Cela fait plusieurs jours que tu cogites, que tu pèses le pour et le contre, en parlant aux gars, comme à Mila. Chacun ayant son propre point de vue, et toi, t’es là le cul entre deux chaises, n’arrivant pas à prendre de décision. Pourtant, te voilà en la compagnie de la jeune femme, ne lui ayant rien dit sur ce que tu pouvais ressentir à son égard. Il y a des moins que vous vous fréquentez, que vous êtes régulièrement ensemble, alors c’était inévitable, l’attachement allait se produire. Mais rien n’est simple, tout est complexe. Il y a cette autre personne qui vient s’ajouter à ce tableau, elle qui était là dans l’ombre avant de revenir en force. L’une ou l’autre, un choix devait se faire et tu savais qu’un choix allait forcément s’accompagner d’une distance avec l’autre, une sorte de rupture. C’était obligé et ce choix tu l’as plus ou moins fait, seulement, tu dois être réglo du début à la fin, alors tu te rends chez elle.

Après un bon week-end en ta compagnie, j’étais heureuse de te revoir. Sans grande surprise, c’était volontiers que j’avais accepté ta proposition de passer. C’était fréquent, peut-être trop pour que ce soit anodin. Pourtant, d’un côté comme de l’autre, c'était un sujet que nous n’abordions pas. Moi par pudeur, mais surtout par peur. Peur de devoir mettre un point final à une histoire qui n’avait pas réellement commencé. Peur de devoir prendre des distances et finir par mettre dans la catégorie souvenirs, tous les moments passés à tes côtés. Comme je l’avais dit à Quincy, je ne voulais pas subir une autre déception, préférant faire semblant d’avoir le contrôle sur la situation. Tu étais entré dans ma vie, brisant peu à peu les fondations de la muraille que j’avais construite autour de moi, jusqu’à t’immiscer dans chaque recoin de mon esprit. Je gardais pourtant la face, t’offrant mon plus beau sourire quand tu apparaissais derrière la porte que je venais d’ouvrir. « Salut toi. » Je me poussais pour te laisser entrer, avant de lâcher la porte pour te sauter dessus et m’enrouler comme un petit koala autour de toi. « Ça a été ta journée ? » Que je soufflais dans ton cou, avant d’y déposer mes lèvres.

Tu n’es pas totalement à ton aise quand à dévoiler tout ce que tu ressens pour la jeune femme, mais tu sais ce que tu veux également. C’est seulement la crainte de te prendre un mur qui te fait presque rebrousser le chemin. Et finalement, tu viens à totalement te détendre, la voyant qui vient te sauter dans les bras, pour venir s’accrocher à toi. Petit rire, tu viens passer un bras sous ses fesses et un autre autour de son dos, l’aidant à tenir sans forcer. ❝ C’était un peu long, je pensais qu’à partir, mais ça a été, je n’ai pas à me plaindre. Et toi ? Tu notes qu’elle n’est pas fatiguée au point d’être avachie dans son lit, c’est une excellente chose. Tout semble être disposé à ce que tu puisses lui déballer ce que tu as à dire. ❝ Evite de trop m'embrasser dans le coup maintenant, sinon je vais pas pouvoir me concentrer longtemps.. Faut dire ce qui est… Tu as une concentration qui est très limitée malheureusement. Tout en la portant, tu vous déplaces vers le canapé et tu viens t’asseoir avec elle sur toi. ❝ T'as cuisiné un truc ? Y a comme une odeur, ça sent bon. Bon déjà y a ton parfum, mais y a autre chose en plus. dis-tu avec ton petit sourire innocent, celui avec ces fossettes qui font craquer tout le monde. ❝ Dis-moi, tu sais depuis quand on se parle ? Je me posais la question l’autre jour. Comment amener le sujet tout en finesse.

