Presque une semaine qu’ils sont tous arrivés mais il n’a toujours pas réussi à se détendre, à penser à autre chose qu’aux cours qu’ils vont bientôt reprendre. Encore un mois et demi avant que le rush ne recommence, pour la dernière fois si tout se déroule selon ses plans. Oui mais voilà, lui devait travailler pour se payer les frais de sa dernière année d'université, un détail qu’il ne parvient pas à oublier quand tous autour ne font que rire et s'amuser. Il songe et tire des plans sur la comète parce qu’au pire des cas, il revendra une partie de sa collection, du moins ce qu’il en reste.

Alors le rabat-joie a souhaité s'exiler le temps d'une heure pour profiter du calme loin de l'excitation et des esprits échaudés. Les sources thermales courent sur toute la périphérie de la ville, des bassins construits sommairement ici et là, et ce ne serait vraiment pas de chance s'il n'en trouvait pas un sans l'un de ces étudiants excités dedans. Sac à l'épaule, il crapahute depuis une bonne demi-heure déjà et c'est à chaque fois le même cinéma: un couple qui roucoule tranquillement d'un coté pendant que de l'autre les célibataires qui bullent les regardent de biais. Inutile de se joindre à se tableau charmant, il décline les sourires des filles au charme bien caché sans s'attarder et continue à gravir le chemin de graviers dans l'espoir que certains - ayant eu la même brillante idée - auraient vite abandonné.
Les sources se font de plus en plus rares mais il en a repéré une un peu plus bas, à l’extérieur de la ville, plus petite que les autres. C'est décidé, ce sera celle là et pas une autre parce que ses pieds le font souffrir le martyre, lui qui n'a rien d'un grand sportif.... Pourtant, quelque chose va le surprendre alors qu'il traine les pieds à quelques mètres: une chevelure vient d'immerger de la surface, rousse et détrempée, la respiration saccadée. « Ah  » désabusé lorsqu'il comprend rapidement qu'il s'agit de sa bienfaitrice et qu'il est trop tard pour rebrousser chemin discrètement. Il se rapproche donc pour tenter de nouer le contact, prenant soin d'éviter à ses semelles tout relief tranchant pour s'éviter une plus grand peine.« Sors de l'eau, tu vas prendre dix ans. » Mais voilà que s'entrechoque à sa vision les pans de son maillot qu'elle a laissé sur le bord. Alors dans la foulée, choqué et gêné à l'idée de la voir - par culot - se redresser, il détourne le regard du bassin et lève la main pour protester. «  NON RESTE , » sacré bon sang de bois, il n'est pas passé loin de la cécité.

Les premiers jours de vacances sont vite passés, et parce que j’ai dû régler plusieurs détails pour la WW je ne les ai pas vu défiler, les rues de la ville de Quito, je n’ai même pas eu l’occasion de les sillonner. Bon, il faut tout de même être honnête, ce n’est pas comme si l’envie me démangeait. Non, rester dans ma suite impériale dans ce logement cinq étoiles et profiter des services luxueux est une occupation que je préfère largement à la découverte de nouveaux lieux.

J’avoue avoir envisagé de faire pareil pour les jours prévus à Baños, seulement il me donne le bourdon cet hôtel tristement naturel. J’ai beau avoir énormément voyagé, je suis une fille des villes, tout le cliché d’une citadine. Les seuls instants où la faune et la flore ne me dérangent pas, c’est lorsque je suis avec mes chevaux, chez moi. Je ne suis pas faite pour vivre dans un bungalow en bois, même si tout le confort se trouve dans celui-là. J’ai donné l’année dernière lorsqu’il nous fallait dormir dans une tente au cœur d’une réserve. Alors à la finalité, je me suis décidée aujourd’hui à prendre part à une activité proposée sur l’une de ses brochures démodées. Enfin… prendre part, il ne faut pas abuser, je suis juste sortie et j’ai suivi le mouvement, sans y être préparée pour autant.

Et parce que je n’aime pas me mêler aux petites gens, une fois sur place, à longer les différentes piscines naturelles, j’ai cherché à trouver une source d’eau chaude un tantinet excentrée et beaucoup moins visitée. Plusieurs mètres, plusieurs minutes de recherche avant que je ne jette mon dévolu sur l’une d’elle me paraissant … adéquate à défaut d’être parfaite. Ca le serait, si j’étais dans un spa et non dans un tel habitat. D’une œillade je balaie les alentours avant de me dénuder, retire mes vêtements et n’en garde aucun. Impudique dans l’âme et bien assez confiante pour me moquer que l’on puisse m’observer, d’ailleurs, je suis même assez libertine pour apprécier.

