évidemment que ça ne va pas durer. habitué à ressentir des émotions un peu trop fortes. un peu trop négatives et destructrices. pour une fois que je me sens bien dans ma vie, que je me sens libéré, je sais que ce n'est que provisoire. cela ne va pas durer. quelque chose va inévitablement venir tout gâcher. j'en suis conscient mais cette fois ci, j'ai décidé de ne pas attendre que ce moment arrive. je profite de ce petit répit que j'ai. l'intuition que ma soeur va de nouveau faire son apparition. sortie de nulle part pour me pourrir la vie. ou une faiblesse nouvelle ou ancienne qui viendrait me hanter l'esprit et me torturer de n'être - comme d'habitude - que le deuxième choix. « pourtant tellement de chose sont interdites, faut se contenter de ce qu'on a et en profiter » c'est bien souvent plus facile à dire qu'à faire. et comme je ne capte pas s'il y a un sous entendu derrière tes phrases ou non, je rentre dedans. joint partagé. ça fait du bien de pouvoir fumer en bonne compagnie. je ne le cache pas. j'aurais pu déclarer ce tube tout seul mais l'envie de passer du temps avec toi était plus forte. te savoir enfermé dans une chambre d'hôpital me fait grincer des dents pour toi. c'est l'angoisse. surtout quand on est un peu claustrophobe comme moi. « j'ai eu deux côtes fêlées et un bon traumatisme crânien, à cause de ça j'ai pas pu faire la compétition. alors question de point de vue. mh ouais on m'a percuté avec une voiture alors que je rentrais chez moi à pieds ... c'est flou. j'ai de très vagues souvenirs et une impression un peu étrange qui ne me lâche pas depuis l'accident. » je sais qu'il y a eu un mort dans l'accident de ton côté mais j'essaie de te faire relativiser comme je le peux. je suis peut-être maladroit dans mes mots mais je ne suis pas habitué à remonter le moral des gens. ce n'est définitivement pas mon point fort. bâtonnet qui retrouve place entre mes doigts. j'inspire un bon coup dedans. me délecte des premiers effets. quel plaisir mais quel plaisir. le cadre est parfait. le soleil nous réchauffe la peau sans la brûler. je suis venu pile au bon moment. je sors ensuite les feutres de mon sac. je rigole à ta petite remarque. « s'il n'y a que ça pour te convaincre, file moi la gourde » je bois une gorgée et la repose sur le muret à côté de toi pour que tu puisses y avoir accès. grimace sur mon visage. « bordel, j'ai mis quoi là dedans ? c'est hyper fort » je rigole à ma propre connerie. « un petit cocktail molotov encore plus efficace que la morphine tu verras » mes yeux se lèvent vers toi, intrigué par ta question. je commence à être habitué avec toi. des questions incompréhensibles, sorties de nulle part. des questions dont je ne comprends pas le sens mais qui existent et qui semblent vraiment t'interroger de ton côté. « tu sais moi j'ai cette faculté un peu naïve à faire confiance un peu trop facilement aux gens. dans l'état actuel des choses, je te fais confiance. pourquoi toi non ? » tu ne me fais pas confiance ? après c'est délicat de répondre à ça parce que tu m'as snobé un moment. on s'est fortement éloigné toi comme moi et puisque j'ignore le pourquoi du comment, je crains que cette situation ne se répète un jour.

