle voudrait dire, mais n’ose, probablement encore timide à s’avouer elle-même la vérité. Alors il décide de lui faciliter un peu la vie, de faire le premier pas, ou plutôt, les dix premiers afin de lui épargner ces questions qu’elle entendra bien trop souvent dans les prochaines semaines, prochains mois si son choix était celui qu’imaginait le danois. Il sait Anders, qu’il n’y a ni bon, ni mauvais choix, seulement celui avec lequel on se sent apte à vivre toute notre vie, et quoiqu’il arrive, il respecterait celui que ferait Haiwee, même s’il désire l’encourager dans une direction plus qu’une autre. Il l’a vu, vu comment elle se comportait avec Anaé et sait, que l’autochtone est faite pour cela.

Silencieusement, il attend qu’elle prenne la parole, pose des mots sur ce qu’elle éprouve, ou lui indique ne pas vouloir aborder le sujet. Si c’était le cas, il n'insistera pas Anders, se contentera de lui dire qu’il est là pour elle, au cas où elle changerait d’avis et que l’envie d’en  parler se ferait trop grande. Elle se décide alors à le faire, abordant le “problème” sous un autre angle, celui qui place les études au-delà de toute vie sociale. Et il n’est pas d’accord avec ça Anders. Lui-même était bien placé pour le savoir. La parentalité quand on était étudiant, ce n’était pas facile, mais ça n’avait rien d’impossible pour autant. Elle poursuit sur sa crainte de ne pas réussir à prendre ses responsabilités, dans l’un ou ou l’autre des pans de sa vie surement, mais un sourire vient rapidement prendre place sur les lèvres d’Anders. Il savait déjà qu’elle ne pourrait pas y renoncer. « On est tous extrêmement chanceux d’être à Harvard, moi le premier, je ne l’avais jamais envisagé. Mais laisser cet imprévu prendre sa place dans ta vie, ce n’est pas gâcher ta chance, crois moi. Je suis passé par là, et on est surement des centaines, ou des milliers sur le campus à être dans ta situation, et à réussir. Et surtout, tu n’es pas seule. » Ni hier, ni aujourd’hui, ni demain. Jamais. « Je ne parle pas forcément du père, mais aussi de tes amis. Je serais là, je suis certain que d’autres le seront aussi. Et puis on a plein de parents à la Adams, ou de parents en devenir, je suis certain qu’ils sauront te soutenir aussi. » Doucement, il passe un bras autour de son épaule pour une légère étreinte. « Enfin, on peut quand même dire que vous faites pas les choses à moitié tout les deux. » Affirme-t-il espérant la détendre à peu.