Tu avais décidé que tu détestais le mois de septembre. Vide douloureux après deux mois fabuleux. Les cinq grands frères sont repartis à Boston et à Cambridge, et avec eux Valentin. La séparation est toujours difficile, deuxième année que tu passeras loin de lui. T'es bloquée à Londres, ville que t'aimes le plus au monde mais qui paraît fade maintenant que la plupart des gens que t'aiment sont partis. Depuis la rentrée, tu subis à nouveau la pression donnée par ta mère, qui compense sûrement l'absence de ses premiers bébés en exigeant une perfection que t'es devenue douée à prétendre. Alors tu t'évades quand tu peux. Désir de rébellion, sans pour autant gâcher ton image de parfaite princesse. Heureusement il y a cette liberté nouvellement trouvée depuis que papa t'a offert ta première voiture pour ton dix-huitième anniversaire quelques jours plus tôt. Et tu comptes en profiter aujourd'hui. Sms échangés avec Jesse pour lui donner rendez-vous, parce que tu sais qu'il saura combler ta solitude. Tu conduis jusqu'au lieu où il t'a demandé de le récupérer, pas franchement le genre de quartier que tu fréquentes habituellement. Mais tu t'en fiches, tu as hâte de passer un moment avec lui. Le sourire, rare ces derniers jours, illumine ton visage lorsque tu l'aperçois s'approcher de la voiture que tu arrêtes au bord du trottoir pour le laisser monter. ― Alors, t'en penses quoi ? Tu dois avoir l'air du parfait cliché de la fille à papa, avec ta Bentley et ton uniforme de lycéenne.

Qui aurait cru que tu fréquenterais un gars comme Jesse ? Vous vivez dans deux mondes totalement différents. La preuve quand il te dit que ta voiture est sûrement plus confortable que son lit. Tu ne peux même pas imaginer la vie qu'il mène, les nuits dehors, les squats, l'insécurité alors que t'as toujours vécu dans ton cocon doré, la belle maison dans un quartier huppé de Londres, l'énorme lit en baldaquin dans ta chambre que tu aimes tant. Pourtant t'aurait pu avoir la même vie que lui si tu n'avais pas eu autant de chance, mais t'es loin d'y penser à tout ça. ― Je ne l'ai jamais vu ton lit d'ailleurs. Gamine naïve qui serait vite perdue si elle se heurtait à la réalité des autres. Encore plus à celle de Jesse. Un sourire étire tes lèvres lorsqu'il son regard se balade sur toi. Tu aimes savoir que tu lui fais de l'effet. C'est le premier homme auquel t'as l'impression de vraiment plaire. ― Je sors de cours, forcément que je suis habillée comme ça. Tu lèves les yeux au ciel, l'air effronté. ― C'est assez tentant, mais je tiens à te montrer mes talents de conductrice. Tu as à peine terminé ta phrase que tu démarres un peu trop vite.

J'ai toujours un sourire aux lèvres lorsque nos chemins se croisent. Elle me fait sortir de mon quotidien assez difficile. Je l'oublie presque même, quand je suis avec elle. Je grimace légèrement lorsqu'elle me dit qu'elle n'a jamais vu mon lit. "Oh, et il y a de fortes chances pour que tu ne le vois jamais.. Sauf si ça te dérange pas d'être dans la même pièce que cinq ou six autres personnes." Je ris légèrement. La situation serait bien cocasse, tiens. Mais je n'avais pas vraiment envie de ramener Olympia là où je squattais en ce moment. Il fallait garder une certaine part de mystère. Surtout qu'il était possible que le lieu ne lui donne même plus envie de me revoir. J'ai la bonne surprise de découvrir sa tenue d'écolière et j'dois avouer qu'il en faut pas plus pour me donner envie. Je souris à sa remarque et n'ai même pas le temps de répondre que la voilà en train de partir en trombe. "Et bah.. Evite quand même de nous faire rentrer dans un mur. J'sais que j'ai pas la plus belle des vies, mais pour l'instant j'y tiens quand même un peu." Je la regarde avec un sourire puis fini par me concentrer sur la route qui nous faisait face.

― Qui sait, c'est peut-être l'un de mes fantasmes. Tu ne sais pas trop si ça te plairait ce genre de chose, tu préfères croire que non. T'es trop sage, de trop bonne famille pour penser un instant que ça pourrait être ton truc. Et pourtant l'idée n'est pas totalement déplaisante. ― Tu sais, si t'as besoin d'une ou deux nuit à l'hôtel je peux t'aider. Tu ne montres jamais vraiment de pitié pour Jesse, parce qu'il n'en a jamais réclamé. Vous ne parlez jamais trop de sa situation, de son style de vie à l'opposé du tien. Mais si besoin tu peux être là.  Comme pour changer de sujet tu démarres en trombe, pieds sur l'accélérateur de la voiture flambant neuve et tu souris à la remarque de ton passager. ― Ne t'inquiètes pas je gère. On a trop de choses à faire pour mourir maintenant. Les yeux sur la route, tu roules plus prudemment dans les rues de la capitale anglaise, t'éloignes un peu du centre. ― Tu peux regarder dans mon sac ? Il y a quelque chose qui devrait te plaire. Ton string, qui lui fera comprendre que tu n'as rien sous ta jupe d'uniforme scolaire.

Je ris légèrement à sa remarque puis hausse les épaules. "Alors on le fera peut-être un jour, qui sait. Mais ça m'arrangerait qu'ils dorment tous, et te connaissant, tu risque de les réveiller." Ouais, parce que la Pia que je connais n'est pas forcément du genre discrète une fois que les ébats sont lancés. Je souris en coin à sa proposition puis hoche la tête de gauche à droite. "Les seules nuits d'hôtel qui m'intéressent sont celles passées en ta compagnie, et tu le sais." Je déteste la charité. J'suis capable de mentir, voler, soudoyer, mais la charité, je l'accepte pas. J'me suis toujours démerdé tout seul dans ma vie, c'était mon crédo. Changement de sujet, concentrons nous sur la conduite. Elle me dit qu'elle gère, mais ça ne me rassure pas vraiment plus. J'ai toujours adoré les voitures, j'en ai d'ailleurs volé des tas. Mais j'suis toujours bien plus à l'aise quand je suis côté conducteur. J'arque un sourcil, intrigué par ses propos. Je vais alors fouiller dans son sac et en sort un string, que je devine comme étant celui qu'elle devait porter initialement. Je souris, me mord la lèvre. "Intéressant.." Je pose alors ma main sur sa cuisse et commence à la remonter doucement.