@Eowyn Clark - Le plus bref ‘ok’ résonne à l’autre bout du fil, le signal.  Signal du début des joyeusetés de cette soirée, à la promesse grivoise. Ce genre de promesses sans lendemain qui reprenaient place dans le quotidien. Au gré d’ton envie, sans entraves, sans complexités, sans l’épée de Damoclès menaçant d’te trancher à tout instant. La liberté qui reprend petit à petit son chemin vers son apogée, après ces dernières semaines à étouffer cette liberté, nourrir ta colère. Elle se nichait encore dans un coin de ta cage thoracique cette colère, en plus très récemment ressortie de son cocon, à ses messages. Mais elle s’était toute aussi vite essoufflée, revenue au coin, au fin fond d’tes entrailles, la hâte venant gaiement la remplacer. Cette même hâte qui t’habite, qui rythme tes pas accélérés en direction du lieu de rendez-vous, de l’hôtel, de cette chevelure rousse qui dénotait du décor truffé de bruns et brunes assez fades. L’sourire se dessine sans broncher sur tes lèvres quand tu l’atteins, quand tu te positionnes devant elle, dominant aisément, de par ta grande taille, d’une ou deux têtes les clients qui l’entourent. « Albert, enchanté ! » La légèreté - comique - dans ton intonation, dans cette main que tu lui tends en guise de salutation. Les orbes, elles, se baladent sur ta nouvelle compagnie du soir, sans discrétion, de la tête aux pieds. « On commence bien, tu m’as menti physiquement… » Tu brilles de malice. « Quand tu disais ne pas être aussi jolie que sur tes photos ? » Si une voix off commentait tes faits et gestes, elle sortirait un petit ‘lame but smooth bro !’ ; à la place, c’est un sourire colgate extrême blancheur, taquin, qui t’anime. Même si la sincérité de tes propos se lisait tout de même dans tes pupilles. Ouais, définitivement très enchanté le Albert - fin, non, Quincy !

La surprise - bonne surprise - à peine dissimulée à son étreinte, le sourcil arqué, un tantinet amusé. Loin d’te douter qu’une telle aisance aurait pu émaner de la rousse, qui t’avait fait part d’un certain stress quant à ce premier rendez-vous. Tu lui rends, aisément, cette étreinte embaumant au passage ton odorat d’un de ces parfums fleuris indélébile. L’fin sourire s’élargit à sa précision - définitivement bien enchanté, le mini Albert. « C’est pas tombé dans l’oreille d’un sourd. » Ponctué d’ce clin d’oeil exagérément aguicheur à propos d’ces câlins. Que ce soit par ces railleries, cette intonation, ces sourires figés, l’étincelle reflété dans tes iris sombres ;  chaque parcelle de ton faciès trahissait, de toute façon, la satisfaction d’ce premier tête-à-tête. Ces belles phrases - de beauf - plus dérisoires que profondes y allaient bon train également, mais la teinte de rougeur que tu perçois sur ses joues - malgré l’air p’t’être perplexe qu’elle arborait - accroît ta confiance on ne peut plus notable. C’était dans la note de l’astérisque à côté de séduisant.. t’sais les conditions d’utilisation entières que personne lit, en p’tite taille, dans l’coin de la page. T’as aussi signé pour le mauvais malgré toi, très chère ! » Lèves les mains en l’air, faussement innocent. Les pupilles ne quittaient pas la vue s’offrant à elles, presque obnubilées par sa chevelure de feu et ses lippes. L’impatience commençait à frapper à ta porte, pas besoin d’lui faire répéter une seconde fois l’invitation à vous diriger vers la réception. Un commentaire de sa part durant le court trajet te fait même presser le pas, l’image imposée agitant sans conteste cette hâte. Et si ce n’était pas pour la réceptionniste dorénavant face à vous, t’aurais rétorqué sans honte d’une riposte d’bourreau des cœurs. Là, tu t’contentais plutôt d’un rictus, et d’un second contact physique à son égard quand tu te saisis avec douceur de ses épaules de ta main gauche. « Bonsoir, nous avons une chambre pour