l'envie de te revoir me pique au vif depuis notre soirée au summer camp. cette nuit, sur le sable, où tu as su te dévoiler à moi et te montrer plus accessible que jamais. je n'arrête pas d'y repenser. je l'avoue, c'est compliqué pour moi d'effacer ce souvenir de ma mémoire. conscient qu'il n'est pas intact, qu'il manque sans doute des bouts à cause de l'alcool. je m'accroche quand même à cette soirée. parce que pour la première fois depuis longtemps, j'ai lâché prise. je n'ai pensé à rien et j'ai pu m'exprimer en dehors de mon art. je m'accroche peut-être à un moment que j'ai idéalisé involontairement. j'évite de trop penser à ça. surtout vu la façon dont tu te comportes avec moi. tu souffles le chaud et le froid en l'espace de deux phrases. tu lances des petites allusions pour finalement te raviser la seconde d'après. je ne sais pas à quoi tu joues avec moi. pourquoi t'es comme ça. tu culpabilises de ce qu'il s'est passé ? t'as mal pris le fait l'aventure que j'ai eu avec ta cousine quelques semaines après notre dérapage ? je n'arrive pas à comprendre. à te comprendre. et j'ai envie d'avoir tes réponses. besoin de savoir si on peut se lancer dans une amitié, peu importe laquelle. tu m'intrigues shipley. et même si je sais que le temps nous est compté avant que tu te mettes en couple, j'ai envie de partager des moments avec toi. c'est pour ça que je marche dans ce grand couloir peu engageant. j'ai occupé une de ces chambres pendant deux semaines suite à mon accident de voiture fin juin. je comprends ta douleur, même si le mien n'est pas aussi grave que le tien. aucun mort n'a heureusement été à déplorer de mon côté. une fois devant ta chambre, je toque à la porte. me recule pour regarder une nouvelle fois le numéro, histoire d'être sur que je tape à la bonne porte. « héé salut beau gosse » que je lance d'une voix peut-être trop joyeuse pour ce genre d'endroit. je referme la porte derrière moi et m'approche de toi. « j'ai ramené pleins de trucs ! » et je pose mon sac à dos avant de venir jusqu'à toi. y'a rien à faire, je suis content de te voir. cette petite lueur doit se deviner dans mon regard.

cette soirée d’été. identique aux autres soirs de lune où il faisait une chaleur de dingue. tu avais quitté les murs de ta chambre pour tomber sur lui. puis tout s’était enchaîné, moments dans ton esprit qui te semblaient à la fois proches et lointains. comme les songes d’une nuit particulièrement agitée. t’avais encore toutes ces sensations dans la peau styx. comme si tout était réel. mais t’avais vite enfoui cela pour reprendre ta vie comme si de rien n’était. elle reprenait son cours jusqu’à ce fatidique moment. tu l’avais vu pas t’échapper, tout était allé très vite. tu revis parfois la nuit cette route qui allait sans le savoir te conduire dans ce lit. dans lequel tu aurais pu ne jamais te réveiller. abandonner ton dernier souffle. chaque instant de ta vie envolé. avec ta jambe enfermée dans ce bloc de plâtre. mais elle ne t’abandonna pas la vie, comme elle l’avait froidement fait avec ta sœur. pas encore alors qu’elle demeurait chaque seconde de plus toujours loin de toi, laissant ce vide que tu ne connaissais que trop bien. pourquoi t’épargner cette fois encore ? t’avais retrouvé un peu le sourire grâce à tes proches, ils comptaient bien plus que ta famille restée en angleterre, celle avec qui t’avais grandi. mais tu n’avais plus de nouvelles de ta mère depuis un moment, savait-elle ce que tu venais de vivre ? figure devenue aussi insignifiante que ton père, sans doute marquée elle aussi par cette disparition terrifiante. de quoi t’inspirer davantage de dégoût pour tes géniteurs. mais un bruit te sortit de tes songes, tu n’attendais aucune visite aujourd’hui. t’allais sûrement sortir dans quelques heures ou le lendemain. ou quelqu’un passait te voir à l’improviste, étant donné que la nouvelle de ton accident était désormais connue. tes traits se détendirent aussitôt lorsque tu le reconnus. bon sang, t’avais pas encore l’air d’être comme un sou neuf que tu fus un peu gêné de le voir s’approcher de toi comme si de rien n’était. — salut toi, tu… tu n’as pas eu beaucoup de mal à me trouver ? tu lui sortis un petit sourire, tu ne savais pas du tout comment démarrer la conversation. t’étais encore un peu surpris de le voir en chair et en os, mais rapidement tu te détendis. — tu as ramené plein de trucs ? tu ne le quittas pas des yeux, amusé. il t’avait dit qu’il était nul pour te surprendre mais là, il pourrait s’être bien surpassé avec toi. et surtout, d’où lui venait tout son enthousiasme ?

