TW : Mafia, Meurtre, Prostitution, Sexe, Langage Cru, Violence
Jeudi 16 Juin. 04:45 pm
La sirène retentissait. La lumière s’allumait. Mes sourcils se fronçaient aussitôt alors que mes iris sombres se baissaient pour vérifier la vitesse à laquelle je roulais. Non, je n’étais pas au-dessus de la limite autorisée. Mon cerveau se mettait à fonctionner à toute vitesse en quête d’une raison qui pousserait la police à soudainement m’arrêter alors que je roulais sur ma moto dans les rues de Boston à la sortie du travail. Rien ne venait. Et, quelque part, je sentais mon ventre se tordre comme si mon instinct me soufflait que cela ne signifiait rien de bon. J’aurai peut-être mieux fait d’accélérer pour tenter de semer la voiture. J’aurai peut-être mieux fait de prendre la fuite. Mais, putain, je ne pouvais pas m’y résoudre. Je n’avais rien à me reprocher – si on oubliait bien sûr les meurtres que j’avais pu commettre au cours de mon existence. Puis, j’avais un mari et une fille alors il valait mieux tenter d’éviter les ennuis au maximum. Observant les alentours, je repérais un endroit où me stationner et je m’empressais de le faire. La voiture de police s’arrêtait derrière moi tandis que je coupais sagement le moteur de ma moto. Casque retiré, je restais sur mon moyen de transport dans l’attente de savoir ce qu’on me voulait. Tout s’enchaînait alors un peu trop rapidement. Un des policiers m’approchait me demandant de descendre de la moto. Je tentais aussitôt de poser des questions pour savoir ce qui se passait et ce que je pouvais bien avoir fait. Mon interlocuteur se contentait de répéter les mots comme s’il semblait les avoir appris par cœur. Rien de plus. Rien de moins. Juste que je devais descendre de cette moto. Je finissais sagement par obéir m’éloignant de deux pas de la moto comme il me le demandait. « Neal Teodoro Hood-Spritz, vous êtes en état d’arrestation pour le meurtre de Jordan Hood. Vous avez… » Les mots continuaient d’être lancé alors que le second policier venait me passer les menottes. Je n’y comprenais rien. Comment avaient-ils su ? Comment avaient-ils pu l’apprendre ? Je restais de marbre ne montrant ni le stress ni l’incompréhension qui cognait en moi. Je finissais à l’arrière de cette voiture de police abandonnant ma moto dans la rue. Bien trop vite, je comprenais que quelque chose clochait. Bien trop vite, mon instinct d’ancien membre de la Mafia me criait qu’il y avait quelque chose de pas net là-dedans.
Jeudi 16 Juin. 05:10 pm.
Perdu. Je l’étais un peu trop. Je me retrouvais enfermé dans une pièce qui semblait être une salle d’interrogatoire. Néanmoins, rien ne collait vraiment aux actions réelles de la police. Je n’avais pas été mis en cellule. Un sac avait été mis sur ma tête au cours du trajet pour m’empêcher de voir la destination. Ce sac qui m’avait été enlevé quelques minutes plus tôt tandis que je me retrouvais déjà dans cette pièce étrange. Mes iris sombres se promenaient autour de moi cherchant à évaluer la situation et les possibilités de fuite. Il était fou de voir qu’après toutes ces années, les automatismes pouvaient revenir en un claquement de doigts. Il était fou de voir que, même si tout le monde – moi y compris – pensait que j’avais totalement changé depuis mon mariage, j’étais au fond toujours le même gamin meurtri. Agitant doucement les mains, je constatais que les menottes entravaient toujours mes poignets dans mon dos derrière la chaise. Ça aussi ce n’était pas vraiment normal. Si ? Putain, je n’en savais plus rien. Tout se mélangeait à l’intérieur de ma tête. Pourtant, au lieu de devenir fou et d’hurler, je restais assis bien droit et silencieux sur cette chaise dans l’attente de la suite des événements. Prêt à jouer le rôle qu’il me faudrait. Prêt à calculer l’ensemble des possibilités. Prêt à mentir. Le Neal mafieux était de retour dans la partie et il ne tardait pas à être propulsé sur le terrain de jeu. La porte s’ouvrait sur le policier qui m’avait arrêté. Rien ne transparaissait sur mon visage alors qu’il s’installait face à moi déposant un gros dossier devant lui. En un rien de temps l’interrogatoire commençait. Les questions étaient toujours les mêmes. Elles revenaient sans cesse. On tournait en rond. Je répondais toujours la même chose et il continuait de poser les mêmes interrogations. Il manquait peu à peu de patience. Mais, à l’instant où son poing s’était abattu sur mon visage, je savais. Je savais que je n’avais guère été arrêté par la police. C’était autre chose. Un sombre présage. Une sombre histoire. Pourtant, je ne perdais pas la face et je continuais de lancer les mêmes réponses. Encore et encore. Toujours.