Je laissais la porte se refermer toute seule pour profiter de toi. Comme si des semaines s’étaient écoulées, alors que le temps se comptait en jour. C’était l’effet que tu me faisais, un boom d’adrénaline, cette euphorie omniprésente en ta compagnie. Et on avait déjà cette mécanique des corps aujourd’hui, qui me rappelait mes malaises du début, à l’époque où je n’osais pas. Il n’y avait plus de barrière, ni vraiment de crainte, parce que dans ce combat que je menais contre moi-même, j’avais déjà gagné une bataille. — C’est passé super, vite comme il y a eu du monde. Bien que mon travail n’était pas des plus passionnant, je me sentais chanceuse, d’avoir enfin une stabilité professionnelle. À la suite de tes mots, je reculais doucement mon visage penchant la tête sur le côté, la mine interrogative. — T’as besoin de te concentrer pour me désirer ? Mais très vite, je poussais le vice, une fois bien installé sur le canapé, en parsemant encore davantage ton cou de mes baisers, remontant jusqu’à ton oreille. — Pas moi, ma mère est venue hier, j’ai juste réchauffé ce qu’il restait. Et je ne pouvais qu’être attendrie par ton regard. — T’as faim ? Tu veux qu’on mange ? Bien qu’en l’occurrence, c’était plutôt toi que j’avais envie de manger. Je laissais mon index et mon majeur faire semblant de marcher le long de tes abdominaux. — Mh.. Depuis avril ou mai ? Toi t’entendais plus très bien et moi j’avais le bras dans le plâtre quand on s’est vu la première fois. Du coup, je dirais environ 6 mois, sans avoir la date exacte. Pourquoi ? Bien qu’on avait l’habitude de beaucoup parler, je te trouvais très bavard pour des retrouvailles en lieu clos, c’était plutôt le genre de question que se posait après. — Mais j'aime savoir que j'occupe parfois tes pensées.

Petite rire qui sort d’entre tes pulpeuses, ça te fait rire rien qu’à t’imaginer entrain de te concentrer pour pouvoir la désirer. Ça serait tellement pathétique d’en arriver là. ❝ Non, je n’ai pas besoin de ça pour te désirer, mais résister justement. T’es un démon. Suffit de te regarder pour avoir envie de toi. C’est là tout le problème. Ok, t’es pas contre une partie de scrabble là maintenant, mais si ça part dans ce sens jamais tu viendras lui dire ce que tu t’apprêtes à faire. Tu veux le faire, aller au bout, mais comment t’es sensé faire avec elle qui vient embraser chaque parcelle de ton cou cheminant jusqu’à ton oreille. Diablesse tu le disais. ❝ C’est fou comme je peux avoir envie de toi-même si tu es en train de me parler de ta mère. Comme quoi tu peux être d’un réelle faiblesse. ❝ Hm non pas maintenant. Mains qui caressent innocemment ses cuisses, tu tentes d’y aller en douceur, sans lui dire cache les choses. Tête que tu secoues de manière affirmative, tu te souviens très bien de cette période. Seulement tu ne pensais pas que ça remontait à il y a si longtemps. ❝ Je n’arrivais plus trop bien à ressituer ça dans le temps. J’ai l’impression que ça remonte à moins longtemps que ça, comme si c’était y a peu de temps. Pourtant il s’en s’est passé des choses. Petit sourire en coin, forçant une fossette, tu trouves cette phrase mignonne, comme si c’était le feu vert pou y aller. ❝ Je crois que tu ne devines pas à quel point tu es là-dedans. Doigt que tu viens pointer sur ta tête, tu ne pensais pas que ça serait à ce point. ❝ Genre vraiment, au point que tu viens un poil bousculer ma vie et me faire revenir sur des paroles. Le suspense que tu laisses est insupportable.