le soleil apaisait ton esprit mais pas seulement. depuis que t'avais tiré quelques taffes, te voilà bien plus détendu. sa présence te troublait moins davantage, il était là après tout pour profiter du tube avec toi. tu n'étais pas sûr de rester une compagnie agréable pour lui, ton humeur étant plus tumultueuse depuis ton accident. que faire lorsque t'étais de mauvais poil ? te donner un pétard était souvent la meilleure solution, comme la solitude. mais dernièrement tu t'en accommodais pas, cela te déprimait plus qu'autre chose, te faisait repenser à ce chauffeur décédé alors que t'avais la vie sauve. une partie de toi se sentait encore coupable, d'être toujours en vie alors te changer les idées devenait ta priorité depuis ton retour à boston. un brin nerveux avant le retour chez toi, de savoir si ta vie allait drastiquement changer ou pas. tu tenais à ton indépendance styx, question de fierté sans doute. tu n'arrivais même pas à t'imaginer dans le fauteuil chez toi. heureusement qu'on t'avait dit que tu n'en aurais plus vraiment besoin, que t'allais passer aux béquilles. — comment se contenter de tout avec une jambe dans le plâtre ? t'as presque envie de te tirer une balle pour te réveiller et te dire que tout ça n'est qu'un affreux cauchemar. tu ris pour pas qu'il s'inquiète trop pour ta santé mentale. — mais je vais profiter pour te faire plus souvent chier. j'aimerais emmerder tout le monde donc si t'es vraiment prêt à me supporter, peut-être que tu pourras trouver le moyen de me calmer. tu lui lanças un petit sourire, t'espérais au fond de toi qu'il voudrait partager plus de temps avec toi. t'avais envie de mieux le connaître, de le percer à jour. puis il te parla de ses blessures, tes yeux s'agrandirent de surprise. — mais what ? le chauffeur n'avait pas capté que tu traversais la route et ne s'est pas arrêté ? putain t'aurais pu mourir sur le coup. comme toi en fait. il avait survécu à ça et cela t'aidait un peu qu'il t'en parle. il pouvait ainsi plus facilement se mettre à ta place mais sa dernière phrase t'intrigua. — quelle impression ? t'arrivais pas à comprendre pourquoi mais tu sentais un frisson te gagner, heureusement que tu descendis sa gourde pour le chasser. tu haussas les sourcils lorsqu'il déconna sur son contenu. — moi je trouve pas ça trop dégueulasse. ça te fit marrer un peu, c'était pas délicieux mais pas aussi dégueulasse que la bouffe qu'on te servait ici. tu t'amusais en tout cas et tu n'espérais pas mieux que cette ambiance pour te détendre complètement, surtout qu'il allait commencer à dessiner sur ton plâtre. tu commençais même à regretter ta dernière question. il te répondit tout ce que tu ne voulais pas entendre. enfin, t'étais content qu'il te fasse confiance. mais tu craignais déjà un peu de la briser, de le blesser. surtout s'il était comme toi, à faire confiance naïvement aux gens. — je... je me serai retenu et n'aurai pas pensé à toi si je voulais pas te faire confiance. pour qu'il t'aide à oublier, à te faire du bien. là-bas au chili. avait-t-il capté de quoi tu parlais ? t'étais pas sûr et l'envie d'avoir le joint entre tes doigts te démangea.

sourcils qui se froncent en entendant tes mots. tu veux te tirer un balle ? comment tu peux dire ça alors que la vie t'offre une seconde chance. une nouvelle chance de pouvoir expérimenter la vie. ses bienfaits. parce que oui, il y a des bonnes choses qui valent la peine d'être vécues. d'être expérimentées. et ce petit moment hors du temps en est la preuve. j'apprécie ce joint qu'on partage. le calme qui règne autour de nous. le soleil qui réchauffe nos coeurs sans doute tout aussi abîmé l'un que l'autre. « j'ai l'impression d'avoir déjà trouvé un moyen de te calmer. t'es posé là, t'as pas l'air sur les nerfs.. et si tu veux faire chier quelqu'un, je me porte volontaire. il parait que j'ai une patience exemplaire. et je saurais te faire chier à mon tour » parait aussi que je suis un chieur. deux chieurs ensemble, ça ne peut faire que des étincelles. sourire échangé. partagé. je baisse les yeux dès qu'on évoque mon accident. c'est si compliqué. j'ai pas spécialement envie de revenir là dessus mais je suis là pour te changer les idées et si mon histoire peut te faire prendre conscience que tu n'es pas le seul à vivre ça. que tu n'es pas tout seul styx. je me râcle la gorge. « en fait, c'est un peu plus compliqué que ça... je suis rentré à pieds chez moi, il faisait nuit et j'avais bien bu. j'étais mh.. dans mes pensées et j'ai traversé sans regarder. la voiture ne roulait pas vite mais elle m'a percuté. j'ai été éjecté plus loin et ça va, j'ai juste eu deux côtes fêlées, un trauma crânien et des hématomes par ci par là » je joue avec mes doigts. je ne suis pas forcément à l'aise. tu me poses cette question. tu veux savoir quelle est cette impression. c'est légitime. je t'aurais également posé la question, à ta place. je relève les yeux et hausse délicatement les sourcils. je prends une grande inspiration dans ce tube, comme pour me donner du courage. « mon cerveau a occulté presque tout ce qu'il s'est passé. je n'ai que très peu de souvenirs mais j'ai l'impression de connaitre la personne qui conduisait. je crois que c'était ma soeur » je déglutis difficilement. soupire. j'ai pas envie de parler de ça. j'ai pas envie que tu changes la perception que tu as de moi. elle va forcément changer quand tu sauras tout ce que j'ai vécut dans mon passé. tout ce que j'ai subis. je suis content qu'on change de sujet. tu me demandes si je te fais confiance et je te réponds le plus naturellement possible. le plus sincèrement possible aussi. « t'as beaucoup pensé à moi ? » large sourire qui revient sur mes lèvres. je me lève du petit muret et m'approche de toi. je m'assois sur ta cuisse libre, celle qui n'a pas souffert. « dis moi si j'te fais mal... » parce que j'ai pas envie de ça. mon bras s'étend et passe derrière toi. je me pose confortablement sur toi. contre toi. j'apporte le joint délicatement à tes lèvres pour que tu tires dessus. mes yeux ne te quittent pas. je rapproche même mon visage de toi. entrouvre mes lèvres pour aspirer la fumée que tu recraches délicatement.