Mes affaires alignées, mes Louboutin à côté, mon téléphone arrêté, je me laisse glisser dans l’eau, immerge mon corps dans son entièreté et disparais sous la surface, en une volonté de couler. D’une expiration, je me force à descendre, jusqu’à me retrouver assise au fond, et puis remonte par instinct de survie, forcément. Le silence m’inspirant, je plonge dans le but de nager cette fois… Jusqu’à ce que… « Sors de l'eau, tu vas prendre dix ans. » Une fois remontée, une sourire dépravé venant parer mes traits, les dix années sont loin des choses pouvant m’effrayer, j’ai – après tout – des crèmes faites exprès. D’où les études en biologie et génétique. Mais par pure envie de le provoquer, je veux bien être docile et sortir comme il vient de le demander. « NON RESTE, » qu’il hurle presque. Détournant le regard, m’arrêtant d’une main… Et je me dois d’être honnête, je crois que c’est la première fois que je fais à un homme cet effet-là.

Je n’en suis pas vexée, vu l’énergumène, je n’en suis à vrai dire même pas choquée, par contre c’est un merci que j’aurais préféré. J’imagine que j’aurais l’occasion de lui faire regretter cet oubli, inutile d’en douter. Je hoche donc le visage par la positive, et de quelques brasses je me recule, rend grâce à la distance, le tableau de mon corps plus abstrait, cependant ma langue, je suis incapable de l’empêcher de fourcher. « Voir une paire de seins ne va pas te tuer. » Aux dernières nouvelles, c’est une arme que les hommes ont pour habitude d’apprécier. Le reste aussi, m'adorant durant des heures aussi bien le jour que la nuit. Puis je ne peux pas m’arrêter puisque je m’entends, vicieuse, le questionner. « Dan, t’es gay ? » Quand on rassemble les pièces du puzzle, c’est clairement une possibilité.

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Coincé depuis son rebord il n’ose plus bouger, surtout ne pas s’approcher pour laisser cette distance entre eux et l’effet brouillon de la surface flouter ce qu’il pourrait en dessous se trouver. Le Kirk, dans sa grande sagesse, préfère même se reculer d’un pas pour assurer la chose alors qu’il lâche son sac d’où dépasse une serviette de plage aux bouts effilochés.  « Voir une paire de seins ne va pas te tuer. » On ne sait jamais…. D’habitude ils sont sur papier glacé ou sous une fine pellicule vitrée mais si sa curiosité pour les études des corps en mouvement, il croit sur parole tout ce qui est relaté dans les bouquins à leur sujet.  « Dan, t’es gay ? » Outré, le brun ne sait comment répondre excepté par cette moue d’incompréhension, haussement d’épaules et le regard roulant vers les cieux. Ce n’est pas la première fois qu’on le lui demande et ce ne sera sans doute pas la dernière puisque c’est un penchant vers lequel s’est déjà tourné son frère.

Alors à défaut de pouvoir lui rétorquer quelque chose d’intelligent dans la foulée, il finit par s’approcher, laissant les aprioris de côté et s’accroupir pour observer les effets d’une géothermie toute particulière, plongeant sa main dans l’eau tiède. « Qui sait, peut-être un refoulé. » Il n’a jamais essayé alors il ne peut pas le confirmer, mais c’est une théorie à laquelle il ne préfère pas songer. « Tu sais qu’il existe des gens qui ne sont tout simplement pas intéressés par ce genre de .. d’échanges. »  Les asexuels, une minorité n’étant animée par aucun désir du corps, des incompris sachant mettre de côté toute pulsion ou juste capables de ne pas les écouter. Le soleil commence à frapper et ses membres ankylosés, surtout ses mollets en tension, le font de plus en plus souffrir. Une chose est sure : il n’aurait jamais pu participer à l’une de ces épreuves sans en baver, s’étonnant même de leur motivation en voyant les équipes défiler de bon matin dans le patio de l’hôtel. Des fous, le Kirkland en est persuadé. Puis il s’assoit maladroitement à quelques centimètres du bord pour se déchausser, ses baskets raclant pierres et graviers, pour allonger ses jambes et se décrisper à l’aide d’un massage complètement improvisé.

