teach me how to fight
w/ @Alexis Callaghan

La raclé que je me suis pris dans ce bar, ce besoin d’extérioriser toute cette colère, tout ça m’avait conduit à une conclusion : je devais apprendre la boxe, ou un quelconque sport de combat. Il fallait que je réussisse à me défendre et à rendre les coups. Mais surtout, que j’arrive à me défaire de toute cette colère, cette haine qui vit en moi depuis quelques jours maintenant et qui semble grossir encore et encore à chaque instant. Les ressentiments que je rumine depuis le fameux message, depuis le passage des services sociaux. Il fallait bien commencer quelque part. Alors j’avais acheté ce qu’il fallait. Un short, des pompes, mais surtout des gants. Pas des gants de boxe, juste des gants qui me protègent suffisamment pour frapper sur un sac de frappe. Je m’étais alors rendu au Band of Brothers, salle qui avait su faire parler d’elle. Il n’y avait pas grand monde à cette heure matinale, mais je me doutais que ça allait bien vite se remplir. J’avais repéré un sac de frappe, je posais mon sac sur le banc à côté et j’enfilais mes gants. Bien sûr, je n’avais aucune idée de comment procéder alors je me mettais devant, frappant une fois avec hésitation, puis une seconde. En clair, je n’avais aucune idée de ce que je pouvais faire, et j’espérais quelqu’un aurait la bonté de bien vouloir m’aider.

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w/ @Kaiden Winston

Les bleus s’accumulaient sur les bras, les côtés, et la douleur semblait un peu moins présente à chaque fois. Elle s’évaporait, à peine les coups cessaient. Le bénéfice était à chaque fois un peu plus bref, le besoin de recommencer à chaque fois un peu plus pressant. Et désormais, s’étalait devant ses yeux cette salle de jeu, chaque jour. La tentation était bien trop grande de céder à l’appel, dès que l’occasion se présentait. Surtout quand la nuit était courte. Les cauchemars s’invitaient et s’installaient à leur aise, extirpant Callaghan des bras de Morphée en la tirant par la main. L’emmenant jusqu’ici, dans son bureau où elle finissait par grignoter quelques minutes de récupération. Le réveil se finissait par une douche froide dans les vestiaires, et les pas se stoppaient quand un bruit de frappe se faisait entendre. Il faut dire qu’à cette heure, il n’y avait que quelques habitués, et pas ceux qui s’énervent contre les sacs de frappe. Raven était dans un coin de la salle avec quelques élèves de Self-Défense. Puis y avait toi, en plein milieu, qui enchainait quelques coups dans ce sac sans défense, se balançant mollement au rythme de tes percussions. Demoiselle est arrêtée, alors, et ordonne sa crinière d’une tresse démarrant du sommet de son crâne, avec ses cheveux mouillés ; les billes rivées sur l’à peu près. Au quatrième coup maladroit, les pas vous rapprochent. « Il t’a fais quoi ? » Un fin sourire sur les lèvres, et le menton désigne le sac. Pour subir ces coups, j’veux dire. Les subir aussi mal, mais les subir tout de même. Y a pas assez de colère là-dedans. On a tous une raison pour passer ces portes.

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w/ @Alexis Callaghan

Il était clair en me voyant que je n'étais pas le plus adroit des hommes présents dans cette pièce. Et encore, en comptant toutes les personnes ici, j'étais de loin le pire. Même toi, alors que je t'avais à peine aperçue, tu devais être bien plus douée. Je me demandais cependant ce que tu faisais ici, tu semblais pas forcément être dans la même catégorie que tous les autres. Seulement, tu t'approchais de moi, ce qui était bien plus que ceux qui restaient dans leur coin, à frapper des sacs, faire de la corde à sauter ou encore s'entrainer sur le ring. Non, toi tu t'étais approchée, sûrement par pitié. En réalité, ça m'importait peu ta raison, tant que tu pouvais m'aider à apprendre à me battre, à extérioriser cette colère qui me ronge. « Il me dit pas comment je dois m'y prendre... pour lui faire vraiment mal » Faut dire, j'étais très inexpérimenté et les seules personnes que j'ai réellement frappé, c'était des one shot, sous le coup de la colère. Et quand bien même je pouvais être énervé, je ne ressentais pas suffisamment de rage pour l'exprimer en cet instant.

