Wyoming samedi 19 février 2022

@Céleste Courtin-Clarins Elle avait eu peur de toutes les bêtises que t'aurais pu lui ramener et à raison. Car oui, t'as dans tes affaires ses pâtisseries préférées de Boston, un livre de poésies françaises et des jolies cartes peintes de ta main. Voilà des moins que t'avais plus ressorti tes pinceaux et tu venais de le faire pour Céleste, t'avais eu envie, juste pour elle. Mais malgré tous ces cadeaux qui lui feront chauds au cœur, t'as pas pu t'empêcher de lui acheter des bêtises, un roman type 50 Shades of Grey et un pyjama hideux et rose avec des petites de petits chats des cœurs dans les yeux. Il te manque juste la crème glacée mais ça sera pour demain, t'as pas pu en emporter dans ta valise et une fois dans l'Etat, t'as pas eu envie de perdre de temps à faire de courses, t'as voulu la voir, et le plus tôt serait le mieux. T'arrives devant sa chambre d'hôtel, numéro indiqué par la réceptionne, tu traines ton énorme valise dans ton sillage et frappes plusieurs fois à sa porte pour t'annoncer.

Wyoming samedi 19 février 2022

@Katalia Borgia Impossible de me concentrer sur la lecture de ce cours qui me paraissait interminable. Mon regard qui ne faisait que fuir les mots pour guetter l’heure. Espérant voir celle à laquelle tu étais censée arriver, et pouvoir enfin me dire qu’il ne restait plus que quelques petites minutes avant de te retrouver. Mais il en restait, des minutes. Beaucoup trop à mon goût. Alors je me suis plongée dans un nuage d’idées et de recherches pour une future gamme de produits de beauté. Tout ça pour finir sur un site dédié aux bébés. Ma sœur s’est gentiment occupée d’une refonte rapide d’une de mes chambres d’amis pendant mon absence. Ses photos… ont fait ressortir mon âme de décoratrice d’intérieur. Mais je stoppe tout ce que j’étais en train de faire au moment où j’entends frapper à la porte. Impatiente, je bondis presque sur la poignée. Et je te découvre toi, sur le pas de ma chambre d’hôtel — de notre chambre d’hôtel. Sourire qui illumine mon visage quand nous tombons nez à nez, mes bras qui glissent autour de ton cou pour te serrer contre moi. Je ne peux pas m’en empêcher. Tu m’as manqué. Et j’avais besoin de t’avoir à mes côtés. « J’ai failli croire que tu m’avais oubliée ! » Jouer l’offusquée, la fille qui accueille avec un sourire, prête à rire et à passer du bon temps quand, tout au fond, c’est un bordel sans nom. Te tirer dans la chambre avec ta grosse valise, me retenir de te demander si tu comptes rester jusqu’à revenir avec moi (parce que ta réponse me déplaira). « Bienvenue dans ton humble chez toi, K. » C’est une jolie suite, mine de rien. Probablement pas la plus grande ni la plus luxueuse, mais c’est suffisant pour la raison de mon séjour prolongé. « Tu vas bien ? Pas trop fatiguée par le voyage ? »

@Céleste Courtin-Clarins Te retrouver de nouveau dans cet Etat ne te fait vraiment pas plaisir. Et l'idée qu'elle y soit elle-même coincée depuis, encore moins. Mais Céleste n'a pas le choix, et t'as encore du mal à réaliser tout ce qu'il s'est passé. Elle est maman désormais, elle n'est plus seule. C'est tant un choc pour toi que t'imagines même pas comment ça a pu être un bouleversement pour elle. « T'es inoubliable C ! » tu prononces avec un large sourire, la saveur de son surnom oublié il y a des années mais qui n'a pas changé. Ca te fait encore et toujours quelque chose au cœur lorsque tu l'utilises, ça le réchauffe. T'aurais jamais cru que ce genre de moments pourrait de nouveau arriver. Tu lui rends son étreinte, restant plus longtemps qu'avec n'importe qui dans ses bras. Tes doigts flattent doucement ses longueurs nouvellement brunes derrière ses épaules, et tes lèvres se déposent tendrement sur ta joue lorsque tu recules finalement. Tu tires la valise derrière toi lorsqu'elle te laisse entrer, et vas l'installer au bout de son lit, pour finalement t'asseoir devant et pas perdre une minute pour l'ouvrir. « Tiens, livraison express. » Tu lui tends la boite de gâteaux que t'as apporté avec toi, espérant qu'ils ne soient pas tous écrasés à cause du voyage. Si t'es fatiguée par le voyage ? A vrai dire pas vraiment, mais t'es plutôt inquiète pour elle, même si à première fois elle a bonne mine. « Non non ça va, j'avais trop hâte de te voir. »

