appartement de Jelena

@Horace Dawson — lundi 29 août, 20:00pm

moi c'est ce que j'aime dans les sports de combats. ce moment où tu regardes les iris de ton adversaire, que tu y lis le doute ou la confiance. quand dans ta tête tu penses à dix milles stratégies pour le vaincre. quand tu sens la rage monter et que tu la transforme en force avant qu'elle ne te bouffe de l'intérieur. pourtant ce soir je ne te vois pas comme un adversaire. c'est moi même que je combat à l'intérieur de mon petit corps. je me bats avec mes sentiments, avec mes envies, mes frustrations. j'essaie pourtant tant bien que mal de contenir cette colère, celle qui me pousse à tout détruire sur mon chemin, juste avant de m'arrêter à ta peau. parce que tu fais pas le poids Horace. j'ai détruite des personnes plus grandes plus musclés, hommes, femmes ou autres. quand la rage prend le dessus, quand je la laisse mon consumé, je n'ai plus peur de rien. le regarde sombre, avide de coups, l'agressivité qui coule instinctivement dans mes veines. mais t'as cette aura. celle qui fait que je balance des trucs au sol, que casse des cadres mais que quand ta peau entre en contact avec la mienne, ma respiration se stabilise tout à coup. « je te dis que non » moi je ne trouve pas ça ridicule. j'invaliderais jamais ce que tu ressens. jamais. « c'est pas à chier de ressentir de la jalousie ou d'être attaché à quelqu'un. moi je trouve que ça rend même encore plus fort » il y a des mois de ça, je serais partie au premier obstacle. depuis que toi, Astra et Harlow vous êtes entrés dans ma vie, je surmonte les obstacles parce que je ne suis pas seule. étrangement, un petit sourire nait sur mon visage, que je ne contrôle pas. « ça sonne super bien quand tu me dis que je t'ai manqué » ta main que j'attrape pour la coller au niveau de ma poitrine sur mon coeur pour que tu sentes mon palpitant pulser sous tes paroles. j'hoche doucement la tête pour te donner la permission de fumer dans ma chambre. de toute manière ma permission c'est pas tellement ce que tu as attendu pour le faire quand même. « et si ce que je veux c'est être avec toi et Astra et Harlow alors ? » je crois que la colère est en train de laisser place à la tristesse. parce que j'ai soudainement mal à la poitrine. comme si ma cage thoracique s'était transformé en un étau d'acier et qu'il se resserrait petit à petit sur mon myocarde. « quoi ? non ! pourquoi ça ne va pas marcher ? pourquoi tu ne vas pas y arriver ? » dis pas ça Horace, je t'en supplie ne dis pas ça. mes mains qui instinctivement viennent se loger sur tes joues, pour encadrer ton visage et que tes iris émeraude se plantent dans les miennes. « n'y pense même pas » m'abandonne pas.

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@Jelena Rodrič — lundi 29 août, 20:00pm

