@Circé Hastings Le tissu souple sous les doigts, et les rubans que je fais glisser entre les phalanges ; curieux serpent, doux et docile. J’en aime la danse dans les mouvements, et leur opacité sur les paupières. Balancez moi dans une malle blindée de matières, laissez moi nager dans les vêtements, permettez moi d’y mettre quelques coups de ciseaux. J’suis pas doué quand il s’agit de parler, d’écrire, de lire, j’suis pas doué quand il s’agit de cocher les acquis dans les bulletins de profs. Mais ta robe de mariée, Circé, j’te jure que j’ai tout un défilé pour toi dans ma tête. Alors je me suis pressé, ce soir, de mettre l’autre vendeur dehors en promettant de gérer la fermeture. Il doute, j’le vois. Mais j’comprends, j’me confierais pas une boutique moi non plus. J’ai fermé la porte principale, clôturé la caisse en suivant les instructions, rangé, nettoyé, j’ai fait l’employé modèle ; et j’ai ouvert une bière. Mes empreintes, sur ces pages d’un carnet noirci que je parcoure. D’anciennes robes, des futures, des trucs griffonnés à l’arrache et d’autres qui m’ont provoqué des ampoules à force d’être gommés. Le dessin doit se calquer sur l’esprit. Sauf qu’il se balade, l’esprit, il se barre, vagabonde entre deux chutes de reins et plonge dans l’éthanol. J’te cale dans une inspiration, dans une pause, un désir créatif et une espèce de curiosité accrochée dans ton récit. J’aime les histoires qui finissent bien. Elle a pas l’air ouf, la tienne, avec cette robe qui revient. Cousons un meilleur chapitre final. “Passe par derrière !” Tu m’verras, en transparence derrière le verre de la vitrine, à te faire des gestes pour te désigner le chemin jusqu’à la porte de secours, à l’arrière de la boutique..

Difficile de raconter ton histoire sans verser une larme. Goutte d'eau qui s'écrase violemment sur l'écran de ton téléphone avant qu'il trouve refuge dans le cuir de ton sac à main. Histoire qui s'écrit à la capitale, berceau d'amour et d'espoir, faite pour durer, pour être contée de tous. Tout était écrit dès le premier regard, un battement de cils avant d'entrevoir l'océan de tes yeux. Le coeur qui flanche, le sourire qui s'étire, te voilà déjà mariée à cet homme dont tu ne connais rien. Les années passent, la routine s'installe. En quête d'un rebond, tu te mets à rêver une fois la nuit tombée. Renouveau qui finit par se faire entendre, différent de ce que tu avais espéré princesse. Ce n'est pas une demande mais une révélation qui tombe. Un jour, il y aura bien quelqu'un mais, jamais ça ne sera toi. La bague, c'est au doigt de quelqu'un d'autre qu'elle sera glissée. Il préfère les hommes Joaquin. Peut-être les boucles blondes de celui que tu as longtemps considéré comme ton meilleur ami, ton confident. Ame perdue qui vagabonde dorénavant en solitaire dans les rues de Boston. Dans la housse que tu promènes, une promesse jamais réalisée. Une âme d'enfant qui s'est élevée, des rêves un peu trop prononcés qui tu pensais toucher du bout des doigts. Tu t'es emballée Circé et t'es tombée d'une dizaine d'étages avant de l'accepter. Inspiration qui fait grandir ton corps, ta tête, ton âme. Tu souris à ton reflet avant de tourner dans la ruelle comme l'indique le gps. Il est important de faire attention à l'image que l'on renvoie. Tu suis. Quête secrète que tu comptes mener à terme. Promesse d'une vie meilleure faite par un inconnu, un être inspirant et inspiré qui te fait signe. Tu penches la tête, fronces les sourcils. Ton nez se plisse et tu finis par comprendre. Tu fais le tour pour le retrouver dans l'arrière boutique. Salut...! Voix douce, timide, reconnaissante. A ce qui se dit, tu sais transmettre beaucoup d'émotions en un temps record. @Horace Dawson

