debout à la fenêtre en train de regarder les passants dans la rue, le soleil qui chauffe sur ta peau et le vent léger qui fait voler tes cheveux, t’es pensive, presque absente mentalement. dernières heures épuisantes où t’as oscillé entre crises d’angoisse et crises de larmes. un état anxieux qui t’as poussé à recontacter ton dealer. t’es restée un moment assise à regarder le sachet de pilules, à te persuader que c’était la pire idée d’en reprendre. tu pouvais pas supplier olympia d’arrêter de prendre de la kétamine alors que toi, tu te shootais à la codéine. cachet entre deux doigts, t’y étais presque, à l’avaler. mais ton bon sens t'avait crié d’appeler à l’aide. c’était simeon qui avait passé la nuit à tes côtés; à t’empêcher de sombrer, à apaiser tes maux, sécher tes larmes. il avait également passé les premières heures de la journée à tes côtés, en te surprenant particulièrement avec ses attentions. et puis il avait fini par te laisser, parce qu’olympia rentrait et qu’il fallait bien qu’il rentre chez lui à un moment.
tu te retrouvais donc seule, sans savoir vraiment quoi faire. rester ici avec la présence d’olympia ou partir et vous laisser du temps. t’avais préparé quelques affaires dans un sac, resté aux pieds de ton lit. après tout ce que vous vous étiez dit hier, il valait peut-être mieux vous accorder du temps. tu attendais son retour pour simplement la prendre dans tes bras. c’était stupide, mais tu ne partirais pas quelques jours sans lui dire au revoir.
les talons qui claquent sur le sol du couloir et les clés qui tournent dans la serrure t'indiquent son retour imminent. main droite passée dans les cheveux pour les dégager de ton visage, tu prends une grande inspiration pour affronter celle qui est plus qu'une simple colocataire. salut.. dis-tu doucement lorsqu'elle foule le pas de la porte.

Tu étais supposée te reposer ce week-end, oublier tous les tracas de ces dernières semaines et prendre du temps pour toi pour souffler. Mais évidemment rien ne s'est passé comme prévu. Une dispute avec Valentin vendredi soir, puis une dispute particulièrement violente avec Ana samedi soir, ont rendu ton séjour difficile à vivre. Résultat tu es aussi épuisée que quand tu es partie. Tu as l'impression de subir des problèmes constamment depuis le début de l'année, et tu es à deux doigts de craquer. Tu l'as déjà fait dans les bras de Kayden, puis dans ceux de Valentin alors que tu détestes pleurer devant les gens. Tu ne te reconnais plus. Tu ne sais pas si c'est une bonne idée de rentrer à l'appartement et d'éventuellement te retrouver face à Ana. T'ignores si elle est restée ou si elle a décidé d'aller passer la nuit ailleurs. Mais Valentin arrive à te convaincre de rentrer pour au moins poser tes affaires et en prendre d'autres avant d'aller passer la nuit autre part. Tu ne sais même pas où tu pourrais aller d'ailleurs. Tu soupires en rentrant dans l'immeuble, et t'hésites à sortir de l'ascenseur. T'inspires et tu traverses le couloirs, t'insères la clé dans la porte et t'entres. Ana est là et tu ne sais pas trop comment réagir. Avec ce qu'elle sait et ce que vous vous êtes balancées hier, tu ne sais plus quoi dire à ta colocataire et meilleure amie, si vous l'êtes encore. Salut... Tu restes là, immobiles dans l'entrée, ne sachant pas s'il faut se contenter de salutations aussi froide ou si tu dois la prendre dans tes bras comme ton cœur te hurle de le faire. Je ne fais que passer, je vais te laisser tranquille ce soir... c'est certainement la meilleure chose à faire.

quand olympia entre dans l'appartement, tout ton corps se raidit. l'ambiance est radicalement différente qu'à la normale. tu ne sais pas comment agir, quoi dire ou quoi faire. t'es juste plantée là, devant la fenêtre, comme une idiote et surtout presque comme face à une étrangère. t'as beau la détailler, scruter le moindre de ses traits que tu connais pourtant par coeur, tu ne la reconnais pas. ce n'est pas la olympia wolford que tu connais. non, c'est une personne exactement opposée. le simple fait de l'imaginer défoncer, t'as brisé. car tu sais exactement l'effet qu'elle recherche. tu sais exactement la manière dont ce genre de drogues annihilent absolument tout. et tu sais exactement la manière dont elles consument de l'intérieur, dont elles rongent l'entièreté de l'être, à tel point que s'en passer devient un calvaire. et tu ne veux pas ça pour pia. ni pour aucun de tes proches. non toi reste.. tu te laisses tomber un peu en arrière pour t'assoir sur le rebord de la fenêtre. j'ai préparé des affaires et je vais dormir ailleurs ce soir tu ne sais pas trop si tu dois lui dire que tu vas dormir chez simeon. tu les a jeté ? tu n'attends pas grand chose de sa réponse car quelle qu'elle soit, tu sais pertinemment qu'elle en rachetera. et puis, toi, au fond de ta poche de jean où ta main se trouve, tu malaxes entre tes doigts ce sachet remplit de cachet de codéine, alors, tu es loin d'être mieux.

