@Yoni Joseph Trois sujets à évoquer ensemble, tu l'admettras pas vraiment, mais ça te tourne dans la tête depuis hier, depuis qu'il l'a noté dans ce message à vrai dire. Aujourd'hui t'as couru toute la journée, entre les cours, le passage à la Pfozheimer pour finalement le dossier de présentation de votre thème du bal. Tu entres enfin dans le taxi direction ton appartement et en profite pour cliquer sur l'un des rares numéros qu'est déjà dans ta liste des favoris « Bonsoir ! » tu lances d'un air un peu trop joviale lorsqu'il décroche.

J’appréhende d’en parler a Katalia. Une fois dit, il n’y aura pas de retour en arriere. Alors que j’ai mûrement reflechi et que mon choix a été accepté par mes patrons. Alors pourquoi ai-je si peur ? Aurais-je dû attendre ? Et si je la blesse ? Pas le temps de tergiverser en longueur que le téléphone retentit et je décroche. « Bonsoir Katalia, comment allez vous ? Votre journée s’est bien passée ? »

@Yoni Joseph « C'était la course, ça l'est toujours. » tu souffles légèrement à travers le téléphone en redressant le regard et croisant le regard du chauffeur dans le rétroviseur. T'étires quand même un sourire, et ne peut te retenir de continuer car t'es beaucoup trop intriguée « Vous vouliez qu'on parle de quelque chose ? »

« Faites attention. Le surmenage est vite arrivé. Prenez le temps de vous reposez. » Impossible de ne pas jouer les paternalistes. Et ca va etre pire par la suite. « Alors oui .. donc les trois sujets » je me racle la gorge, sachant pas trop comment entamer les choses. « Bon premier sujet. Vous n’avez plus de garde du corps. J’ai démissionné. Et les peres fondateurs ont accepté de vous laissez libre. Vous et votre cousine. Je dois toujours garder un oeil sur vous et intervenir en cas d’urgence. » Le silence se fait. Merde, je l’ai dit. « Keo et moi avons une petite fille a present. J’ai peur de mal vous protéger si je suis accaparé par ma vie de famille .. Vous l’etes aussi .. je .. » je viens de dire ca ?

@Yoni Joseph « Me quoi ? » tu ricanes narquoise, t'as toujours eu l'esprit de rébellion avec Yoni, surement du à son statut. Parfois tu te demandes si tu te comporterais différemment si les circonstances de votre rencontre avaient été différentes. Surement. « Oh. » quoi, démissionné ? Tu fronces les sourcils, t'es soudainement pas bien. Ca fait des mois que tu tentes de fuir sa vigilance, et maintenant tu pourras le faire sans avoir à mettre en place de stratagèmes ? Ca te perturbe, beaucoup. « De nous laisser libres… ? » tu répètes alors que t'as pourtant bien entendu. Il bafouille ses histoires de familles, c'est la première fois que tu l'entends buter sur des mots, tu savais même pas qu'il pouvait perdre ses moyens d'une manière ou d'une autre, la grande armoire à glace au cœur tendre.

Je ne sais pas trop comment traduire sa réaction. Je pensais me prendre une réflexion, pas jusqu’à sauter de joie mais peut-être un enfin c’est pas trop tot. « Et oui, vous n’avez plus de garde du corps. Personne ne va vous surveiller. Mais s’il vous plait, ne faites pas de betises. Je serais quand meme present si vous le voulez bien. » Je sens que je suis entrain de perdre toute assurance a suggerer de rester en contact.

@Yoni Joseph Tu laisses un instant passer, à vrai dire tu encaisses le coup. Ca tombe bien il reprend la parole, cette fois avec le sérieux et le ton posé que tu lui connais beaucoup plus. « Plus de garde de corps mais vous serez quand même toujours dans les parages et un œil sur nous c'est ça ? » Fallait bien que tu le sorte, il te connait comme ça. « Je commençais seulement à prendre gout à cette partie de cache cache. » tu soupires longuement à travers le combiné mais souris finalement en silence. Pas d'un sourire moqueur et narquois, non non un sourire sincère et même un peu triste. « Vous voulez dire que vous allez rester à Boston ? » tu fais mine d'être blasée alors qu'au fond, t'espère qu'il dira oui, qu'il n'a pas le projet de déménager avec sa famille. T'es encore en train d'accuser le coup de cette nouvelle.