Tête légèrement penchée sur le côté, je te questionnais sur un ton léger. — Pourquoi tu veux résister ? Demandais-je encore. Je ne pouvais m’empêcher de sourire à tes mots, parce que c’était réellement plaisant de t’entendre le dire. Bien que je n’avais aucun doute sur notre attraction mutuelle, parfois les mots effaçaient les légères traces des doutes qui s’infiltraient dans mon esprit. J’étais comme ça, cette femme qui se savait jolie, mais qui en doutait à cause d’un passé compliqué. Le langage du corps était facile et je ne pouvais m’empêcher de contre-carrer tes plans. Dans aucun monde, même alternatif, je souhaitais que tu résistes. — On devrait quand même éviter de mettre l’un de nos parents dans la même phrase que : avoir envie de toi. Que je disais en secouant la tête. — J’ai voulu te préparer à manger, mais j’ai carbonisé mes lasagnes. J’avais la tête ailleurs, un peu auprès de toi, quand je t’attendais. Alors évoquer notre première rencontre, reparler de cette première soirée, ça me rappelait à quel point tu avais toi aussi pris ta place dans mon quotidien et également dans mon esprit. — Et c’est une bonne chose que ça en fasse concrètement plus ? Parce qu’à tes mots, je n’étais pas tout à fait certaine de la tournure que prenait cette discussion. J’imaginais déjà le pire, te voir disparaître tel un mirage. Une pensée que tu balayais d’un geste aussi mignon que doux, accompagné de mots qui faisaient écho. Toi aussi. J’enroulais mes doigts autour de ta main embrassant le bout de ton doigt qui venait de pointer ta tête. — Quelles paroles ? Les bleutées ne te quittait pas du regard et mon cœur tambourinait si fort, qu’il était prêt à lâcher à tout moment. Ne pars pas.

❝ Tu verras. Elle va devoir être patiente pour connaître le fond de ta pensée. Car tu n’es pas prêt à tout dévoiler d’entrée de jeu, mais surtout il y a tant de choses à dire. Et le pire dans tout ça c’est que tu ignores comment tu vas encore pouvoir lui parler de certaines choses qui sont très délicates. L’une d’elles, enfin c’est surtout celle-ci, c’est ton ex, celle qui est revenue dans ta vie récemment et qui de nouveau complique tout. Tu joueras la carte de la sincérité car tu ne te vois pas le lui cacher. ❝ Je suis tout à fait d’accord avec toi. C’est particulièrement immonde rien qu’en y pensant. ❝ Ah c’est ça cette odeur de brûlé ? Je l’ai senti depuis le couloir je croyais que ça venait d’ailleurs. L’odeur reste légère dans son studio. Elle a dû ouvrir longuement les fenêtres pour aérer la pièce. ❝ On commandera c’est pas grave. Assis sur son canapé, t’es prêt de bouger, avec elle sur toi. Et en même temps t’en as nullement envie. ❝ Oui, ça veut dire que je suis bien, non ? Si votre relation était particulièrement barbante, tu serais là à dire : que le temps ne s’est pas assez écoulé. Non ? Au contraire, avec elle, vous faites des activités toujours plus différentes et vous semblez avancée vers une même direction avec un esprit assez léger. Doigts qu’elle vient entrelacer aux tiens, avant de venir les embrasser, tu la regardes avec un léger petit sourire. Raclement de gorge, tu viens reprendre ton sérieux, la boule au creux de ton être. ❝ Ne plus vouloir être avec quelqu’un avant longtemps. Tu ne pouvais pas faire plus direct.

