@Hope J.F. Kennedy L'enfer, il était là. Clairement. Trois corps ont été découverts. Trois corps et je suis juste au bout du rouleau. Et si elle en faisait partie ? Et si elle était dans ces trois corps ? J'allais jamais pouvoir me relever. Jamais. En un an de relation, je me suis jamais senti aussi bien que dans ses bras. Elle était mon paradis, mon havre de paix. Impossible pour moi de me défaire de tout ça, pas aussi subitement. Alors on avait fait la route, toi et moi. Depuis Manchester, jusqu'ici. Trois corps se trouvaient dans ce bâtiment. Trois corps qu'il fallait identifier pour s'assurer qu'il ne s'agissait pas de Gaïa. Voiture garée, Marley n'était pas encore arrivée. Possiblement qu'elle serait là quand on sortira, je sais pas. Quoi qu'il en soit, je regardais l'entrée et je secouais la tête. « J'peux pas, j'peux pas » soufflais-je avant de sortir une clope de ma poche, que j'attrapais directement entre mes lèvres pour l'allumer aussitôt. Décompresser, ne pas s'emporter. Et surtout, espérer qu'elle n'y est pas. Non, non, elle n'y sera pas.

tout semble complètement irréel. la sensation d'être dans un autre monde, d'être dans un cauchemar sans fin, sans aucune possibilité de me réveiller. dans mon enfer à moi, elle est plus la gaïa. toi t'es triste, le reste de la bande nous regarde mourir à petit feu. et je déteste ce sentiment d'impuissance, être là, à attendre que le ciel nous tombe sur la tête. l'annonce des corps retrouvés à fait l'effet d'un bus en pleine figure, le trajet en voiture jusqu'à la morgue il fait l'effet d'une épée de Damoclès au dessus de la tête. j'appréhende le moment où ils vont relever le drap du corps à identifier, j'ai mon ventre qui se noue, mon visage qui se ferme. une fois garée sur le parking il me faut de longues secondes avant de décrisper mes mains du volant et de sortir de la voiture. mon coeur, il bat si fort que j'ai la sensation qu'il va s'échapper de ma cage thoracique, violemment, douloureusement, comme l'absence de gaïa depuis trop longtemps. devant l'entrée, tu fais marche arrière et je comprends parfaitement. j'ai l'habitude de voir des corps mais là.. là c'est différent.  « hey respire mickey » que je te dis, posant ma main sur ton épaule. avant que tu ne ranges ton paquet de clope, je t'en pique une que j'allume, bouffé de mort que j'inhale avant de soupirer. c'est toujours mieux que la coke non ?  « tu peux encore refuser d'enter, je comprendrais tu sais ? » je t'en voudrais pas de me laisser le faire seule, je peux pas t'en vouloir, c'est impossible.



@Mickey Ainsworth

@Hope J.F. Kennedy Me retrouver devant l’hôpital, devant la morgue, c’était pas forcément l’endroit où j’avais l’intention d’aller initialement aujourd’hui, au contraire. Seulement, ils avaient trouvé des corps, fallait les identifier et qui de mieux qu’Hope ou moi pour savoir s’il s’agissait de Gaïa. Enfin, normalement ses grands-parents auraient du être là mais on le faisait pour eux, par procuration. J’osais pouvoir les prévenir que leur petite fille n’est pas morte, qu’elle est bien quelque part, encore en vie. J’ose vraiment l’espérer. Seulement, quand j’étais face à la porte, je me retournais vivement, incapable de franchir le seuil. Clope au bec, c’était la nicotine qui allait me calmer. C’était pas bon pour mon cœur mais je m’en fichais pas mal en cet instant. Mon cœur était littéralement brisé par l’absence de celle que j’aime, alors qu’importe si je le malmène un peu plus que d’habitude. Tu m’imitais alors, piquant une clope dans mon paquet avant que je ne le range, l’allumant juste après moi et te délectant de cette fumée toxique. Je soufflais  à tes mots. Respirer, plus facile à dire qu’à faire quand il me manquait mon oxygène depuis des jours maintenant. « Non, non, je vais le faire. Je dois le faire » Mais rien que d’imaginer qu’elle pourrait y être, j’avais peur, je flippais vraiment, au point que je pourrais me mettre à chialer comme un bébé. « Comment tu fais pour être aussi calme ? » Ou bien peut-être que c’était juste une apparence, que sais-je.

