help me i'm drowning
w/ @Selena Stanford

J’avais cassé une bonne partie du mobilier de ma chambre, de celle de Jayden. Rien n’allait aujourd’hui. Jay était parti, embarqué par les services sociaux qui m’ont précisé de ne pas quitter la ville, qu’une enquête allait être menée si je pouvais continuer d’être son tuteur légal le temps que l’enquête sur ma mère continue. Mais je ne me voile pas la face, aucunement. C’était totalement perdu d’avance. J’étais en train de tout perdre. C’était avec un téléphone complètement fissuré que je t’avais envoyé un message. Après l’échange fait avec Reyna, j’avais totalement pété les plombs. Encore plus quand elle m’avait bloqué. Mon dernier message ne s’était pas envoyé, n’avait pas été lu. Et ça brisait encore plus mon cœur. Aucune chance, je n’avais eu aucune chance. Le pire dans tout ça, c’était cette façon qu’elle avait eu de me laisser tomber amoureux d’elle, sachant pertinemment qu’elle en aimait un autre. A cette simple pensée, je balançais un vase sur la télévision, laissant les deux objets éclatés perdre en valeur instantanément. J’aurais pu continuer encore et encore, casser tout ce qui se trouvait dans la maison, mais j’étais retenu par la sonnette qui retentissait. Tu étais là, arrivée, et une petite part d’oxygène venait calmer mes poumons. Je venais alors t’ouvrir, t’attirant à l’intérieur pour refermer directement. Tu pouvais certainement voir la détresse dans mon regard, sur mon visage. Mais rien ne pouvait laisser paraitre ce que je m’apprêtais à faire. Glissant ma main dans ta nuque, je t’attirais à moi pour t’embrasser, comme si ce jour était le dernier.

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Rien n’allait plus dans la vie “rangée” de Kaiden Winston. Est-ce que quelque chose est déjà bien allé au final ? Quand on y regarde de plus près, rien n’a jamais été clair, propre dans cette vie torturée. Il suffit de quelques instants pour que tout parte en l’air. Une dispute, un coup de poing, un message. Aujourd’hui, j’avais perdu tout ce qui me retenait la tête en dehors de l’eau, si bien que la colère me submergeait bien trop rapidement. Elle me submergeait tellement que j’avais l’impression de me noyer. Alors je t’appelais à l’aide, je te demandais rien de plus qu’une bouffée d’oxygène, de quoi me permettre de tenir dans ce monde de brutes. Mais je ne savais pas ce que tu allais réussir à m’offrir dans le fond. C’était peut-être trop compliqué pour toi de m’aider alors que tu avais tes propres problèmes. Quand tu es à la porte de chez moi, je te fais rentrer, entendant à peine ce surnom qu’on m’assigne sortir de tes lèvres quand les miennes venaient se plaquer dessus. Une libération quelque part, mais un nouveau problème qui apparaitrait pour sûr. Pourquoi je suis pas foutu de le voir immédiatement ? Mains qui se glissent dans ton dos, qui te collent à moi, alors que j’éternisais ce baiser, prêt à te coller contre le mur pour continuer encore et encore. Seulement tu me repousses, bien trop pleine de questions. « S’il te plait Lena… Aime-moi, juste pour ce soir » Je revenais à la capture de tes lèvres, sans savoir si tu me repousserais encore une fois ou non. Sans savoir si tu étais capable d’aimer le monstre que je devenais, ou que j’étais depuis le tout début finalement.  

