je me sens pas super à l'aise.. j'ai changé trois fois de t-shirt avant de venir. bon ok la première fois c'est parce que j'ai senti les dessous de bras et je me suis rendu compte qu'il puait et la deuxième fois parce que y avait une tache dessus, mais quand même ! en ce moment je me laisse carrément aller et je le sais. mon hygiène est discutable, mais je me suis douché ce matin pour pas que tu te demandes d'où vient l'odeur d'alcool à seulement 16h.. et comme j'ai toujours pas décroché, j'étais en combat avant hier alors j'ai encore et toujours un jolie petit coquard et la lèvres fendue. c'est devenu mon nouveau look. pour ça je peux rien faire, je vais pas me coller du maquillage de rox sur la gueule pour cacher mes blessures de combat. de toute manière c'est devenu habituel alors faudra juste t'y faire. j'attrape les clés de la voiture et je me mets en chemin. j'ai pas bu depuis notre dernière conversation d'hier et putain c'est un exploit. je voulais pas arriver arraché, je voulais pas que tu me vois dans le sale état dans lequel je suis depuis cette fameuse nuit. alors ça va un peu mieux mais c'est pas encore ça. j'espère que tu t'attends pas à retrouver le aidan d'avant tout ce merdié. parce que celui là, il est mort avec jordy.. une fois devant le café je me gare en vitesse, si y a bien un truc qui change pas c'est que j'ai 10 mn de retard et que tu m'attends déjà sur la terrasse. je fais des petites foulés pour te rejoindre et prendre place. « salut » que je balance en souriant. putain t'imagines même pas comme c'est bon de te voir. j'me fais déjà sauter dessus par la serveuse, j'ai même pas le temps de rajouter quoi que ce soit. « euh je vais prendre comme la demoiselle, un café, merci. » à peine la commande terminé que mes yeux retourne se poser sur toi. c'est étrange d'être là. parce que même si j'ai pas envie de me souvenir, la dernière fois que toi et moi on s'est retrouvé ensemble, mes mains t'étranglaient et les tiennes claquaient contre ma peau. « comment tu vas ? » ouais c'est bateau et ça n'a peut-être pas changé depuis hier, mais j'me sens tout couillon face à toi.

c’est probablement la pire idée au monde. elle en est convaincue, se le répète en boucle dans sa tête et pourtant, prends quand même le chemin du café décidé au préalable. oh, si son entourage venait à être au courant, ils seraient les premiers à lui hurler qu’elle était irresponsable. qu’agir de la sorte était une idiote profonde et qu’elle n’en récolterait rien d’autres que des nouvelles cicatrices sur son mental déjà bien trop amoché. mais alix elle réfléchit jamais, elle est connue pour son impulsivité, pour ses prises de décision toujours plus stupide. et peut être qu’alix, elle a juste aimé tellement rarement qu’elle a du mal à sortir de ses sentiments. les laisse flouter son jugement même quand le partenaire avait commit le pire. peut être qu’il était là son destin ; constamment courir vers le pire jusqu’à apprendre où était posée sa dernière limite. et assise en terrasse, les opales qui scrutent l’horizon, il ne lui reste plus qu’à attendre, le pied qui tape frénétiquement sur le sol de béton, frappe une cadence qu’elle met sur l’angoisse. l’angoisse de le voir, le flash du pire qui vienne obscurcir le tableau. dans le fond, la zone public lui procure une certaine sécurité mais l’était-elle vraiment ? saine et sauve ? et elle souffle, remercie le serveur qui pose une tasse de café devant elle, tapote son téléphone pour constater le retard. pas forcément étonnant dans le fond. peut être qu’elle devrait en profiter pour disparaître, quitter l’endroit et ne plus jamais répondre au téléphone. se sortir de tout ça avant même d’y avoir réellement mit le pieds. ouais, peut être que ça pourrait être une bonne idée. puis l’instant d’après t’es là, le sourire qu’elle peine à rendre alors que tu prends place en face. elle fait rien d’autre que te scruter, notes les marques sur ton visage et surtout l’air fatiguée. dans les apparences, elle a l’air en meilleur état que toi quand en réalité, elle s’écroule lamentablement. le mensonge ou la vérité ? les mots qu'elle déverse aux autres ou ce qu'elle ressent réellement ? t'as l'air d'avoir des problèmes. ça se lit dans tes yeux. le reflet de l'âme, pas vrai ?

