how to save a life
w/ @Veïa Alvisio

Assis dans l’avion, je tapotais sur mes cuisses, stressé à l’idée de devoir déballer mon sac. Je sais que c’est toi, qu’il n’y a aucune raison que ça vienne à déraper d’une quelconque façon. Mais le simple fait d’admettre que c’était terminé me brisait le cœur, me brisait tout court. Alors ouais, j’ai quitté Tel-Aviv tout à l’heure, je rejoins de nouveau Boston. Le cœur supposément libre, supposément plus léger, alors qu’en réalité, il faisait encore plus mal que la semaine passée. C’était dur, de la laisser partir. C’était dur d’avancer sans ce qu’elle m’apportait. Mais j’allais pas avoir le choix que de faire avec. Mon regard se posait sur ma main bandée. Un passage à l’hôpital obligatoire si je ne voulais pas d’infection. Puis je suis rentré. L’atterrissage se faisait sans difficulté, l’attente pour rejoindre la sortie du terminal n’était pas si longue que ça, et je te retrouvais, juste là, avec ta tignasse blonde et ton manteau qui tient chaud. « Hey… » que je disais en te prenant dans mes bras aussitôt à tes côtés. Je ne voulais pas de question, je ne voulais pas parler tout de suite. Alors j’attrapais ta main et je nous dirigeais vers l’extérieur de l’aéroport, en espérant que tu n’avais pas vu l’origine de mon vol, encore moins que tu aies fait le lien avec celle que je pouvais à présent appeler “fantôme de mon passé”. Le chemin jusqu’à la maison était long mais sans trop l’être, si bien que je me réfugiais directement dans le canapé, m’enroulant dans un plaid, m’attendant alors à un interrogatoire de ta part.

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★ ─ w/ @Kaiden Winston  

J'avais hâte de te voir, de comprendre où tu étais passé. J'avais dérapé ces derniers jours et je comptais réitérer l'expérience dans le plus grand des secrets, alors qu'on ne se dissimulait rien. Sans doute ingrat de ma part, d'autant plus que j'en avais encore plus profiter pendant ton départ, mais j'avais peur que tu ne comprennes pas, suffisamment. Et probablement que je me trompais et je l’espérais. J'étais encore frissonnante par les caresses d'Archie droite comme un i dans l'aéroport, en t'attendant, si bien que ce n’était pas mon manteau qui me tenait vraiment au chaud, mais plutôt mes souvenirs de la dernière nuit et même de la matinée. Enfin, tu te diriges vers moi et je t'accueille dans mes bras en acceptant ton silence, te serrant du mieux que je peux passant ma main dans ton dos. «Hey...» Un bref regard sur ta main blessée, je me contente de me mordiller la lèvre inférieure, gardant mes questions pour la maison et l’inquiétude pour plus tard. Pour la maison, notre refuge. Ce trajet me semble interminable quand je sens ta souffrance jusqu'à mon âme. Toi et moi on est si fusionnels que tes peines me percutent comme le plus grand des torrents sur Terre. Tu atterris si rapidement dans le sofa, que j'ai à peine le temps de retirer mon manteau et mes chaussures. Je m'avance vers toi, le regard chargé d'empathie posant mes mains sur tes joues, pour trouver ton regard esseulé. «Parle-moi.» J'appose mon front contre le tien, caressant ta chevelure tentant de partir avec ton mal avant d'y appliquer mes lèvres sur le sommet de ta tête. Mon corps s'échoue près de toi, trouvant mon chemin dans le plaid que tu avais choisi. «Je peux pas t'en vouloir, t'as tenu ta promesse.» dis-je en pointant ta main. On avait dit un seul morceau et c'était bel et bien et le cas. On avait juste omis de dire l'état des pièces.  

