@Anders H. Wellington | Samedi 21 Mai, début de soirée | A la seconde où j'ai su qu'il se serait solo avec sa petiote, pour laisser la mère profiter de son bal, j'ai tout de suite eu envie de le surprendre. Pas vraiment dans mes habitudes mais c'est justement dans cette intention-là, que j'ai décidé de trouver des cadeaux pour le père et la fille. Bon, c'était peut-être pas respectueux de m'imposer dans son moment fille-papa et probablement trop tôt pour me familiariser avec la minuscule. En tout cas, les doutes m'ont assailli alors que je suis devant chez lui. Je regarde tous mes sacs avec les cadeaux, j'avais possiblement abusé mais tant pis. De la décoration après avoir su le thème pour refaire son salon. Lui chercher un costume et une tenue pour la petite. Assis à tapoter frénétiquement mon volant, alors que j'étais dans un smoking dans le thème. Se doute-t-il de quelque chose ? Je soupire longuement et saute hors de la voiture. Ne jamais fuir. Je grimpe ses escaliers et sonne. Tu peux pas aller au bal, alors je vous l'apporte. Je me sens tellement gauche mais je suis bel et bien devant lui.

Soirée de bal, soirée que j'évitais avec brio, une année encore. Tranquillement posé chez moi, à réfléchir à l'organisation de mes vacances, bébé allongée dans son couffin, juste à côté de moi, à qui je commente tout. Céleste vivait sa meilleure vie ce soir, profitant de la soirée en tant que femme, et non maman, tandis que moi, je rattrapais un peu le temps perdu avec ma fille, jusque là, très sage, et qui semblait avoir de moins en moins de mal à s'habituer à ce nouvel environnement. Une situation qui me convenait parfaitement, n'ayant pas envie de passer ma soirée au milieu des drames et faux semblants qui pourraient l'entourer. D'autant plus que j'aurais été obligé d'y aller seul car le seul homme que je désirais ne m'aurait pas accompagné, et personne d'autre n'aurait sa place à mon bras si ce n'était lui. Ce qui me faisait pensé, que je ne savais toujours pas quoi faire pour le mariage de Johan. M'accompagnerait-il là pas, malgré tout les antécédents entre Johan, Jared, lui et moi ? Question repoussé alors que je réserve quand même des billets pour le Danemark cet été avant qu'on sonne, ce qui agite bébé. Je la prends dans mes bras avant que l'agitation ne devienne une crise pour aller ouvrir, découvrant avec surprise mon homme derrière la porte. « Novel ? » Pas le temps de lui demander la raison de sa présence qu'il me l'explique, me laissant bouche bée. Je me décale pour le laisser entrer et refermer la porte, attrapant aussitôt son menton pour l'embrasser avec fougue. Je l'aurais même volontiers plaqué contre le mur, mais impossible avec bébé dans les bras. « Tu es l'homme parfait ! Et incroyablement sexy dans cette tenue. » Je le dévore du regard, les costumes lui vont si bien. Gazouillis qui captent mon attention, et je baisse la tête vers Anaé qui ne semble pas perturbée par cette arrivée. « Je suppose que les présentations ne sont pas vraiment nécessaire, mais Novel, je te présente Anaé, ma fille. Et bébé, je te présente Novel, le copain de papa. »

Je n'arrive pas à croire que je venais jusqu'à lui alors qu'il avait sa fille avec lui. Que je m'étais dit que je ne m'interposerais pas entre les deux. Le temps devait être de qualité. Et me voilà, fringué et avec des sacs pour leur changer les idées. Surpris il est, et je me dis que j'ai réussi mon coup, obtenant même un baiser passionné. C'est la minuscule qui nous ramène à l'ordre et je la salue avec un sourire, intimidé par sa présence tout de même. Enchanté jeune fille. Tu faisais quoi ? Je le questionne tout en posant mes sacs sur la table, sortant la décoration quand j'installe un peu par hasard. Et surtout leur tenue. Bon alors, j'espère que je me suis pas planté. Sinon désolé, t'as pris du poids dans mes souvenirs. Ce qui était totalement faux.