« Quand avez-vous vu Jordan Hood pour la dernière fois ? » « Quelques mois après mes dix-huit ans dans ma maison familiale avant qu’il ne disparaisse d’Italie sans doute reparti vers l’Irlande qui aimait tant puisque ma mère n’était plus. »
« Si votre père vous a abandonné, qu’avez-vous fait ? » « J’étais majeur. J’ai rencontré un homme avec qui je vivais et je travaillais pour lui. Je réparais des motos. »
« Que savez-vous de la Mafia Italienne ? » « Que voulez-vous que j’en sache ? Je ne suis pas mon père. Ce n’est pas moi qui courait après eux. Il y avait des rumeurs comme quoi ils auraient tué ma mère pour se venger de l’enquête de mon père. Mais, je n’en sais rien. Ce n’est pas mon monde. »
« Vous n’avez donc jamais eu de contact avec la Mafia Italienne ? » « Non. »
« Vous êtes allés en Italie récemment ? » « Oui. »
« Qu’avez-vous fait en Italie ? » « Rien qui ne puisse vous intéresser. Des voyages pour revoir les terres de mon enfance, partager des souvenirs avec certaines personnes. »
« Certaines personnes ? » « Ouais, vous savez. Des amis, des proches. »
« Vous voulez parler de Côme Baldini ? » « Désolé, je ne connais pas ce nom. Vous êtes sûr que vous venez pas juste de l’inventer parce qu’on dirait le nom d’un parfum. »
« Les noms d’Antonio Genovese et de Rob Genovese ne vous disent rien non plus alors ? » « Je suis désolé, ça devrait me parler ? »
« Et le nom de Lukas Owen Spritz-Hood ça vous parle plus ? » « C’est mon mari. J’aimerai bien le prévenir de cette arrestation d’ailleurs. »
« Vous ne semblez pas avoir perdu la mémoire Monsieur Hood. Alors, on va recommencer et vous allez me dire la vérité. »
Jeudi 16 Juin. 07:30 pm.
Le policier – ou plutôt le faux policier – avait fini par quitter la pièce après de longues minutes d’interrogatoire. Il n’y avait pas eu de menace à l’encontre de ma famille même s’il laissait clairement entendre qu’il connaissait mes proches en mentionnant le nom de mon mari. Il n’y avait pas eu de menaces réelles à mon égard. Il y avait eu des coups. Son poing s’était abattu sur mon visage quelques fois. Son couteau avait flirté avec ma gorge par moment. Ses doigts avaient tordus les miens par instant. Pourtant, rien de plus n’avait glissé entre mes lèvres. Les mêmes réponses tombaient constamment. Les mêmes mots glissaient sans la moindre émotion. Gamin parfait qui avait retenu les leçons du passé. Gosse suffisamment endurant pour supporter ce moment. On avait fini par me laisser dans cette pièce. Seul. Les mains toujours entravées de menottes, j’avais passé de longues heures abandonné à mon sort. De longues heures où j’étais resté droit et silencieux. Le faux policier avait fini par revenir pour relancer l’interrogatoire. Ça avait été vain une nouvelle fois. Les mêmes questions retrouvaient droit aux mêmes réponses. Les mots restaient identiques comme parfaitement appris sans la moindre hésitation. Et, finalement, le voile se levait. Une fois le faux policier disparu, la porte s’ouvrait une nouvelle fois sur un visage qui ne m’était pas inconnu. Rob se trouvait face à moi. Le sourire passait brièvement sur mon visage. Donc, c’était Rob qui était derrière tout ça. C’était Rob qui avait organisé tout cet événement.
