« Pardon ? » Ce n’est pourtant pas compliqué à comprendre parce que sans sa généreuse contribution, jamais le kirkland ne se serait aventuré dans une telle épopée, restant cloitré dans sa cave durant toutes ces belles journées à jouer mais sans courir le moindre risque pour sa santé. « Je t’ai offert un voyage. » Elle réduit la distance mais le fait est que ses paroles ont endormi sa méfiance, la laissant s’approcher sans même le remarquer. « Je ne t’ai pas poussé à t’y inscrire. » Une bonne action qu’il pourrait chèrement payer, surtout pour aider de parfaits étrangers…. « T’as fait tout seul ce choix. » Mais ce n’est justement pour ne pas lui ressembler qu’il cultive son humanité, l’observant maintenant s’approcher alors qu’il bulle les lèvres immergées sous la surface et le souffle agressant timidement chaque ondulation qui s’écrase sur son visage, cachant son désappointement avant d’émerger. « Et ne rien faire ? » De son point de vue, si voyage est synonyme de dépenses alors autant marquer le coup en réalisant de grandes choses. Il n’a jamais accepté l’idée de rester planté là à ne rien faire d’autre qu’attendre, s’occupant toujours entre deux analyses ou deux chargements de parties, le nez plongé dans ses notes à corriger des hypothèses devenues douteuses. « Tu dois te faire chier alors. » Et machinalement il s’est un peu écarté, se collant lui-même à la pierre pour la plaindre. Mais pris au piège maintenant, il ne peux plus reculer, appréhendant les quelques centimètres qui la séparent d'elle, perdant au fil des secondes de sa superbe, les yeux du kirkland fuyants.  

D’un regard appuyé, je lui démontre à nouveau à quel point je le trouve culotté, de m’accuser. Vraiment, ce cadeau j’en suis à la lisière de le regretter. Mais au moins, ça m’apprendra, je ne réitérerai pas mon exploit. Ce qu’on gagne à être gentil, ce sont des reproches détournés. Dans son labo, j’aurais dû le laisser. « Et ne rien faire ? » C’est le principe même des vacances, justement. Ne rien faire, profiter, découvrir et balader. Je ne lui ai jamais imposé de s’acoquiner à une équipe constituée de personnes qu’il ne reverra pas. Qui se contrefoutent de son existence et se servent seulement de sa présence. C’est ce que j’ai appris au bout de deux étés à en faire partie. Ces équipes sont loin d’être des amis.

Et plus j’approche, plus il recule, sans le vouloir ou le voir, ses grands idéaux, je les bouscule. « Tu dois te faire chier alors. » A deux doigts de lui demander, s’il cherche à me provoquer avec cette drôle d’idée. « Non. » répondu quasiment du tac au tac. « Je profite. » D’un calme avant la tempête, d’un moment à tenter de déléguer pour la WW, chose que je ne parviens pas à faire réellement, mais ça ne m’empêche pas de m’octroyer ce genre de moment. « Je prends du bon temps. » Et je m’approche, si bien que cette fois, je sais, qu’il ne peut plus douter du fait que je ne porte ni le haut, ni le bas.

Ma paume, c’est sur son épaule qu’elle va se caler, pas une caresse, mais un appuie, parce que je sors de l’eau, dans une impulsion pour remonter sur le rebord grâce à lui. Et de l’exposition de ma nudité, je m’en moque totalement, « Tu devrais essayer. » Le bon temps, « Ca détend. » de baiser, s'entend.

I am not a muse
I am the somebody
End of fucking story.

Persuadé que l’argent n’apporte pas le bonheur, bien qu’il y contribue grandement, le kirkland en son for intérieur reste assuré lorsqu’il imagine la pfo s’ennuyer. A force d’avoir tout ce qu’elle peut s’acheter, c’est-à-dire quasiment tout vu la cote de sa société, elle ne doit plus trouver de plaisir dans les choses les plus simples de la vie. Même ce bain atypique doit être à ses yeux assez insipide. « Non. » Il n’en croit pas un mot mais décoche un regard à celle que bon nombre baptise sorcière. « Je profite. Je prends du bon temps. » Pourtant, à force de côtoyer les hôtels de luxe et les plages privatisées, les bars aux accès restreints et qui n’ouvrent leurs portes que pour la jeunesse dorée, tout ceci doit lui paraitre bien désuet.
Un peu gêné par la promiscuité, il tente de reculer une nouvelle fois mais heurte de son échine le mur, s’écorche le dos sur les pierres immergées. La sensation est vive alors il se redresse un peu mais la vision qu’il a de sa silhouette se fait d’autant plus claire qu’il prend de la hauteur, lui offrant une vue en contreplongée de ce que la surface dissimule en secret.