Grâce à une bonne combinaison des arguments, j'avais réussi à éviter le bal. Il faut dire que ce genre d'évènement ne m'avait jamais passionné outre mesure, et le simple fait de ne pas pouvoir y aller au bras de celui que j'aime renforçait cette envie d'échapper à l'évènement, malgré les tentatives de quelques ami.es pour me convaincre. Rester à la maison toute la soirée, veiller sur Anaé pour que Céleste vive sa meilleure vie, c'était un programme tout à fait acceptable. Et tout à fait adaptable. Novel de l'autre côté de la porte, je reste surpris par sa présence et la raison qui l'accompagne. Si je n'allais pas au bal, le bal viendrait à moi. Et lui. L'effet me touche en plein coeur, d'autant plus que je savais qu'il ne souhaitait pas s'imposer dans ma vie de Papa. Le voir débarquer sans prévenir alors qu'Anaé était là - et qu'il le savait - c'était inattendu, mais surtout rassurant pour l'avenir. « Je réfléchissais à mon organisation pour cet été. Comme tu le sais, je ne passerais pas à côté d'un mariage à la rentrée, et il y a beaucoup de chose à préparer. Mais j'aimerais quand même profiter de mes vacances malgré tout, et si possible de mon homme aussi. » Je lui souris, l'air de rien alors que je le suis du regard et l'observe installer les premières décorations. Je le regarde déposer des tenues sur la table que j'observe. « J'ai la même ligne depuis que l'on s'est rencontré. Et si tu as besoin de preuves pour me croire, je te le montrerais avec plaisir à la fin de la soirée. » Nouveau baiser volé avant d'attraper les tenues. « Bon, je suppose que je n'ai plus qu'à aller m'habiller pour le bal alors ! Allons-y ! »

Tout pendant que les deux vont s'habiller, je sors des tas de tupps pour tout mettre à réchauffer. J'avais peut-être exagérer sur les festivités. Mais je ne sais pas pourquoi, j'en ai fait une priorité alors qu'il était en plein devoir paternel. Bon, une part de culpabilité de l'avoir interrompu se pointe. Je la chasse rapidement parce que je suis là et j'allais pas faire demi-tour. Pas quand je suis coincé comme un pingouin. Les deux reviennent dans le salon et tel un paparazzi, je les prends en photo. Vous êtes adorables. Bon là une part de moi veut les laisser en paix.. Je fais volte face pour tout faire réchauffer et changer de sujet. Du coup, c'est quand la farce de mariage ? Et tu pars quand ?

Le costume est parfaitement à ma taille, et je suis à peine étonné. Parce que connaissant Novel, s'il s'était donné la peine d'organisé une soirée aussi somptueuse, ce n'était pas pour laisser maladroitement quelques détails au hasard. Sans difficulté, je me recouvre des couleurs qui, je suppose, matcheront avec le thème. Habiller Anaé est un peu plus complexe puisque mademoiselle n'arrête pas de bouger et semble vouloir attraper sa robe par tout les bouts, mais après quelques minutes, la mission est un succès. « T'es magnifique ma puce ! » J'embrasse le bout de son nez avant de la reprendre dans mes bras et rejoindre Novel qui nous attends dans le salon. Quelques photos pour garder un souvenir de la soirée, j'attrape le téléphone de Novel d'une main et me rapproche de lui pour prendre des photos à mon tour. « Y a pas de raison pour que tu ne sois pas dessus aussi. Surtout que c'est toi qui a organisé tout ça. » C'est lui qui venait me montrer que tout était encore possible entre nous, papa ou non. « Besoin d'aide pour préparer quelque chose ? » Que je demande, sans trop oser toucher à quoique ce soit pour le moment. Je ne voulais rien gâcher de ce qu'il avait prévu. « Le mariage est en Septembre. J'ai déjà vu le tailleur, mais il faudra très certainement que je rentre au Danemark pour quelques jours avant le jour J, faire les derniers ajustements et voir les derniers détails du déroulement de la journée. » Je marque une petite pause, prends silencieusement une grande inspiration. « D'ailleurs je voulais te demander... Est ce que tu veux m'accompagner ? Au mariage. »

La question tombe. L'accompagner ou le laisser y aller seul. Je ne sais pas du tout Anders. Entre les photos et nous, j'avais pas spécialement envie de faire mon coming-out. Enfin, ça reste encore tabou dans le milieu et j'ai peur des réactions et que tout s'effondre. Et de l'autre, je n'ai pas envie de t'infliger une Vie cachée non plus. Et louper de beaux moments. Une idée ? Je refuse de perdre mon monde, mais j'ai peur que lui demander de rester dans l'ombre le gave tout aussi rapidement. Parce que je me suis penché sur la question souvent et chaque fois, je n'ai pas réussi à me lancer. Ma famille est au courant pour ma bisexualité et que je fréquente un homme mais le reste, ça bloque.