ok je l'avoue, je n'ai pas tenu bien longtemps avant de te rendre visite. je l'aurais fait bien plus tôt i tu avais été sur boston. je ne sais pas si t'as envie de me voir ou non. si ma présence va te gêner ou au contraire te faire plaisir. j'ai pas envie de t'imposer ma présence alors je ne vais pas rester longtemps. j'entre dans la chambre après avoir frappé. mon sourire jusqu'aux oreilles en te voyant. t'es moins palot qu'en facetime. tu sembles avoir repris des couleurs, c'est appréciable. « bah heu non, je me suis pointé dans les hôpitaux, j'ai demandé à voir monsieur shipley et au bout du deuxième on m'a donné un numéro de chambre. donc me voilà » c'est aussi simple que ça. je pose mon sac à dos à côté du lit. à côté de toi. « ouais, mes crayons pour dessiner sur ton plâtre, de quoi grignoter parce que j'sais que la bouffe ici est immonde. j'tai mis une gourde, y'a un peu d'alcool dedans » j'éclate de rire. « et j'ai surtout ... » ma main plonge dans la poche de mon short pour y sortir un joint parfaitement roulé. « ça ! » je pose mes fesses sur le bord du lit, me tourne vers toi. « donc si t'en as envie, pour aller se fumer ça sur le toit, y'a un fauteuil roulant au bout du couloir. ça t'fera prendre l'air et j'ai cru comprendre que t'avais un grand besoin de te changer les idées. » j'ignore si tu es partant pour enfreindre un peu les règles. si t'as envie de sortir de cette chambre. en fait, je ne sais pas comment me comporter avec toi alors je décide simplement d'être moi. de toute façon, si tu n'as pas envie, t'as juste qu'à me dire non et ça ira aussi.

dès l’instant où il était entré, ton sourire ne te quittait plus. t’avais plus vraiment de vertiges ou de douleurs vives après plus d’une semaine mais toujours cette incapacité de te déplacer à ta guise. oui l’accident t’avait bien marqué et la blessure mettrait du temps à guérir, les médecins étaient formels là dessus. t’avais hâte de rentrer mais tout allait forcément changer, être plus compliqué dans ton quotidien. t’évitais de trop y penser, de te compliquer l’existence. tes proches allaient t’aider, surtout ta meuf. mais ça t’énervait un tel élan de soutien, comme si tu te faisais vieux d’un coup. ce soupçon d’orgueil, de montrer que rien ne t’atteignait. seul héritage de ton illustre famille. mais c’était ce qui te rendait tout aussi fragile et souvent incompris. — t’as quand même cherché. un message suffisait. oui cela t’étonnait mais sa visite ne serait plus une surprise dans ce cas s’il t’avait prévenu. impossible de lui en vouloir maintenant, tu te voyais absolument pas le renvoyer chez lui là, pas quand t’avais eu envie de le revoir. tu l’écoutas attentivement, il avait pensé à tout. c’était extraordinaire. — tu gères. c’est un nouvel arlan qui est né devant moi. et tu n’as surtout pas oublié le plus important. tu lis dans mon esprit maintenant ? rire franc qui se répercuta dans la pièce, t’oubliais facilement que t’étais coincé dans ce putain de lit. et dans pas longtemps, ton canapé allait bientôt t’accueillir. — putain oui. cri du cœur et tu faillis attraper ses mains pour le retenir. tu rêvais d’entendre pour de vrai ce genre de proposition. main sur le visage, tu te calmas un instant. t’étais pas prêt de retourner dans un fauteuil. mais tu te voyais pas refuser sa proposition trop alléchante. tu n’avais pas touché à ça depuis trop longtemps. pourquoi refuser là avec la meilleure des compagnies ? finalement tu capitulas, ton index pointé dans sa direction. — hors de question que tu fasses un commentaire quand je me mettrais dans le fauteuil. tu es là pour me changer les idées, tiens ta parole jusqu’au bout. je rêve d’aller sur le toit maintenant avec toi. allez bouge tes fesses et viens m’aider. tu donnas une tape sur ses fesses sans t’en rendre compte, trop emballé par sa proposition.