@Circé Hastings Dans ma quête, dans le descriptif de mon personnage de super héro en carton, y a d’réparer ce que les briseurs de rêves s’entêtent à détruire. J’peux tolérer pleins de trucs, beaucoup plus que la plupart des gens, mais, des rêves, des désirs colorés, ça se garde précieusement. On se barre avant de tout abîmer. T’as déjà admiré un arc en ciel d’un dérivé de gris, toi ? Alors, j’te file ma palette, et peut-être qu’avec un peu d’aide, à quatre mains, on peut reconstruire ce qui a été piétiné. Des briseurs de rêves, on en croise de toutes sortes ; ceux qui trébuchent dessus, qui se prennent les pieds dans un rêve trop grand, puis y a ceux qui aiment le bruit de fracas d’un rêve qui se déchire. Ça rebondit, un rêve, quand ça trébuche dans les escaliers. Je n’ai pas la technique pour s’en remettre, j’sais pas s’il faut en construire des plus petits, plus raisonnables. Appuyer dessus pour les faire rentrer dans des cases trop petites. Ce que je sais par contre, c’est que le noir le plus profond peut s’orner de perles, de paillettes, de dorures. Le plus brisé peut se rassembler, et parader avec ses cicatrices. J’ai des rêves que je n’accomplirai jamais. Des rêves d’Harvard et de réussite. Mais y a aussi plein de désirs autour, des ambitions ridicules pour la plupart, mais qui m’feront mon monde pour quelques jours. Y a ta robe, depuis qu’on en a parlé. Parce que dans ces mailles, y a l’espoir et le rêve que t’y as accroché, en la choisissant. Tu rentres, et j’ai ma mission chevillée à mon corps frêle. Ne le sous-estime pas. “Bienvenue dans la boutique après fermeture.” J’m’incline un peu, pour le salut, pour te désigner d’un geste de bras théâtrale la boutique pas aussi lumineuse qu’à l’ouverture. Nous sommes dans les coulisses, là où se trouvent les tissus, fils, machine à coudre, mais on peut voir la boutique à travers cette porte laissée ouverte. “J’te débarrasse ?” De ton fardeau ; de ta robe, déjà. “J’te remercie d’être venue.” T’aurais pu faire demi-tour cent fois, depuis chez toi à ici. Un fin sourire candide s’aligne sur mes lèvres. “Et d’me laisser faire ça.” De me faire confiance, je crois, au moins un peu. “Sans me balancer à ma patronne.” Rajouté avec un rictus amusé. Une palette de couleurs, j'te dis.

Bercée par une douce musique classique, telle une enfant égarée, tu suis lascivement le chemin tracé par une intelligence artificielle. Une voix que tu connais que trop bien depuis des mois maintenant, depuis qu'il t'a abandonné, livrée à toi-même, à ton propre destin. Portable pour seule compagnie une fois la nuit tombée, tes démons apparaissent et dansent jusqu'à point d'heure, jusqu'à ce qu'épuisée, tu gagnes les bras de Morphée. La cage dorée que tu t'étais construite et dans laquelle tu t'étais enfermée, a fini par céder. Ton petit confort, ton avenir tout tracé s'en est envolé vers d'autres cieux, inaccessibles à ce jour. Ange déchu, déçu, c'est le coeur lourd et meurtri que tu le retrouves dans cette boutique qui, autrefois, t'aurait tant fait rêvé. Malgré le chagrin qui comprime ton coeur, tu arrives à esquiver un sourire pour répondre à cette lueur d'espoir qu'il t'offre, sans contrepartie. Les traits porcelaines de son visage ont un côté rassurant. Comme ses mots, ses paroles se veulent douces et envoutantes. Tu as envie de lui faire confiance, de te reposer sur cette personne que tu ne connais point et en qui tu places beaucoup d'espoir. L'oeil curieux, ton regard passe par dessus son épaule alors que de façon théâtrale, il t'accueille dans son antre. C'est beau ici. C'est chaleureux le blanc. La gorge nouée, tu tentes de garder le cap. Tes genoux cèdent, révérence de princesse un peu trop parfaite pour n'être qu'imaginer. Merci à toi de m'accueillir, c'est vraiment sympa. Tes yeux fixent tour à tour la robe drapée et ses mains ouvertes. Tu