C'est exactement ça Katalia. Je serais toujours dans les parages, et j'interviendrais autant de fois que vous en ressentirez le besoin. Le sentiment d'abandon m'envahit, et j'ai envie de m'excuser alors qu'en soit, c'est une bonne nouvelle pour les deux, non ? Elle semble être assez abasourdie mais ouf, elle fait dans l'ironie qui me rassure. On peut toujours jouer mais je pourrais plus dire que je vais vous enfermer dans votre chambre. Moue faussement triste. Comme si elle grandissait ; je suis pas prêt là. Trop tard de toute façon. Je compte vivre ici, pendant un moment je pense. Sachant qu'il y a d'excellentes écoles pour Dehlia, et que nous nous plaisons à Boston, on ne va pas partir de sitôt. Et puis j'ai encore une maison à terminer. Et bien évidemment, vous êtes la bienvenue.. Moment de silence, où je ne sais pas comment je dois me sentir. Ca va aller ?

@Yoni Joseph Fidèle à toi même et comme il t'a toujours connu « C'est pas trop tôt, je vais tout de suite appeler mon père pour le féliciter de cette décision ! » Pourtant le long silence qui suit et le léger soupir qu'il doit deviner à travers le combiné semble légèrement te trahir « Quand est-ce que la maison sera terminée ? » T'as envie t'entendre une réponse type "dans longtemps" car aussi longtemps durera ce projet, aussi longtemps sa présence ici sera acquise. Ca te brûle la langue, de lui dire à quel point ça te fait quelque chose, de savoir que la seule figure paternelle saine que tu connais va s'éloigner. Parce ton père à toi, hormis te mentir encore et encore, ces derniers temps il ne t'a rien apporté d'autres que des mensonges. Yoni a clairement été le seul sur qui tu as pu compter depuis de nombreux mois, t'as appris dans l'ombre et dans les silences à lui offrir toute ta confiance « Hm hm. » Ca te brûle la langue et pourtant ça sort pas. « Ouais ça va aller. » Il ne le voit pas mais tu t'as tendance à te fermer, te recroqueviller même, dans ce taxi, les bras scellés sou ta poitrine, visage fermé, attention perdue dans le décor qui défile dehors.

Alors peut-être que je m’avance beaucoup trop mais la nouvelle semble pas tant lui faire plaisir que ca, enfin l’ironie reste sa meilleure arme. Je ne rencherie pas face a son sarcasme. Je visualise dans mon esprit tout ce qu’il y a faire dans la maison. « Oh vous savez, une maison n’est jamais vraiment fini. Le plus gros est terminé sauf une chambre. Et vu les heures passées dessus, on peut tabler sur un jamais. Je suis a moitié maniaque a ce sujet » Ce n’est jamais assez parfait pour moi. Le reste de la discussion semble etre un supplice pour elle. Je sais pas trop comment reagir. « Je peux toujours vous faire un endroit si vraiment ca vous manque trop de m’avoir sur le dos. » Tentative de faire dans l’humour. Je ne sais pas trop si c’est le bienvenu. J’essaye de la rassurer. « Hm, sujet deux. Je veux pas accaparer tout votre temps. Cela va possiblement vous surprendre mais Keo m’a demandé en mariage. Et j’aimerais savoir si vous vouliez organiser le mariage ? Rien d’extravagant mais je trouve que vous etes très talentueuse et je vous ai vu à l’œuvre. Et aussi … Si vous vouliez etre un de mes temoins. Ca peut être surprenant mais vous representiez une part de ma Vie actuelle qui m’a permis de m’epanouir et de trouver un équilibre. Alors je me voyais pas ne pas vous demander alors qu’on peut dire que si je n’etais pas sur Boston, je n’aurais pas revu Keo. Apres .. Je vous oblige a rien. Vous pouvez dire non aux deux soit a l’un des deux, soit oui aux deux. C’est comme vous voulez. Mais j’aimerais voir votre presence pour ce jour là. » grand moment de silence parce que la pression est montee d’un coup. Avouer a une enfant qu’on ne voulait pas tant quitter sa Vie, c’est véritablement effrayant.