je voudrais pouvoir ouvrir les yeux et que tout ça ne soit qu'un mauvais rêve. je voudrais me retrouver dans mon lit et me rendre compte que c'était juste mon cerveau qui me jouait des tours, que rien de tout ça n'est arrivé. que si je me lève et que je me dirige vers la chambre de Gaïa elle sera là. mais c'est pas le cas. des semaines qu'elle n'est pas là, des semaines qu'elle me manque au point où j'ai l'impression de ne plus réussir à respirer. il y a des gens comme ça qui en un rien de temps, deviennent nos essentielles. les liens qui nous unissent les uns aux autres dans cette bande, ils sont devenus impossible à briser. trop puissant pour être défait, trop puissant pour nous laisser intact dans ce genre de situation. alors même si tu penses que j'ai l'air de gérer, c'est pas du tout le cas. j'ai juste appris à mettre un masque, à cacher mes émotions, à garder mon sang froid peut importe les situations. mais quand je me retrouve seule chez moi, que je dois faire face à tout ce que j'ai perdu depuis qu'elle n'est plus là, crois moi que je ne contrôle rien, pas mes larmes, pas mes peurs. j'hoche doucement la tête quand tu me dis que tu peux le faire. je crois en toi Mickey et je serais là pour te soutenir, parce que c'est ce que Gaïa elle voudrait qu'on fasse, qu'on se soutienne. « je dirais que j'ai l'habitude de voir des corps ou de perdre des gens que j'aime » oublie pas que je suis une Kennedy, tu sais cette famille maudite qui perds un membre de sa famille tout les 3 mois ? « et aussi parce que je suis persuadée que c'est pas elle » je suis peut-être dans le déni parce que toutes cette histoire de connexion c'est ce que je me raconte tous les soirs avant de m'endormir pour me calmer. mais pour une fois, en pleine journée, j'ai envie d'y croire.

@Mickey Ainsworth

@Hope J.F. Kennedy | Aller à la morgue, identifier des corps décédés… quelle joie, ça se voit pas ? Putain, je crois que je suis capable de gerber tout mon petit dej. Déjà que je me suis forcé à bouffer un peu ce matin, ce serait con de tout rendre sur le bitume. Alors je tentais de me calmer comme je pouvais, une clope au bec. Pas bon pour le cœur, pas vraiment la bonne chose à faire mais c’était un moyen d’enlever le stress. Gaïa était peut-être à l’intérieur, elle était peut-être en train d’attendre qu’on l’identifie et j’avais juste envie de chialer. Agité, pas bien, je ne comprenais pas comment toi, tu pouvais être aussi calme. « C’est pas une raison… C’est de Gaga qu’on parle, elle fait littéralement partie de notre quotidien. Tu peux pas être habituée à devoir identifier quelqu’un que tu vois tous les jours » Voyait. Parce que ça fait des jours et des jours qu’on ne l’avait pas vue et qu’on était au plus bas, toi, moi, nos proches. Même Mikke qui n’était pas forcément proche de notre Monica était tout aussi atteint. C’était vraiment une situation de merde. « J’ai peur que si j’suis dans cette optique-là, la chute sera encore plus forte si elle est vraiment là-dedans…. mor- » Incapable d’en dire plus, je collais la clope à mes lèvres pour aspirer une grosse dose de nicotine afin de palier à ce stress qui me submergeait un peu trop vite.

