Des soirées comme ça, je les enchainais d'habitude. De l'alcool, de la musique et des corps pour danser avec. Autant dire tout de suite que j'avais pas tellement envie que la réalité me rattrape. C'est bien pour ça que j'avais glissé un billet au mec près des chiottes. Repéré dès l'instant même où j'étais entré ici, j'avais capté qu'il donnait quelques pilules magiques en l'échange du bon montant. Donc j'avais fait le trade moi aussi, pour pouvoir planer, pour oublier cette vie qui ne me convenait pas. L'impression d'étouffer plus qu'autre chose. Le corps danse, s'oublie, l'alcool aide, la pilule magique aussi. Puis je le suis dans les toilettes, le mec avec qui je dansais, pour qu'on baise un coup. Rien de tel que pour se sentir vivant, n'est-ce pas. Une fois notre affaire terminée, il repartait à ses occupations, tandis que moi, j'restais devant le miroir de la pièce qui puait la pisse. Pas très glam, je sais, mais bon. Passant mes doigts vernis dans mes cheveux, j'appliquais ensuite de l'eau sur le visage. Pas forcément adroit, j'en foutais partout, y compris sur toi.

Je sais pas à quoi je ressemblais là maintenant. Avec tout l'alcool que j'avais avalé et les joints que j'avais partagés avec Noélie, je devais être dans un état pire que lamentable. C'est à peine si je me tenais debout, je titubais sans savoir où aller. J'avais perdu mon date et ma partenaire de débauche quelque part dans le bar. Mes jambes étaient en mouvement, elles suivaient les ordres qu'envoyait mon cerveau pour se bouger. Vous savez quand vous avez l'impression de reconnaître un lieu sans le reconnaître en même temps? L'endroit me disait quelque chose mais je savais pu où j'étais. M'enfin, là je devais aller aux toilettes parce que ma vessie elle était en pls, prête à exploser. Je savais pas si j'étais dans le bon couloir, j'voyais pas d'indication nulle part. J'poussais la première porte et à ce moment-là, je m'imaginais tomber dans une sorte de nouvelle dimension comme dans les films. Lumière blanche et pouf, une nouvelle vie où personne me connaît. Eh non, je constatais de mes propres yeux de meuf bourrée/stone que c'était bel et bien les chiottes. J'finis par trouver une cabine qui me convenait hygiéniquement parlant et après avoir fait ce que j'avais à faire, je sortis pour aller me laver les mains. « Hééé, pourquoi il pleut du ciel dans les chiottes? » demandais-je en regardant le plafond.

Difficile d'avoir les idées claires, surtout après avoir consommé autant de choses en une soirée. Mais peu importe, j'allais finir par rentrer chez moi et pioncer jusqu'à pas d'heures demain et recommencer.. C'est pas comme si j'faisais autre chose de ma vie dernièrement. Incapable de trouver un boulot que je garde plus de trois jours, c'est pas comme ça que j'arriverai à payer mes factures. Mais bon, en attendant, j'laisse la jeunesse prendre l'excuse de la naïveté. Face au miroir, me foutant de l'eau partout sur le visage pour tenter de me réveiller malgré l'orgasme obtenu pas plus tard que cinq minutes avant, je t'entendais parler de pluie. « hein ? il pleut ?? » Je viens presque me coller à toi pour regarder au plafond, attendant qu'une goutte vienne tomber sur moi. « j'sens rien, t'es sûre ?? »

une chiotte restait une chiotte, j'avais pas fait gaffe que j'étais pas dans la bonne salle de bain. je jugeais un peu la saleté des cabines, genre vite fait parce que je dansais sur place pour avoir le contrôle sur ma vessie. « oh y'a pu de papier » disais-je à moi même en examinant de plus près le porte-rouleau de papier hygiénique. je haussais les épaules avant de sortir de là. arrivée près du comptoir, je levais la tête pour observer ce qu'il se passait. un mec réagissait à ma phrase, car il venait se coller contre moi pour regarder aussi au-dessus de nous. « ouais! tu vois pas une fuite?? » disais-je en plissant les yeux, comme si j'allais réussir à voir quelque chose. « mais si! regarde l'eau sur moi! » je lui montrais mon bras. je sais pas qu'est-ce qui me prenait mais, je grimpais maladroitement sur le comptoir pour aller voir de plus près. je passais ma main partout pour toucher le mur et le plafond. « ah non, c'est sec ici! aide moi à redescendre » avant que j'meurs d'une commotion si j'tombais sur le lavabo par exemple.