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w/ @Kaiden Winston

La silhouette se dessine, la tienne puis la mienne. Tu vois, j’crois qu’on dénote. Toi et tes coups pas assez engagés, au milieu de ces acharnés. Ils bossent une technique je n’ai pas. Aiguisent leurs mouvements, anticipent leurs prochains coups. C’est beau à voir. Une chorégraphie sans os qui craque, un ballet sans pieds qui se piétinent. C’est beau et incroyablement ennuyeux. Laissant ces cours à Jericho, qui avait définitivement plus de savoir et de patience, je m’incruste dans ta danse à toi. Les traits sont inconnus, et le sac de frappe se balance au rythme d’une rage qui ne demande qu’à s’affirmer. Les doigts qui se referment sur le sac, pour en stopper le balancier. Le sourcil se hausse, et un fin sourire s’affiche. « Au sac ? » Le cuir ne fait que recevoir, il ne rend jamais. C’est pour ça qu’il est bien plus facile de s’attaquer à lui. « Il y a des cours, si tu veux apprendre un peu de technique. » Il serait mal venu d’oublier ce qui fait vivre ce club ; surtout quand on est celle qui fait les comptes. « Ou.. il y a moi, pour le reste. » Pour tout ce qui se fait mal, désordonné, pas toujours dans les règles de l’art de la boxe, mais qui s’avère efficace. Pas toujours. Ca s’finit en victoire ou en KO. Ca s’propose pas autour d’un sac. Mais, dans ce club qui enferme ma solitude, ça se propose, aux yeux qui se posent sur moi. « T’es venu faire quoi ici ? Tu cherches quoi ? » On devrait toujours commencer par ça, quand vous passez la porte. On devrait savoir si vous cherchez l’élévation, ou la chute.

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w/ @Alexis Callaghan

Je ne sais pas si c’était réellement une bonne idée de venir ici, mais maintenant que j’y suis, il n’y avait plus de retour en arrière possible. Je me devais de me défouler, pour ne plus péter des câbles comme j’avais pu le faire quelques jours auparavant. Il fallait que j’extériorise tout ce que j’avais en moi et cette haine, cette rage ne demandait qu’à sortir. Seulement, je n’avais aucune réelle idée de comment m’y prendre. C’était sûrement pour ça que tu m’avais approché. Tu avais vu l’hésitation dans mes coups, ce sac qui bougeait un peu mais pas suffisamment, en pâle comparaison des autres sacs qui étaient secoués par les coups. « Ouais, au sac… » C’était idiot comme réflexion je sais, c’est juste que j’ai pas osé déranger qui que ce soit dans la salle, encore moins ceux qui semblaient bosser ici. Alors je suis resté dans mon coin, préférant apprendre de moi-même, comme pour tout le reste dans ma vie. Je faisais une moue, j’étais pas sûr que prendre des cours soit vraiment une bonne idée, préférant aller à mon rythme. « Le reste ? »  Bien sûr que j’étais intrigué. Dans le fond, je m’en foutais de la technique, je voulais juste me défouler, et faire mal. Et possiblement recevoir les coups, me sentir vivant. La question que tu venais poser, c’était presque celle à un million. Qu’est-ce que je cherche ? Aucune idée. « Me défouler… faire mal, avoir mal. Être vivant » Si simple mais si compliqué à la fois, je sais pas si tu comprendras réellement le but de ma venue ici.