déposes finalement la housse avec précautions, comme si tu tenais encore un peu à ce morceau de tissu qui te rappelle pourtant que tout est terminé. Je suis sûre que tu vas en faire une oeuvre d'art. Il n'y a qu'à lire la passion dans son regard et la malice dans son sourire. Tu imagines que rien ne peut lui résister, que le tissu lui-même se plie à ses exigences. A ton tour, tu lui offres finalement un sourire sincère et bienveillant. C'est magique ici... Tu tournes sur toi-même, prends le temps de respirer les odeurs qui se dégagent des coulisses. Un rêve de petite fille dans un contexte douloureux. @Horace Dawson

@Circé Hastings C’est un concert ici, si tu écoutes un peu. Le bruit des tissus qu’on froisse, qui se serrent contre une taille, qui accueillent parfois, un peu de fond de teint, quelques gouttes d’eau salée. La peau sous la tissu, habit d’organes défaillants, fébriles. Ici, on annonce du bonheur, mais on recueille souvent l’autre revers de pièce. Des doutes, des manques, les fêlures exhibées. Entre mes phalanges de petit ouvrier, un rêve de petite fille bien souvent. Fabriqué par la société ou issue d’un désir profond, j’essaye d’en extraire les couleurs pour les transposer sur le blanc, qui prend alors des nuances que seul un œil averti peut voir. La tienne, je ne l’ai pas encore perçue, mais j’en devine déjà les fils noircis de tes déceptions, la dentelle emmêlée de tes sentiments malmenés. Je n’ai que quelques bribes, mais elles m’ont suffit pour que tu sois ma priorité de nuits futures à coudre. Puisqu’une robe de mariée n’a pas accueilli ton bonheur, on va lui enlever quelques lettres et des centimètres. Et sous mes orbes, ta silhouette qui ploie dans une révérence que je pensais réservée aux films. Confrontation des genres, confrontation des mondes ; moi quand je la fais, c’est pour singer ce que j’ignore. Grand idiot qui s’incruste dans cet univers inconnu, attiré par les dorures. Par les histoires, les cœurs à préserver et les nuances féminines, aussi. “Tu me remercieras quand j’en aurai fait quelque chose qui te fait sourire quand tu la portes.” Et, ça doit être magnifique quand la chape sur tes épaules dont je devine les contours, s’allège. Ca doit être magnifique quand le soleil vient te chatouiller le battant. Je porte dans mes bras le poids d’un bout d’espoir ; et si j’n’ai pas l’air épais comme ça, tu peux voir qu’il est léger quand je le manipule. “Au pire si je la massacre, tu viendras m’aider à la terminer.” Repris avec un rictus amusé, les doigts dociles accrochant la housse à un crochet. Prêt à la dévoiler, quand interrompu, je te regarde évoluer. “Ouais hein ?” Le sourire prend une place plus franche sur les lèvres masculines. “Tu choisis une robe, tu l’enfiles, et tu te vois sous un nouveau jour.” Ma lumière à moi ici, c’est ce regard là, que vous lancez à votre propre reflet. Avec certitude, captant tes orbes sur le chemin : “On va refaire ça.” En mieux, en plus durable, par pour un mariage, mais pour un soir, n’importe lequel, pour un n’importe quand, quand t’auras besoin de te sentir plus belle que jamais. Alors, j’ouvre, j’regarde le passé pour en fabriquer un avenir.

Spoiler:

Renoncer à cette robe, c'est renoncer à un avenir imaginé dans les moindres détails. Il ne s'agissait pas là uniquement d'un mariage mais d'un engagement pour une vie. Une maison avec piscine à débordement comme dans les films, des enfants courant dans le jardin en compagnie du chien sous un soleil éclatant. Un travail prenant, apprécié mais du temps à consacrer à ta famille malgré tout, parce qu'il n'y a pas dimension plus importante à tes yeux. A ce jour, le néant pour vision lorsqu'une fois la nuit tombée, tes paupières se ferment et ton esprit gagne les bras de Morphée. Tu places