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w/ @Veïa Alvisio

Pourquoi avais-je promis de tout raconter déjà ? Parce que oui, j'avais une boule au ventre à l'idée de sortir tout ce que je pouvais garder pour moi depuis plus d'une semaine maintenant. C'était compliqué à gérer et j'espérais quand même réussir à mettre des mots sur tout ça. Mais... je voulais pas que tu sois déçue, triste ou en colère. C'était ma vie, ma relation totalement réduite à néant. Le bonheur que tu avais su lire sur mon visage, il sera plus jamais vraiment là. Alors j'espère vraiment que ça se passera bien. Le retour à la maison était long, épuisant aussi, mais au final, je me vautrais directement dans le canapé, m'emmitouflant dans un plaid pour y retrouver un certain réconfort. Un soupir à tes mots, alors que tu t'installais à côté de moi, non sans tenter de me réconforter aussi à ta manière. « J'étais à Tel-Aviv... pour voir Reyna » soufflais-je, conscient que tu ne comprendrais pas forcément avec si peu d'informations. « Elle est partie dimanche dernier et... » J'inspirais, cherchant alors le courage de t'avouer les choses, sans que je fonde en larmes ou que je pique une crise de colère, puisqu'à présent c'était quitte ou double. « Elle a stoppé notre relation » disais-je, la gorge nouée. « Elle fréquentait quelqu'un en même temps que moi et... même si elle est pas avec lui là, c'est lui qu'elle a choisi » Mâchoire qui se crispe et l'envie de tout dégommer me revenait en pleine tête. « Elle m'avait envoyé qu'un simple message, puis m'a bloqué. Alors je suis allé la voir, pour conclure tout ça, en face à face » Et je finissais par glisser mon visage dans mes mains, me cachant de tout jugement, me cachant de ressentir bien trop de choses pour elle, alors que je ne devrais pas.

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★ ─ w/ @Kaiden Winston  

Je l'attends avec impatience cette confidence qui pèse lourd sur ton coeur, qui m'empêche de voir ta lumière habituelle. La tête contre ton épaule, je t'écoute relater ton récit pénible, qui me tord le coeur en moins de deux. La haine prend place aussi dans ma tête, en perdant tout espoir qu'il me restait envers celle qui avait osé voler ton coeur. J'y avais cru moi aussi, très fort que tu pourrais goûter à l'amour, sans te poser de questions pénibles. Juste de quoi te sentir plus léger. «Mais pourquoi?» Je m'agite près de toi relevant la tête, en apprenant son départ étonnant et non calculé. Ta gorge qui se noue, ta voix qui craque de plus en plus, j'inspire sentant la même boule à la gorge qui m’assaille, incapable de te voir souffrir, encore moins de voir ton coeur en lambeaux. On a toujours l'espoir de le réparer, mais il n'y aucune colle assez forte sur Terre, pour rapiécer tous les morceaux. Toutes ces histoires prennent une part de notre peau et de notre âme et j'aurais aimé qu'elle n'obtienne aucune part de toi. Elle était trop indigne pour en posséder une infime poussière. «Je comprends rien...Un autre?» Un nouveau soupire, le regard chargé d'eau, à un centimètre de se déverser quand ton visage s’enfouit entre tes mots et que ton corps se secoue par le mal qui t'accable encore. Une plaie béante que je ne sais pas exactement comment panser. «Comment...ne pas te choisir ? C'est insensé, pas après tout ça. Tu lui aurais donné ta vie.» Je n'ai pas les mots exactes pour te faire sentir bien, je n'ai que mes bras et tout l'amour que je te porte. Je reviens vers toi en me posant devant toi, essayant de prendre tes mains dans les miennes et capter ton regard chargé de colère. «J'en conclus que le face à face n'a pas apporté une meilleure conclusion ?» C'est une question presque stupide, vu ton état. Elle t'a éclaté et c'est le seul dénouement que je peux imaginer.