Le mafieux venait défaire mes menottes sans un mot avant de s’installer face à moi. Je massais mes poignets douloureux l’observant sans un mot. J’attendais. Bien trop rapidement, il abattait devant moi une série de photos. Une série de photos qui prouvait ma culpabilité pour le meurtre de mon père. F*ck it. J’aurai dû me douter qu’en lui demandant de l’aide pour me débarrasser du corps, ça pourrait se retourner contre moi. J’aurai dû explorer la chambre d’hôtel. Les yeux rivés sur les clichés, je ne bougeais pas et la voix de Rob s’élevait « Comme tu le vois petit chaton, j’ai les preuves suffisantes pour que la vraie police s’en prenne à toi pour le meurtre de ton ordure de père. Je n’ai vraiment, mais vraiment pas envie de les utiliser et de te mettre derrière les barreaux alors que tu as bien fait de mettre fin à ses jours. » Mon regard se relevait sur Rob et j’haussais un sourcil attendant la suite. Il prétendait ne pas vouloir les utiliser, mais il était clairement prêt à le faire. Il était prêt à me faire du chantage. Je le savais. Je le connaissais. « Je suis gentil chaton. Je sais que tu es marié à présent et que tu te débrouilles plutôt bien pour rester fidèle. C’est épatant. Alors, je ne vais pas te demander de mettre ton cul à ma disposition pour des clients. » Le mafieux se levait soudainement de sa chaise. Je suivais ses mouvements du regard. Il se glissait dans mon dos. Ses mains se déposaient sur mes épaules tandis que je restais de marbre. Petite marionnette bien trop consciente de son pouvoir. Ses doigts glissaient le long de mon torse alors que sa bouche trouvait mon oreille pour y murmurer quelques mots supplémentaires. « Peut-être que je le demanderai pour moi en revanche… » Des mots qui me poussaient à fermer les yeux alors que ses doigts frôlaient mon membre dans mon pantalon. Presque aussi vite qu’il était apparu derrière moi, il se plaçait de nouveau sur la chaise face à moi les mains sur la table et son regard plongé dans le mien. « Carte sur table petit chaton. Je sais de quoi tu es capable. J’ai vu de quoi tu es capable. Tu es un atout que je veux dans mon jeu. Alors, je te propose de bosser pour moi… » Le léger rire passait entre mes lèvres à ces mots et il me comprenait en un regard comme toujours. « Oui, oui je sais. Ce n’est pas vraiment une proposition. C’est plutôt une obligation si tu ne veux pas que ces photos te pourrissent l’existence et viennent par la même occasion foutre en l’air la vie de ton mari ou de ta fille. » Mon regard se posait une nouvelle fois sur les photos. J’étais reconnaissable. Beaucoup trop. Déglutissant difficilement, je relevais les yeux avant d’ouvrir la bouche « C’est quoi le boulot ? » Le mafieux rangeait les photos dans son dossier parfaitement satisfait parce qu’il savait qu’il avait gagné. Je le savais aussi. « Juste quelques missions parfois. Des hommes à faire parler. Des informations à récupérer. Parfois des hommes à torturer ou à tuer. Que des choses à ta portée chaton. » J’hochais sagement la tête. Rob applaudissait tout fier de lui. Il me détaillait la situation me confiant un téléphone que je devais toujours garder sur moi. C’était sur ce téléphone qu’il m’enverrait la totalité des informations. Si je ne répondais pas dans les vingt minutes après un message, les photos seraient envoyées et ma vie serait réduite à néant. L’accord semblait mis en place et Rob me laissait quitter la pièce. De rapides soins m’étaient donnés avant qu’on ne me conduise de nouveau à l’endroit où ma moto avait été laissé. Le dernier avertissement sonnait et la voiture disparaissait me laissant seul dans la rue. Seul et changé encore une fois.
Jeudi 16 Juin. 09:00 pm.