Voilà qu’elle pose une main sur lui et silencieusement il en déglutit, fait taire sa surprise et sa gêne sous le poids de l’appui sur son épaule. Mais le pire pour le brun reste cette silhouette qui sort des flots, dénudée et si proche qu’il peut en distinguer le grain de peau. L’eau y dégouline, son rideau s’ouvrant sur le galbe d’une croupe qui s’arrête juste sous son nez avant que l'impudente ne décide de se retourner. « Tu devrais essayer. Ca détend. » Il n’a pas bougé, pas d’un seul centimètre, tétanisé par ce que ce contact chez lui a provoqué. 
Les rondeurs de Witter le laissent un instant paralysé, fermant les yeux autant par respect que par pudicité et grommelant en boucle une phrase pour se vider l'esprit. « C’est pas safe, c'est pas safe... » Mais puisqu'elle désire une réponse de sa part, après avoir inspiré profondément il reprend très calmement « En étant nu comme un vers? »

Finalement assisse, perchée, sur le rebord, j’expire avec vigueur, réalisant qu’il a réussi à me foutre les nerfs en pelote. Lui et ses presque – piètres – reproches. « C’est pas safe, c'est pas safe... » Il bredouille une phrase plusieurs fois, mais j’avoue ne pas m’attarder dessus, ne pas chercher à la comprendre non plus. Tout ce que je note, c’est le fait qu’il est tétanisé et que ça vient probablement du fait qu’il m’a entrevue.

Roulant des yeux, je m’allonge un minimum, appuyée sur mes avant-bras, je clos mes paupières aussi bien pour mettre de l’ordre dans mon esprit mais pour profiter de la chaleur du soleil sur mon corps aussi… Quand sa question retentit. « En étant nu comme un vers ? » Je persiste et signe, c’est une façon de profiter, de se détendre et de tenter de nouvelle expérience… Pour parapher certains imbéciles, ça possède un goût de liberté. Bordel, je suis sûre que c’est le genre de pensées débiles que peuvent avoir Sheng et Haiwee. J’en secoue le visage par la négative, décolle mes cheveux collés sur l’un de mes seins d’un mouvement de main, « Je ne pensais pas forcément à la nudité, » plutôt à ce qui arrive lorsque deux adultes le sont en toute intimité, parce qu’il a beau être homme, il me semble que je me dois de tout lui expliquer, « mais pour toi, ce serait un début déjà. » un moyen de faire un premier pas.

Mais si j’aime manipuler, si je prends les autres pour mes jouets, il y a une petite voix dans ma tête qui me rappelle que forcer à participer n’est pas quelque chose qui se fait. Dans toute ma perversité, les notions de consentements, je suis la première à les respecter. Il est tellement prude qu’il pourrait insinuer que Wendy Witter la vilaine fille a voulu le violer. « Oublie, on a qu’à éviter de se croiser jusqu’à la fin de l’été, je ne voudrais pas heurter ta sensibilité. »

I am not a muse
I am the somebody
End of fucking story.

