Le coup qu'il ne fallait pas donner. Dans l'entre-jambes. Et merde. Par douleur, je me mis à genou. Les mains à la hauteur où elle avait donné le coup, comme si ça pouvait enlever la douleur. Non, bien sur que non. Seulement, je voulais éviter qu'elle le refasse. Une fois était suffisant. Mais de ce fait, je me prenais pleins d'autre coups. Un peu la honte de me faire taper dessus de la sorte par une femme, mais je le méritais. Je le méritais pour ce qu'elle m'avait fait. Je le méritais pour ces autres femmes qui avaient mal vécu ces histoires de baisers volés. Je le méritais pour Marnie aussi, qui avait du subir mes conneries. Oui je le méritais. Alors au fond, je ne fis rien pour l'arrêter. Je l'écoutais déverser sa rage et je m'en voulais. C'était peut-être mieux qu'elle en finisse avec moi. Je le voulais tellement que je me mis même à la provoquer. Parce que je l'aime elle. Et toi t'es un super bon coup au lit. Je relevais la tête, et lui souris. Toujours dans la provocation. Au moins, je lui donnais la satisfaction de me frapper et me mettre à terre.

Les coups se suivent et je veux juste une réponse, une simple réponse. Quelle est l'idée ? Pourquoi ? Pourquoi se mettre avec moi si depuis le début il est aussi avec elle ? Quel intérêt de m'ajouter dans l'équation ? Parce que je l'aime elle. Et toi t'es un super bon coup au lit. Pause. Légère, assez pour que ça frappe. T'es un objet, Sofia. Voilà ce que j'entends, voilà ce qui frappe. Comme Caesar l'avait dit, comme d'autres te l'ont fait ressentir. Juste un objet. Personne n'est jamais avec moi pour qui je suis, ni pour ce que je leur fais sentir. Personne jamais n'aime Sofia, ne l'apprécie. Tout ce qu'ils aiment, c'est le corps, la chair, ce qu'il s'en dégage. La confiance frappe le zéro et quand les yeux de Sofia croisent ceux de Wilby, elle sourit. Les coups s'enchainerons, encore et encore, jusqu'à ce qu'elle voit du sang, et même là, elle continuera, Sofia. Wilby ne sera qu'un énorme sac à frappe humain, parce qu'il ne mérite rien d'autre que ça.

Les coups continuèrent et je ne fis rien, strictement rien pour l'arrêter. Bien au contraire, je fis tout pour la provoquer et augmenter la rage qu'elle avait en elle. Comme si c'était possible d'être encore plus enragée qu'elle ne l'était déjà. J'assumais les coups. De légères douleurs mais rien de grave que je ne pouvais encaisser. Jusqu'à ce que je sente l'odeur du sang dans ma bouche. A ce moment-là, je compris qu'elle avait tellement frappé qu'elle en était venu au sang. Je me demandais alors jusqu'où elle pouvait aller. Jusqu'au bout ? Pas de soucis, j'étais prêt pour. Excuse moi Marnie. J'en fermais même les yeux, prêt pour le dernier coup. Fatal s'il pouvait l'être. Mais ça n'arriverait pas. Je n'aurais que des plaies ouvertes, des bleus et une côte cassée. J'allais survivre à la tempête Sofia.

Dans ma chambre à la Dudley, je suis en train d'écrire mon prochain article pour le Harvard Crimson avec la musique dans les oreilles, me permettant de me concentrer dans la maison qui n'est pas toujours très silencieuse. Malgré la musique, c'est un bruit sourd que j'entends et qui attire mon attention. Un premier écouteur posé sur mon bureau, je tends l'oreille et j'entends des hurlements - je crois même reconnaître Sofia. Sourcils froncés, je laisse mon bureau et ma musique pour sortir dans el couloir de la Dudley, me dirigeant vers les cris qui viennent bien de la chambre de So. Quand j'ouvre la porte, je constate une Sofia qui semble enragée et un Wilby qui s'en prend littéralement plein la gueule et qui commence même à saigner ? "Wow wow !', que je cris avant de me diriger vers eux, essayant de les séparer. '"Hey hey, qu'est-ce qui se passe ici ?", que je demande à Sofia alors que ma main se place devant Wilby, toujours au sol, pour éviter qu'il ne s'approche. Je regarde So, complètement paniquée, à la recherche d'une plaie, quelque chose, "Il t'a fais du mal ?", que je demande car pour moi, c'est la seule explication, elle doit se défendre de quelque chose pour le frapper comme ça, non ?

Les coups s'enchaînent, la colère qui gronde, celle envers lui mais envers les autres aussi. La fatigue de n'être qu'un morceau de viande, de la chair qui ne ressent rien. Jamais Sofia n'a été voulue et c'est là, la vérité. "Wow wow ! Hey hey, qu'est-ce qui se passe ici ?" je cesse, recule en regardant Eowyn. Je sais pas quoi lui dire, qu'est-ce qu'il se passe, vraiment ? Le monde, l'univers qui me montre que personne ne tient à moi et que ça sera probablement jamais le cas. "Il t'a fais du mal ?" la tête fait oui ; "Il avait une copine, il restait avec moi seulement pour qu'on couche ensemble." lance un regard à Wilby, le rire un peu nerveux ; "Au moins j'suis un bon coup, c'est déjà ça." mais ça fait mal, de n'être qu'un bon coup. Ca fait mal.