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w/ @Kaiden Winston

Dans cette demeure, les âmes s’animent et se déchirent, s’abiment le corps et se réconcilient l’intérieur. On apprend à respirer entre deux coups, à sourire d’une douleur, à se relever. Surtout, à se relever. On te tiendra la main, ou on te poussera sur tous les obstacles. On verra comment tu t’en sors, quand tu trébuches et que tu t’abimes les genoux. T’abandonnes ou tu demandes d’autres écorchures ? A quel degré t’es déjà flingué ? Combien de temps tu peux tenir ? « J’suis pas très bonne en technique. » Légère grimace, effacé par des épaules qui se haussent. C’est vrai, ma garde est souvent piteuse, car j’pense qu’à frapper. Je connais mal la défense, tellement l’attaque m’obsède. Ca vient de mon premier prof, celui qui m’a donné mon nom. Il savait pas reculer à temps. J’suppose que c’est ça qui l’a perdu. C’est ça qui me perdra aussi. « Mais je sais comment infliger la douleur. » Mauvaise professeur, qui n’en aura jamais le diplôme. Gérante qui se garde bien de donner des conseils ; tellement ils sont peu avisés. Les lèvres se pincent, et les prunelles s’arrondissent. « Maaais, ce n’est pas le but de la boxe. C’est fait pour se protéger. » D’un ton laconique, l’ironie latente. J’y crois pas un mot, et je cherche même pas à dissimuler le vrai derrière. Le vrai, qui transparait délicatement de ta dernière réplique. Mais, entre les termes et la réalité, il y a souvent une marge. Il n’est pas agréable de subir, quand le corps n’est pas encore habitué à encaisser. « Parce que tu ne te sens pas vivant, maintenant ? » Allez, déballe. Dans le bruit des coups, et le silence des inspirations, j’te demande juste de dégueuler ce que t’as dans le ventre. Mais, le simple fait de le dire trahis une carence. S’écarte d’un pas, alors. « T’arriverais à me frapper, là ? » A l’inconnue de la salle de la sport, aux traits souriants, et aux yeux sombres.

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w/ @Alexis Callaghan

Dans le fond, je sais pas tellement ce que je fais là. C’était une idée comme une autre, pour se défouler, pour arrêter de défoncer tout sur mon passage. Le mobilier, ma main contre un mur. Tout ça ne rimait à rien, il me fallait un contexte, un endroit où laisser cette rage sortir pour qu’en découle quelque chose. C’était cette salle de boxe que j’avais choisi. Pas forcément fancy, mais suffisamment attrayante pour que j’y mette les pieds. « C’est pas forcément ce que je recherche de toute façon » Faire mal, donner des coups et surtout, sentir la rage me quitter le temps d’un instant. Se sentir vivant, heureux presque. C’était ça que je cherchais dans le fond. Un sourire s’esquisse alors à tes mots suivants. Infliger la douleur. Voilà qui pouvait être intéressant. De base, j’étais surtout là pour me défouler sur un sac, mais faire mal — bien que je préférais me faire mal pour le coup — semblait être une alternative adéquate. Je remballais ce sourire qui se faisait discret, quand tu expliquais la base de la boxe. Se protéger. Possible oui, je n’en sais rien, je n’ai pas cherché l’origine de ce sport. Je suis même pas sûr qu’il convienne à mon besoin imminent. « Pas vraiment non » Je me sens comme un zombie, tirant ma carcasse d’un endroit à l’autre, sans réel but précis. Je voulais avoir un but, une motivation derrière chacun de mes choix. Je n’étais devenu que pathétique. Mon regard te suit et je suis presque étonné de tes mots. Te frapper ? La tête qui est secouée de gauche à droite. « À froid, là ? Non » Je reste un gentil, quelqu’un qui ne veut pas blesser les autres. Mais je devais changer ce conditionnement, visiblement. Il fallait que je fasse de chaque personne face à moi un possible ennemi, une personne à abattre. Il suffisait simplement que j'imagine la personne qui m'a fait le plus souffrir face à moi.

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w/ @Kaiden Winston

J’essaye de faire les choses biens, j’espère que tu t’en rends compte. J’essaye, l’espace de quelques minutes, de t’orienter dans une direction qui est la bonne pour la plupart des gens. La juste, la correcte, celle qui fait que tu rentres le visage pas trop marqué chez toi. Celle où on ne vient pas te poser des questions à la fin de la journée. Celle qui convient au commun des mortels. Qui ne me va pas. J’essaye, mais j’y mets aucune volonté. Tu l’éludes cette route, par quelques mots que tu places déjà correctement. Et, ça serait surement pile à ce moment là que j’aurai dû te reprendre, et t’aiguiller vers quelque-chose de plus lumineux. Mais, mes prunelles sur tes traits fins te trouveraient plus beau enrobé d’un peu de noirceur. Tracer le visage au feutre plus grossier, et administrer un peu de douleur. T’es peut-être un morceau de solution à un problème que j’me posais pas encore. Ils sont tous partis, les uns après les autres, lassés des couleurs fanées. Fatigués d’une lutte permanente. Mais toi, toi tu viens les mains vides, et t’as juste une rage à modeler. Quelques étincelles à activer pour en faire des flammes plus franches. Mes doigts poussent ton torse. Tu peux pas me frapper ? Qu’est-ce qu’il te faut, pour activer la colère ? Il te faudra garder dans une boite, précieusement, tes monstres à toi, et les laisser sortir à volonté. Mes lèvres tracent un sourire effronté. « Et là, toujours pas ? » Mes doigts rencontrent ta joue, dans un claquement caractéristique. Comme on gifle un gosse insolent. Pas comme on frappe un combattant. Je cracherais sur ton égo, si ça te permets de choisir le bon chemin.