Garé devant le Sun Rock, mes iris sombres fixaient l’endroit. J’avais contacté ma boss pour lui dire que je ne viendrais pas travailler au Lord Hobo ce soir parce que je me sentais fatigué. En vérité, je ne me sentais juste pas capable de supporter le boulot après ce qui venait de se passer. Pourtant, au lieu de sagement rentrer à la maison pour tenter de me reposer et de faire bonne figure devant mon mari, je me retrouvais devant son lieu de travail. Est-ce que je devais lui parler de toute cette histoire ? Oui. Non. Peut-être. Putain, je n’en savais rien. Il allait bien voir que quelque chose n’allait pas. Il allait bien se rendre compte qu’il y avait un problème. Mais, pouvais-je réellement lui conter cet accord que je venais de passer à cause de la menace qui pesait sur mon être ? Je l’ignorais. Poussant la porte du Sun Rock, mon regard balayait l’endroit sans apercevoir mon amoureux et je m’empressais de descendre au sous-sol où j’aurai moins de risques de le croiser. Quoi que… Il y avait de fortes chances pour que X ou Y aillent dire à mon mari que j’étais là comme ça arrivait au Lord Hobo. Dès que Mio Amore était au Lord Hobo, vous pouviez être sûrs et certains que j’étais mis au courant très rapidement. Peut-être donc que mon amoureux allait lui aussi obtenir l’information beaucoup trop vite. M’installant au bar, un barman ne tardait pas à me faire face et je commandais un simple whisky. De l’alcool. Pour la première fois depuis des mois. De l’alcool pour la première fois depuis que j’avais vu les médecins suite à mes pertes de mémoire et qu’ils m’avaient interdits tant de choses. Le verre ne tardait pas à se retrouver devant moi. Je le fixais sans savoir quoi faire. Est-ce que je pouvais vraiment le boire ? Ce n’était qu’un verre après tout et j’avais le droit de boire si je n’abusais pas n’est-ce pas ? Mais, putain, ce n’était pas vraiment ça qui trottait dans ma tête. Non. Je me questionnais surtout sur les mots que j’allais devoir souffler à mon amoureux. Je m’interrogeais sur ce que j’étais censé dire. Alors, comme pour me donner le courage, j’attrapais le verre que je vidais cul sec. Plongeant dans les vieux démons, je ne tardais pas à en commander un second. Peut-être qu’avec un peu de chance ce second verre me donnerait l’espoir que tout se passe bien. On avait beau courir aussi loin qu’on voulait, le passé finissait toujours par nous rattraper. Mais, après tout, les missions confiées par Rob étaient peut-être bien le but de mon existence. Peut-être que c’était ce pour quoi j’étais fait depuis le jour où ma vie avait basculé aux côtés de la Mafia.
@Lukas O. Spritz-HoodLa sirène retentissait. La lumière s’allumait. Mes sourcils se fronçaient aussitôt alors que mes iris sombres se baissaient pour vérifier la vitesse à laquelle je roulais. Non, je n’étais pas au-dessus de la limite autorisée. Mon cerveau se mettait à fonctionner à toute vitesse en quête d’une raison qui pousserait la police à soudainement m’arrêter alors que je roulais sur ma moto dans les rues de Boston à la sortie du travail. Rien ne venait. Et, quelque part, je sentais mon ventre se tordre comme si mon instinct me soufflait que cela ne signifiait rien de bon. J’aurai peut-être mieux fait d’accélérer pour tenter de semer la voiture. J’aurai peut-être mieux fait de prendre la fuite. Mais, putain, je ne pouvais pas m’y résoudre. Je n’avais rien à me reprocher – si on oubliait bien sûr les meurtres que j’avais pu commettre au cours de mon existence. Puis, j’avais un mari et une fille alors il valait mieux tenter d’éviter les ennuis au maximum. Observant les alentours, je repérais un endroit où me stationner et je m’empressais de le faire. La voiture de police s’arrêtait derrière moi tandis que je coupais sagement le moteur de ma moto. Casque retiré, je restais sur mon moyen de transport dans l’attente de savoir ce qu’on me voulait. Tout s’enchaînait alors un peu trop rapidement. Un des policiers m’approchait me demandant de descendre de la moto. Je tentais aussitôt de poser des questions pour savoir ce qui se passait et ce que je pouvais bien avoir fait. Mon interlocuteur se contentait de répéter les mots comme s’il semblait les avoir appris par cœur. Rien de plus. Rien de moins. Juste que je devais descendre de cette moto. Je finissais sagement par obéir m’éloignant de deux pas de la moto comme il me le demandait. « Neal Teodoro Hood-Spritz, vous êtes en état d’arrestation pour le meurtre de Jordan Hood. Vous avez… » Les mots continuaient d’être lancé alors que le second policier venait me passer les menottes. Je n’y comprenais rien. Comment avaient-ils su ? Comment avaient-ils pu l’apprendre ? Je restais de marbre ne montrant ni le stress ni l’incompréhension qui cognait en moi. Je finissais à l’arrière de cette voiture de police abandonnant ma moto dans la rue. Bien trop vite, je comprenais que quelque chose clochait. Bien trop vite, mon instinct d’ancien membre de la Mafia me criait qu’il y avait quelque chose de pas net là-dedans.