une nuit, au nom de Albert Foster. La suite nuptiale même, si je ne me trompe pas. » Une légère pression sur son épaule lui intime de suivre le move, rentrer dans cette comédie que t’avais finement préparé pour cette vision de l’été qu’elle t’avait vendu. Et comme tu n’étais pas ce Quincy si tu n’rajoutais pas ton grain de comédie supplémentaire, tu t’abaisses au niveau de la réceptionniste, le rictus de sorti. « Est-ce que vous pouvez me garantir d’ailleurs que les murs sont bien épais, la chambre bien insonorisée ? Qu’on soit tranquille parce que.. vous comprenez, c’est notre première nuit de jeunes mariés, j’voudrais éviter d’être dérangés.. » Une réponse en bégaiement t’est accordé, pour ton plus grand amusement avant que les clés ne te tombent entre les mains. Le bras entourant cette fois-ci la taille d’Eowyn, une fois éloignés, en route vers les ascenseurs, tu te penches vers elle. « Avant que tu t’poses la question : oui, tu pourras aussi ajouter beau et incroyable comédien dans mes reviews, Mrs Foster. »

La commedia dell’arte n’avait qu’à bien s’tenir avec l’entrée de Mr et Mrs Foster. Aucune note de direction n’avait été donnée, préférant sauter à deux pieds joints dans l’grand bain de l’improvisation, miser sur le talent potentiellement inexistant d’acteur d’Eowyn, prendre l’risque de se confronter à une rousse perplexe, sévère. Même si t’en doutais. Elle ne te déçoit pas. Rentre sans se questionner dans l’rôle assigné, te tirant ce fin sourire amusé, ce toucher approbateur sur son épaule. « J’me suis démené pour toi, mon cœur.. » L’regard vaguant mielleusement entre elle et la réceptionniste, la troisième roue du carrosse dans cet échange dont elle souhaiterait sans aucun doute s’en échapper. Le rire manque de transpercer tes lippes quand elle te tend les clés, embarrassée, le regard fuyant. Ce même rire, écho du sien, qui ne se gêne plus à s’inviter dans ce rendez-vous une fois en tête-à-tête, bras dessus, bras dessous. Légèreté qui embaume l’habitacle de l’ascenseur, l’étincelle espiègle brillant dans tes pupilles devant son épatement d’son plan. « J’me donne du mal pour avoir la review et la note sans faute, tu vois. » Ne précise pas toutes ces ficelles que t’avais dû tirer pour monter ta scène de comédie. Pour l’fun. Mise en situation parfaite d’ces contextes rocambolesques dont tu plantais la graine. Parce que t’étais guidé par ça, la spontanéité, l’goût de l’inédit, aux côtés de ces personnes elles-mêmes inédites. Chaque scène appelait à découvrir le brin de fraîcheur chez l’autre et elle ne te déçoit pas Eowyn, dorénavant directrice de la mise en scène, prenant les devants face à cette porte ; l’image de la jeune femme anxieuse laissée pour compte. Elle te dépasse même dans ta course à l’impro et tu peux difficilement masquer le rictus amusé lorsqu’elle tend les bras en l’air, une requête précise à ton encontre. « T’as raison, faudrait pas que j’manque à mes devoirs de jeune marié.. » La suite nuptiale luxueuse te passe littéralement au dessus d’la tête à cet instant, le regard fixé sur elle, ses lèvres. Superficie d’la pièce ? Supposément grande. Couleur des murs ? P’t’être orange. Ou vert. Ou blanc. Les meubles ? Boisés. Jaunes ? Lit ? Il avait tout intérêt à être confortable vu comment tu ne perdais pas d’temps à t’emparer de la rousse par les cuisses - aussi légère qu’une plume, évidemment, bridal style mode et emboîter l’pas en direction d’ce même lit. « J’crois que c’est le moment de tester l’insonorisation d’cette suite avec notre.. Qu’est-ce que tu disais déjà tout à l’heure ? Notre fougue du début ? » La pose délicatement allongée sur le matelas, te positionnant au dessus d’elle. Les billes voraces en aller-retour entre ses yeux et ses lèvres. Mais le corps immobile, patient, lui donnant le plein pouvoir quant à la suite du scénario.