S'attacher d'accord, se lier, s'accrocher, se dire que dans le paysage, certaines personnes comptent plus que d'autres. J'suis d'accord avec tout ça. J'veux bien être ce type qui a le battant qui s'anime de temps en temps. J'aime, beaucoup, trop, j'peux apprécier n'importe quelle peau si elle est sincère. C'est pour ça que j'suis bon dans le boulot que je fais. Le jour où le sel d'une chair sera trop acide sur ma langue, j'arrêterai. Alors, oui, j'veux bien m'attacher. Mais me demande pas de le dire, d'en faire de la prose et de choisir. Me demande pas d'être d'accord avec les émotions gerbantes d'une jalousie mal placée, qui va l'encontre de tout ce que je t'ai soufflé. Me demande pas d'être d'accord avec l'idée d'être un hypocrite absolu. Laisse-moi me voir plus beau que je ne le suis vraiment. Dans le miroir, j'améliore, je maquille mon reflet pour qu'il corresponde à cette idée colorée que je me fais. J'veux être celui que t'imaginais ; probablement celui auquel tu t'es accrochée. Pas cet abruti incapable de te toucher, l'esprit qui imagine sa présence partout sur toi, qui dans tes gestes, entendrait ses instructions à lui. Parce que tu me baiserais comme lui l'aime. C'est le problème quand on est qu'à un, on finit par se ressembler un peu. Par porter ses couleurs. J'ai peur de me prendre les pieds dans son drapeau. Mais, tu m'as manqué, et ça j'm'accorde le droit de te le dire. J’ai ton cœur sous les doigts et j’ai pas envie de le blesser, de le sentir se contracter. Alors j’ôte les phalanges, elles préfèrent ignorer. Je devais avoir le monde et tu l’as tellement divisé que je galère à tenir sur ce morceau de terre que tu me laisses. J'ai besoin de place pour danser et m'exprimer. Pour laisser les volutes de ma clope prendre tout l'espace. Respirer et s'intoxiquer en même temps. Le regard qui se pose, te regarde, s'impacte au prénom rajouté. « Et les autres, ceux qui viendront après. » Soufflé, laconique. Passif sur une situation qui m'a échappé, en un été. Tu m'attrapes, me retient, mais tu n'vois pas que j'ai déjà abandonné. « J'y arriverai pas parce que.. » Ma tête se secoue, et j'me libère de tes doigts. « Jelena, tu.. » Pas bon orateur. « Tu t'rends bien compte que ça n'a plus aucune valeur ? » Tire trop fort sur le cône de nicotine. « Vas-y si tu veux, on fait c'que tu veux, ce que t'imaginais. On s'fait une relation à trois, quatre, dix, et on rajoute quelqu'un dès qu'on s'accroche un peu. » Rictus acide. « Ca rime à rien. » Comment tu peux ne pas l'entendre ? « Tu voulais un truc à trois, libres dans le corps mais.. j'sais pas, je suppose, où l'attachement était entre nous ? » Les épaules soulevées. Les poumons comprimés. Parce que tu vois, moi aussi j’suis capable de ressentir. Dans le trop de mon quotidien, dans le faste de mes excès, y a un peu de tristesse, elle aussi, qui se partage jusqu’à mes orbes plus vertes alors. Puisqu’il y avait dans ta phrase un prénom en trop, qui s’est finalement hissé plus haut que je ne le pensais. Et si j’dis toujours que nous sommes remplaçables, y avait ce truc qui me soufflait que c’est moi que t’avais choisi, pour le premier spasme. Que c’était toujours nous trois, et un homme qui gravitait, un peu éloigné. Je le connais pas mais je le sens à mes côtés désormais. C’est toi qui l’a installé là. Et t’as même pas vu que ça me serrait la gorge.« Un été, et t'as déjà rajouté un nom. » On attaquera l'automne, qui est le prochain ? « T’es amoureuse de lui ? » Le regard qui confronte. Qui pèse. Test à la sincérité, puisque la réponse, on la connaît tous les deux. Toi qui aimes tant parler, crache.

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@Horace Dawson — lundi 29 août, 20:00pm