De sa main libre il va néanmoins lui prouver que la nudité n'est pas une réelle gêne pour lui, se forçant à allonger le bras jusqu'au bikini et le pincer de deux doigts afin de le soulever et de l'étudier.  « C'est vrai ce qu'on dit? Moins y'a de tissus et plus ça coute cher? » Il pourrait être vache et tout embarquer, la laisser là, à murir comme un pruneau dans ces eaux thermales toute la sainte journée.... Oui mais voilà, le kirkland a beau être joueur, il n'a jamais été vicieux, faisant contre mauvaise fortune bon coeur.

La gêne, elle ne m’étreint que très peu souvent, alors je n’en éprouve pas une once à le questionner au sujet de ses préférences charnelles, après tout, de mon point de vue, le sexe est loin d’être tabou. Je ne vois pas un grand intérêt à jouer les mijaurées. Cependant, l’homme face à moi ne semble pas partager mes idées, puisqu’il lève les yeux au ciel, et même si je suis éloignée, je parviens à entendre son soupir appuyé. « Qui sait, peut-être un refoulé. » Ce n’est pas moi qui irais le juger, après tout, je navigue pour ma part des deux côtés. Aime le côté masculin comme tout ce qui est féminin. Je suis même prête à le conseiller en principes libertins, comme quoi, on ne peut pas dire que je ne l’ai pas, le cœur sur la main.

Mais c’est la suite qui me surprend encore plus, « Tu sais qu’il existe des gens qui ne sont tout simplement pas intéressés par ce genre de... d’échanges. » Certes, mais de là à en être dégouté, je me dois d’avouer que c’est une chose que j’ai un peu de mal à assimiler. Un corps est un corps, je n’y vois rien qui justifie le fait de s’offusquer. Une fois n’est pas coutume, cela dit, il a réussi à la piquer ma curiosité. Je suis tellement tentée de lui demander si ça lui arrive de se masturber que vraiment, j’ai la sensation que mon être tout entier est en train de bouillonner.

Néanmoins je mets mes interrogations sur le côté quand il décide à s’asseoir non loin des affaires que j’ai délaissé, se frictionne les jambes, et j’en perçois son anxiété, jusqu’à ce qu’il s’intéresse à mes vêtements, et je m’en méfie instinctivement. L’agneau n’est pas capable de ça, de nous deux, c’est moi qui mords, le plus fort. « C'est vrai ce qu'on dit ? » Il amorce en attrapant les triangles destinés à couvrir cette poitrine si peu captivante, « Moins y'a de tissus et plus ça coute cher ? » Jouant de l’eau entre mes doigts, je hausse les épaules comme première réponse… « J’regarde pas. » Le prix des vêtements, tant que cela sort de boutiques de luxe, qu’ils sont estampillés d’un nom connu, « Cela dit ce n’est pas totalement un mythe. » un aveu comme une faute à avouer, « 1 900$. » rien que pour le haut qu’il triture de ses doigts. A peu près le même montant pour le bas… « Curiosité comblée ? » C’est assez indécent ? Est-ce qu’il est choqué ? Autant que pour le fait de me voir dénudée ? « Donc tu comptes regarder mes vêtements ou plonger ? » Il était bien là, non, son but premier ?