Wyoming samedi 19 février 2022

@Katalia Borgia Comme c'est bon de te revoir K, si tu savais. Bon, d'accord, nos retrouvailles ne se font pas chez l'une de nous en sirotant notre mocktail préféré après avoir réalisé ce parfait échange de shakers telles les barmaids canons que nous sommes devenues lors de notre séjour au ski — au moins un bon souvenir de cette période. L'un des rares. Et pourtant, malgré le traumatisme, te voilà de retour dans le Wyoming. À plusieurs kilomètres du chalet écrasé par l'avalanche, le choc aussi frais et mordant que la neige. État qui nous a bouleversés aussi bien les uns que les autres, à différents plans. Parce que, soyons honnêtes, j'ai pratiquement oublié l'avalanche, l'obscurité du chalet, le froid glacial. Parfois, sans prévenir, ça me revient en tête — et j'ai froid, dans ces moments-là. Sauf que maintenant, tu es là. Ma sauveuse. Si ça doit me reprendre, je sais que je n'aurais qu'à me blottir contre toi ou te prendre la main pour aller arpenter les rues de la ville et improviser une sortie shopping. Rien de mieux pour se réchauffer. Et réchauffer les cœurs. « Bien sûr que je suis inoubliable, je ne suis pas C pour rien. » Petit clin d'œil. Ouais, ça me fait un bien fou de t'avoir à mes côtés. J'ai l'impression que ça va mieux ; je me sens plus légère. En sécurité. Prête à être pomponnée. La preuve : tu m'as même ramené tout plein de choses. « Oh là là, tu es vraiment allée me chercher ça ? J'ouvre la boîte, découvrant mes gâteaux et pâtisseries préférés. Mes yeux s'illuminent, non ? Tu es parfaite, merci ! Tu en veux un ? » Je pioche un mini-cupcake, celui qui est en double. Je te soupçonne d'avoir fait exprès de l'avoir acheté en deux exemplaires. « Mmmh, c'est délicieux… » que je dis après avoir croqué dedans. Putain, tu es parfaite. La femme de ma vie, si je puis dire. Bouchée terminée, je viens me poser à tes côtés, évitant de mettre des miettes sur le lit. « Tu te rends compte que tu vas devoir me supporter pendant plusieurs jours, mh ? Et fais-moi voir toutes ces conneries que tu as amenées ! » Parce que je suis curieuse. Et que je veux profiter de l'innocence de nos retrouvailles. Retarder le sujet qui me donne la boule au ventre.

