Face Off

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Ils n’entendront jamais raison, ni elle ni lui, parce qu’ils ont tous les deux suivis leur propre façon de penser. Mais celui qui est en cavale depuis le début de cette histoire, c’est bien moi et personne d’autre. Alors s’il était judicieux à première vue de faire signer Joey, le fait qu’elle se refuse à faire acte de présence ici quotidiennement signe la fin de cette aventure. Alors soit, je perdure à contempler une dernière fois les amas de feuilles que les employés ont laissés trainer à même les caniveaux, obstruant l’écoulement des dernières averses.  « Jo’… faut que tu signes les papiers. » Inutile de les en empêcher, aucun des deux n’admettra que ce plan est foireux, une entreprise vouée à l’échec parce qu’aucun ne sait par quoi je suis passé. Dans mon dos, de ses talons elle martèle le plancher jusqu’à brusquement s’arrêter. « Stylo ? » Il ne lui faudra que quelques secondes pour en émarger la totalité et faire claquer le stylo contre le bois une fois qu’elle en a terminé. « Heureuse de pouvoir servir. » Et dire que c’était un quartier si paisible, choisit judicieusement parce que proche de toutes commodités et facile d’accès, un jardin public à proximité… « J’ai besoin d’une cigarette. » L’intonation fait écho à mes oreilles, visiblement ciblé alors que je ne me suis pas encore retourné, observant en glissant les mains dans mes poches le quartier. Le bruit de la baie vitrée suivi par les griffes de ce sac à puces sur les lattes boisées et voilà qu’elle a disparu pour assouvir un besoin, tenter dans la nicotine de se calmer.

On va tenter de relativiser, haussant les épaules pour enfin m’adresser de face à ce faux frère sur le point de tout abandonner. « Ça aurait pu être pire. » La connaissant elle aurait pu nous envoyer joyeusement promener, faire de cette maison un bien dont personne n’aurait souhaité. Cela dit, sans Burns, comment expliquer qu’un homme puisse vivre ici sous le patronyme d’une femme sans qu’elle ne soit visible par autrui… La supercherie ne tiendra qu’un temps et je ne peux me permettre de vivre ainsi, l’égo meurtri. Délaissant la vitre je me suis rapprochée du donateur pour lui tendre la main, l’une des dernières accolades fraternelles, en espérant qu’il comprenne que je le remercie d’avoir été là durant toutes ces années. « J’vais m’arranger, » comme toujours.
Finalement c’est vers la baie vitrée présentement ouverte que j’ai bifurqué pour aller la chercher, ne pouvant la laisser grogner dans son coin seule plus longtemps, à ronger son frein. Tirant déjà silencieusement sur le cône allumé, le chien à ses pieds, je me suis arrêté à ses cotés pour me retourner et contempler le pan de la bâtisse les yeux relevés, murmurant calmement mes dernières volontés. « Fais-moi plaisir. Vends-la, » parce qu’il ne s’agit que de la garçonnière de deux cons qui ont cru un jour se jouer du temps…

MADE BY @ICE AND FIRE.

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Encore une histoire que cette maison ne saura raconter à ses futurs propriétaires, une page qui se tourne, celle d’un livre à l’auteur anonyme.  De nouveau la silhouette de Joey perd de la hauteur, préférant s’assoir comme pour assumer le poids de tout ce qu’elle vient d’accepter, lourdeur sur des épaules si menues… Merci Snow pour cet héritage empoisonné. « Je ferais ce que tu veux, Dutch. » Un regard lui est délégué, détournant les yeux de cette bâtisse pour laquelle j’ai dû lutter afin d’observer ce qui me tient le plus à cœur maintenant, détaillant ses traits fins et grisés pour lesquels je lutterais jour après jour, dans le seul espoir de la garder à mes côtés. « J’en ai rien à foutre de cette maison, elle est à toi. » Non Joey, c’est là où tu te plantes depuis longtemps, civiquement je ne suis plus personne. Alors m’asseyant maladroitement à coté, au rythme d’une respiration saccadée, je me suis retrouvé dos à cette baraque pour faire front à ce jardin où les hivernales commencent à bourgeonner. Le chien n’a pas bougé, lui, conservant son air d’abruti fini, «  tel chien tel.. » maitre, puisqu’il ne comprend rien à la situation et comment le pourrait-il… « Vends-le, lui aussi. » Il ne t’apportera que des malheurs, une source d’ennuis je te le garantis.

Alors à défaut de pouvoir le pousser discrètement du pied pour écarter ce nuisible du décor, parce que l'acte risquerait de l'offusquer, je préfère de loin l'oublier, de faire abstraction de cette chose jusqu'à ce que ces halètements ne viennent à bout de ma patience déjà bien entamée. « Ce n'est pas ici que je m'vois finir...» mais plutôt au bord de l'eau, sur une ile. A quoi bon tout risquer si c'est pour se limiter à si peu, à cette petite maison de banlieue... « Avec toi. »

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