Il vous est déjà arrivé de vous disputer, assez fréquemment même, surtout depuis quelques semaines. Mais tu as l'impression que c'est différent cette fois, que vous arrivez à une sorte de tournant qui pourrait tout changer entre vous, en bien si vous arrivez enfin à vous comprendre, ou plus probablement en mal. Point de rupture que tu n'as pas envie de vivre parce que tu aimes Ana de tout ton cœur, beaucoup plus que ce que tu lui as montré ces six dernières années. Mais aujourd'hui tu as l'impression que quelque chose s'est brisé entre vous. Tu ne sais pas comment réagir face à elle, alors vous restez immobile, chacune d'un côté de la pièce, comme deux idiotes. Vous mériteriez des baffes toutes les deux. Tu hausses les épaules quand elle te dit que toi peux rester. Même si elle part tu ne dormiras pas ici, t'as jamais aimé y être seule, sans elle. C'est votre appartement. Tu vas aller où ? Tu as besoin de savoir qu'elle sera en sécurité, entourée par des gens qui pourront la soutenir si ça ne va pas. Ta mâchoire se contracte à l'évocation des pilules qu'elle t'a demandé de jeter. Tu sors le sachet quasi vide de ta poche, le lui montre, et tu vas dans la cuisine, ouvre la poubelle et les jette ce qui a été ton réconfort ce dernier mois. Voilà. C'est fait. En soit tu peux aller en racheter quand tu veux, mais t'as envie de lui montrer que tu n'es pas là pour te battre. Et que tu n'es pas encore totalement accro à cette merde.

au jeu de la plus idiote, vous remportez toutes les deux haut la main. votre problème c'est que vous ne savez pas communiquer. du moins vous ne savez plus. car il y a un temps, pas si lointain, tout était fluide. rien n'avait jamais été aussi complexe que ces dernières semaines. tu ne savais plus qui elle était et elle ne savait sûrement plus qui tu étais non plus. tu pouvais bien l'admettre aisément, tu avais beaucoup changé ces derniers mois. depuis décembre et ta blessure au genou, ça n'avait pas été simple pour toi. tu avais enchainé les moments difficiles et ça avait été plus simple de se plonger dans la codéine et les relations tumultueuses. essuyant déceptions sur déceptions à force de se jeter, à corps perdu, vers des hommes qui n'en valait pas la peine. qui ne t'estimais pas. travis, avait sûrement été le plus gros dégât de ta vie. une belle ordure qui avait ruiné le peu d'estime et de confiance dont tu faisais preuve. et à ce moment là, t'avais changé. à ce moment là, les interférences qu'ils pouvaient y avoir de temps à autre s'étaient installées entre toi et pia. le point de non retour semblait être atteint et vider votre sac, hier soir, par message, avait été un moment extrêmement compliqué. t'essayais de la protéger, peut être avec maladresse, mais au fond, tout ce que tu voulais, c'était son bien. alors la voir là, se tenir devant toi, à l'autre bout de cette pièce, ça te fendait le cœur car le froid qui régnait ne vous ressemblait habituellement pas. sim m'a proposé de venir chez lui dis-tu sur un ton monocorde. tu n'es pas froide mais pas non plus chaleureuse. et puis, tu la regarde se diriger vers la poubelle, vider le sachet de pilules dedans et se retourner vers toi pour scander quelques mots qui paraissent anodin. tu soupires. elle semble si loin de se rendre compte de la nuisance de ses produits, que ça te dépasse. et pourtant ana, t'as toi même des putains de pilules entre les doigts. et t'as voulu craquer, te shooter, et retrouver la perte à laquelle ça t'amenais. tu le sais qu'elle va courir en racheter dés que t'auras le dos tourné. tu vas tenir quelques heures et quand le manque va s'faire ressentir, tu vas appeler l'mec qui te refourgue cette merde pour en avoir à nouveau. j'te l'ai dis, je la connais la chanson. tu secoues la tête de droite à gauche en regardant le sol, n'osant plus affronter son regard car les larmes commencent à monter. tu avales ta salive, souffle un coup et tu te reprends. pleure pas, ana. les larmes ravalées, tu te sens mieux pour l'affronter et t'attends de voir comment encore, elle va retomber sur ses pattes avec un énième mensonge pour te prouver qu'elle n'a pas besoin de kétamine.