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w/ @Alexis Callaghan

Vouloir utiliser mes démons, ressentir leur force dans mes poings pour taper là où ça fait mal. C’était une notion étrange que j’avais toujours voulu laisser de côté. Ne pas finir comme Selena, qui provoquait la bagarre avec des inconnus dans des bars, dans le simple but de se défouler. J’avais toujours essayé d’éloigner tout ça de ma vie, de sa vie aussi. Et pourtant, me voilà à vouloir embraser cette partie de moi, ne faire qu’un avec le temps d’un combat, d’un match, d’un affrontement. Mais je ne savais pas y faire, je devais apprendre. Il y avait la façon conventionnelle, et l’autre. C’était sûrement celle-là qui m’interpelait le plus, malgré ton envie de me pousser dans le “droit chemin”. Non, ça fait bien longtemps que je l’ai quitté ce chemin et je ne voulais plus vraiment le reprendre. Mais quand tu me demandais si j’arriverais à te frapper, j’étais comme tétanisé. Non, non, j’étais pas capable de faire une telle chose, pas à froid comme ça. Faut croire que j’avais su dire les mots qui éveillaient quelque chose en toi. Bien assez rapidement, tes doigts se retrouvaient sur mon torse, me poussant, me provoquant. Ton regard semblait s’embraser, tandis qu’un sourire effronté apparaissait. Ma bouche s’ouvre mais se referme très vite au claquement de tes doigts sur ma joue. La vision de ma mère me venait subitement et je te repoussais bien assez vivement. Sûrement que mon regard s’est changé, je n’en sais rien. « Peut-être. » que je disais assez sèchement. Je n’aimais pas être comme ça, je ne voulais pas te blesser. Mais si tu commençais à devenir ma mère, ça allait devenir un problème.

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w/ @Kaiden Winston

Le cou se tend légèrement, et les prunelles se fixent sur l’homme. Tu t’articules bien, malgré l’inexpérience. Le feu ne se déclenche qu’en flammèches, mais la colère se travaille, s’attise. Elle deviendra comme un réflexe, quand tu te sentiras oppressé. Quand tu te sentiras seul, aussi, et que dans l’agressivité d’un autre, tu te sentiras plus vivant. Peut-être que j’vois seulement ce que j’ai envie de voir. Et qu’ici, il fait un peu trop froid. Peut-être juste que ça m’arrange de m’dire que tu pourrais meubler agréablement cet espace. Peut-être que j’ferme les yeux sur l’excès de lumière que tu dégages, et qu’en proposant cette voie plus commune, je te montre derrière le dos, la route plus escarpée. Là, cachée au creux de mon dos, la direction qu’il ne faut pas prendre. Celle qui attire déjà ton regard. Celle qui fait que tes doigts repoussent mon corps, qui recule d’un ou deux pas, légèrement déséquilibré. « Peut-être ? » Ca suffit pas. J’veux que tu sois sûr, dans chacune de tes réponses. Convaincu qu’il en faudra peu, pour répliquer avec force. Même si l’autre défaille, même si l’autre présente des traits harmonieux. Même si l’autre vient en ami. Même si t’as rien à gagner d’autre que l’fait de te sentir mieux. « Il te faut quoi ? » Pour comprendre que c’est toi ou moi. Que mon pied qui s’écrase avec force contre ton côté, sous tes côtes pour te faire plier, c’est pas juste pour jouer. « Tu vas me laisser faire combien de temps ? » Mes doigts contre ton épaule, pour te pousser encore comme un gosse. Pour t’oppresser. Revenir au contact, continuellement. La douleur ça s’mérite.

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