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L’objet de son attention dansant entre ses doigts selon la brise qui vient le caresser, le bikini ne cesse de lentement tourner sur lui-même au bout de cette ficelle, offrant à la vue du geek une vision colorée de ce qui se fait de cher dans le domaine du prêt à porter d’été. « J’regarde pas. » Étonnant n’est-ce pas ? Mais il préfère en sourire que d’en pleurer parce qu’il connait la réputation de la jeune femme et son aversion pour tout ce qui n’est pas doré. « Cela dit ce n’est pas totalement un mythe. » Il attend tout de même qu’elle lui serve sur un plateau le renseignement indirectement quémandé, imaginant avoir entre les doigts un petit billet. Mais la pilule va être pour lui difficile à avaler… « 1 900$. » Les yeux ronds sur ce qu’il détient, il n’imaginait pas le bout de tissu monter jusque-là, à l’écarter de lui par réflexe et par crainte de l’esquinter parce qu’il est évident qu’il n’aurait jamais de quoi le rembourser. Il le repose d’ailleurs soigneusement à sa place, là exactement où il l’avait récupéré comme s’il ne l’avait jamais touché mais en l’observant encore, à se questionner sur le pourquoi d’une telle somme. Les motifs sont presque banals, des couleurs qu’il a déjà croisées mais alors est-ce peut-être ce petit sigle sur le coté d’un triangle qui lui donne toute sa valeur ?
« Curiosité comblée ? » Presque. « Donc tu comptes regarder mes vêtements ou plonger ? » Sa première réaction forcément est de la regarder nager, choqué qu’elle puisse consentir à le voir venir parce c’est un fait et que tout le monde sait que Witter n’aime pas partager. Sauf excepté lorsqu’il s’agit de son lit puisque des rumeurs sur ses exploits ont circulé. Pourtant un détail le rassure un peu : c’est qu’elle va souvent piocher dans la maison bleutée, que les Kirk ne semblent pas être particulièrement savoureux sous son palet. « Le bassin est grand, » et c’est tout autant pour se rassurer qu’il extrapole sur la taille de ce dernier, retirant ses baskets péniblement mais pas sans marquer des temps d’hésitation, de doute, à l’idée d’une certaine éventualité : et s’il était aperçu avec elle, quelle presse cela lui ferait ? Décoincé ou affamé au point de tout accepter de sa part ? Il pose les équations mentalement, pèse le pour et le contre sans sourciller jusqu’à retirer ses chaussettes et se redresser, les voutes plantaires à même le grès. « Tu te tournes. » Condition sinequanone à l’effeuillage auquel il va se plier, pas du tout coutumier qu’une fille le regarder se déshabiller. Déjà qu’il n’est pas à l’aise avec son propre reflet, ce n’est pas pour être jugé au travers d’yeux qui ont vu tant de corps parfaits.

Ce n’est qu’un maillot, je le sais, mais on parle ici d’un tissu signé par la marque Versace. Alors même s’il le repose directement après avoir entendu son prix comme s’il lui brûlait les doigts, je trouve que le montant est justifié, qu’en matière de mode, on ne compte pas. Enfin, inutile de préciser que pour ma part, je ne calcule jamais rien. Même si pour une fois je n’ai pas une grande envie de m’attarder sur le sujet, le prix annoncé est bien assez.

Alors je préfère passer à un autre de mes passe-temps préférés, la provocation soupesée d’un soupçon de manipulation. Je l’invite à venir avec moi, en promettant de façon taciturne d’être absolument sage s’il se décide à franchir le pas. Seulement pour le moment, il prend le temps d’hésiter, de laisser son regard, sur moi, glisser. Jusqu’à ce qu’il se décide à prononcer la sentence, tout du moins, de moitié. « Le bassin est grand, » l’affirmation me rend amère lorsque je la souligne d’un rire mauvais, comme si le fait de m’approcher était vraiment un calvaire, un écœurant calvaire. Je le jure, pour ne pas lui répondre, je me mords avec force ma langue de vipère.

Du coup, toujours immergée, je me contente d’attendre, trop docile si bien que dans mon corps, toutes mes terminaisons nerveuses me démangent. Je suis à la lisière d’exploser, quand il ose me demander après s’être déchaussé, « Tu te tournes. » Mais ce n’est pas moi qui suis gênée par la nudité et le corps humain. « Sérieusement ? » j’interroge, le soupir au bord des lèvres jaugeant la sincérité de sa condition, « Dan, j’ai déjà vu le grand méchant loup. » et ce depuis longtemps… Néanmoins comme il semble tenir à sa pudicité, j’en roule des yeux vers le ciel avant de me retourner.

Et l’envie de l’observer me tente encore plus, alors je m’aventure, c’est vrai, à lui lancer malgré tout une œillade biais, juste avant de dealer une nouvelle fois avec la docilité. De mes doigts, je jongle avec les goulettes d’eau, d’une main à l’autre le temps de cette attente, quand un truc s’éveille dans mon esprit… Une réflexion, en toute honnêteté, pas très polie, surtout lorsqu’on souhaite faire ami-ami. « Te tires pas avec mes affaires. » Que ce soit pour une mauvaise blague ou bien pour essayer de les revendre. Cependant, la réponse ne se fait pas attendre, parce que j’entends son corps entrer dans l’eau, ce qui engendre le fait que je me permets de revenir poser mon regard sur lui, son corps quasiment entièrement noyé. « Y a pas de quoi rougir. » Les compliments, je préfère les recevoir plutôt que de les dire.