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C’était pas moi ça… ou alors c’était pas l’image que je renvoyais de moi. Possible que j’étais encore plus fucked up que toi dans le fond, à être dans les faux semblants depuis le début. Il a fallu un cataclysme puissant pour me rendre compte de tout ce qui se passait en moi. Cette colère inépuisable, qui me bouffe toute mon énergie. Mon esprit qui divague encore et encore. J’ai même songé à m’envoler pour Tel-Aviv et la retrouver, lui dire ses quatre vérités en face. Est-ce que ça servirait à grand chose ? Peut-être, je sais pas. J’ai envie de le faire, fort, même si elle ne veut pas me voir. Alors c’était sur tes lèvres que je venais me languir, que je cherchais un peu de douceur, malgré la passion qui m’animait en cet instant. Sauf que pour la deuxième fois, tu me repoussais, tes mains de part et d’autre de mon visage. Les larmes me montent alors aux yeux tandis que mon front se collait au tien. « S’il te plait… » que je finissais par dire dans une supplique, possible que tu ne m’avais jamais vu comme ça finalement. Même après mon agression, je n’avais pas été aussi brisé. « Aime-moi, me laisse pas… s’il te plait, me laisse pas » que je finissais par répéter en te prenant dans mes bras, les sanglots prenant la place des quelques larmes initialement sorties. Je m’accrochais à toi comme ma bouée de sauvetage, comme je l’avais fait pendant des années durant. Le combo des deux jours était le pire de tout, j’étais sur le point de m’écrouler.

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Tout foutre en l’air, tout détruire autour de moi. C’était peut-être comme ça que je devais fonctionner à présent, pour cesser d’être blessé en premier. Peut-être que je devais quitter la ville sans me retourner et vivre seul, à errer dans des pays que je ne connaissais pas. L’aventurier qui découvre le monde, qui se découvre en même temps. C’était une éventualité. Mais là, j’étais trop brisé, j’avais besoin de toi, j’avais besoin de quelqu’un à qui me raccrocher. Zed n’était pas là, Veia n’était pas là et dans tous les cas, je ne voulais pas qu’ils me voient comme ça. Ils pourraient fuir, ne connaissant que le Kai qui est gentil, refusant la violence en tout temps. Non, il était parti ce Kai, parce que je me suis enfin réveillé, après toutes ces années, et voilà que j’avais détruit une grande partie du mobilier de mon habitation, sous le coup de la colère. « Je t’aime aussi » que j’arrivais à dire entre deux sanglots, toujours accroché à toi comme si ma vie en dépendait. Et je sentais bien que tu t’accrochais à moi tout autant. Comme si on était encore ces deux jeunes enfants, la dizaine d’années passées, comprenant alors que la vie ne serait finalement qu’une succession de parcours semés d’embuches. Je hochais la tête à tes mots, les yeux toujours fermés, alors que les larmes coulaient encore et encore. Mes maux sont bien plus compliqués que tu ne le crois. Si j’avais mentionné Jay, ce n’était qu’une partie du problème, mais je n’étais pas encore apte à parler du reste. « Dors avec moi cette nuit… s’il te plait » Comme avant, comme quand c’était toi et moi contre le reste du monde. Qu’importe les relations autour, ça sera toujours nous deux. La promesse du petit doigt, celle qu’on s’est fait quand on avait sept et huit ans, sur le palier de nos appartements respectifs, à la lumière du clair de la lune.

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Des mois que nos chemins s’étaient séparés, depuis que nos chambres ne se retrouvaient plus dans le même appartement. Depuis des sentiments avoués non réciproques, et qui ont fini par l’être éventuellement. Je ne sais pas trop où on en était finalement toi et moi, et sûrement que je me faisais des illusions quand tu me disais que tu m’aimais. C’était sûrement un mauvais rêve, un cauchemar. Tout ce que j’avais voulu entendre de ta part, ça avait été trop tard. Le mal avait déjà été fait. Maintenant, je suis plus bas que terre. Tu sais pour Jayden. Tu ne sais pas pour Reyna. Et tu ne le sauras probablement jamais. Incapable d’assumer que je ne pouvais rendre personne heureux. Aucune fille ne voulait rester à mes côtés et elle était la fille de plus, celle qui s’ajoute à la liste. Alors je viens chercher du réconfort dans tes bras, toi qui était là, malgré tout ce qui s’était passé entre nous. C’était beau, c’était fort. Je hochais la tête silencieusement, contre ton épaule, sans pour autant être vraiment convaincu par tes mots. Est-ce que ça ira vraiment ou c’est juste des choses qu’on dit quand on est face à quelqu’un qui touche le fond ? Je finissais par me décaler, glissant ma main dans ma nuque, presque gêné par ce qui venait de se passer. « T’as faim ? » que je disais, le regard fuyant, sans regarder non plus les dégâts que j’avais pu prodiguer à toute ma maison.

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