t'avais failli sursauter, il semblait deviner ta détresse, comprendre ce que tu vivais. il avait survécu à une collision avec une voiture, s'interrogeant sans doute aussi sur le sens de la vie après ce qu'il s'était passé. cela l'avait-il transformé ? — une patience exemplaire ? tu contins pas ton ricanement, allait-il vraiment se montrer patient avec toi et ne pas s'emballer ? t'étais presque sûr qu'il ne tiendrait pas longtemps, tu pouvais même être parfois pénible, le savait-il déjà très bien ou simplement pensait-il autre chose de toi ? tu n'avais pas encore toutes les réponses et ça t'arrangeait bien d'être détendu là, il avait parfaitement trouvé le moyen de calmer tes nerfs. — fais moi chier si tu veux, j'ai envie de voir ça. le arlan chieur qui n'a pas peur et... volontaire. petit sourire qui éclaira ton visage, le joint rendu à son propriétaire. t'appréciais cette expérience, ce moment privilégié sur le toit avec lui. impossible de ne pas te montrer curieux à propos de ce qu'il lui était arrivé. — tu me dis qu'on t'a pas percuté involontairement ? la police n'était pas venue t'interroger pour retrouver celui qui t'a fait ça ? yeux qui le dévisageaient, encore secoué par son histoire. — c'est quand même horrible d'imaginer cela. tu vis le brun devenir vite tendu et mal à l'aise après ta question. il semblait t'avoir pas tout dit mais tu restais silencieux, pour ne pas davantage le perturber. tu te contentas de le fixer, mais sa réponse ne te laissa pas de marbre. — ta soeur ? avait-elle... de bonnes raisons de le faire ? c'est insensé cette histoire. t'es sûr ? mais tu te rendis compte que t'allais sûrement le rendre encore plus nerveux alors t'enchaînas. — je veux dire, si t'es sûr de cette impression là, oublie la. tu l'as dit, c'est qu'une impression. je suis pas doué pour rassurer, l'essentiel c'est que tu sois remis de tout ça. t'étais pas sûr de l'aider beaucoup là avec tes mots, tu connaissais pas son histoire avec sa soeur. tu restais toujours un étranger dans sa vie. — mh... beaucoup ? c'est encore à déterminer. tu le quittas pas des yeux, maintenant qu'il s'était rapproché de ton fauteuil. le laissas prendre appui sur toi pour tirer sur le tube qu'il colla à tes lèvres. t'aspiras dessus sans attendre puis crachas la fumée avec un sourire. partageant avec lui ce nuage qui masquait presque tes émotions. que voulait-il à cet instant ? prolonger le contact ? plus détendu, tes pensées s'envolaient mais une chose demeurait. il ne décollait pas de ta cuisse, ni de toi. — tu me fais pas mal. p'tit rire, pas totalement insensible à son contact. t'étais coincé avec lui mais ça ne te dérangeait pas, bien au contraire. — tu veux voir l'effet que ça me fait ? tu continuas de sourire, toujours sous l'effet du joint.