Jeudi 16 Juin. 05:10 pm.
Perdu. Je l’étais un peu trop. Je me retrouvais enfermé dans une pièce qui semblait être une salle d’interrogatoire. Néanmoins, rien ne collait vraiment aux actions réelles de la police. Je n’avais pas été mis en cellule. Un sac avait été mis sur ma tête au cours du trajet pour m’empêcher de voir la destination. Ce sac qui m’avait été enlevé quelques minutes plus tôt tandis que je me retrouvais déjà dans cette pièce étrange. Mes iris sombres se promenaient autour de moi cherchant à évaluer la situation et les possibilités de fuite. Il était fou de voir qu’après toutes ces années, les automatismes pouvaient revenir en un claquement de doigts. Il était fou de voir que, même si tout le monde – moi y compris – pensait que j’avais totalement changé depuis mon mariage, j’étais au fond toujours le même gamin meurtri. Agitant doucement les mains, je constatais que les menottes entravaient toujours mes poignets dans mon dos derrière la chaise. Ça aussi ce n’était pas vraiment normal. Si ? Putain, je n’en savais plus rien. Tout se mélangeait à l’intérieur de ma tête. Pourtant, au lieu de devenir fou et d’hurler, je restais assis bien droit et silencieux sur cette chaise dans l’attente de la suite des événements. Prêt à jouer le rôle qu’il me faudrait. Prêt à calculer l’ensemble des possibilités. Prêt à mentir. Le Neal mafieux était de retour dans la partie et il ne tardait pas à être propulsé sur le terrain de jeu. La porte s’ouvrait sur le policier qui m’avait arrêté. Rien ne transparaissait sur mon visage alors qu’il s’installait face à moi déposant un gros dossier devant lui. En un rien de temps l’interrogatoire commençait. Les questions étaient toujours les mêmes. Elles revenaient sans cesse. On tournait en rond. Je répondais toujours la même chose et il continuait de poser les mêmes interrogations. Il manquait peu à peu de patience. Mais, à l’instant où son poing s’était abattu sur mon visage, je savais. Je savais que je n’avais guère été arrêté par la police. C’était autre chose. Un sombre présage. Une sombre histoire. Pourtant, je ne perdais pas la face et je continuais de lancer les mêmes réponses. Encore et encore. Toujours.
« Quand avez-vous vu Jordan Hood pour la dernière fois ? » « Quelques mois après mes dix-huit ans dans ma maison familiale avant qu’il ne disparaisse d’Italie sans doute reparti vers l’Irlande qui aimait tant puisque ma mère n’était plus. »
« Si votre père vous a abandonné, qu’avez-vous fait ? » « J’étais majeur. J’ai rencontré un homme avec qui je vivais et je travaillais pour lui. Je réparais des motos. »
« Que savez-vous de la Mafia Italienne ? » « Que voulez-vous que j’en sache ? Je ne suis pas mon père. Ce n’est pas moi qui courait après eux. Il y avait des rumeurs comme quoi ils auraient tué ma mère pour se venger de l’enquête de mon père. Mais, je n’en sais rien. Ce n’est pas mon monde. »
« Vous n’avez donc jamais eu de contact avec la Mafia Italienne ? » « Non. »
« Vous êtes allés en Italie récemment ? » « Oui. »
« Qu’avez-vous fait en Italie ? » « Rien qui ne puisse vous intéresser. Des voyages pour revoir les terres de mon enfance, partager des souvenirs avec certaines personnes. »
« Certaines personnes ? » « Ouais, vous savez. Des amis, des proches. »
« Vous voulez parler de Côme Baldini ? » « Désolé, je ne connais pas ce nom. Vous êtes sûr que vous venez pas juste de l’inventer parce qu’on dirait le nom d’un parfum. »
« Les noms d’Antonio Genovese et de Rob Genovese ne vous disent rien non plus alors ? » « Je suis désolé, ça devrait me parler ? »
« Et le nom de Lukas Owen Spritz-Hood ça vous parle plus ? » « C’est mon mari. J’aimerai bien le prévenir de cette arrestation d’ailleurs. »
« Vous ne semblez pas avoir perdu la mémoire Monsieur Hood. Alors, on va recommencer et vous allez me dire la vérité. »
Jeudi 16 Juin. 07:30 pm.
