je voudrais tout te raconter, je sais que rien n'excuse, ne justifie ou ne donne raison à ce que je t'ai fais. mais je voudrais te dire pourquoi ce soir là je suis arrivé aussi déchiré chez toi, pourquoi j'ai haussé la voix, pourquoi j'avais toute cette agressivité en moi. même si ça ne changera pas ce que j'ai fait, je sais que ça pourrait t'apporter des réponses. et notamment sur le fait que tu n'y est pour rien. parce que toi petite Alix, si fragile et forte à la fois, je sais que t'as dû te demander ne serait-ce qu'une fraction de seconde si c'était toi qui avait cherché le contact de ma main autour de ta gorge, de mes coups qui pleuvait sur ton épiderme. et je voudrais pouvoir te rassurer, te dire que t'y es pour rien, que c'est pas ta faute. que je prends toute la responsabilité de ce qu'il s'est passé. au lieu de ça, je me contente de te donner ce que tu veux, à savoir ma signature en bas du contrat que t'as ramené. la raison pour laquelle t'as accepté de me revoir. tu fais rouler le stylo jusqu'à moi, refusant surement que ta main ne frôle la mienne. « merci » je le prends et je signe sans hésiter une seule seconde. et voilà. voilà que le seul lien qui nous liait est rompu. je pose le stylo sur la feuille, je la fixe un peu avant de la faire glisser jusqu'à toi. « je peux pas te dire pourquoi. je peux pas en parler. j'y arrive pas. » c'est ça que tu veux ? savoir pourquoi toi ? pourquoi ce soir là ? et c'est bien normal. je crois que je te le dois presque. pourtant je peux pas. « j'avais trop bu, j'étais ailleurs, dans un autre monde. et.. j'ai dépassé les limites. » je te promet que je ne recommencerais jamais. que ce soit sur toi ou quiconque. j'ai perdu un bout de moi ce soir là Alix, j'ai perdu une partie de mon être dans les coups que je t'infligeais.

peut être qu’il n’y a pas d’explications. peut être qu’elle cherche des réponses là où elle n’en aura jamais. possiblement que c’est juste l’impulsivité, tes propres problèmes et qu’elle n’a rien à voir dans tout ça. que t’as pas pu t’en empêcher et que tu seras probablement pas en mesure de justifier les actes. elle sait même pas pourquoi est-ce qu’elle a tant besoin d’entendre les mots. qu’est-ce que ça changerait ? est-ce qu’elle en dormirait mieux ? les questions qui tournent en boucle dans sa tête, les réponses qui ne viennent pas. ne viennent jamais. l’éternelle souffrance qui se joue en elle même sans qu’elle ne puisse faire quoi que ce soit pour l’arrêter. souffle doucement, les papiers qu’elle récupère, range le tout sans pour autant sentir le moindre poids s’enlever de sa poitrine. tu peux pas.. le rire est presque nerveux. lena, convaincue qu’elle  mérite ne serait-ce qu’un semblant d’explication. parce qu’elle a été la victime dans l’histoire, parce que tu pourrais au moins fournir l’effort de lui expliquer. pince ses lèvres, les mains qui tremblent un peu alors qu’elle ajuste la lanière de son sac sur son épaule. j’pense que je mérité une réelle explication et pas.. des justifications idiotes. parce que si pour toi ça s’arrêtait à juste « dépasser les limites », pour elle, c’était bien pire. traumatisme qui restera probablement ancrée en elle comme si elle n’avait pas déjà assez souffert.