langue qui humidifie mes lèvres. je me sens un peu honteux de te parler de tout ça. j'ai pas spécialement envie que tu creuses dans cette direction parce que j'ai peur que ton regard sur moi ne change. mon regard s'abaisse. te quitte quelques secondes. « le problème c'est que je ne peux pas l'ignorer.. j'ai cette petite voix intérieure qui me dit que c'est elle qui conduisait la voiture. depuis l'accident, je n'ai plus aucune nouvelle d'elle.. et ce n'est pas vraiment son genre d'être aussi silencieuse. elle a annulé ses vacances au summer camp. elle ne m'a pas adressé un seul mot depuis, c'est la première fois qu'elle me laisse en silence radio » et ça me perturbe énormément. je ne suis pas habitué. soit elle prépare un sale coup. soit elle culpabilise de ce qu'il s'est passé. j'en sais rien. et quand même emily ne serait pas responsable de ce choc, son silence est inquiétant. je suis partagé entre l'envie d'en savoir plus et la peur de découvrir ce qu'il y a derrière. je vois bien que cette discussion te met aussi mal à l'aise que moi. alors on change. on dérive sur autre chose. je rigole à ta remarque. « mais si, t'as fait que penser à moi ... même si c'est pas vrai, acquiesce, ça m'fera plaisir » je rigole de plus belle. je me lève du muret et me rapproche de toi. je prends mes aises. m'assoit sur tes genoux. enfin celui valide. tu prends une taffe du tube. proximité qui se fait naturellement. mon bras s'enroule autour de ton cou. me mets à l'aise sur toi. l'ambiance est détendue et j'adore ça. sourire malicieux à ta question. « vas-y » vas-y styx, montre moi l'effet que ça te fait. montre moi que cette proximité ne te laisse pas insensible.

tu t'attendais pas à ce genre de révélation avec lui, pour ce moment hors de la chambre. ta tête en disait long sur ta surprise, d'apprendre qu'il soupçonnait sa soeur d'être responsable de son accident. accident ou tentative de meurtre ? t'espérais pas qu'il ait vraiment une soeur meurtrière, cela te fit flipper un peu cette histoire. — c'est dément ! voilà ce que t'avais trouvé à lui dire avant qu'il descende du muret pour s'avancer vers toi. te donner le tube pour que tu soufflas à nouveau dedans, sauf qu'il s'était glissé sur ta cuisse. te faisant réagir. tu t'attendais pas à un rapprochement aussi rapide. c'était si soudain que tu le laissas faire, incapable de réagir. t'étais coincé là styx mais tu ne résistas pas. son corps te touchait et c'était tentant. t'avais eu des frissons quand son bras s'était enroulé autour de ton cou. yeux qui se perdaient dans son visage, tu n'avais plus aucun contrôle.

c'est dément ? je t'annonce qu'il y a de grandes chances pour que ma soeur ait essayé de me tuer et toi tout ce que tu trouves à dire, c'est que c'est dément ? « c'est pas vraiment le mot que j'aurais choisi » mais toi si. je lâche un petit rire. épaules levées rapidement vers le ciel. je ne peux pas t'en vouloir. déjà parce que je ne suis pas un expert pour ce genre de situation. je n'aurais pas su quoi répondre non plus à ce type d'aveu. mais aussi parce que tu décides de ne pas trop creuser ma révélation. tu me crois sur parole et tu n'essaies même pas d'en savoir plus. peut-être as-tu lu sur mon visage mon envie de ne pas trop s'étendre sur le sujet. c'est fortement possible. je profite de ce changement de sujet pour grimper sur tes genoux. pour renouer le contact avec toi. tu m'as teasé par message, je n'ai aucune envie de rester loin de toi. il va falloir t'y faire styx, j'aime le contact. j'aime qu'on soit proche physiquement. t'arrives à me déconnecter de tout en un seul toucher.

impossible de résister plus longtemps à l'envie qu'il te touche, qu'il te fasse du bien. il était pratiquement venu pour ça, t'en étais persuadé. le jeune brun s'était rapproché de toi, cherchant à retrouver le contact avec toi. ce même contact brûlant qui l'avait ensorcelé cette nuit-là sur la plage. voulait-il retrouver toutes ces mêmes sensations avec toi ? bordel tu voyais dans ses yeux l'envie qu'il avait pour toi, cette même flamme qui t'avait rendu tout fébrile, la même qui voulait tout dévorer sur son passage.

j'ouvre la bouche pour parler mais me ravise à la dernière seconde. quelle torture de ne rien pouvoir dire. je m'approche de toi pour t'embrasser à la place. t'embrasser encore et encore. profiter de ce moment hors du temps et de l'espace avec toi. dans cette bulle qui n'appartient qu'à nous. je m'y sens bien. je vais rester avec toi jusqu'à la nuit tombe et que je sois obligé de quitter les lieux sous peine d'être viré par la sécurité. je vais prolongé ma visite au maximum. et je partirais sans la moindre envie de te laisser ici, seul.