Les extrémités toujours paralysées, il n’y a que le cerveau du Kirkland qui tourne en cet instant précis, cherchant une façon de se dépêtrer du piège dans lequel il est tombé en pénétrant dans ce bain bouillant. La suite ou la finalité, il la voit déjà au loin se profiler : s’il se dérobe, il sera catalogué de trouillard par la plus vile des créatures de l’université et la chose tournera sur le campus plus vite qu’une pandémie, victime du venin de Wendy. Déjà que sa réputation n’est pas des plus élogieuses…. Mais s’il se soumet, s’il fait l’effort de se dépasser, il ne sera plus le même une fois rentré, le geek qui a su s’effeuiller devant une femme à la langue acérée. « Je ne pensais pas forcément à la nudité, » mais un rire nerveux traverse ses lèvres sans y penser, un réflexe plus fort que lui qu’il s’essaye de taire en bullant sous la surface comme si de rien n’était. « Mais pour toi, ce serait un début déjà. » Non, ce serait en réalité un grand pas pour l’humanité s’il le faisait. « Oublie, on a qu’à éviter de se croiser jusqu’à la fin de l’été, je ne voudrais pas heurter ta sensibilité. »

Chose étrange, l’idée d'abandonner et de l'éviter le rebute tout simplement parce qu’elle lui a tant apporté, plus que quiconque en réalité, lui ayant offert l’opportunité d’être ici alors qu’il n’en aurait jamais eu autrement les moyens. Alors après quelques secondes dans un roi silence, il s’abaisse dans l’eau pour trafiquer quelque chose sans même se retourner, manque même à un moment de trébucher en titubant, brisant le calme de la surface de ses soubresauts avant de le voir être restaurer. Puis il s’écarte sans prendre le risque de la regarder de quelques mètres sur le côté pour sortir des flots quelque chose, peu fier de ce qu’il dépose sur le rebord timidement : son caleçon complètement détrempé. Les mains retournant sous la surface en un geste réflexe pour cacher en vain ses attributs masculins, il reste à l’écart avant de grommeler, regrettant presque ce qu'il vient d'effectuer. « C’est bizarre comme je ne me sens pas plus détendu en fait. »   Lui aurait-elle menti quant aux bienfaits de ses meurs étranges? Mais entre se protéger de sa vue et tenter de récupérer son bien qu'il a retiré, il se retrouve maintenant un peu coincé.

En conclusion, il peut donc sortir de l’eau et se tirer. Je ne le retiens pas, loin de là. On ne retient personne, lorsqu’on est moi. Ce sera d’une simplicité sans nom d’oublier sa présence dans mes vacances, même au-delà, je me fais spécialiste d’être capable d’effacer certaines personnes de mon existence. Ne m’attache à personne et sait qu’à l’intérieur, c’est un battement de cœur de pierre qui résonne. Alors puisque notre entrevue du jour n’est due qu’au caprice du hasard, à présent qu’il cavale aux côtés d’autres équipiers, éviter de le croiser, de le côtoyer… L’indifférence jusqu’à la rentrée.

Mais il s’agite à côté, coupe court au cheminement de mes pensées, alors pour mieux voir sa silhouette, je me redresse un tantinet. Sourcils froncés, j’ignore ce qu’il fabrique, il chancèle dans une étrange danse, incapable de déterminer s’il perd l’équilibre ou la raison. Pourtant je reste silencieuse, à la lisière de patienter afin de connaître la véritable explication. Peut-être qu’il a juste été effleuré par une bestiole, un poisson.

Alors quand vient la suite de ses mouvements, je me dois de le souligner, c’est moi, qui reste con. Etonnée lorsqu’il dépose à une distance calculée, et de sécurité, de mon corps le bout de tissu qui recouvrait encore le sien sur le rebord. Mes lèvres s’entrouvrent seulement il n’en sort aucun son, si on m’avait dit que Dan Hackman pourrait me surprendre, je ne l’aurais pas parié. « C’est bizarre comme je ne me sens pas plus détendu en fait. » Il précise, et je tique par rapport à sa position. Ses mains, je sais pertinemment où elles se sont rejointes. Au choix, soit ça me fait rire, soit ça me dépite. « Pourtant c’est comme ça que t’es né. » Donc c’est bon, ce n’est pas nécessaire d’en faire une maladie, surtout que les hommes, entre les mannequins et les autres, je suis plutôt au point sur leur anatomie. « Tu sais que si tu la lâches, personne ne va te la manger ? » je prononce avant de me recaler en position allongé, pourtant je lui ai déjà précisé, et dans l’espoir de le détendre, « Y a personne qui te regarde. » personne pour le juger, la marchandise en bonne garce superficielle, je l’ai déjà évaluée.

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I am the somebody
End of fucking story.