c'est clairement vrai. un message aurait suffit pour savoir dans quel hôpital tu séjournes. quelle chambre tu occupes actuellement. je ne l'ai pas fait. je crois qu'inconsciemment, j'avais peur que tu ne me le dises pas. que tu refuses de me donner cette information parce que tu ne veux plus me voir. « peut-être mais j'voulais te faire la surprise » et d'ailleurs je suis un peu soulagé que tu sois tout seul. je ne sais pas comment j'aurais réagit si t'avais été avec quelqu'un. ou pire, avec ta meuf. je ne sais pas ce que j'aurais pu dire pour ne pas créer de malaise. en fait non, il n'y a aucun malaise à avoir. je suis un pote, tout ce qu'il y a de plus banal. ou pas. quoi qu'il en soit, ça n'est pas arrivé donc je n'ai pas à me poser autant de questions. je te déballe oralement le contenu de mon sac et éclate de rire avec toi en voyant ta réaction pour le joint. « quand j'te le dis que j'suis en train de changer. t'as pas l'air de vouloir me croire. je suis un autre homme maintenant. un homme qui pense à tout » qui a pensé au petit joint qui va te faire planer et oublier tous tes petits soucis. du moins je l'espère vivement. « oh god, j'allais dire une connerie mais j'me suis lancé dans un pari donc je me tais bien comme il faut » rire qui s'échappe de mes lèvres. tu te caches le visage. je ne comprends pas bien pourquoi. mais je reste là, à te regarder, pendant que tu te bats visiblement avec tes émotions intérieures. ton doigt se pointe sur moi. j'écarquille légèrement les yeux. j'ai fais une connerie ? je lève les mains d'un air innocent et lève également mon cul du lit. « okay okay, je ne dirais rien mais je penserais très fort que t'es un papy dans ton fauteuil » je rigole et m'éclipse de la chambre à toute vitesse avant que tu ne râles encore. je vais chercher rapidement le fauteuil et reviens vers toi. je m'avance jusqu'au lit. « allez viens, j'vais t'aider à t'installer » je lève ton bras et l'enroule autour de mes épaules. « prends appui sur moi » on te hisse hors du lit et on arrive tant bien que mal à t'assoir dans le fauteuil roulant. je m'accroupie pour relever ta jambe plâtrée pour que tu sois bien confortablement installé. une fois que t'es dedans, je te sors de ta chambre et te fais monter dans l'ascenseur après m'être assuré que personne ne nous voyait. j'ai vraiment envie de fumer avec toi alors on a plutôt intérêt à se montrer discret. on arrive jusqu'au toit. j'ouvre la porte et la bloque avec une brique qui traîne là. flemme de rester coincer ici après. « ça doit t'faire du bien un peu d'air frais » on se calle dans un coin. je m'assois sur le rebord, en face de toi. nous voilà posé bien comme il faut.

quelle belle surprise il te faisait là. tu t'attendais pas en le revoyant qu'il te proposerait ça. non tu t'étais attendu à une conversation des plus sérieuses, sûrement un peu ennuyante pour le maintenir à bonne distance de toi. mais ça styx, tu n'en branlais royalement, distance ou pas, tu voulais ce joint. cela t'emballait à présent de partager ce moment avec lui, oubliant presque la surprise de le trouver ici à l'hôpital. c'était pas une mauvaise chose car tu n'imaginais pas vraiment quelqu'un d'autre pour passer un bon moment. l'été semblait fini pour toi et il allait t'aider à le poursuivre, malgré tes conditions. — c'est pas une surprise, c'est un beau cadeau. si ta jambe n'était pas coincée dans le plâtre, tu lui aurais sûrement fait une accolade. tu t'emballais en l'écoutant, fort heureusement que le lit te retenait, atténuait les flammes dans tes yeux. tu ne voulais plus passer ton temps sur le tél ou regarder la trajectoire du soleil par la fenêtre. il te donnait l'occasion parfaite de quitter cette pièce aseptisée. — nope t'as encore beaucoup de preuves à faire avec moi. mais tu ris rapidement, pour pas qu'il ne te prenne trop au sérieux. qu'il restait lui-même ça t'allait bien, t'arrangeait même. il cherchait à passer plus de temps avec toi et jambe cassée ou pas, ça t'intriguait quand même beaucoup. mais tu haussas un sourcil, son comportement te troublait tout autant. — tu vas te taire comme il faut pendant longtemps ? une part de toi avait envie qu'il tienne bon, mais lorsqu'il te traita de papy, tu fronças les sourcils. sauf que tu le chassas avec tes mains pour aller voler un fauteuil. pour éviter qu'il ne perde son pari aussi. bordel que tu ne tenais déjà plus en place que tu faillis tomber du lit lorsqu'il revint pour t'aider à monter dessus. mince tu le sentis aussitôt te coller et ton visage frôla le sien. tu coupas ta respiration, à deux doigts de le repousser parce que ses grandes mains te soutenaient. te touchaient. — je fais comme je peux, t'es... pas assez fort. t'allais sortir autre chose mais autant le taquiner encore. enfin il te guida jusqu'au toit, prenant l'ascenseur sans croiser âme qui vive dans les couloirs. parfaitement l'impression que c'était désert à cette heure-ci de la journée. encore mieux. — je ne te le fais pas dire. c'est presque le bonheur. puis tu te mis à le dévisager, un peu trop longtemps. c'était drôle de penser à cet instant qu'avec la lumière du toit, tu voyais beaucoup mieux les traits de son visage. en même temps, c'était le seul truc intéressant dans le coin.