je comprends ta peine et je la partage. cet été on a passé du temps ensemble mais avant ça, on peut pas vraiment dire qu'on était si proche. c'est fou comme la douleur, la tristesse, l'attente et l'espoir ça rapproche les gens. et le pire c'est que c'est mon quotidien, devoir annoncer la mort aux familles de patient, les voir attendre, les voir souffrir, les voir espérer. aujourd'hui c'est nous qui sommes à leur place, la boule au ventre à se demander si Gaïa est l'un d'entre eux. « si, je suis habituée à perdre les gens que j'aime. » je baisse la tête, me ré emmitoufle dans mon manteau, comme si je me renfermais dans ma coquille. tu sais pendant l'espace d'un instant j'ai cru que j'étais la malédiction Kennedy. qu'après avoir touché ma famille, elle s'attaquait à mes amis, aux gens que j'aime. pendant quelques secondes j'ai cru que c'était ma faute. je pose ma main sur ton bras, levant les yeux sur toi. « laisse moi croire pour toi alors. » je peux tomber. je peux tomber pour nous tous. pas le temps d'en dire plus qu'une de mes collègues débarque pour nous dire que le médecin légiste nous attend. petit signe de la tête pour lui dire que ça va aller. on entre dans la pièce, froide, lugubre. devant nous une table et un corps recouvert d'un drap. et je la sens tout à coup. la peur, la douleur. elles me transpercent de part en part, elles m'empêchent de respirer. mon coeur qui se met en alerte, mon regard qui ne réussit par à décrocher de la scène. et si c'était elle ? si elle était sous se drap, morte. je base mon faible espoir et ma force sur une sensation, une connexion. et si je me trompais sur toute la ligne. le doute qui s'installe, qui me prend aux tripes. ma main qui vient chercher la tienne, parce qu'en fait je me suis sur estimer. je peux pas faire ça toute seule Mickey.  

@Mickey Ainsworth

@Hope J.F. Kennedy | Moi aussi j’ai déjà perdu des gens que j’aimais. Mes parents les premiers. Accident qui leur a coûté la vie et mon coeur par la même occasion. Mais là, on parlait de ma chérie, de celle avec qui je me voyais vivre le reste de ma vie à ses côtés. Je pouvais pas la perdre elle aussi, pas après tout ce qu’on a vécu, pas après cet été parfait à ses côtés. Alors on était devant le bâtiment, toi et moi, à fumer parce qu’on était tout simplement incapable de voir la réalité en face. Enfin, tu semblais quand même plus forte que moi pour le coup, et je trouvais ça flippant mine de rien. Faut pas être fort comme ça quand on est face au corps d’un être cher. T’as le droit de t’effondrer, de ne pas avoir les épaules pour supporter tout ça. En tout cas, c’était possible que ça se passe comme ça pour moi. Ta main sur mon bras, un soupir et je finissais ma clope en vitesse et quelqu’un venait nous dire qu’on pouvait y aller. Putain, c’est vraiment trop lugubre ici. Comment on pouvait travailler entre ces murs, là où la mort est partout ? J’en ai presque des frissons. Puis on arrive dans la pièce, où il y a ce corps sous le drap. Corps qu’on doit identifier. Gaïa ou pas Gaïa. Telle est la question. Et je sens que toi aussi, la peur te prend aux tripes. Ta main qui s’accroche à la mienne était un bon signe pour le coup. Caressant doucement la peau avec mon pouce, resserrant mes doigts autour des tiens, j’attendais que le médecin légiste tire lui-même le drap pour nous laisser découvrir le corps inerte. Cœur battant, respiration saccadée, signe de la tête pour dire qu’on était prêt et finalement, le drap était levé. « Oh putain… » Soulagement immédiat. Ce n’est pas elle, et mon corps se tourne vers le tien pour te prendre dans mes bras. Une première victoire, même si la route allait sûrement être encore longue avant qu’on ne la retrouve.