Il ose à peine bouger un peu de sa position pour se réchauffer, sa volonté toujours fixée sur la protection de ce que peu ont pu observer.  Si elle se sent d’étendue dans cette simple tenue, lui ne l’est visiblement pas, toujours coincé les épaules arquées et le dos vouté, à la limite de la stature prostrée. « Pourtant c’est comme ça que t’es né. » La remarque le fait tiquer parce qu’il y a bien des années qu’il est venu au monde, il y a bien plus longtemps qu’elle c’est certain, et que… les choses ont un peu changé depuis. S’il n’avait pas quelques grains de beauté bien singuliers, même sa propre mère ne le reconnaitrait. « Tu sais que si tu la lâches, personne ne va te la manger ? » Elle n’a pas tort sur ce point même s’il a toutes les difficultés du monde à le reconnaitre. Personne n’en a jamais voulu de toute façon alors ce n’est pas avec elle que ça commencera aujourd’hui. « Y a personne qui te regarde. » Si véridique dans leur petit coin reculé qu’il finit, après quelques instants, par la lâcher. D’une main d’abord, timidement, qui va s’arrimer sur la craie constituant le rebord puis suivie de la seconde qui ne reste pourtant pas loin, dissimulée sous les eaux et prête à revenir en force sur sa position à la première hésitation. « Si. Toi. »

Le peu que ses yeux se posent sur lui suffisent à le faire se sentir jugé, surtout par une femme qui a pour passion d’arbitrer la perfection. Cela dit, avec un peu de recul lorsqu’il se retourne pour faire face à la paroi et continuer malgré lui de se cacher, il tente tout comme elle d’adopter la pensée positive en croisant ses bras sur la pierre, son torse collé contre le mur. Au moins il n’a plus cette vue plongeante qui le dérangeait inconsciemment, le profil de Wendy lui étant beaucoup plus agréable. « Je ne suis pas certain que tes parents cautionneraient la chose. »

Délibérément, je détourne le regard de sa silhouette, il devrait noter, combien je fais preuve d’une certaine dose de gentillesse. J’aurais pu opter pour la méchanceté, sachant que pour moi, c’est clairement la facilité. Une façon beaucoup plus naturelle de me comporter. « Si. Toi. » Si peu… J’en roule des yeux, c’est bon il ne faut pas abuser non plus. Je ne l’ai pas étudié sous toutes les coutures, j’ai simplement zieuté, j’ai considéré que j’y étais autorisée puisque c’est le même bassin qu’on a fini par partager. Et puis, il y a survécu, alors le sujet peut être clos, surtout maintenant qu’il se trouve en contre bas et que je suis sortie de l’eau.

Alors sur mon soupir, il entre dans mon champs visuel, s’accoudant sur la pierre, si bien que je lui en décoche une œillade, jauge ses gestes qu’il tente de rendre naturels avant d’en revenir à ma contemplation du ciel. « Je ne suis pas certain que tes parents cautionneraient la chose. » Sourcils arqués, je ne tente même pas de dissimuler ma surprise face à cette réflexion. Tellement que je ne prends pas la peine de réfléchir avant d’articuler, « Parce que tu te soucies de ce que mes parents pourraient penser ? » quand ce type de phrase sort de la bouche d’une de mes connaissances, en général, c’est pour me pousser dans mes retranchements, pour me faire sortir de mes gongs, juger mon comportement. M’attaquer, en fait, finalement. Le problème c’est que je n’arrive pas à comprendre, là, tout de suite, pourquoi, Dan ressentirait le besoin de me foutre face au mur, de tenter de jouer sur les cordes d’une possible torture.

Puis cette fois, c’est son regard que je vais chercher, plantant le bleu du mien dans ses prunelles toujours gênées. « Tu comptes leur rapporter ma mauvaise attitude ? » parce qu’ici, avec nous, une tierce personne, il n’y en a pas. « Je dois me méfier de toi ? » Dans son scénario, pourtant, il me semblait que le rôle du grand méchant loup était pour moi. « Dan… ça ne te va pas. » Et dans mon monde, c’est la méchante qui ressort victorieuse, à chaque fois.

I am not a muse
I am the somebody
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