Je tente d’aider Haiwee à relativiser. Moi le premier, je suis du genre à me donner à fond dans ce que j’entreprends, à ne pas accepter la défaite aussi facilement que le voudrait le bon sens. C’était même pire à une autre époque, la colère qui pouvait émaner quand la frustration d’une défaite pointant le bout de son nez, mais comme beaucoup, j’avais évolué, grandi, même si ça semblait être apparu tard contrairement à bien d’autres. Je suppose qu’il n’y avait pas vraiment d’âge pour apprendre à gérer ses émotions, et que chacun faisait comme il pouvait jusqu’à ce qu’il s’en sente capable. Mais quoiqu’il en soit, défaite ou non, il ne fallait pas perdre de vue l'essentiel, ces doux instants passés avec celles et ceux qu’on apprécie, ces paysages somptueux, ces instants d’insouciance, parfois trop rares dans la vie d’adulte. Une leçon de vie dont l'amérindienne est sûrement déjà en possession, ce qui ne m’empêche pourtant pas de la lui rappeler, ce qui ne tarde pas à générer une taquinerie de sa part à laquelle je réponds avec la même bonne humeur que quand elle me l’a lancée. « T’as vu ? Y en a des fois là dedans ! » De l’index, je tapote ma tempe pour indiquer ma boîte crânienne, comme ci c’était la première fois que je faisais preuve d’une aussi grande clairvoyance.

Mon séjour au Summer Camp prenant fin, j’avais commencé à refaire ma valise, à y remettre toutes mes affaires ainsi que quelques souvenirs destinés à des personnes qui me sont chers, compliquant quelque peu ma tâche. L’opération s’était transformée en partie de tetris grandeur nature afin de tout faire rentrer, ce qui pour le moment, posait encore quelques soucis. Parce qu’à moins de repartir avec plusieurs couches de vêtements sur le dos - plutôt dommage en cette saison - je n’avais toujours pas trouver comment procéder pour refermer ma valise. « Parce que je suis le meilleur papa, petit-ami et co-parent du monde ? » Je me vante bien que je sache combien tout cela pouvait être faux. Si je faisais des efforts dans les trois domaines, c’était justement parce que j’étais loin d’être le meilleur. « Et puis là, je ne sais même pas comment je pourrais la faire rentrer. » Prendre une plus grande valise serait surement plus pertinent la prochaine fois, même si elle devait paraître un peu vide au départ.

Au coeur du domaine, notre discussion s’estompe doucement, laissant place aux explications du guide sur les différents vins fabriqués ici, sur les différents raisins cultivés et sur ce que chacun pouvait apporter en termes de goût. Des subtilités peu parlantes à mon palais de non initié. Alors que les premiers verres nous sont servis, j’arque également un sourcil, toujours aussi surpris par cette façon de faire que je pensais, en plus, spécifiques aux français. « Et soit disant, les dégustations de vins sont l’occasion de faire une activité romantique. » Que je souffle doucement à Haiwee, un brin moqueur. Certes, ce n’était absolument pas le but entre nous, et heureusement, parce que qui apprécierait de voir l’élu de son cœur recracher ce qu’il venait de boire.