« et vous, qui êtes vous ?
moi, qui suis-je ? qu'une forme étrangère ?
qu'un corps mal apprivoisé ?
qu'une proie ployant sous le poids du monde ?
ah, si inique et moi, si irénique! »
quelques maux qu'elle a griffonnés au coin d'un cahier.

ô piètre sauveuse que tu es! comme si le dieu en lequel tu t'efforces de croire t'avais affublée de quelque mission, tu défends corps et âme la veuve et son orphelin. pour sûr, ton geste est louable, quand bien même un manque de logique nait dans tes propos. celui qui te semble faible, malgré ses péchés, tu l’ériges au rang de saint. complexe d'infériorité que tu refoules ? ainsi te voilà, toi même munie de cette auréole dont tu t'es accaparée, jouant au robin des bois. celui à qui le peuple tourne le dos, devient dans l'instant ton nouveau compagnon d'infortune. tu lui contes mondes et merveilles, en omettant quelques monstres et désillusions. si un autre à la peine davantage larmoyante s'offre à toi, tu fonds aussitôt et l'autre n'est plus qu'un pâle souvenir. tu nies presque, d'ailleurs, votre ancienne relation. prétextant quelque divergences de point de vue, tu n'es simplement guère mieux que ces oiseaux migrateurs, qui partent en raison d'un endroit meilleur, sans se soucier du passé.

te voilà, lasse. allongée de tout ton long sur ton lit à peine fait, plusieurs articles inachevés trônant autour de toi. ils forment alors une auréole. une auréole funeste, d'une gloire avortée. qui ne verra jamais le jour. tu renonces trop vite pour cela, cherchant constamment de nouvelles excuses. prétextant que non, baliverne, cette année sabbatique ne fut absolument pas une erreur, tout au contraire, qu'elle t'a permis de te plonger toute entière dans l'écriture. ce sont cela, les balivernes. tu te rassures piètrement, te confondant dans quelque talent qui n'a surement jamais existé. tu n'es qu'une idiote de plus, persuadée de changer le monde, proposant inlassablement les mêmes sujets parfumés d'un air de nouveauté bon marché, pourtant si brillants. mais cela, tu refuses de le voir. tu te caches derrière ton adoption, ce passé dont tu n'as aucun souvenir et qui n'a jamais été vraiment tient, prétextant encore et à jamais qu'il s'agit de la raison de ton inefficacité. pourtant, il semble que parfois tu en prends conscience. un éclair de génie. une mèche plus sombre parmi ta candeur. mais aussitôt, tu chasses ces doutes quant à ta personne. tu oublies ta peine de par quelques films d'horreur. il s'agit de ton alcool à toi, de ta coke. cela te vide tristement l'esprit, tu n'existes plus le temps d'une heure ou deux. douce drogue insoupçonnée. qui l'eut crut ? même pas ceux qui t'ont offert cette chair, et ce sang, qui d'ailleurs, on sans doute oublié ta pauvre existence. et cette famille de substitution ? leur as-tu simplement confier quelque chose ? les futilités, certainement, mais jamais rien de personnel, de ce que tu conserves jalousement en tes abysses les plus redoutables. petite fille sans histoire. sans passé. et l'avenir, t'es si incertain.