tw : trouble de l'alimentation @Céleste Courtin-Clarins C'est dingue lorsque t'y repenses. La dernière fois que tu as vu Céleste, elle était… elle. Et aujourd'hui, elle est deux personnes, elle a eu un bébé, elle est maman. C'était il y a deux semaines. En deux semaines elle est tombée enceinte, elle a accouché, elle est devenue maman. Certes tu sais très bien que le processus réel est bien plus lent que ça. Mais dans la réalité, dans votre réalité, c'est comme ça. Ca t'as glacé le sang lorsque tu l'as appris, et encore aujourd'hui à chaque fois que t'y pense. Comment ton amie se sent ? Tu l'as eu tous les jours au téléphone et en face time mais là c'est différent. Elle est en face et elle ne saura plus provoquer de pirouettes, elle devra te dire la vérité. En tout cas, elle retorque à tes blagues, adopte la même dynamique et ça te fait largement sourire. T'es heureuse de la retrouver. Après des mois de hauts de bas depuis vos retrouvailles, vous semblez enfin être de nouveau sur le même chemin, celui de la confiance, celui de la complicité, comme toujours et comme avant. Ca te fait du bien. T'as confiance en elle. Et en venant jusqu'à elle aujourd'hui, tu veux lui prouver qu'elle peut avoir confiance aussi, et qu'elle peut compter sur toi. Elle te propose un gâteau de la boite, t'hésites car tu commences à te faire une montagne de ton alimentation à cause du Spring Break qui arrive. A ton sens, t'as jamais vraiment eu de réels problèmes d'alimentation ou de poids, mais à entendre certains de ta famille, ton obsession pour ton régime dès que l'été approche est un problème. Alors tu prends un cupcake pour pas que Céleste ne te fasse de remarque. Tu prends le plus petit de la boite que tu croques avec une fausse gourmandise. Une fois terminé tu tapotes tes paumes entre elles et vas à côté de Céleste sur le bout du lit. « Ca me va très bien ! » d'être qu'avec elle pendant ces prochains jours. Tu retorques avec un sourire en déposant une main sur la sienne sur son genou. Elle sait à quel point t'es vraiment pas une personne tactile d'habitude et que ce geste veut dire beaucoup. « Ok. » tu te lèves pour aller jusqu'à ta valise et en sortir un tote bag contenant le pyjama, le roman et les cartes. « Tiens ! » piquant un léger far lorsqu'elle arrive à l'étape de la découverte des cartes. Les rires s'invitent devant les autres cadeaux/bêtises. Et finalement après de longues minutes à déconner en voulant la forcer à l'essayer, tu peux pas t'empêcher de mettre le sujet sur le tapis avec une petite voix « A quel heure est-ce qu'on à l'hôpital cet après-midi ? »

Wyoming samedi 19 février 2022

@Katalia Borgia Ta main sur mon genou me réchauffe le cœur. Il y a quelques années en arrière, je n'aurais pas hésité une seule seconde à poser ma main sur la tienne, à entremêler nos doigts, à te prendre dans mes bras. Aujourd'hui, j'ai un peu de mal. Ce n'est pas contre toi ; au contraire, c'est contre moi et uniquement contre moi. Le fantôme du passé, de ce que je t'ai fait, me hante et me convainc que tu mérites tellement mieux que ça. Puis, il y a ma fierté, aussi. Celle qui me dit de ne pas passer pour la fille faible et anéantie que je suis depuis quelques semaines déjà. Celle qui me persuade que je vais m'en sortir seule, comme toujours et peu importe le temps que ça prendra. En réalité, je n'ai qu'une seule envie : me blottir contre toi. Mais je me retiens, et tu me facilites la tâche en allant chercher tout ce que tu m'as ramené. Face à toutes ces attentions, j'ai l'impression de passer par un flot d'émotions en tout genre. Je ris face au pyjama et te promets de l'enfiler ce soir. Je m'intéresse au roman et blague en l'ouvrant au hasard, pile sur une scène bien croustillante. Je manque de verser quelques larmes quand tu me tends une première carte peinte par tes soins — je reconnais ton style, la douceur de tes associations de couleurs. Secret bien gardé, je sais que la peinture a toujours été chère à ton cœur. C'est bien pour cela que tes cartes sont plus que de simples cartes à mes yeux. Mais, bien évidemment, j'y suis encore plus sensible à cause de mes hormones en pagaille, mh. Ascenseur émotionnel qui ne s'arrête pas là puisque, sans crier gare, je suis prise au dépourvu par ta question. À l'intérieur, je vacille à en perdre l'équilibre. À en perdre le souffle. Comme si tu venais de m'achever. Un coup bien placé, je l'admets. Et j'aimerais que ce soit à cause de la surprise de t'entendre dire que tu acceptes de retourner à l'hôpital, celui où les secours nous ont conduits après l'avalanche. Mais non, bien au contraire. C'est l'implicite. C'est ce putain d'implicite qui m'affaiblit avant de me flinguer sur place. « Tu veux vraiment y aller ? » Il m'a fallu près d'une minute pour sortir cette pauvre et courte question. Une minute pour sentir la panique grimper en flèche dans mon corps, la peur me tordre l'estomac. Une minute pour ignorer les battements de mon cœur. Mais ils prennent de plus en plus d'ampleur. Ils sont de plus en plus forts, de plus en plus douloureux, de plus en plus étouffants. J'ai du mal à les faire taire, même avec toute la volonté du monde. Je n'y arrive pas. Je n'y arrive plus. « Nous... nous ne sommes pas obligées d'y aller aujourd'hui — je veux dire, tu as les heures d'avion dans les pattes, c'est mieux pour toi de te poser aujourd'hui, de… euh… enfin, tu vois. » Tu vois que, malgré ce que je peux dire ou écrire, j'ai encore peur ? Que je suis terrifiée ? J'ai beau me rendre à la maternité chaque jour, je le fais parce que ce sont les conseils des médecins. Parce que c'est mieux pour elle. Mais certains jours, j'y vais à reculons. Parce que je ne suis pas prête pour ça. Avoir un bébé. Être maman. Lui faire ressentir que je la rejette, encore et toujours. Et ça m'effraie. Parce que ça ne devrait même pas exister.

