tu tiens le bon bout puisque dans quelques jours tu seras délivrée et tu quitteras enfin l'hôpital. bye les soins intensifs et bonjour ton appartement. t'es pressée et en même temps hyper anxieuse à l'idée de retourner à une vie normale. t'essayes de pas y penser et tu focalises ton attention sur d'autres petites choses simples qui te font du bien comme les visites de tes amis ou encore la présence de donovan. c'est lui que tu t'apprêtes à rejoindre ce soir. cheveux humides qui ont imbibés le large t-shirt que tu as enfilé, m. moumou le doudou d'aurea sous le bras, tu tires le pieds avec le sac à oxygène qui est raccroché à ton nez. tu jettes un coup d'oeil à droite puis à gauche et traverses rapidement le seul couloir qui vous sépare. — j'ai pas assez de bras pour faire tout en une fois ! t'as pas pris la boite de beignets et il manque son chocolat chaud. — j'arrive tu retires la sonde qui t'aide à respirer, de ton nez, pour ne pas en être encombrée et te voilà reparti dans le sens inverse. quelques minutes plus tard, tu reviens avec tout ce qu'il manquait. un peu essoufflée, tu t'assoies sur le lit, dos à lui et tu prends soin de remettre en place le tube à oxygène.

Il y avait clairement un truc, le rapprochement était notable et je ne pouvais que me satisfaire de ça. J'entendais tes peurs et je tentais de tout combler pour pas que tu sentes la moindre mise à l'écart. C'était pas ce que je voulais, au contraire. Au dessus de toutes les filles que j'ai pu fréquenter, je voulais te prouver à la moindre occasion que c'était toi qui hantait mes pensées et non une autre. Tu m'avais proposé de dormir ensemble et, même si c'était pas l'idée du siècle étant donné nos hormones en feu récemment, j'étais loin de refuser, au contraire. T'avoir à mes côtés le temps d'une nuit, c'était ce que je voulais. En attendant que t'arrives, j'avais préparé la tablette sur le plateau mobile, chargé mes airpods à fond pour qu'on puisse éviter de partager le son au reste du service et il ne manquait plus que toi. Tu débarquais comme prévu après ta douche et à mes yeux, t'étais parfaite. « je bouge pas » que j'dis d'un sourire, qui se mettait à disparaitre en voyant que tu retirais ton oxygène. Je pinçais les lèvres, avant de placer les airpods sur le plateau, à côté de la tablette. J'attrapais le doudou que t'avais ramené, avant de me mettre à sourire un peu plus. Une fois que t'étais de retour, il retrouvait sa place sur le lit. Vision de ton dos le temps que tu remettes ton oxygène, je me décalais sur la droite pour que tu t'installes à gauche, pour te caler sur mon bras encore valide. « t'aurais du garder ton oxygène » soufflais-je, n'aimant pas particulièrement te voir dans cet état.

il te suffit d'un peu d'attention pour que tu sois attirée. qu'on te prouve que t'existes aux yeux de la personne. l'image tellement dégradée de toi, cultivée par les mauvaises fréquentations que t'as toi même alimentée. persuadée que tu valais que ça, embrigadée par des mots humiliants, des actes violents, que t'as fini par croire que la norme était celle-ci. il a fallu du temps pour que tu t'en détaches, pour que tu comprennes que travis était tout sauf la norme. il a fallu que tu croises son chemin, notamment, que tu t'attaches à sa vision de toi, à ses petites attentions, pour retomber dans les griffes d'un semblant de quelque chose. aucune idée de ce que vous êtes et aucune envie de le définir non plus. t'apprends juste a apprécier. à être complimentée pas parce que dix minutes avant, ses paroles ou ses gestes ont dépassés les bornes. simplement parce que la norme, c'est ça. dur à imprimer mais les barrières commencent à tomber. et te voilà à ne plus vraiment vouloir fuir. le dos présenté à lui alors que tu prends de grandes respirations pour que ton souffle reprennent, petit à petit, un rythme convenable. — ça va.. ça va mieux ton plus grand sourire pour lui prouver que tu te sens pas mal et que tu risques pas de tomber dans les vapes dans les minutes qui suivent. ton corps te remercie quand même d'avoir remis le tube à oxygène dans tes narines, sinon, t'aurais sûrement encore suffoquer. tu finis par prendre place là où il y t'en fais. — t'as déjà tout préparé pour la séance de cinéma ! le corps qui se loge près du sien si naturellement que ça pourrait en être déconcertant. — on regarde quoi déjà ? t'es pas la personne la plus attentive qu'il soit, tu te souviens plus si vous en avez déjà parlé ou pas. vous parlez tellement, pour tuer le temps et par plaisir, que tout suivre est devenu un vrai casse tête.