je déteste ce sentiment. là tout à coup j'ai plus envie. plus envie de ressentir, plus envie d'aimer, plus envie de désirer. je me souviens pourquoi j'aimais être seule, sans trop me bercer d'illusion, sans trop imaginer qu'un jour je pourrais me plaire à être dans les bras de quelqu'un. souvenir de cette promesse que je m'étais pourtant faite, celle de ne jamais donner mon coeur à qui que ce soit. et ce soir je comprends que j'ai découpé mon coeur en trois morceaux et que malheureusement ils ont tous été brisés. peut-être que c'est pas comme ça que c'est censé fonctionner ? peut-être qu'on doit le donner qu'à une seule personne pour espérer le retrouver entier ? peut-être qu'à trop le partager on en devient plus faible ? comme l'impression que mes trois horcruxes ont juste été piétiné sans que je ne puisse y faire quoi que ce soit. et bordel si tu savais combien je voudrais changer les choses, faire comme avant, récupérer le peu d'affaires auxquels je tiens et m'en aller, retrouver les seuls hommes qui ne m'ont pas blessé ou encouragé à donner plus que ce que je pensais être prête à donner. seulement je ne peux plus. je n'arrive plus à être loin de toi. je me déteste Horace. je me déteste d'avoir ces sentiments si fort à ton égard, ceux qui visiblement se sont engouffrés dans la faille de ton coeur jusqu'à te faire un mal de chien. je pensais pas être celle qui te déchirerais en deux morceaux. je secoue la tête à ce que tu dis. je veux pas entendre ça. « arrête s'il te plait, y en aura pas d'autres » mon coeur c'est pas un moulin. je suis d'ailleurs moi-même étonnée que vous soyez trois là bas dedans, je pensais déjà pas pouvoir m'aimer moi-même alors t'imagines bien que trois autres personnes c'est du jamais vu. et ton visage que j'attrape entre mes mains, comme pour essayer de garder le peu de toi près de moi. mais tu me dégages de mon étreinte, tu termines de piétiner la dernière once de confiance que j'avais en nous. je vais faire quoi sans toi moi ? sans ta folie, sans ton odeur, sans ta sagesse, sans ton sourire. « je suis pas d'accord. je veux pas être d'accord. c'est toi qui m'a dit que je pouvais tout faire, que les limites c'était bon que pour ceux qui ont peur de vivre. » c'est toi qui m'a apprit à faire confiance, c'est avec toi que je me sens le moins susceptible d'être abandonnée. je crois que t'as aucune idée de tout ce que tu m'as fait entre apercevoir, t'as aucune idée du bonheur que t'as insufflé à ma vie. mais visiblement les mots n'ont plus de sens pour toi. et tu refuses chacun de mes gestes. alors qu'est-ce que je dois faire ? te laisser t'en aller ? je peux pas. j'en suis incapable. « c'est faux, c'est pas son nom que j'ai couché sur le papier » que je lâche en plantant mes iris dans les tiennes. tu sais la place que la musique a dans ma vie. tu sais l'importance de l'écriture. si les paroles peuvent être acides, si les mots dit à voix hautes peuvent être mensonges et lames tranchantes, ce que je brouillonne dans mon carnet, ce que je chante à la seule mélodie de ma guitare, tout est vrai, pure et ne peut être souillé. tu le sais. et bien c'est de ton nom que j'ai signé mon dernier texte. pas celui d'Harlow, pas celui d'un autre. le tien. parce que c'est à toi que j'ai offert mon coeur et mon corps. je vous ai choisi Astra et toi, j'ai choisi de m'accrocher à vous et de vous vouloir corps et âme. et la question qui fini de m'achever. celle que j'ai voulu éviter. « oui » que je lâche en serrant les dents. « mais je suis aussi amoureuse de toi. et d'Astra » et si tu me demandais de choisir Horace, j'en serais capable.

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@Jelena Rodrič — lundi 29 août, 20:00pm

