Il faut croire que le Lord Hobo était devenu leur QG. Cela n’at rien de volontaire mais ils s’y sont  retrouvés un certain nombre de fois et Beth ne cherche plus vraiment où ils pouvaient se retrouver désormais mais proposait directement qu’ils s’y rejoignent. Lorsqu’elle lui écrit ce soir-là pour lui proposer un verre au Lord Boho, un léger rire s’échappe de ses lèvres quand elle constate qu’il y est déjà. Elle secoue doucement la tête et lui indique rapidement qu’elle ne va pas tarder à le rejoindre. Liz passe rapidement chez elle et prend une douche rapide avant d’enfiler un jean et un débardeur. Elle commande ensuite un uber - Beth ne prend plus sa voiture quand elle sort depuis son accident en avril dernier - et descend de chez elle.
Malgré les quelques messages rapidement échangés avec Bill, la jeune femme est curieuse de savoir ce qu’il va avoir à lui raconter et s’il va en dire plus sur ce qui l’a poussé à ne pas être en ville plusieurs semaines. Liz connaît son métier, rapidement, mais ne sait pas exactement en quoi elle consiste ; ils ne discutent habituellement pas de ce genre de choses. Qualifier les conversations autour d’un métier de futile est sans doute dur mais William et Liz passent beaucoup de temps à opposer leurs idées et à avoir des discussions profondes remplies de faits historiques et scientifiques qu’à discuter de choses “banales”. Il leur arrive pourtant de toucher à des choses plus personnelles : comme quand il lui parle de ses soeurs ou quand Liz lui a confié la demande particulière de son père. C’est donc tout naturellement qu’elle l’enlace, malgré le monde qui les oppose parfois en le retrouvant. “Ca fait plaisir de te revoir, Bennet. J’espère que tu n’as pas prévu de re-disparaître prochainement.” Ca ne dépend pas vraiment de lui, et Liz ne lui en voudra de toute façon si c’est le cas. Elle n’est pas du genre à s’en faire de ce genre de choses - il suffit de demander à Horace qui lui a aussi tendance à rester un long moment sans donner de nouvelles, même si c’est pour des raisons qui ne sont absolument pas professionnelles. Elle s’assoit ensuite en face de lui, faisant signe à la serveuse de lui apporter une bière avant de lui demander franchement : “T’as une sale tête. Qu’est-ce qu’il se passe ?”

Un sourire sincère naît sur les lèvres de Liz quand Bill lui précise qu’il n’espère pas réitérer ce qui l’a éloigné de Boston pendant plusieurs mois. Installée en face de lui, elle place son menton sur ses mains, les coudes appuyés sur la table et le regarde, comme s’il s’apprêtait à lui raconter le film de l’année : “Je sais que tu peux pas me dire… grand chose, mais je peux avoir quelques indices ? Ca m’intrigue.” A dire vrai, Beth le taquine plus qu’autre chose. Il est sans doute plus facile pour lui de ne rien dire du tout. Peu importe ce qu’il a vécu, elle comprend son silence. Alors, sans lui laisser le temps de répondre, elle lui fait un petit clin d’oeil et pose sa main sur son bras : “Les laisse pas te bouffer, ok ? Un républicain de moins sur la planète, c’est toujours une bonne chose mais on peut en sacrifier un autre.” Cela échappe d’ailleurs à la jeune femme comment ils ont pu devenir amis proches malgré leurs différences, pas parce qu’il est républicain et elle démocrate mais parce qu’ils sont tous les deux très engagés et ont des discussions plus que houleuses sur des sujets très importants au point d’Elizabeth. Et, sans surprise, cette soirée ne s’annonce pas différente… Elle acquiesce d’un signe de tête quand il mentionne la fusillade et attends de savoir où il veut en venir. “Parce que les personnes qui font les lois refusent de mettre des règles basiques à l’utilisation des armes…” Elle soupire, sait qu’il risque de le prendre comme une attaque, mais ce n’est pas le cas : “Pour ne citer qu’elle, je n’ai toujours pas compris pourquoi le projet de loi de 2013 sur l’interdiction des armes d’assaut n’est pas passé… Le lobby de la NRA est extrêmement fort, simplement parce que c’est un milieu extrêmement lucratif et l’argent compte plus que les vies humaines…” Avant qu’il ne réponde, Beth se sent obligée de préciser : “Je ne suis pas pour l’interdiction totale des armes à feu… Je n’ai pas besoin de te rappeler avec qui j’ai grandi, mais légiférer pour assurer la sécurité des habitants des US ne me paraît pas déconnant… Aujourd’hui plus que jamais.”