Elle l’aperçoit, ce semblant de sourire qu’il dissimule derrière une gorgée de champagne après qu’elle ait soufflé son envie de passer la nuit à ses côtés. Malgré les années et son caractère s’étant au fur et à mesure aiguisé, elle demeure cette femme prête à l’attendre, qui se languit de lui, le jour comme la nuit. Qui pourrait tout lui pardonner et tout accepter du moment qu’il finit toujours par revenir la trouver. Même ce regard qu’il lance en direction de sa femme, de sa mémoire, elle l’efface avant qu’il n’arrive à se faire une place au milieu de tous ses ressentiments. C’est peut-être un peu ridicule, de l’aimer autant. Wendy n’avait probablement pas tort, lorsqu’ils étaient étudiants. « Il est obstiné. » Sa vision dévie de sa fille vers l’entêté désigné, ses lèvres s’arquant un minimum à constater qui est assis avec la PDG.

Bien sûr, elle déteste qu’il se soit senti obligé de l’observer, de prendre le temps de vérifier ce qu’elle faisait avant de se décider, mais surtout de commenter l’attitude de son ancien colocataire, lui aussi visiblement fasciné par la morsure de la vipère. « j’accepte » Elle accueille son choix en un bref mouvement de la tête, réfléchissant d’avance à la suite des évènements, parce que s’ils sont ensemble officieusement, ils ne peuvent pas l’afficher, et elle a conscience qu’ils ne quitteront pas ensemble cette soirée. Ou alors ils devront calculer comment.

Mais en revenant porter un jugement sur Dan, c’est encore qu’il la surprend. « Le malheureux… » Car Sheng aussi s’est prêté à ses jeux. Des nuits, des mensonges, des voyages, qui l’abîment encore un peu. D’ailleurs, si ça n’avait pas été le cas, leur mariage factice aurait été moins douloureux. « Chez moi, comme avant ? » Un faible sourire, contrit, sur les lèvres, elle articule en guise de préambule à son consentement prochain, avec une pointe de dépit, « Finalement, t’es peut-être jaloux de lui. » qui se sent libre de courtiser la femme à laquelle il est lié sur papier. Qui s’approche de trop près de celle qu’il a épousé.

Déclinant sa vision sur Aiyana, elle ravale sa rancœur, la fatigue pesant sur ses traits, « Le temps de la ramener, » de s’assurer qu’elle sera bien gardée, désireuse de faire passer le bien-être de ses filles en premier, eux, parents, sauront attendre afin de se faire l’amour et la guerre. Elle s’approche de lui, flirtant avec l’interdit, elle s’aventure à lui murmurer lorsque sa joue effleure la sienne, « tu m’envoies un chauffeur. » ou lui même viendra la chercher, quand il sera rentré, qu’il aura fini de se donner en spectacle pour les beaux yeux de Wendy. Et lui faire une piètre bise pour justifier son rapprochement, comme s’ils étaient de vagues connaissances du passé. « Je te souhaite une bonne soirée, c’était sympa de te recroiser. » Son jeu d’actrice n’est pas le meilleur, mais il faut la pardonner, ça torture son cœur.

L’amusement aux bords des lèvres, elle feint tant bien que mal de ne pas porter son cœur en bandoulière. Cette séparation, même s’il lui a assuré qu’elle n’était réelle que pour les publiques apparitions, elle l’abîme plus que de raison. Le manque toujours plus grand et les doutes l’assaillant. Même s’ils sont toujours liés, le grand mariage, les diners, les rendez-vous, les voyages, c’est à Wendy qu’ils sont réservés. Une histoire que d’autres à sa place aurait envoyé valser… Cependant quant il laisse le droit à sa paume de glisser sur le satin de sa robe, elle oublie à la faveur de son cœur qui, pour lui une fois encore, s’enrôle. « Plaisir partagé. » Ce n’est certainement pas légal, d’autant l’aimer.

Elle soupire un instant tandis qu’il s’abaisse vers leur enfant, « Ton père essayera de passer demain matin, » un fin sourire se glisse à nouveau sur les lèvres d’Haiwee, au-delà de ses absences, pour ses enfants, il est le père dont elle avait toujours rêvé, celui qu’elle avait su voir dès le départ, même quand lui doutait. « A ce soir. » prononce leur fille et met en avant les mensonges amoureux de ses parents. « Finalement, elle n’est peut-être pas de moi, » elle lève les yeux au ciel pour souligner l’absurdité de cette supposition, à la suite de ses mots, il récupère sa coupe et l’apostrophe, « Il faudra qu’on s’explique, .... avec qui t’as fauté, » son expression traduit le vice si bien qu’elle secoue son visage, caressant de ses empreintes celui de la petite, au moins ça, c’est une chose que Wendy n’aura jamais, son ventre plein grâce à lui. « C’est drôle comme tu n’arrêtes pas de m’accuser, » ce soir, il lui donne ce rôle de femme infidèle, elle qui ne l’a jamais été. Il n’y a eu et il n’y aura toujours qu’un seul prénom sur la liste des hommes qui l’ont touché. Presque, elle s’interroge sur le fait que lui ait quelque chose à se reprocher, même s’il a dit être tombé pour elle, il y a des années. A être mari et femme, souvent ensemble… Ils ont peut-être retrouvé une complicité, après tout, même si ça la flingue de l’admettre, elle a bien conscience que proches, ils l’ont été. Au sens propre comme au figuré. « alors que tu vas aller rejoindre ta femme. » avant de me rejoindre moi. Mais l’accusation est balayée, mise en stand-by pour qu’ils reprennent plus tard la conversation et ne garder que l’innocence fabriquée dans leur situation, pour cette réception, « elle tient peut-être simplement de moi. » Mais que ce soit de lui ou d’elle… sa fatigue est bien réelle, « j’imagine que tu ne nous raccompagnes pas jusqu’à la sortie ? » qu'il se doit de retrouver Wendy, alors que l'amérindienne se damnerait pour rentrer maintenant, tout de suite avec lui.