@Mérope Edward Clarke - Le message insoupçonné, persuadé qu’elle t’avait effacé de son histoire. Relation brève, conflictuelle, vouée à l’échec, à l’image de toutes celles dont tu t’étais engagé. La séparation aussi avait été entrepris par ta partenaire, sûrement blasée par le peu d’intérêts et efforts que tu prodiguais dans ces relations. La différence étant avec Mérope, c’était la réalisation de ta connerie. Habituellement peu surpris et indifférent de ces ruptures, t’avais eu l’audace de croire que votre couple ne suivrait pas le même schéma. Loupé. Naïf. Tu l’avais bien cherché, pertinemment plongé dans tes nocturnes insalubres. Ce n’était que la récolte de c’que tu semais. Depuis la blonde, tu t’étais donc fait une raison, abandonnant tout rapprochement. Son retour était un rappel à l’ordre désagréable de ta situation sentimentale. Ceci dit, ça ne te freinait pas pour la rejoindre au lieu de rendez-vous choisi, la curiosité piquée à vif par sa demande. Elle se trouvait déjà sur place quand tu débarques, et tu la rejoins à sa table, toute émotion masquée. - J’suis là. Brief, ne sachant pas sur quel pied danser, tu t’assois en face d’elle.

@Mérope Edward Clarke - A peine assis qu'elle hèle la serveuse. Le silence répond à ses salutations, ne lui offrant qu'un hochement de tête en guise de bonsoir. De tes yeux inquisiteurs, tu préférais l'étudier, s'acclimater à nouveau de sa présence qui te renvoie un an en arrière. Physiquement, aucune nuisance n'avait gagné ses traits et si ce n'était pas pour l'ambiance presque formelle instaurée et ton caractère introverti, tu te serais permis un commentaire presque élogieux. Sa reprise de paroles t'arrêta dans toutes pensées de toute façon, et tu remarquas enfin un stress apparent dans sa gestuelle. Par réflexe, ton estomac se contracte en unisson avec tes sourcils qui se froncent et ton attention se décuple, la curiosité réellement à son apogée. Prêt à rétorquer par une vague tentative d'humour cynique comme tu sais bien le faire, elle ne te permet pas une seconde de répit, te coupe derechef l'herbe sous le pied. Arrache le pansement. Rapidement, violemment. Si violemment que la serveuse venue à vous servir rebrousse chemin aussitôt. Si violemment que le doute te submerge durant de longues secondes sur son annonce. - Pardon ? Est-ce que t'avais bien entendu ? Bouche qui s'ouvre et se referme. Tes pupilles cherchent discrètement autour de vous une quelconque présence d'un complice ou de caméras cachés. - Tu- tu peux répéter la dernière partie s'il te plaît ? J'ai cru entendre que t'avais une fille dont j'étais le père et- et je ne suis vraiment pas certain d'avoir entendu ce que j'ai entendu. Rire jaune, tes propos ne prenaient aucun sens, comme la bombe qu'elle venait de te livrer. - Le 1er avril c'est demain, pas aujourd'hui, hein. Le rire sans vie persiste, devient presque frénétique lorsque ton corps commence à s'agiter, l'esprit en début d'ébullition. - J'espère vraiment que c'est une mauvaise blague.

Incapable de retenir la nervosité à travers ton rire. Nervosité semblait même un euphémisme face à la bombe survenue d’ailleurs. Arrivé sur place, malgré la curiosité t’ayant poussé à t’imaginer maintes scénarios quant à la raison de sa demande d’entrevue - mot bien ajusté pour l’occasion, pour l’ambiance presque criarde tant elle est gênante - mais rien, aucun scénario ne t’avait préparé à.. ça. Ton corps réagissait ainsi impulsivement, sans préavis, sans que tes nerfs puissent le contrôler. Ce qui était, en général, la genèse de certaines crises et désirs virulents, loin d’être aimable à assister publiquement. Pourtant, quand bien même ton cerveau te susurrait ces signaux d’alerte avec ton rire frénétique, tes poings qui se serraient et desserraient, les vibrations qui te traversaient; t’étais incapable de les freiner sur le moment. Mérope n’arrangeait rien à travers son expression grave qui te confirmait que le 1er avril n’avait rien à voir dans cette histoire, et elle aggravait même la situation via ses explications qui te font comprendre la temporalité de cet événement. Ton rire se stoppe net. T’es revenue sur Boston peu de temps après ?! Les dents serrés dorénavant, le ton un tantinet trop haussé, tu te retenais de frapper du poing sur la table. Si tu comprenais bien, elle était revenue dans les environs depuis quelques mois, avec ton.. gamin, sans t’en avoir averti ? Inspire, expire, ne t’énerve pas. Qu’est-ce qui te fait dire que c’est le mien ? En tournée, c’était facile pour toi d’ouvrir les cuisses. Piqué à vif, tu ne faisais aucune preuve de délicatesse. Exit l’envie de détendre l’ambiance d’une blague cynique, la tension montait définitivement en toi.

L'impulsion toquait aux portes de tes entrailles, et si l'environnement bruyant ne te rappelait pas le caractère public de votre rencontre, tu te serais sans doute laissé emporter par l'excès de trouble que la nouvelle venait de t'apporter. Visiblement t'étais pas fait pour accueillir dignement, sobrement cette annonce, gérer cette situation. Constamment monté sur piles, constamment bouffé par l'adrénaline débordante qui ne demandait qu'à être consommée, cette bombe desservie sur un plateau d'argent valait l'explosion extrapolée de ton côté. Comme si tu n'étais pas confronté assez souvent, chaque soir, à des obstacles inattendus dans ton train de vie presque instauré. Comme si tu ne savais pas gérer l'imprévu. Tu savais. Mais uniquement dans un cadre limité et déterminé, faut croire. Pour ta défense, c'était au-delà de tes compétences de t'imaginer dans ce nouveau rôle qu'elle venait de t'affubler sans vergogne, que tu venais de gagner sans préavis. C'était au-delà de tes compétences de prendre des pincettes sur un sujet que tu n'aurais jamais envisagé d'aborder dans ta vie, quand bien même votre relation avait été la plus bénéfique qu'il t'avait été donné d'avoir. C'était au-delà de tes compétences de faire preuve d'empathie envers Mérope et la crainte qui se lisait dans ses yeux quant à tes réactions, quand le choc t'éloignait de toute lucidité. De toute façon, quand bien même un simple hochement de tête t'était accordé en guise de réponse, elle ne tarda pas à reprendre ses esprits et son âme de combattante que tu lui connaissais. Si j'avais voulu te blesser, j'aurais été davantage plus virulent. Je suis juste en recherche de vérité. Que tu siffles entre tes dents serrés, les poings qui se délient petit à petit, un tantinet remis en place par la blonde et sa logique implacable dans le vrai. Depuis combien de temps exactement t'es revenue du coup ? Envoyer un putain de message ça t'aurait tué ? La colère grondante mettait plus de temps que les poings à se défaire, surtout à l'idée qu'elle n'avait pas découvert ta paternité la veille au soir mais une date antérieure assez éloignée. Elle t'avait volontairement mis dans l'obscurité tout ce temps, putain.