@Céleste Courtin-Clarins Elle est prise sur le fait et tu le vois, tu le sens. Une bonne partie de toi s'en veux même, ouais. Un silence s'invite dans la pièce, mais t'ouvres pas la bouche. Tu veux pas meubler le silence, tu veux la laisser prendre la parole la première. Tu dis rien et tu retournes déposer délicatement et subtilement une main sur son genou, tentant de regarder la française dans les yeux et étirant sur tes lèvres un léger sourire triste. « Pas toi ? » Elle bégaies une histoire de fatigue et d'heures de vol. Ca te déchire le cœur. T'as jamais entendu Céleste bégayer, ou surement si peu de fois que tu t'en souviens pas. Ton cœur bat la chamade, t'es déchirée de la voir se mettre dans cet état, t'aimerais pouvoir l'aider à s'en dépêtrer. Tu mords ta lèvre et lorsque ses pupilles viennent enfin croiser les tiennes, tu finis par lâcher « J'ai envie de rencontrer… ta fille. Tu veux pas me la présenter ? » Ses mots sonnent tellement étrange pour toi, ils te retournent l'estomac et te foutent la tête en vrac, alors t'imagines même pas son état à elle. Ses doigts pressent avec tendresse son genou par reflexe.

Wyoming samedi 19 février 2022

@Katalia Borgia Épaules à peine haussées à ta question. Est-ce que je veux vraiment y aller ? Ça dépend des jours — parfois, parce que ce sont les conseils des médecins, je me fais violence pour y aller, lui accorder un peu de mon temps, un peu de peau-à-peau. Comme partout, il y a des jours avec et des jours sans. Aujourd'hui, c'est un jour sans. Même si je sais que, cette fois, tu seras là. « Ce n'est pas que je ne veux pas te la présenter, c'est que— » et je m'interromps, un peu comme si je venais à peine de comprendre tes paroles. Mon regard croise le tien, un peu désemparé. Tu as vu, comme c'est bizarre de dire ça ? De me dire ça ? Ta fille. Ma fille. Étrange à dire, et tout aussi étrange à entendre. En réalité, tu es l'une des premières à utiliser ces mots pour parler d'Anaé. L'une des rares à confirmer ce lien de parenté qui m'unit à elle désormais. D'habitude, on parle d'elle comme "un bébé", "cette petite fille" — histoire de la désigner comme une enfant parmi tant d'autres. Et non pas comme mon enfant. Je ne suis pas prête. Je suis loin, très loin, d'être prête. Mais elle est là et j'ai décidé de la garder, d'assumer jusqu'au bout. Je ferme les yeux, souffle longuement avant de me lever du lit, une main pressant doucement mon front. « Viens, nous pouvons y aller à pied. » J'admets que je précipite un peu le départ, mais je crains beaucoup trop de me dégonfler dans quelques minutes. Puis, j'étouffe ici. Vite, sortons, allons prendre l'air… et, quand c'est chose faite, j'inspire. Les poumons qui se remplissent d'air. Mes pas qui te guident vers ce grand hôpital que tu connais déjà. « Est-ce que ça va aller ? Même si nous serons dans un tout autre service… » Le service de néonatalogie. Pour les bébés prématurés. Un autre monde, parfois dur psychologiquement. Je ne sais pas ce qu'il en est de ta sensibilité à ce sujet, mais je préfère t'avertir. « Elle est en couveuse, tu sais. Et elle est… toute petite. » Un mini gabarit, comme dirait l'autre.