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Et pour finir ce qu’il a débuté en retirant ses chaussettes il patiente au moins le temps qu’elle fasse mine d’obtempérer. Mais ce ne sera pas sans rechigner parce qu’elle ne se prive pas de lui faire remarquer qu’elle a perdu son innocence depuis bien des années déjà. « Dan j’ai déjà vu le grand méchant loup. » Infantiliser la chose ne la rend pas moins gênante mais elle accepte et se retourne tandis qu’il reprend son laborieux déshabillage, luttant contre un col trop étroit par rapport à ses appendices qu’il tente de cacher sous sa chevelure. C’est encore un détail qui une fois dans l’eau risque fort de le complexer, lorsque ses cheveux seront mouillés et sans volume pour les dissimuler. L’important est de ne pas entièrement se tremper…. Et en parlant de risée, il profite de la voir s’amuser avec la surface du bout de l’index pour ôter le reste, bermuda tombé sur ses chevilles mais seulement après avoir jeté un dernier regard aux alentours, dans mouvement un peu précipité. « Te tires pas avec mes affaires. » Il n’est pas aussi vicieux et jamais l’idée ne lui serait venue en tête. Quoique… Mais jamais il ne l’aurait mise en application contrairement à d’autres.

Au silence vient se lier le clapots des vagues lorsqu’il se glisse brusquement dans l’eau, rassuré une fois dissimulé sous ce miroir agité qui tend à se calmer. « Y a pas de quoi rougir. » Mais un complexe ne s’efface pas aussi facilement que les ondulations alors même si le compliment à de quoi surprendre vu l’identité des lèvres qui l’énonce, le brun ne trouve mieux que de s’enfoncer de plus bel, le regard allant anxieusement s’occulter. « Merci. Mais je sais très bien ce que je suis, » et il n’a rien de ces corps sculptés qu’elle a pour habitude de croiser alors il est tout simplement inutile de vouloir tenter de le rassurer, lui qui bêtement fait quelques brasses sur place pour brouiller machinalement la surface avant de débattre à nouveau sur ce petit bout de tissu laissé sur le coté.  « 1900. Je pourrais le revendre pour voyager confortablement au prochain stop.»

La belle parole en est une sans l’être vraiment, elle traduit certes, le fond de ma pensée, mais tout en retenu parce que je suis beaucoup plus douée pour déverser un venin bien dosé. Mais à défaut de s’assumer, il plonge un peu plus dans l’eau tempérée, à sa survie cela semble être une nécessité. « Merci. » Le mot m’emmerde et me fais grimacer, « Mais je sais très bien ce que je suis, » s’il avait un peu plus d’assurance, peut-être que justement, il montrerait ce qu’il est. Seulement je ne suis pas là pour le materner, au contraire, ça me dégoute, rien qu’à le penser.

Les hommes, je les aime avec une énorme dose de piquant, un véritable répondant. Je préfère ceux qui s’assument, qui compensent, plutôt que ceux qui s’écrasent. J’en serre les mâchoires, plutôt que de le piquer. A dire vrai, j’envisage même me mordre la langue jusqu’au sang afin d’éviter d’être tentée. Il faut croire que sans rien, il obtient de ma part des élans de bonté, de sa chance, il n’en a pas conscience.

Et si je m’attends à pas grand-chose quant à la suite de notre aparté, je me laisse un tantinet surprendre par le fait qu’il comble le silence, « 1900. » On revient sur le prix du maillot, donc, moi je l’avais déjà oublié, « Je pourrais le revendre pour voyager confortablement au prochain stop. » Ca me fait sourire avant d’articuler, « Oh mais c’est vrai… » suspense maitrisé, pour rendre ma moquerie plus doucereuse, « que tu t’es transformé en grand aventurier. » Un rôle dans lequel je ne l’aurais jamais vu, et pourtant, en termes de cinéma, je suis plutôt calée, merci maman et papa. J’étouffe mon rire en plongeant la tête sous l’eau, je n’y peux rien, j’ai bien du mal à l’imaginer dans ce scénario.

Lorsque je ressors, ma contenance, je l’ai retrouvée, allant même jusqu’à vouloir discuter sur le sujet. « Ca te plaît ? » Parce que pour ma part, s’il n’y avait pas eu Sheng et Haiwee à emmerder, la seule chose que ça me filait, c’était la nausée. Les épreuves, la compétition, devoir faire comme s’il s’entendait avec une bande de cons.

