(01) Si tôt née, si tôt laissée. Diane, elle ignore tout de ses parents biologiques, elle sait seulement qu’elle n’est pas ressortie de l’hôpital avec eux. Les papiers ne lui disent rien sur leur état d’esprit, ne trahissent aucun sentiment. Quant à ses parents adoptifs, ils sont évasifs : ils ne les ont pas rencontré non plus et se souviennent vaguement d’une mention de fille qui s’accorde mal avec la politique d’enfant unique et ce qui en découle, surtout en milieu modeste, d’après l’agent en charge du dossier. (02) Diane a été élevée loin de la culture chinoise. Hormis son second prénom et des cours de mandarin, sa connaissance de la Chine est limitée. (03) C’est au sein d’un monde parisien des plus dorés qu’elle est éduquée : le non n’existe pas et ses parents n’ont eu de cesse de l’encourager à se battre pour ce qu’elle veut, deux éléments ayant nourri son caractère enclin à la colère et à une détermination sans borne. (04) La famille de Diane, elle tire sa fortune de l’entreprise paternel dédiée à la défense et la sécurité. Si leur communication met l’accent sur les drones, des technologies variées pour bateaux, voir chars de combat, la production et vente d’armes se fait plus discrète. (05) En 2016, le père de Diane et son affaire sont pris pour cible par des groupes anti-armes et autres associations tentant de dénoncer des ventes illégales dans des conflits armés. Que ces soupçons soient fondés ou non, son père a su faire circuler assez d’argent pour se faire entendre de la justice et éviter la mise en examen. (06) Le traitement de cette affaire ne s’est néanmoins pas fait sans casse. Diane s’est retrouvée alpaguée et même bousculée dans la rue, même mal vue dans ses études. de ce fait, elle reprend le nom de jeune fille de sa mère, « Chantelouve », pour se faire plus discrète. (07) Ses parents la poussent à s’envoler pour les États-Unis et à réaliser un semestre à Harvard. Si certains sont hantés par le rêve américain, ce n’est pas le cas pour Diane. Cette opportunité la laisse tiède, mais elle y va et se délecte finalement de son erreur. Ces mois à l’étranger sont une bouffée d’air frais. (08) Fait non-négligeable à son épanouissement sur le sol américain : Emon. Cliché de soaps, elle s’éprend du basketteur en pleine prouesse lors d’un match et se rapproche de lui lors d’une after. En romance limitée dans le temps, ils se mettent rapidement ensemble et la jeune femme sent comme si son monde tourne rond à nouveau. (09) Mais elle ment à son copain, Diane. elle ment à tout le monde aux États-Unis. elle essaie de limiter la mascarade, mais se faire évasive ou omettre des faits la coincent plutôt rapidement. alors, elle se retrouve bien vite à broder. son père est employé dans une société d’impor-export où elle « suppose qu’ils s’occupent de diverses marchandises », elle laisse tous penser que c’est Mr Chantelouve et non Mr Martel, elle se déniche des petits jobs car « ça aide quand même » et ne corrige pas l’idée du statut social que ça induit, elle a cessé le shopping pour renforcer l’intuition… elle tisse sa toile de mensonges et la nourrit, persuadée d’être douée. Peut-être que la vérité ne changerait rien, peut-être que si – et ce risque, elle s’est refusée à le prendre. (10) Son retour en France est morose. Si l’affaire s’est calmée, tous semblent connaître son lien aux Martel, ce qui lui attire des rumeurs et mauvais regards. Et Diane ne s’oppose pas réellement au métier de son père; elle joue l’ignorance et se force à préserver sa naïveté. Elle profite de la fortune donnée et déconnecte sa famille de cet élément. Au fond, elle s’accroche à une certaine hypocrisie. (11) En proie à la nostalgie de sa bouffée d’air frais américain, Diane décide de quitter « pour de bon » Paris et se faire oublier en France. Elle se fait ainsi transférer à Harvard pour le semestre de janvier 2021 et croit qu’elle peut vivre une vie brodée de mensonges. (12) Éléments en vrac – en plus du mandarin et français, elle parle couramment anglais ● elle se nourrit de culture : littérature, théâtre, exposition, cinéma, etc. ● elle est végétarienne depuis ses 16 ans. ● elle est frustrée de sa propre restriction en shopping, surtout pour les marques de luxe. ● seule dérogation à ses règles : une bague Cartier Trinity qu’elle dit avoir déniché dans une brocante. ● même si elle ment, elle essaie vraiment de seulement « omettre » des éléments de sa vie avant de mentir franchement. ● elle reste une personne investie dans ses amitiés. ● elle refuse de tuer les araignées depuis que son père a sous-entendu qu’une pouvait être la réincarnation de son grand-père. ● elle préfère les macarons au chocolat. ● elle ne se sent pas vraiment coupable de ses mensonges. Pour elle, ils ne causent de mal à personne; ils la préservent et elle y attache une certaine importance.