Y avait des promesses qui n'en étaient pas, des phrases que j'ai entendu plus fortes qu'elles ne l'étaient vraiment. C'est mon problème, tu sais, j'ai une sévère tendance au rêve. Aux rêves, d'ailleurs, à les faire exister partout autour de moi. Peindre aux couleurs plus franches, dessiner des traits et y voir le vrai derrière les cernes. Filtre sur mes orbes. Alors, oui, t'as dis des choses que j'ai fais semblant d'pas vraiment entendre, au début de l'été. Faire semblant que ça n'me touchait pas plus que prévu. J'aurai dû actionner quelques freins, en trouver sur la route ; des branches au moins. Un filet, au mieux. Mais, tête brûlée, j'ai foncé dans le « on verra », dans cette idée illusoire que l'été n'était qu'une saison. « T'en sais rien. » Mots mâchés dans une gorge serrée. T'en sais rien, Jelena. Et c'est pour ça  que j'balance de belles conneries comme celles que tu me répètes. Y a pas plus ridicule que de se jurer fidélité ; matte tous ces idiots en duo, qui s'devisse la nuque pour regarder des futurs possibles qu'ils laissent passer, avec regret. Les regrets, je sais que ça me ferais crever. Toi aussi. Chacun dans nos bulles-monde, je sais qu'un parfum, un regard, peut devenir notre kryptonite. Il y a lui, il y a Elle, il y en aura d'autres. Parce que la vie est faite d'histoires. Tu me rappelles, comme un slogan qu'on m'refout en pleine gueule. Écoute ta sagesse Horace, voit comme tu parles et fait l'opposé. « Je sais. » On conjugue beaucoup le verbe savoir, ce soir. Signe que personne n'y connait rien, et qu'on tâtonne sur ce pont qu'on essaye de stabiliser entre nos êtres. J'précise, le timbre miel : « J'ai dis ça et j’le pense toujours. Y a rien de plus triste que de se limiter dans son affection, et d’avoir des regrets pour des histoires non vécues. » C’est ce que je dis, c’est joli comme je le souffle, c’est beau comme je l’écris partout. Je coulerai ma peau dans l’encre de ces mots. « Je le pense vraiment. » J'pensais qu'il s'agissait d'une vérité, mais cela ressemble de plus en plus à un idéal. « Mais quand il faut le vivre.. » Un rictus qui déchire ma conscience et mes lèvres. « Je crois que j’y arrive pas. » Et ça fragilise mes certitudes ainsi que mon timbre, voix étouffée par cette paroi qui s’épaissit de remords. « J'aimerai vraiment. » Et, tu parles d'un papier. Ca me fait relever la tête, un reflet plus clair, dans les miroirs. Mais faut que t’arrête Horace de te raccrocher aux branches quand elles passent, d’avoir les phalanges qui traînent et qui s’agrippent, à n’importe quel petit morceau d’espoir. C’est ridicule. Et j’en ai pas peur d’ordinaire, du ridicule, mais quand il expose l’intérieur de ma cage thoracique et le métronome agité, j’crois que je découvre la honte. La tête qui se secoue pour remettre les idées à leur place. C’est à dire sur tout et n’importe quoi, sur des détails, sur des clavicules exposées, des désirs multiples. Pas sur une, sur deux, sur un possible qui s’est terni par manque de soleil durant l’été. Faut que j’arrête de jouer à celui qui donne des leçons sans connaissance. Prof minable. T’façon j’lis mal, et j’écris encore moins bien. Qu’est ce que je fais au tableau à t’expliquer la liberté ? Alors, quel papier hein ? Est-ce que ce papier est capable d’effacer le reste, de devenir buvard pour l’excès de craintes qui coule ? J'y crois pas, à ton papier. J'y crois pas, parce les trois lettres percutent et j’entends plus le reste. Ou je l’entend, mais ça ne raisonne pas. Ça aurait dû me brûler, et je ne sens même pas la flamme. « D’accord. » Laconique, effacé, mort. Les doigts qui frottent ma nuque, et tirent légèrement quelques boucles à l’arrière de mon cou. On t’as déjà dis comment apaiser la douleur d’un pansement retiré ? En frappant ailleurs. Battant heurté, épiderme tiré en balance. « Je crois que je vais y aller. » Je voulais des réponses et j’en ai. J’suis déjà debout, comme si n’importe quelle réprobation était d’ors et déjà refusée. « J’te laisse les sushis. » Je te laisse un sourire. Parce qu’il serait injuste de ne pas te l’accorder. T’es la plus honnête d’entre nous et je t’admirerai pour ça, quand ça sera moins lourd. « On a qu’à dire qu’on l’a vu celui-là, j'crois qu'on l'a assez recommencé. » Un regard vers la télé, comme si on en avait quelque-chose à foutre. Même que j'mets toute ma force, dans cette esquisse de sourire léger. Tout le reste de lumière disponible, pour que la fin soit belle.