Je sais à quelles difficultés je peux faire face en posant cette question, je sais ce qu'il nous reste encore à affronter avant de pouvoir vivre notre relation comme on l'entends. Et pas seulement nous. C'est toute la société qui doit évoluer sur ce point. Pourtant, je ne peux pas m'en empêcher, parce qu'au fond de moi, je sais que j'aurais regretté de ne pas avoir ne serait-ce qu'essayer. Libre à lui de dire non s'il n'en a pas envie ou si ça l'inquiète de se retrouver là-bas, mais j'aurais au moins le sentiment d'avoir fait les choses correctement. J'écoute sa réponse et les justifications qui l'accompagnent avec attention. Il a ses raisons d'avoir peur, et je respecte ça. « Ce n'est surement pas la meilleure des propositions, en tout cas pas la plus sentimentale, mais je peux demander à Johan de t'inviter officiellement, séparé de moi. Ainsi, nos noms ne seront pas associés, et personne n'aura de raison de soupçonner quoique ce soit. On pourra toujours agir comme des amis devant les caméras et photographe, et se retrouver en privé plus tard. Et je sais que lors de la réception, les journalistes ne seront plus autorisés à être là, et que tout le reste sera plutôt bien contrôlé alors... Ca nous laissera la possibilité de souffler un peu plus, même si on ne pourra pas être réellement tactile non plus. Enfin, c'est si ça te tente bien sur. » Je ne peux l'obliger à rien. Je ne veux l'obliger à rien, pas quand ça pouvait détruire tout ce à quoi il tenait, même si j'étais loin de me douter qu'il avait déjà fait du chemin de son côté. « Je ne savais pas... Comment ont-elles réagit ? » /blockquote>

Je réalise que je suis réellement soulagé de lui en avoir parlé, parce qu'il nous trouve une solution. Le défi de ne pas pouvoir te toucher et me retenir de frapper quiconque te fera des avances me plait plutôt bien. Alors j'accepte ton idée. Je m'avance vers lui, pour attraper ses lèvres. Vraiment cet homme .. Il me faisait ressentir la Passion et l'Assurance. Auteur d'un bonheur sans précédant. C'est niais. Et rien que pour ça, c'est frustrant de devoir utiliser ses subterfuges. Elles ont pleuré toutes les deux mais sont heureuses pour moi. Alors tout roule. Je dois juste réussir à le dire à mes potes, mon équipe, mon coach. C'est rien quoi. Ou si une grosse montagne qui je n'arrive pas à gravir malheureusement. Je pensais te l'avoir dit. Je sors toutes les assiettes chauffées après avoir assuré à la Moitié que je gérais les choses. J'ai pas prévu pour la minuscule, je suppose qu'un biberon fera l'affaire. Alors parle-moi de toi en tant que Papa. Tout pendant que je mets la table, constatant comment j'avais mes habitudes chez lui.

J'arque un sourcil, mi-chafouiné, mi-amusé par ses propos. Bien sur que ça allait être un défi, comme chaque fois que l'on sortait publiquement, mais c'était aussi le prix à payer pour ne passer à côtés de certains moments uniques, comme il l'avait si bien souligné. « Tu sais que cela va être un défi pour moi aussi ? Parce que si je vais apparaitre comme célibataire... Toi aussi. Alors pas trop de yeux doux. » Je réponds à son baiser, large sourire aux lèvres, heureux d'avoir trouvé un arrangement qui nous convienne à tout les deux. « Non, tu ne m'avais rien dit, et je ne pensais pas que tu serais prêt. Enfin, je ne sais pas. J'avais l'impression que tu gardais cela pour toi. Mais c'est déjà... Un grand pas. Tu n'as pas à te mettre la pression inutilement. Ca se fera au fur et à mesure. Moi aussi je suis passé par là. » Je tente de le rassurer, la pression est inutile. Quand il se sentira prêt à leurs dire, alors il trouvera comment le faire. Je le laisse tout préparer, regarde les assiettes sortir au fur et à mesure. « T'as vraiment fait les choses à fond, je suis impressionné ! » Tout était parfait. « Ne t'en fait pas, un biberon suffira effectivement. » Je la dépose dans son couffin histoire de me reposer un peu les bras. Et parce que manger avec un bébé dans les bras n'était pas si facile. « C'est enrichissant et unique. J'étais tellement peu serein au départ... Tu sais qu'il m'a fallu des semaines avant d'oser la prendre dans mes bras et là... C'est tellement naturel, à la moindre crise, au moindre de ses mal être. Et puis il y a tout les changements que ça a entrainé. Tu peux le voir rien qu'à l'appartement. Elle n'est pas encore en âge de marcher que je m'inquiète déjà de mettre des protections partout. J'ai encore du mal à réaliser des fois, que c'est ma fille. »