Le policier – ou plutôt le faux policier – avait fini par quitter la pièce après de longues minutes d’interrogatoire. Il n’y avait pas eu de menace à l’encontre de ma famille même s’il laissait clairement entendre qu’il connaissait mes proches en mentionnant le nom de mon mari. Il n’y avait pas eu de menaces réelles à mon égard. Il y avait eu des coups. Son poing s’était abattu sur mon visage quelques fois. Son couteau avait flirté avec ma gorge par moment. Ses doigts avaient tordus les miens par instant. Pourtant, rien de plus n’avait glissé entre mes lèvres. Les mêmes réponses tombaient constamment. Les mêmes mots glissaient sans la moindre émotion. Gamin parfait qui avait retenu les leçons du passé. Gosse suffisamment endurant pour supporter ce moment. On avait fini par me laisser dans cette pièce. Seul. Les mains toujours entravées de menottes, j’avais passé de longues heures abandonné à mon sort. De longues heures où j’étais resté droit et silencieux. Le faux policier avait fini par revenir pour relancer l’interrogatoire. Ça avait été vain une nouvelle fois. Les mêmes questions retrouvaient droit aux mêmes réponses. Les mots restaient identiques comme parfaitement appris sans la moindre hésitation. Et, finalement, le voile se levait. Une fois le faux policier disparu, la porte s’ouvrait une nouvelle fois sur un visage qui ne m’était pas inconnu. Rob se trouvait face à moi. Le sourire passait brièvement sur mon visage. Donc, c’était Rob qui était derrière tout ça. C’était Rob qui avait organisé tout cet événement.
Le mafieux venait défaire mes menottes sans un mot avant de s’installer face à moi. Je massais mes poignets douloureux l’observant sans un mot. J’attendais. Bien trop rapidement, il abattait devant moi une série de photos. Une série de photos qui prouvait ma culpabilité pour le meurtre de mon père. F*ck it. J’aurai dû me douter qu’en lui demandant de l’aide pour me débarrasser du corps, ça pourrait se retourner contre moi. J’aurai dû explorer la chambre d’hôtel. Les yeux rivés sur les clichés, je ne bougeais pas et la voix de Rob s’élevait « Comme tu le vois petit chaton, j’ai les preuves suffisantes pour que la vraie police s’en prenne à toi pour le meurtre de ton ordure de père. Je n’ai vraiment, mais vraiment pas envie de les utiliser et de te mettre derrière les barreaux alors que tu as bien fait de mettre fin à ses jours. » Mon regard se relevait sur Rob et j’haussais un sourcil attendant la suite. Il prétendait ne pas vouloir les utiliser, mais il était clairement prêt à le faire. Il était prêt à me faire du chantage. Je le savais. Je le connaissais. « Je suis gentil chaton. Je sais que tu es marié à présent et que tu te débrouilles plutôt bien pour rester fidèle. C’est épatant. Alors, je ne vais pas te demander de mettre ton cul à ma disposition pour des clients. » Le mafieux se levait soudainement de sa chaise. Je suivais ses mouvements du regard. Il se glissait dans mon dos. Ses mains se déposaient sur mes épaules tandis que je restais de marbre. Petite marionnette bien trop consciente de son pouvoir. Ses doigts glissaient le long de mon torse alors que sa bouche trouvait mon oreille pour y murmurer quelques mots supplémentaires. « Peut-être que je le demanderai pour moi en revanche… » Des mots qui me poussaient à fermer les yeux alors que ses doigts frôlaient mon membre dans mon pantalon. Presque aussi vite qu’il était apparu derrière moi, il se plaçait de nouveau sur la chaise face à moi les mains sur la table et son regard plongé dans le mien. « Carte sur table petit chaton. Je sais de quoi tu es capable. J’ai vu de quoi tu es capable. Tu es un atout que je veux dans mon jeu. Alors, je te propose de bosser pour moi… » Le léger rire passait entre mes lèvres à ces mots et il me comprenait en un regard comme toujours. « Oui, oui je sais. Ce n’est pas vraiment une proposition. C’est plutôt une obligation si tu ne veux pas que ces photos te pourrissent l’existence et viennent par la même occasion foutre en l’air