@Rainier de Danemark || TW : Effondrement ; PTSD || Il peut me railler sur mon âge Rainier, sur mon attitude de grand-père parce qu’au fond, je sais qu’une part de tout cela est vrai et surtout, je l’ai accepté il y a bien longtemps. Maturité acquise au fil des années mais aussi des épreuves, pour la plupart traumatisantes et surtout trop nombreuses pour un seul homme. J’avais vieilli prématurément à différentes étapes de ma vie, parce que cette dernière ne m’avait pas laissé le choix. Il y a un an, était alors survenue l’épreuve la plus complexe que j’ai eu à surmonter, celle qu’il me faudrait affronter toute une vie : la paternité. Une épreuve pour laquelle Rainier allait désormais devoir se préparer, sur le point de comprendre combien cela pouvait changer un homme. J’étais certainement devenu plus mou et pantouflard que je ne l’avais jamais été, mais tout cela, c’était pour une bonne raison. La plus douce des raisons. Anaé. « Parfait ! Comme ça, je pourrais le régler de façon à ne plus entendre personne. Quel bonheur ce sera d’ignorer les gens en prétendant ne pas les avoir entendus ! » Je ris parce qu’actuellement, c’était tout le contraire qui se présentait à moi. Les sens constamment en alerte, je ne pouvais m’empêcher de jeter de petit coup d’oeil partout autour de nous, je ne pouvais totalement ignorer les conversations bruyantes et agressives de certains. Un état de vigilance qui ne me quittait plus depuis dix ans et dont j’avais hâte de me débarrasser, que ce soit par surmontement du traumatisme ou par l’âge, qu’importe. Comme il importait peu que Rainier ait eu besoin d’apprendre la grossesse de sa compagne pour se décider, une bonne fois pour toute d’arrêter de fumer. « Il aurait pu te saouler pendant dix ans s’il le voulait, tant que ça n’avait pas fait tilt dans ta tête, ça n’aurait rien donné. » Il n’est aucune décision plus efficace que celle prise par nous même, quand bien même ils seraient nombreux dans notre entourage à nous pousser dans une direction. Tant que Rainier n’aurait pas vu de lui-même l’intérêt à arrêter de fumer, personne n’aurait pu l’en convaincre de façon durable. « Et puis crois moi, tes poumons te remercieront quand tu devras courir après ton mini toi. » Une expérience que je menais quotidiennement maintenant que ma propre fille avait compris comment marcher et courir. « Si Anaé est un tant soit peu comme moi, c’est certain. » Je ris doucement. Je me souvenais très bien de toutes les bêtises faites pendant mon enfance, et je priais intérieurement pour qu’Anaé ait moins d’imagination sur le sujet. « C’est pas toi, il y a quelques minutes, qui disait qu’il fallait que la jeunesse se forme ? » J’arque un sourcil avec un sourire taquin. Là-dessus, les enfants s’en sortiraient toujours.

Notre conversation continue, mais rapidement, elle est dominée par d’autres voix, assourdissantes. Dans tout le bar, l’ambiance se mue en quelque chose de plus lourd plus oppressant. Sans trop chercher à en savoir plus, je cherche à nous extirper de là, jugeant préférable pour nous de chercher à continuer notre soirée ailleurs. Si on arrive à sortir de là. Les allées entravées par des chaises et des tables, je tente de pousser Rainier vers la sortie sans le quitter des yeux jusqu’à ce que je sois stoppé par un coup en pleine mâchoire. Une riposte ne se fait pas attendre lorsque je me redresse, perdant alors le contact avec le jeune prince. Les minutes passent, deux, cinq, dix, vingt, aucune idée. Je sais seulement que la douleur s’insinue dans mon corps, plus particulièrement au niveau de mon abdomen, suite à tous les coups encaissés pour me frayer un chemin vers l’extérieur. Arrivé vers la porte, je balaye la salle de la pièce, cherchant à m’assurer que Rainier est déjà bien dehors, avec ceux qui ont réussi à s’extirper du bar, où les lumières des gyrophares commencent à danser. Des lumières flous, de même que tout ce qui m’entourent, comme si mes yeux n’arrivaient pas à voir. Pourtant, je la vois clairement, cette lumière rouge sur mes mains. Pas de la lumière. Du sang… Ma dernière pensée avant de m’effondrer au sol, inconscient.