J'ai très peu de chose à raconter sur mon passé. Je suis né dans une famille insipide, rejoins rapidement par deux soeurs qui ne rêvaient que de strass et de paillettes. Des choses que mes parents ne pouvaient pas leur offrir. Un père alcoolique, une mère au désespoir de ne pouvoir satisfaire ses enfants. pas plus qu'elle ne pouvait être désirée par son mari. j'ai grandi vite, sans vraiment avoir d'enfance. J'ai encaissé les coups, les uns après les autres. je portais fièrement mes bleus comme mes peines. Mon père me détestait d'être intelligent et de lui rappeler que lui avait échoué dans tout ce qu'il avait entrepris. Le temps passait, mes profs réalisaient que j'étais vraiment doué et m'aidèrent à être meilleur encore. Je me souviens encore de mon vieux professeurs d'anglais. Un type brisé par la mort de sa femme et de son fils dans un accident de voiture. Je passais souvent chez lui, trainant sur l'ordinateur de son fils d'ailleurs. J'ai dû craquer mon premier code à l'âge de 14 ans. C'est tard mais je n'avais jamais posé les doigts sur un clavier avant. Je n'ai aucun remord à dire que sans cet homme, je en serais pas un génie de l'informatique et je serais sans doute toujours en train de dealer dans les rues de ma petite banlieue. Il s'est battu pour moi, il m'a décroché une bourse à Yale. Je crois bien qu'il est mort maintenant. Mon père aussi. Mais je ne suis coupable qu'une seule de ces deux disparitions. J'avais juré qu'il ne me toucherais plus dés que j'aurais la force de me défendre. Seulement, j'ignorais à cette époque qu'il avait un flingue dans un tiroir et qu'un jour, je pourrais voir ma propre mort dans les yeux de celui qui m'avait donné la vie. Le coup est partit tout seul. Le soir même je suis parti pour ne jamais revenir en arrière. Il parait que c'est ma mère qui a pris pour moi. Probablement une des seules choses qu'elle ait fait pour moi.

Yale. Je crois que j'ai été heureux là-bas. Je vivais de cours particuliers et d'un trafic de questions d'examens. Croyez-moi ou non, je ne les ai jamais regardé pour moi. je n'en avais pas besoin. J'ai dû avoir quelques amis à cette époque, pas autant que je n'ai eu de filles dans mon lit, ni de réveils difficiles. Je buvais beaucoup mais je dois avouer que le souvenir de mon père m'empêchais de perdre complètement le contrôle jusqu'à une nuit, un peu avant ma remise de diplôme. Je n'ai aucun souvenir de cette nuit-là. Une de mes soeurs m'a téléphoné le lendemain pour me demander du fric et accessoirement m'annoncer que ma mère s'était suicidée. Elle semblait m'accuser. Mais bon, on s'en fiche, après tout, elle était une étrangère pour moi. Pourtant, il m'arrive de me demander si je lui ai rendu visite cette fameuse nuit. Les autres m'avaient perdu de vue dés les premiers verres. J'imagine que ça restera un mystère. Ce n'est pas le premier ni le dernier de ma petite existence.

Harvard. Cambridge. Ici. J'ai encore un peu de mal à m'y faire : je gagne honnêtement ma vie. Enfin, en grosse partie. J'ai quelques connaissances qui pourraient devenir des amis. Un avenir... Cette idée me fait sourire. C'est tellement stupide, je préfère essayer de survivre à chaque journée sans devenir dingue. Je crois que le plus frustrant, c'est d'être professeur et de croiser tant d'étudiantes que j'aurais facilement attirée dans mon lit il y a à peine un an. Mais bon, je respecte les règles pour le moment. Du moins, j'essaye mais parfois, on est surpris du résultat...

flashforward:

Mais rien ne te prépare à l'autre épreuve, Eachann. Toi aussi t'es humain. Du sang coule dans tes veines et ta faiblesse reste la même que celle des autres : les sentiments.