mille espoirs entre les bras du jeune homme. Tu lui confies ta vie sans qu'il ne s'en aperçoive. Un coup de ciseaux et peut-être que l'inspiration te reviendra. Peut-être que l'espoir arrivera à prendre le pas sur la déception. Quand je vois ces merveilles, je me dis que... je serais forcément heureuse Horace. Tu esquives un sourire alors que tes yeux ne savent plus sur quoi se poser. Alors, du bout des doigts, tu te risques à effleurer les tissus éparpillés ici et là. Tu es fascinée, comme une enfant chez un fabricant de jouets. Ici, tu as l'impression que les rêves peuvent prendre vie. Rire cristallin qui s'échappe de tes lèvres lorsqu'il émet la possibilité d'une faille. Tu hausses légèrement les épaules en enchérissant : Foutue pour foutue c'est ça ? Tu es douée en ce qui concerne les idées. Tu pourrais lui faire des milliers de propositions, c'est d'ailleurs ce que tu as fait pour cette robe sur mesure, fabriquée par un grand couturier anglo-saxon. Mais de là à confectionner une pièce, tu es certaine de ne pas avoir le niveau. T'installant face à lui, tu finis par demander d'une petite voix timide : Tu... Tu crois que je pourrais en essayer une ? Ta lèvre inférieure se pince et tes cils papillonnent alors que tu rajoutes rapidement : Je te fais confiance. En toute honnêteté. De toute façon, tu ne saurais mentir !  @Horace Dawson

@Circé Hastings Est-ce que c’est un rêve qu’on t’as foutu dans les pattes, qu’on a dessiné pour toi, un rêve dont on t’as donné le modèle, te demandant de le remplir sans déborder ? Ou est-ce que ça vient de tes tripes, de ce que t’es, quand les bijoux sont ôtés et la peau avec ? Qu’est-ce qu’on va faire, de ces bouts de rêves que tu me mets entre les mains ? Ils sont usés, abimés, et j’ai la mission de ne pas foirer avec toi. On me l’a pas dicté, j’pourrais même m’en foutre, ça serait facile. Rajouter un nom sur une liste fictive de clients persos. Mais, quand on croise ton regard, quand on croise tes mots, j’crois qu’on a pas vraiment le choix. Moi j’suis pas foutu de décevoir les princesses aux rêves de contes de fée. Le monde serait plus coloré, s’il y en avait davantage. Alors, ça sera mon infime participation, à l’ajout d’une palette plus joyeuse. “Tu sais que c’est pas moi qui les ai faites, celles-là ?” Celles présentées, celles accrochées sur les présentoirs. Ici, je ne suis qu’un vendeur, juste bon pour faire quelques retouches. La cheffe de ce lieu me dégagerait sur le champ si elle savait ce que je fais, les portes closes de son magasin, avec ses machines à coudre hors de prix. Un jour, il y aura mes créations entre les mains de femmes comme toi. “Elles sont sublimes, mais je les trouve un peu trop.. conventionnelles.” Ouais, Haley a utilisé ce mot l’autre fois, et j’crois qu’il s’applique bien au ressenti que j’ai pour ces créations un peu trop classiques. Il ne manque parfois pourtant pas grand-chose. J’en accroche un rire qui s’emmêle au tien. “Ouais voilà, disons qu’au pire on passe un bon moment en faisant des confettis de robe.” Le bruit du tissu qui se déchire a toujours eu un côté grisant, les fils qui cèdent et la matière qui se déforme. On imaginera que c’est ton passé qu’on rectifie. Le regard balaye autour, la lèvre qui s’fait mordre légèrement au passage. “J’en ai une pas tout à fait terminée..” Un projet, encore en cours. “J’comptais la présenter la semaine prochaine à la boss.” Mon petit secret, bien dissimulé dans cette arrière boutique. “Après si tu préfères essayer une de ces robes là, vas-y choisis et j’te la passe.” Derrière le rideau, puis sur le podium, comme un vrai essayage. “Cette boutique est vôtre, Dame Hastings.” Inclinaison grandiloquente, et le sourire, lumineux. Sens toi à l’aise ici, j'ai mis tous les princes décevants à la porte.