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w/ @Veïa Alvisio

Je ne m’interrompais pas malgré tes questions qui se manifestaient sur les premiers instants. Je comprends tes interrogations mais je préférais tout sortir d’un coup plutôt que m’arrêter au fur et à mesure pour répondre à tes questions. Mais en même temps, c’était difficile de revivre cette dernière semaine, cette rencontre devant sa maison, sa famille de l’autre côté de la porte. Tu t’étais alors redressée, clairement choquée par tout ce que je pouvais dire et ça se comprenait. Même si je t’avais déjà dit que ça devait être fini entre elle et moi, possible que tu niais la réalité, comme j’avais pu le nier aussi. Visage caché dans mes mains, pour ne pas craquer pour de vrai, tu finissais par m’en défaire pour que je te regarde et que tu plonges mon regard dans le tien. « Je veux pas en parler… » soufflais-je. La douleur était encore présente, la peine également. La colère était à deux doigts de refaire surface également. « Elle disait des choses incompréhensibles V’, je sais pas pourquoi elle m’a pas choisi… peut-être parce que c’était trop passionnel ? Une dispute et ça a tout foutu en l’air… » On m’enlèvera pas de la tête que c’était cette dispute à propos de la fondation qui me l’a enlevée pour toujours.

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★ ─ w/ @Kaiden Winston  

Tant de questions sans réponse, une rupture sans une vraie fin et les raisons réelles qui s'envolent, il a de quoi devenir fou et d'en vouloir au monde entier. Ce n'est pas aujourd'hui que j'arriverai à te soutirer tous les chapitres de l'histoire, mais si au moins tu peux te vider le coeur et crier ta haine. Je t'écoute et les mots m'échappent, aussi baignés dans l'incompréhension, continuant de croire que tu étais ce qu'on pouvait apporter de mieux à une femme. «Peut-être que vous vous aimiez mal...» Au point de se faire mal et de se détester. Ne jamais savoir comment faire les choses correctement par peur de représailles. «Elle était si froide et difficile à approcher...c'est pas de ta faute.» Au point que même moi je ne savais pas comment l'aborder, quel espace exact lui laisse pour qu'il puisse m'accepter à son tour dans sa vie. «Tu es parfait Kai, vraiment. Tu as cette lumière qui fait sourire les autres et cette façon d'être attentionné envers ceux que tu aimes et même ceux que tu ne connais pas. Tu mérites la plus belle des histoires et une femme qui te rendra tout cet amour profond que tu as à donner.» Une main sur ta joue je la caresse délicatement d'un sourire empathique et d'un regard qui aurait pu abriter tout le réconfort du monde. Je m'écarte un peu pour attraper un coussin décoratif sur le sofa et le tendre sur ma poitrine et me dresser devant toi. «Vas-y tape ça te fera du bien.» Et les meubles seront sauvés cette fois. «Tape le plus fort que tu peux.»

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w/ @Veïa Alvisio

Je ne savais pas comment gérer tout ça, comment gérer cette peine que j’avais au fond de moi, ce cœur qui se brisait un peu plus à chaque instant. Je n’étais même pas certain qu’il puisse être réparable en fin de compte. Trop de fois brisé en si peu de temps. La colle qu’on allait devoir lui appliquer devait être extra-forte pour qu’il ne se brise une nouvelle fois. Parler de Reyna, de ce qu’elle m’a fait subir, de ce tête-à-tête final qu’on venait d’avoir à Tel Aviv, c’était pas forcément ce que je voulais, mais c’était ce que tu avais réclamé. Seulement, je n’avais pas besoin de tous tes mots. Je voulais juste m’enfermer et déprimer dans mon coin, comme j’avais pris l’habitude de le faire pendant des années. « Arrête… » Les compliments, c’est pas ce qui va m’aider en ce moment. Cependant, mon regard croisait le tien et tu pouvais voir toute la détresse que j’avais en moi en cet instant. Cette peine inconsolable. Comme quoi, les femmes ont vraiment le don de faire souffrir. Par contre, ton idée était totalement idiote à mon sens. « Non, arrête » Je me levais, m’éloignant de tout ce bien que tu me voulais. J’étais pas prêt à le recevoir. J’étais pas prêt à le vouloir. Je devais digérer tout ça à ma façon. « Je vais pas frapper ce coussin, encore moins dans ta direction » Surtout avec toute la haine que je pouvais avoir. J’avais déjà pris la décision d’aller dans une salle de boxe de toute façon.

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