je crois pas qu'il y ait de bonne manière d'appréhender la mort d'un proche. même quand on flirt souvent avec la mort ou même quand on tient la vie entre nos mains, rien ne nous prépare à devoir reconnaitre le corps de notre âme soeur, de notre meilleure amie. toi et moi, jamais on aurait imaginé devoir aller à la morgue ensemble, essuyer une possiblement perte. pas comme ça non. j'essaie tout de même de rester forte. je sais que c'est pas juste un corps, que c'est pas un potentiel patient, que c'est Gaïa et que c'est pas n'importe qui. mais je me sens obligée de rester forte, au moins devant toi, vous, le reste de la bande. je veux qu'on puisse compter sur moi, garder mon sang froid, ne pas perdre pied. parce que quand je suis seule c'est ce que je fais, je laisse la peine prendre le dessus et m'empêcher de respirer. on entre dans l'hôpital, arrive dans la morgue, le coeur qui s'emballe, l'impression qu'a tout moment mes jambes ne me retiendront plus. mais t'as raison sur un point Mickey, je suis pas obligée de toujours paraitre forte, de toujours essayer de tout porter toute seule, pas avec mes meilleurs amis. alors ma main s'accroche à la tienne, elle cherche le réconfort que j'ai pas demandé jusque là, savoir que t'es là, que peut importe ce qu'il y a sous le draps, on fait ça ensemble. et au moment où le médecin légiste soulève le tissus blanc, mon coeur s'arrête de battre. le temps d'un instant mon corps est à l'arrêt total. je ne respire plus, mes yeux s'embrument, tout se bloque. mais très vite ta voix me ramène à la réalité et la réalité c'est que ce corps devant nous, ce n'est pas elle. je te serre contre moi, les larmes qui coulent le long de mes joues. des larmes de soulagement. « c'est pas elle. » ma main qui vient essuyer mes joues mouiller avant de répéter une seconde fois : « c'est pas elle. » non c'est pas Gaïa. elle est ailleurs, on sait toujours pas où mais y a une chance qu'elle soit encore envie. l'espoir qui brûle un peu plus au fond de nous.



@Mickey Ainsworth

@Hope J.F. Kennedy | C’était sûrement la pire chose que j’aurais eu à vivre cette année, si son corps se retrouvait sous un de ces draps. Je pouvais pas, impossible de survivre à ça. J’avais déjà perdu mes parents dans un accident, je ne pouvais pas non plus perdre l’amour de ma vie. C’était impossible de l’envisager. Alors oui, bien sûr que le stress était à son comble, la pression de reconnaitre un visage familier. Mais j’espérais de tout cœur faire face à une totale inconnue. Main dans la main, on s’approchait de cette table, de ce lit mortuaire, où était allongé un corps féminin. Puis le médecin légiste relevait le drap, le corps inerte était là, devant nous, et la vérité nous explosait ainsi au visage. Toi comme moi, c’était le soulagement instantané. Très rapidement, nos deux corps se retrouvaient l’un contre l’autre, une étreinte nécessaire pour un réconfort à retrouver. C’était pas elle, c’était pas Gaïa et elle n’était pas morte. Je n’avais aucune idée si on devait nous montrer un autre corps ou pas, tout ce que je voulais moi, c’était sortir d’ici avec le ferme espoir qu’elle est en vie, quelque part non loin de nous, et qu’on la retrouvera un jour. « C’est pas elle » que je te répétais, pour être sûr que tu intègres bien cette information. Après tout, c’était ce que tu faisais pour te soulager un peu plus, pour que ton cerveau imprime ce visage qui n’est pas le sien. C’était triste pour d’autres personnes, que cette femme soit décédée, mais ce n’était pas Gaïa et c’était tout ce qui m’importait. « C’était le seul corps qu’on devait voir ? » que je demande au médecin, qui dit oui de la tête. Soulagement, avant de me tourner vers toi de nouveau. « On se tire ? »