Tu t'émerveilles devant toute cette blancheur immaculée. Contraste parfait entre le bois de la structure et les dorures, les détails argentés que peuvent porter ces trésors. Telle une enfant au pays des merveilles, un pincement qui fait ressentir au niveau de ton coeur à l'idée que tu aies pu frôler du bout des doigts ce désir, ce rêve de petite fille. Horace te rappelle à l'ordre, glisse qu'il n'est pas à l'origine de ces créations. Alors, tu as hâte d'en découvrir davantage, d'entrer dans son monde. Tu te demandes où il peut bien cacher ses pépites, tes yeux se veulent curieux. Il te donne son point de vue, le même que tu as pu avoir plusieurs mois auparavant lorsqu'on t'a présenté un tas de pièces déjà conçues. Tu as fini par vouloir la perle rare, cette unique tenue répondant à tes attentes les plus farfelues. C'est dingue ce que l'amour peut à la voir vous faire perdre la tête de façon positive mais également de façon négative. L'amour altère très souvent ton jugement. Mais tu touches à nouveau la terre, du bout des orteils, quant Horace explose son avis le plus franc. Tu as raison... J'ai donc hâte de découvrir ce que tu vas faire de ma robe. Tu lui fais confiance car actuellement, elle ne représente pour toi que de mauvais souvenirs. Une vie passée avec l'homme de ta vie. Une vie dont tu es obligée de tirer un trait. On ne t'a pas demandé ton consentement. Aujourd'hui, tu le donnes à Horace pour qu'il puisse en faire tout ce dont il a envie. Tu aimes sa façon de penser, tu es persuadée qu'il saura lui donner une seconde vie, une histoire différente et beaucoup plus joyeuse. Il semblerait que le temps soit à la confidence, qu'il accepte à son tour de se livrer et ça te fait du bien. Tu apprécies le climat de confiance qui s'installe entre vous. Je serais ravie de la voir et... et très honorée de l'essayer... si tu penses que je peux lui rendre justice parce que, je comprendrais qu'elle soit réserver à une personne spéciale ou quelque chose qui y ressemble ! Une personne qu'il apprécie, qui lui ait cher ou même pour qui il a de l'admiration par exemples. Tu retires ton écharpe, ton manteau dans la foulée alors qu'il te fait des courbettes. Tu ne peux t'empêcher de rire avant de secouer la tête. J'aimerais beaucoup essayé la tienne. Je passe derrière... Tu lui indiques le rideau et te glisses à l'intérieur, le coeur battant au rythme des souvenirs d'antan. Pourtant tu es également excitée comme si c'était une première. Tu retires les couches de vêtements que tu peux avoir et attends sagement qu'il te présente son bien. @Horace Dawson

@Circé Hastings Pas grand chose à perdre, hein ? De cette histoire déçue, je ne vois plus que des regrets, pesant lourd sur tes épaules. J’irai pas jusqu’à dire qu’un vêtement peut tout changer, et gommer tout ce qui a déconné dans cette histoire, qui a son plus haut, devait être belle en certains points. Mais, dans les coutures d’une robe de mariée, on mêle aux dorures, à la dentelle, une partie de cet espoir. A la mariée, on souffle que ça sera, que ça doit, être le plus beau jour de sa vie. A mon avis ? Le jour où tu te condamnes avec de l’acier, ne peut être le plus beau. Il y a eu les premiers rires, les premiers soupirs, la première fois où tu as effleuré sa peau et où tes cheveux ont pris son parfum. Ce degré d'intimité, quand tu connais chaque cicatrice, chaque irrégularité d’une peau qui vit, qui pulse au rythme d’un cœur animé par ces sentiments ; ça, c’est le beau. Chaque femme devrait avoir dans son armoire, cette robe où elle se sent plus belle que jamais, plus puissante. La robe est une armure de soie. Et au fil des mots, mon esprit travaille pour la transformer à ton image. Chaque morceau de toi que tu laisses percevoir, m’aide à savoir où couper, comment. M’aide surtout à savoir ce dont tu as besoin, pour pouvoir affronter le monde, protégée de ce tissu. Je te file un peu de ma protection, dans ces coutures qui se déchireront pour mieux se rassembler. “Tu voudras mettre le premier coup de ciseau ?” Le plus symbolique, pour commencer à détruire ces restes de douleur. Je peux être ton chevalier, mais, tu peux aussi tenir la dague, pour le premier mouvement. Cheffe de guerre, qui lance son champion pour cette bataille. Champion, qui te demanderait presque un service en t’en rendant un. On est rarement perdant quand on passe un accord avec Horace. Il ne se rendrait même pas compte qu’on l’enfume, le naïf. “Elle est réservée au bon moment. Et, c’est le bon moment.” Un fin sourire sur ces lèvres, et le corps s’échappe dans la réserve, où s’amoncèlent des robes abîmées, à réparer, des bouts de tissus, des bouts de rien. Au milieu de tout ça, son projet. Le plus ambitieux depuis le début de sa passion couture, j’dirai. Le temps que je m’échappe, tu es désormais derrière le rideau d’essayage. “Dis-toi que tu me rends service, j’ai besoin de la voir bouger pour la finir.” La voir en mouvement, sur un corps et non plus sur un mannequin sans âme. “Et je suis sûr que tu seras très belle dedans.” J’m’approche, et mes doigts passent à travers le rideau, tendant à leur bout un cintre sur laquelle repose cette robe. “Elle n’est pas très difficile à enfiler, j’m’occuperai des derniers boutons à l’arrière quand tu sortiras.” La taille, à première vue, t’iras parfaitement. “J’ai..” J’me justifie, ouais. Je flippe ? Un peu, possiblement. Tout sûr, même. Je débute seulement dans cet art, plus habitué aux vêtements du quotidien, au max, des robes de bal. “J’voulais faire une robe facile à porter, confortable, et où la mariée n’est pas coincée toute la journée dans un truc encombrant et pas pratique.” J’ai peut-être un penchant pour les enflammées, et moi, la mariée idéale, je l’imagine toujours libre, de ses sentiments et de ses mouvements. J’en tire une boucle, un soupire à la bouche, les orbes fixant ce rideau qui se mouve. “... enfin, si elle est nulle, fait comme si tu rentrais pas dedans, et j’t’en fais essayer une autre.” Une plus conventionnelle, avec du tulle de partout, du volume, du trop. Du qui t’étouffe, alors que moi, tout ce que je veux, c’est te faire respirer.