@Céleste Courtin-Clarins Elle se lève, tu la suis dans son mouvement. Presque silencieusement, un peu trop cérémonieuse. Tout est fragile ici, sa volonté, et surtout elle-même. Un seul petit pas de travers et tout s'effondrera, alors tu gardes les lèvres closes et tu la suis hors de la chambre. La fraicheur est toujours aussi saisissante dehors, elle te glace le sang. Ton regard se lève vers ces montagnes au loin, puis retombe finalement sur ton amie. L'hôpital est tout près et lorsque vous arriverez devant, tu comprends pas cette douleur dans ta poitrine avant qu'elle ne te demande si ça allait aller. Tu tournes le visage et lui offre un regard triste, puis un sourire alors que ta main va vers la sienne, et que ta paume rencontre sa jumelle. Un geste silencieux dont t'as besoin, et dont elle a besoin elle aussi de son côté, tu le sais. « C'est bon. » T'es pas à l'aise ici, encore moins à l'aise à l'idée de rencontrer un minuscule bébé, mais tu t'es promis d'être là pour elle, pour elles deux désormais à vrai dire. « Comment ça se passe ? J'ai le droit de venir ? »

Wyoming samedi 19 février 2022

@Katalia Borgia Ta main se glisse dans la mienne, et je la serre à l'instant où mon cœur fait de même. Il sait que ce n'est pas une partie de plaisir, ni pour toi, ni pour moi. Que ça ravive de mauvais souvenirs de ton côté, que ça me torture un peu plus. Qu'il y a cette violence psychologique chez nous deux au moment où les portes coulissent. Quelques pas vers celles menant au service de néonatalogie, et ma main serre à nouveau la tienne. Ne me lâche pas… pas encore, pas maintenant. « Elle est dans une petite pièce toute seule. Deux visiteurs sont autorisés en même temps, donc bien sûr que tu peux venir. » Il faut que tu viennes, de toute façon. Ce n'est pas possible autrement. Ils ont accepté les membres de ma famille, mais aussi Elias et Gaspard. Ils autoriseront ta présence, à toi aussi. Et si nous tombons sur la gentille sage-femme qui me suit depuis le jour de l'accouchement, elle verra que j'ai besoin que tu sois là et ne nous séparera pas. « Il va seulement falloir porter une blouse car elle est en soins intensifs, se laver les mains avant d'entrer, éviter de faire de gros bruits parce qu'il semble que ça l'inquiète… Tu as aussi le droit de t'approcher. Et de mettre ta main dans la couveuse, si tu le souhaites. » Faible sourire poli lancé aux secrétaires qui nous accueillent et nous laissent respecter le protocole dans le SAS d'entrée. Puis, alors que nous nous aventurons plus loin dans le couloir, mon petit doigt s'enroule autour du tien. « Voilà… » que je chuchote en m'arrêtant, apercevant de l'autre côté de la vitre cette scène que je vois tous les jours. Anaé Courtin-Clarins, comme l'indique la petite pancarte attachée au bout de la couveuse. Une crevette perfusée, entourée de fils, de machines. La digne fille de sa mère, je suppose.