Tu ne pensais pas que vous arriveriez là Ana et toi. Naïvement tu pensais que rien ne changerait jamais entre vous, que vous resteriez toujours aussi proches que ces six années. Mais les derniers mois t'ont prouvé le contraire. Tu sais que vous arrivez à votre limite, et qu'il va falloir prendre des décisions pour arrêter de vous faire du mal. Tant mieux, j'ai pas envie que tu sois toute seule. Tu sais qu'elle ne supporte pas la solitude. Encore moins dans des cas comme ça où les choses s'écroulent autour d'elle. Tu veux qu'elle soit entourée, à défaut de pouvoir être là pour elle. T'en as pas la force là. Et tu sais que Simeon veillera sur elle au mieux. Je n'en suis pas à ce point là Ana. Je n'en prends pas tout les jours. Je n'en ai pas pris hier, ni aujourd'hui. À quoi bon continuer de nier ? Mais tu veux la rassurer, et prouver que tu maîtrises au moins un peu la situation chaotique dans laquelle tu t'es fourrée. Tu ne lui diras pas que t'en crèves pourtant d'envie, d'avaler ces foutues pilules jusqu'à ce que tu oublies à quel point t'es mal. Tu n'as jamais ressenti ça avant, cet épuisement mental, cette douleur constante dans ta poitrine. Tu essayes tant bien que mal de garder un peu de contrôle dans ta vie, mais tu perds tout ce qui compte au fil des semaines. Ta relation avec certains membres de ta famille, ton amitié avec Ana, celle avec Simeon un peu aussi. Celle avec Valentin. Et rien que ça, ça te fait angoisser. Tu n'avais pas fait de crise de panique depuis des années, et voilà que t'en fait quasi chaque soir, seule dans ton lit, quand personne ne peut te voir. Tu refusais jusqu'à présent que les autres sachent à quel point tu ne vas pas bien, mais tu n'arrives même plus à le cacher. T'as espéré que quelqu'un le remarque mais personne n'a rien vu. À croire que t'es vraiment douée pour dissimuler tes émotions. Tu vois bien les larmes qui bordent les yeux d'Ana. Pleure pas... T'aimes pas ça, même quand vous vous disputez.

depuis le jour où tu as rencontré olympia, tu n'as jamais imaginé qu'elle puisse ne plus faire partie de ta vie. jamais. six années maintenant que vous partagez tout. les bons comme les mauvais moments, les rires et les larmes. mais aujourd'hui, ton estomac et noué, ta gorge est serré et ton cœur pulse trop vite. c'est la première fois que tu imagines ta vie sans elle. et tu ressens une douleur atroce. il y a peu de gens que tu laisses rentrer dans ton cercle de confiance, et elle en fait partie. ton regard ne quitte pas le sien. elle t'affronte sans vergogne, scandant qu'elle n'a pas besoin de prendre de la kétamine tous les jours. tu soupires une fois de plus.  si tu l'dis ça te rend à la fois triste, inquiète et pleine de colère. sa manière de minimiser, de réfuter et de s'embourber là dedans alors qu'elle t'as bien vu merder là dedans. les yeux qui s'emplissent de larmes et même si tu tentes de contrôler ces larmes et de les ravaler, elle ne manque pas de capter ton regard brillant. c'est bon dis-tu sèchement en essuyant du revers de la main, la seule larme qui filait le long de ta joue. je vais chercher un autre appartement dans les jours qui suivent ok? ça sert à rien de continuer, on se supporte plus, la preuve. t'es sur la défensive, manière de se protéger de ce qui t'atteins. t'as aucune envie de quitter votre appartement, mais tu sais plus quoi faire, t'as plus de solution. j'laisse ma chambre à qui veut.. t'as sûrement une meilleure amie que moi qui voudrait la prendre. y'a l'balcon et le soleil qui y tape souvent, elle est cool. tu t'agites, faisant deux pas à droite puis deux à gauche, espérant qu'elle puisse avoir un meilleur plan que celui que tu venais de donner.