Horace est vraiment adorable avec toi. Il pourrait se montrer réticent au vu de ton statut mais, ce n'est pas le cas. Il te prend comme une personne lambda. Il ne juge pas non plus ta naïveté et pourtant, elle a été vraiment importante aux côtés de Joaquin. Des années à se voiler la face en espérant que ce ne soient que des illusions. Tu aurais peut-être du écouté Theodora plus rapidement. Une part de toi a voulu y croire, jusqu'au bout. Tes doigts glissent sur le tissu. Souvenir qui souhaite s'effacer petit à petit, être remplacé par quelque chose de plus beau et de plus puissant encore. Horace apparait comme le messie, un espoir d'un avenir meilleur et plus heureux. Tu ne souhaites pas lui mettre trop de pression pour autant. Tu crois que ça pourrait m'aider de faire ça ? En réalité, tu as souvent hésité à la massacrer d'une quelconque façon mais, tu n'as jamais eu le courage et aujourd'hui encore, une part de toi pense que tu vas te dégonfler. C'est d'ailleurs pour cette raison que tu préfères la confier à quelqu'un de confiance. D'ailleurs en parlant de confiance, il semblerait que ce soit réciproque car le jeune homme te propose d'enfiler sa toute dernière création. Tu te sens forcément honorée mais peu à l'image de la future mariée parfaite. Tu n'es qu'une âme égarée et sans doute que tu ne la mettras pas en valeur. Pourtant, il affirme que c'est le bon moment, qu'il a très envie de la voir vivre alors, tu esquives un sourire en secouant la tête, acceptant de relever le défi. Tu files donc derrière le rideau pour retirer tes vêtements et attraper la robe haute couture qu'il te tend. Tu la regardes de plus près, chaque détail, chaque finition, chaque dentelle... Tu en as le souffle coupé et tu en oublies presque sa présence derrière le rideau. Tu reviens au moment présent quand il affirme que tu peux rentrer dedans facilement et qu'il t'aidera pour la fermer entièrement. Tu la passes donc par dessus la tête en faisant très attention pour ne pas l'abimer, la froisser. J'aime beaucoup de concept Horcae. Pour avoir essayé une tonne de robe de mariée, je suis totalement d'accord sur le fait que la majorité d'entre elles ne sont pas pratiques, agréables à porter, surtout pour l'usage qu'on en fait au cours de la cérémonie. Autrement dit, il est difficile de se mouvoir sur la piste de danse quand la robe est lourde, volumineuse, trop serrée et j'en passe. Pourtant, t'es habituée à porter ce genre de modèle. Une fois la robe enfilée, tu sors timidement de cabine, sans te regarder dans un premier temps parce que tu as peur de le décevoir. Tu patientes un moment avant de te tourner pour qu'il puisse t'aider à la fermer, découvrant alors ton reflet dans le miroir. Tu... Me trouves comment ? C'est sans aucun doute la plus belle robe que tu n'aies jamais porté. La tienne a beau être également faite sur mesure, tu la trouves on ne peut plus ridicule face à cette merveille sortie d'un conte de fée. @Horace Dawson