ce n'est pas une surprise, c'est un cadeau. tu n'imagines pas à quel point ce que tu me dis là me fait plaisir. je ne savais pas trop comment tu allais réagir à ma venue. si tu allais être content ou non. difficile de prévoir avec toi. surtout que je sais que tu peux m'échapper d'une seconde à l'autre. à cause de cette histoire que tu as avec cette fille mais également pour n'importe quelle autre raison. tu m'as déjà ghosté une fois, rien ne t'empêche de le faire une seconde fois. surtout que j'ignore toujours pourquoi tu l'as fait. pourquoi tu t'es éloigné de moi du jour au lendemain. je grimace quand tu me dis que j'ai encore beaucoup de preuves à faire avec toi. « techniquement, c'est toi qui devrait faire tes preuves, c'est toi qui t'es éloigné de moi, pas l'inverse » haussement de sourcil. je ne me laisse pas faire, je défends mon petit bout de gras comme on dit chez moi. j'allais enchérir sur une connerie forcément liée au cul mais je me retiens à la dernière seconde. je n'ai pas envie de perdre bêtement mon pari, même si c'est ultra tentant. tu te rends compte que c'est une véritable torture ? « j'ai pas l'choix. il m'reste quoi, trois semaines là ? » je rigole. que ça peut être long trois semaines. incroyable. je te traite une fois de papy parce que c'est trop tentant. et au vu de ta réaction, j'éclate de rire. «  attention, tu emploies des mots interdits pour le mois. c'pas bien mon styx » tu me fou dehors. je pars de la chambre en rigolant. c'est plus fort que moi. je suis de bonne humeur. content de te voir et que tu acceptes de partager un moment en ma compagnie. il ne m'en faut pas plus pour être content. je reviens avec un fauteuil et t'aide à te mettre dedans. je serre les dents pour ne pas rétorquer une connerie qui pourrait ruiner mon défi. on grimpe jusqu'au toit et on se met bien. on s'installe pour pouvoir apprécier ce petit joint. « mais c'est le bonheur mon pote, y'a que ça de vrai dans la vie » que j'acclame en levant fièrement le tube. je le place au bord de mes lèvres et l'allume pour en savourer la première taffe. mes yeux se ferment quelques secondes avant que la fumée blanchâtre ne s'échappe de mes lèvres. « ah ouais je l'ai bien chargé celui là ... petit souvenir du summer camp, ça vient de là bas » je ris bêtement mais en vrai, j'aurais grave pu me faire chopper à la douane. j'aurais pas eu l'air con tient. heureusement que je me balade toujours avec mes ordonnances justifiant la présence de weed sur moi. je te tends le joint. « on est bien là, au soleil, personne pour venir nous faire chier » que demander de plus ?