Ce serait mentir que de dire que je n'appréciais pas notre relation aujourd'hui. Il y avait encore quelques couacs, forcément. Quelques pointes de jalousie se glissaient ici et là, mais rien qui ne devenait insurmontable. On était libre de faire ce qu'on voulait, tout en se fréquentant en même temps. Et pour se fréquenter... on se fréquentait bien. Trop bien même, au point que nos états de santé en prenaient un coup. Ralentir la cadence, attendre que nos organismes aillent mieux, c'était le but. Donc l'idée ici, c'était juste de dormir ensemble, profiter de Netflix et de cette proximité qu'on avait instauré. Mon masque à oxygène avait été échangé par le tube, comme toi, ce qui rendait mes mouvements plus faciles, y compris mes communications. « et ouais. t'auras même droit à mon airpod gauche » Tu te calais contre moi et je tirais correctement la tablette pour qu'on puisse tout voir. Airpods attrapés, je te filais donc le gauche, avant de mettre le droit dans mon oreille, reposant le boitier juste après. « on avait dit the keepers mais on peut regarder autre chose si tu veux » Main gauche qui commence déjà à chercher ta peau, à la caresser délicatement, si naturellement.

c'était pas la chose la plus raisonnable que de dormir avec lui. tu savais pas si tu arriverais à réprimander tes envies qui, au fil des jours, ne cessaient de s'accroitre. tu t'étais dis que tu te ferais violence. que t'étais pas à quelques jours près et que t'étais capable, très largement, de contrôler tes hormones. c'était comme si, ce qui elles avaient été endormies pendant quelques jours et que tout explosait d'un coup. comme les ados. t'avais bien fait de te comparer à ce stade de la vie. son airpod placé dans ton oreille, t'es prête à te lancer dans la série que vous aviez commencée. — non non, c'est très bien the keepers puis, c'est glauque donc, ça taira forcément n'importe laquelle de vos idées ou envies. de ton bras valide, tu viens appuyer sur l'écran pour mettre play. concentrée dans l'épisode, focalisée sur rien d'autre, t'as un problème qui te tombe dessus. à peine tu sens ses doigts qui frôlent ta peau, que t'en a déjà la chair de poule. c'est agréable de retrouver un peu de chaleur humaine mais il te facilite pas du tout la tâche. et toi, anastasia dans toute ta splendeur, t'es pas capable de le repousser. tu vas même toujours plus loin, à la recherche sans cesse des limites de l'autre. tu te colles vraiment à lui, l'incitant à continuer à te faire des papouilles. tu pourrais fermer les yeux et te concentrer uniquement sur ça, et tu pourrais peut être t'endormir. mais c'est pas le but, alors, tu gardes les yeux ouverts, fixés sur la tablette et à ton tour, tes doigts glisse long de son bras en faisant des allers retours.

C'était dur de te résister, dur d'être neutre face à toi. Mais je faisais un effort parce qu'on était dans un hôpital et que nos deux corps étaient loin d'être totalement rétablis. D'autant plus que tu étais dans un pire état, enchainant ton ex et l'effondrement. Mais depuis quelques jours, ça allait mieux. Que ce soit toi, ou nous. Petit à petit, un équilibre se créait et on s'efforçait de se tirer vers le haut. Des messages constamment envoyés, des entrevues qui se font de plus en plus. Très clairement, tu devenais une constante dans ma vie et je ne m'en plaignais pas. « parfait » La série était déjà mise en place donc tu n'avais qu'à mettre play, ce que tu faisais. Et voilà qu'on était calé parfaitement pour regarder la suite, doigts glissant le long de ta peau pour apprécier un peu plus le moment. Ton corps se collait alors un peu plus à moi, ce qui me déplaisait pas. Encore plus que tu commençais à me faire des papouilles à ton tour, le long de mon bras. Difficile de me concentrer sur l'épisode à présent, pensant qu'à tes doigts sur ma peau, je cherchais à me fixer dessus de toutes mes forces. Mais c'était pas très concluant, ma main glissait sous ton t-shirt pour caresser ta peau, bien plus apte à te faire ces petites attentions.

alors que la série défile et que les faits évoqués sont tous plus horribles les uns que les autres, t'es captivée par autre chose. c'est bon, t'as décroché et tu raccrocheras sûrement pas. the keepers sera pour une prochaine fois. une fois où t'aurais pas d'autres idées ou tu seras peut être plus calme, moins en manque ou avec plus de volonté.

J'crois bien qu'on arrivera jamais à vraiment continuer cette série. Non pas parce qu'elle est glauque, mais bien parce qu'il y avait toujours quelque chose qui nous empêchait d'avancer. Et là, en cause, c'était nos hormones difficilement maitrisables. J'avais envie de ce contact, de nos deux corps en osmose. C'était ce qui semblait se profiler en tout cas, puisqu'à peine j'avais glissé sous ton t-shirt, tu m'invitais à aller plus loin.