la vie de ton mari ou de ta fille. » Mon regard se posait une nouvelle fois sur les photos. J’étais reconnaissable. Beaucoup trop. Déglutissant difficilement, je relevais les yeux avant d’ouvrir la bouche « C’est quoi le boulot ? » Le mafieux rangeait les photos dans son dossier parfaitement satisfait parce qu’il savait qu’il avait gagné. Je le savais aussi. « Juste quelques missions parfois. Des hommes à faire parler. Des informations à récupérer. Parfois des hommes à torturer ou à tuer. Que des choses à ta portée chaton. » J’hochais sagement la tête. Rob applaudissait tout fier de lui. Il me détaillait la situation me confiant un téléphone que je devais toujours garder sur moi. C’était sur ce téléphone qu’il m’enverrait la totalité des informations. Si je ne répondais pas dans les vingt minutes après un message, les photos seraient envoyées et ma vie serait réduite à néant. L’accord semblait mis en place et Rob me laissait quitter la pièce. De rapides soins m’étaient donnés avant qu’on ne me conduise de nouveau à l’endroit où ma moto avait été laissé. Le dernier avertissement sonnait et la voiture disparaissait me laissant seul dans la rue. Seul et changé encore une fois.
Jeudi 16 Juin. 09:00 pm.
Garé devant le Sun Rock, mes iris sombres fixaient l’endroit. J’avais contacté ma boss pour lui dire que je ne viendrais pas travailler au Lord Hobo ce soir parce que je me sentais fatigué. En vérité, je ne me sentais juste pas capable de supporter le boulot après ce qui venait de se passer. Pourtant, au lieu de sagement rentrer à la maison pour tenter de me reposer et de faire bonne figure devant mon mari, je me retrouvais devant son lieu de travail. Est-ce que je devais lui parler de toute cette histoire ? Oui. Non. Peut-être. Putain, je n’en savais rien. Il allait bien voir que quelque chose n’allait pas. Il allait bien se rendre compte qu’il y avait un problème. Mais, pouvais-je réellement lui conter cet accord que je venais de passer à cause de la menace qui pesait sur mon être ? Je l’ignorais. Poussant la porte du Sun Rock, mon regard balayait l’endroit sans apercevoir mon amoureux et je m’empressais de descendre au sous-sol où j’aurai moins de risques de le croiser. Quoi que… Il y avait de fortes chances pour que X ou Y aillent dire à mon mari que j’étais là comme ça arrivait au Lord Hobo. Dès que Mio Amore était au Lord Hobo, vous pouviez être sûrs et certains que j’étais mis au courant très rapidement. Peut-être donc que mon amoureux allait lui aussi obtenir l’information beaucoup trop vite. M’installant au bar, un barman ne tardait pas à me faire face et je commandais un simple whisky. De l’alcool. Pour la première fois depuis des mois. De l’alcool pour la première fois depuis que j’avais vu les médecins suite à mes pertes de mémoire et qu’ils m’avaient interdits tant de choses. Le verre ne tardait pas à se retrouver devant moi. Je le fixais sans savoir quoi faire. Est-ce que je pouvais vraiment le boire ? Ce n’était qu’un verre après tout et j’avais le droit de boire si je n’abusais pas n’est-ce pas ? Mais, putain, ce n’était pas vraiment ça qui trottait dans ma tête. Non. Je me questionnais surtout sur les mots que j’allais devoir souffler à mon amoureux. Je m’interrogeais sur ce que j’étais censé dire. Alors, comme pour me donner le courage, j’attrapais le verre que je vidais cul sec. Plongeant dans les vieux démons, je ne tardais pas à en commander un second. Peut-être qu’avec un peu de chance ce second verre me donnerait l’espoir que tout se passe bien. On avait beau courir aussi loin qu’on voulait, le passé finissait toujours par nous rattraper. Mais, après tout, les missions confiées par Rob étaient peut-être bien le but de mon existence. Peut-être que c’était ce pour quoi j’étais fait depuis le jour où ma vie avait basculé aux côtés de la Mafia.
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@Côme L. Mickelson @Katalia Borgia @Nathaniel Bernadotte @Jeremy Sadusky @Alma Nightindale @Albus Jasinski
(Neal T. Hood-Spritz)