t'avais beau chercher à être heureux, le chemin n'était pas moins semé d'embûches. tu ne voulais pas considérer le jeune brun comme l'une d'elles. alors qu'il n'avait pas tort sur une chose, que tu t'étais éloigné de lui. peu importait la raison, tu privilégiais souvent tes relations de coeur que tes autres relations. au point où t'en étais, ça te frustrait qu'il te dise ça. tu lui avais pourtant dévoilé une partie de toi dans le sable, n'était-ce pas une belle preuve de ta part ? ou une grosse erreur ? heureusement qu'il partait chercher le fauteuil pour ne pas voir ta mine presque sombre, finalement sa proposition tombait à pic. t'avais grandement besoin de te déconnecter de la réalité et accessoirement de lui. mais en avait-tu réellement envie ? de t'éloigner d'éventuels problèmes ? ta jambe était pétée là, que pouvais-tu demander de plus ? être tranquille ? non t'avais surtout envie de t'évader et ton futur couple allait forcément en payer le prix. mais styx, tu devenais de plus en plus stressé, pas seulement à cause de l'accident. tu ne savais toujours pas si t'allais remarcher ou finir amputé dans le pire des cas. tu devenais fou d'attendre tout le temps, d'attendre les réponses pour tout. — en trois semaines, t'as le temps de retravailler tes abdos. le sourire moqueur plaqué sur ton visage. sa présence t'amusait, t'éloignait de toutes tes pensées. — bah moi, j'ai encore le droit. allez, pousse-moi ou t'es une vraie crevette. tu devenais insolent sans doute pour le motiver. tu voulais pas perdre de temps à vrai dire, jubilant quand vous arriviez enfin sur le toit. sa réponse t'étonna, décidément il continuait de t'intriguer. tu l'avais connu sous une facette plus timide et réservé. maintenant, l'homme semblait libéré. — de vrai ? c'est ce que tu poursuis dans la vie, arlan ? ton bonheur ? t'attendis qu'il allume le joint, qu'il savoure la première taffe pour tendre ta main dans sa direction. sauf que tu l'écoutas à moitié une fois le joint entre tes doigts, pour tirer dessus et te contenter des premiers effets. rapidement tu sentis la fumée te picoter la gorge mais t'adorais retrouver cette sensation qui te maintenait en vie. te rappelait que tu pouvais autant brûler que ce pétard. il ne pouvait pas te mentir comme n'importe qui, ni sur qui t'étais. une petite chose fragile. — joli souvenir que t'as ramené de là-bas, que tu finis par dire, le visage caché par la fumée. — tu ne pouvais pas mieux me faire plaisir qu'avec ça. tu savouras une nouvelle fois le joint contre tes lèvres, un peu plus lentement. car personne ne venait te faire chier. tu souris intérieurement. — si moi. j'ai sûrement l'intention de faire chier tout le monde avec ma jambe dans le plâtre. c'est l'occasion d'emmerder toute la terre entière. mais tu pouffas, incapable de rester sérieux plus de deux secondes. or tu lui avais bien lancé un défi, il aurait pu te trouver chiant. — t'as toujours la gourde avec toi ? tu n'as pas l'intention de repartir tout de suite, hein ? ça te ferait bien chier d'être là tout seul.

plus on avance dans le temps et plus je me pose des questions. est ce que j'ai bien fait de privilégier cette amitié plutôt que celle naissance avec ta cousine. je n'arrive pas à couper les ponts avec elle, on discute de tout et de rien. c'est un vrai rayon de soleil cette fille. et toi, t'es tellement sombre. tellement mystérieux. je ne capte toujours pas tu m'as lancé ce défi qui n'a clairement ni queue, ni tête. aucun sens à mes yeux. peut-être que toi tu y trouves ton compte mais moi pas. c'est un bon moyen pour me garder à distance mais pourquoi tu fais ça ? je crois qu'avoir la réponse c'est ce qui me pousse à être là. à continuer ce défi. à m'y investir presque. « dans tes rêves styx, si c'est interdit pour moi, c'est interdit pour toi aussi » je rigole. après tout, il n'y a pas de raison que tu sois le seul à pouvoir en profiter. je m'estime en droit de demander la même chose de ton côté. on grimpe sur le toit. l'air frais va te faire du bien, j'en suis persuadé. « tout le monde poursuit le bonheur, consciemment ou inconsciemment. j'me sens bien en ce moment, faut que j'profite, ça ne va pas durer » je mérite des baffes à croire que je ne peux pas y aspirer. à croire qu'il n'y a que le malheur pour moi au bout du tunnel. j'avance avec une estime de moi tellement basse. une confiance au ras des pâquerettes. je déclare le joint et savoure cette première bouffée. ça va t'aider. ça va m'aider également. ne sais tu pas à quel point j'ai besoin de ça au quotidien. le tube trouve rapidement