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« Oh mais c’est vrai… que tu t’es transformé en grand aventurier. » Et la moquerie c’est dès les premières syllabes qu’il l’a vue arriver, sentant le vent tourner en sa défaveur au fil des mots prononcés. Oui il s’est engagé par bonté d’âme à venir en aide à une équipe aux maillons brisés et oui, il fait ce qu’il peut même si les débuts furent vraiment très laborieux. Mais le body rose, il l’a laissé depuis quelques jours derrière lui et ce n’est déjà plus qu’un souvenir douloureux auquel il ne préfère plus penser. Il ne manquerait plus qu’un snap vienne ancrer la chose dans les mémoires des étudiants le brimant et il serait vraiment pour le coup dosé. « Ça te plaît ? » A l’instar de sa mécène il s’est enfoncé dans l’eau pour se rafraîchir, plongeant les naseaux jusqu’à en boire maladroitement la tasse faute des quelques gouttes contrant la gravité une fois la première respiration amorcée alors qu’il a de nouveau émergé.

Son poing sur son torse il tente alors vainement de combattre le recul de ses quintes avant de bredouiller: « Pour le moment. »  C'est un oui qu’il se garde bien de prononcer parce qu’au grand jamais il n’aurait un jour parié sur le fait d'apprécier courir sur le bas coté. « Nous ne sommes pas encore tombés sur des fanatiques. » En quelques brasses il se déplace sur le coté du bassin histoire de bouger, troquant son immobilité pour quelques vagues donnant à leur entrevue un mouvement. « Et j’ai toujours mes deux reins. » La seule chose qu’il pourrait craindre en dormant chez de parfaits étrangers serait d’être victime de sévices en plein sommeil, allant jusqu’à s’imaginer, une fois sa main posée sur les gravas constituant la bordure, être drogué puis charcuté. Une grimace de dégout, les traits froncés du à sa soudaine contrariété et il se retourne pour s'adosser contre les pierres immergées, son imagination galvaudant encore lorsque la tranche incisive de l'une d'elle vient lui caresser l'échine. « T’aurais eu çà sur la conscience, » puisque sans sa générosité, jamais le kirkland ne se serait retrouvé embarqué dans cette aventure risquée, « jusqu’à ta mort. »

En un parfait mimétisme en décalé, il s’enfonce lui aussi à l’intérieur de l’eau, seulement à la différence de moi, il se fait surprendre par cette dernière et s’étouffe de moitié, je l’avoue, je me mords la lèvre afin de m’empêcher de rigoler. Le pire, c’est que mes efforts, je ne suis pas certaine qu’il les reconnaisse. Alors entre deux inspirations il répond ; « Pour le moment. » Comme quoi, il est la preuve vivante que tout peut arriver. Lui qui était si mal à l’aise au bal de fin d’année… Voilà qu’il cavale avec une bande d’inconnus en quête de victoire, à la merci du hasard.

Du coup, je hoche le visage, traduit une fausse compréhension, parce que pour moi, sans que l’enjeu ne soit déterminé par mes personnels intérêts, je ne suis pas bien friande des compétitions. « Nous ne sommes pas encore tombés sur des fanatiques. » C’est vrai que c’est le risque cette année, avec toutes leurs épreuves passées sur le bas-côté. Vraiment, ce n’était pas pour moi cet été. « Et j’ai toujours mes deux reins. » Le résumé d’un film d’horreur démodé. Il est un chouilla mélodramatique, mais bon, en pure drama queen, je veux bien lui accorder.

Une fois qu’il est appuyé contre le rebord, il ose presque m’accuser, « T’aurais eu çà sur la conscience, » Derechef, j’en hausse les sourcils, je ne vois pas en quoi ca aurait pu être ma faute, « jusqu’à ta mort. » ici, par contre, mon rire je ne le retiens pas, même si je ne saurais pas dire s’il est agacé ou bien nerveux. Parce qu’il est clair qu’il pousse un peu. Si bien que pour lui faire payer son accusation, j’approche en sa direction. « Pardon ? » je l’interroge de façon factice. Feintant une brasse tandis que je réduis toujours la distance.

S’il veut me faire sentir mal quant à ces vacances, je m’octroie le droit de lui faire la même chose par le simple fait de ma présence. « Je t’ai offert un voyage. » Pour rappel, dans un élan de bonté que je n’en suis pas encore au point de regretter, mais là encore, tout est possible, pas vrai ? Surtout lorsqu’on est dans mes souliers. « Je ne t’ai pas poussé à t’y inscrire. » Ne l’ai même jamais encouragé. Je lui ai donné l’opportunité de se détendre, de profiter, « T’as fait tout seul ce choix. » Il n’a aucun rapport avec ma personne, et à présent, il n'y a plus que quelques centimètres entre lui et moi.

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