Je laissais une petite moue prendre place sur mes lèvres. Je n’avais jamais été très patiente et pour cause, je m’accrochais continuellement au présent, pour vivre pleinement. Je restais donc dans l’attente pour mieux comprendre tes réactions. — Je crois qu’on a un deal monsieur. Que je soufflais en te tendant la main. — Oui, j’avais la tête ailleurs, que j’ai oublié de mettre un minuteur. La fatigue de la semaine et certainement que d’avoir été forcé de regarder la réalité en face me perturbait. Quincy m’avait cerné et m’avait aussi aidé à comprendre que ce que je vivais avec toi, n’était pas anodin. — Pas besoin, j’ai quand même ce qu’il faut pour ce soir. La cuisine de ma mère était réellement exquise, même réchauffer et par chance, elle remplissait souvent mon frigo, pas encore habituée au fait que j’avais quitté un de mes travails avant les vacances pour profiter un peu plus de mon temps. — Je pense que c’est le cas, sinon tu ne serais pas juste ici, contre moi. Mais j’étais, en aucun cas, certaine que ce que nous vivions était unique. Tu côtoyais d’autres femmes et rien ne pouvait m’assurer que tu n’agissais pas de la même façon avec elles. Ce dont j’étais certaine, c’était que toi, tu avais une place particulière et que malgré les tentations, c’était toujours vers toi que je me tournais, jusqu’à en oublier les autres. Mais la crainte, elle grandissait de plus en plus quand les mots sortaient de ta bouche. En couple, avec une autre ? Avec moi ? Quoi ??? Je relâchais doucement ma prise autour de ta main. — Tu veux te mettre avec quelqu’un ? Est-ce que c’était pour ça que tu ne m’avais pas laissé te sauter dessus dès le départ ? Baissant doucement le regard, je chuchotais doucement : — Quelqu’un d’autre que moi ? Et je partais déjà en chasse dans mes souvenirs de l’instant où j’avais merdé. Quand est-ce que je n’avais pas été à la hauteur ? Cette conversation n'avait aucun sens.

❝ C’est pas faux ça. La réalité d’une relation qui a évoluée bien plus que tu ne l’aurais imaginée. Ce qui devait à l’origine seulement être le plan d’un soir, une distraction, s’est retrouvée être le plan de plusieurs nuits et jours, jusqu’à ce que l’attachement s’en mêle. C’était peut-être inévitable. Elle, la douceur incarnée, si facile à vivre, celle avec qui tu peux partager bien des choses. Tout est simple entre vous, et il n’est pas nécessaire de faire semblant ou de se forcer. Sauf à ce moment même. Pas le choix, tu dois faire dire les choses. Sans mauvaise volonté, tu viens à te confier doucement à elle, avouant se désire de vouloir se poser avec quelqu’un alors que ce n’était pas dans tes plans. Epaules que tu lèves vers ciel, avec un pincement de lèvres, tu lui dis silencieusement : « et pourquoi pas ? ». Oui, c’est la réponse, tu veux tenter quelque chose. Mais tu changes assez rapidement de tête, grimaçant à ses propos. ❝ Hein ?! Mais non, je parle de toi. Oui voilà, c’est pas réciproque. T’aurais mieux fait de fermer ta bouche une fois de plus mon vieux.

À tes mots, tout s’écroulait. J’avais toujours eu ce sentiment profond qu’une sorte de malédiction me pourchassait. J’avais beau prendre des routes différentes, essayer diverses techniques, tout finissait par prendre feu, jusqu’à n’être plus qu’un grain de poussière. Mes travails, mes amis, mes proches ou encore les hommes, finissaient par disparaître. Je cherchais réellement à quel moment de ma vie, j’avais mérité qu’on s’acharne sur ma famille et moi ? Ces questions qui restaient sans réponse, parce que la clémence ne guettait pas les Faulkner. Je relevais doucement là tête à tes mots, trouvant sur tes traits le miroir des miens : l’incompréhension. — Oh.. Que je soufflais. Et c’était comme si mon cœur en miette, reprenait vie. On était plus sur des battements irréguliers dus à l’angoisse. Là, mon cœur réagissait de la manière la plus pure, en se synchronisant en tien. Je posais doucement mon index sur ton menton, pour te faire relever le visage vers moi. — Je n’ai jamais autant voulu entendre ces mots de la bouche de quelqu’un. J’approchais doucement mon visage du tien pour mieux te regarder dans les yeux. — J’ai essayé de ne pas m’attacher, mais ça fait des semaines que je sais que.. C’est toi. Mes lèvres venaient flirter avec les tiennes et je chuchotais encore : — Uniquement toi que je veux.