un nouveau propriétaire. mes yeux se posent sur toi, je te regarde fumer. te délecter de cette drogue comme si elle allait régler tous tes soucis. « t'as vu ça .. y'en a qui ont ramenés des tongs en porte clés, moi j'ai ramené ça » c'est bien aussi. c'est même mieux. dix fois plus utile à mon sens. délicat sourire sur mes lèvres. hochement de tête. « j'suis content, profite en » le soleil nous réchauffe le visage. nous sommes bien au calme. posés sur le toit. c'est un moment à part. qui fait du bien. tu comptes emmerder tout le monde avec ta jambe. c'est tellement contradictoire avec ce que tu me disais la dernière fois. soit je ne capte pas la subtilité de ton sarcasme, soit je ne comprends pas tes contradictions. je ne relève pas ce que tu viens de dire. je prends mon sac à dos et l'ouvre. « ouais je l'ai, vas-y on fait un échange » la gourde contre le joint. tout ceci n'est absolument pas conseillé dans ton cas mais je souviens lorsque j'étais à ta place, j'aurais donné n'importe quoi pour fumer. pour me changer les idées. m'évader de cette chambre froide et trop blanche à mon goût. je me souviens avoir eu envie de peindre les murs un nombre incalculable de fois. si j'avais eu des pinceaux entre les mains, je l'aurais fait. taré que je suis. joint récupéré. j'inspire dedans. m'imprégnant un peu plus des effets. « mh et j'tai pas mentis, regarde » je sors mes feutres hors de prix. j'ai pas les moyens mais dès que j'ai un peu de fric, je m'achète du bon matériel, quitte à ne pas réussir à finir le mois. à manger des pâtes pendant une semaine. j'ai une notion des priorités bien particulière. « alors, que de la gueule pour que je te dessine un truc dessus ? » je sais que tu ne vas pas me laisser faire. j'ai un petit avantage là, la weed va certainement pencher en ma faveur.

y avait-il un message caché dans ses propos ? tu t’humectas les lèvres, comment ça cela n’allait pas durer pour lui ? était-il nerveux en ce moment ou commençait-il vraiment à se détendre là ? après tout, tu recherchais la même chose. le tube t’avait convaincu de le suivre, de quitter cette chambre froide dans laquelle tu passais le reste de tes journées. si bien que t’avais oublié de lui demander comment il se sentait plus tôt. — t’es là, donc oui profite avec moi. car il s’affichait à présent devant toi comme dans tes rêves. — plus sérieusement, rien ne devrait être interdit. ton visage restait impassible, que tu pouvais parler de ce bonheur auquel tout le monde aspirait aussi bien de ce qu’il éveillait lorsqu’il était avec toi. c’était plus fort que toi mais comme toujours, t’arriverais à vivre avec. pareil qu’avec ce putain de plâtre qui t’immobilisait pour une bout de temps. joint allumé et fumée qui vous avalait, vous voilà partis pour un petit voyage hors de la réalité. — t’es plus chanceux que moi en fait, je vais finir l’année la jambe dans le plâtre à cause du summer camp mon vieux. styx, depuis ton retour à boston, tu devenais plus maussade. tu ne parvenais pas à expliquer ça alors que toute ta vie était ici désormais. comme tu lui avais déjà expliqué, tu flippais sans doute de pas pouvoir te débrouiller comme tu le voudrais. surtout face aux personnes que tu allais côtoyer une année de plus. — dieu merci. tu remerciais lui ou les autres effets que t’offrait ce tube ? — je savais pas que t’avais été blessé toi aussi cette année. était-ce pour ça qu’il venait passer du temps avec toi ? ou tu l’intéressais toujours ? la weed n’allait certainement pas t’aider à voir plus clair, brouillant les frontières dans ton esprit. tu te sentis bien plus à l’aise, avec le soleil qui te caressait le visage. et lui dans les parages. t’étais plus vraiment certain qu’il voudrait reparler de ça alors quand il sortit des choses de son sac, tu trouvas le courage de lui rendre le tube. — ok, reprends un bon coup. tu tournas à nouveau la tête lorsqu’il montra ses feutres. le gars était déter mais cela te plaisait. tu ouvris la gourde et fermas les yeux sans réfléchir pour avaler une gorgée de son contenu. tu faillis tousser en sentant le liquide te brûler les cordes vocales mais tu ne regrettas pas. t’avais envie de ça, sentir un truc fort. revivre. — si tu bois aussi, je te laisserai peut-être dessiner à ta guise. lueur dans les yeux, tu ne pensais plus à ta jambe, ni à cette solitude qui t’envahissait trop souvent. sa présence te réchauffait et tu ne voudrais pas qu’elle s’en aille de sitôt. — si je te fais confiance, me ferais-tu confiance aussi ? t’étais curieux de sa réponse, de savoir ce qu’il pensait de toi là.