je suis pas réputé pour être le mec le plus à l'heure du monde. j'essaie de l'être quand il s'agit des cours et des rendez-vous pro mais sinon.. je suis un peu à chier la dessus. comme sur plein d'autres sujets d'ailleurs... bref quand j'arrive au café, je m'assois en face de toi et je sais pas, je me sens bizarre. d'un côté j'ai envie de t'embrasser, te prendre dans mes bras et te dire encore à quel point je suis désolé. j'ai envie de tout te raconter, te dire ce qu'il s'est passé même si ça n'excuse pas ce que je t'ai fait. d'un autre côté, j'ai envie de vomir quand je pense à ce que je t'ai fait. j'ai peur aussi, que les souvenirs remontent et que ça me paralyse. pire encore, que toi ça te fasses du mal de me revoir. dans cette histoire la merde c'est moi, toi t'avais rien demandé et t'as ramassé. t'as du mal à me sourire alors je ravale très vite le miens. je prends place en face de toi et je commande. « la vérité. » je veux juste la vérité. comme la vérité que j'ai pas su te donner ce soir là. la demoiselle revient rapidement avec un café, je la remercie, le blinde de sucre avant de le porter à mes lèvres. « non je vais bien » je me souviens alors que j'ai quand même un coquard et la lèvre fendue.. pour un mec qui va bien c'est un peu du foutage de gueule non ? je te demande la vérité, alors tu mérites que je fasse la même chose. « disons que ça pourrait aller mieux » entre les cauchemar bien trop réels, l'abus d'alcool, les bastons, et mon esprit qui continue d'être déchiré entre toi et laïa. en vérité y a rien qui va.

peut être que tu étais trop facile à déchiffrer aujourd’hui. ou peut être que vos propre détresse étaient suffisantes pour réussir à capter celle de l’autre. chemin tortueux ou la gosse ne savait pas si elle devait te plaindre ou non. dans le fond, ne devrait-elle pas ressentir tout au plus de la haine ? peut être juste un dégoût profond pour celui à qui elle avait confié son coeur avant d’être écorchée vive. traitée comme une poupée de chiffon que l’on pouvait jeter d’une pièce à l’autre sans jamais se soucier des blessures que ça lui provoquerait ? il était sûrement là le problème dans le fond. le genre humain ou du moins ceux naviguant autour d’elle, semblant partager la conviction que si blessure il y avait, la gosse serait dans la capacité de se redresser. n’était-ce pas ce qu’elle faisait continuellement ? prendre les coups, les revers et relever la tête toujours plus haut portant une semi immortalité sur ses épaules. peut être que c’était de sa faute, l’acharnement qu’elle avait toujours mit à garder la tête haute, cherchant à prouver au monde qu’elle arriverait inlassablement à continuer quand il était de plus en plus difficile de s’en tenir au basique désormais. le poids d’une souffrance qu’elle aurait préféré éviter de porter. tu connais la vérité elle n’avait certainement pas besoin de poser le moindre mot sur les ressentis. tu connaissais une part de son passé, de ses problèmes, avait choisit en toute impunité de porter des coups sur son épiderme. bien sûr qu’elle n’allait pas bien, la souffrance qui s’étale, prend chaque jour un peu plus de place. et elle hausse un sourcil devant le contenu de tes mensonges, ta voix qui porte une réponse quand ton corps entier hurle le contraire. les choses s'arrangent. éventuellement. c'est le sarcasme qui pointe sur le dernier mot, laisse fleurir un manque de croyance en ses propres propos. enfin, c'est les conneries que tout le monde doit t'envoyer. mais parfois, la peine n'était qu'un cercle répétitif. spirale infernale qui ne cesserait jamais d'envoyer le pire. paraît que c'est toi seul qui décide de t'en sortir.

 la vérité c'est que quand je te vois là, assise en face de moi, j'ai envie de te prendre dans mes bras. pour m'excuser de tout ce que je t'ai fait subir, pour te dire que ça va aller, que maintenant je ne te ferais plus de mal, simplement pour sentir ton odeur. je peux pas le nier, tu me manques. ces dernières semaines tout part en couille pour moi. je suis à deux doigts de me faire expulser de Harvard et de rentrer illico en écosse, je passe mon temps à picoler comme un trou et à aller me battre dans ces caves miteuses. même ma soeur a essayé de m'aider et quand bien même elle ait soulevé un point douloureux et que son intervention ait réussi à me secouer un peu, c'est pas assez. pourtant elle a réussis à créer une brèche en moi. roxane a réussi à réveiller une petite partie en moi qui dormait depuis des années. et même si c'est peu, même si ça ne dure pas, ça compte. cette partie, c'est celle qui a eu le cran et le coeur de te dire que les sentiments ils étaient bel et bien là et que tu me manquais. je ne sais pas si je serais en mesure de te le répéter, mais aux moins tu le sait. regard qui ne quitte pas le tiens, c'est bon de te revoir. t'imagine même pas ce que ça crée en moi. vague de chaleur parce que tout ton être me manque, vague glaciale parce qu'on en est là à cause de moi.. « je suis vraiment désolé alix » parce que si t'es aussi mal c'est ma faute, si t'es au plus bas et que tu galères à remonter la pente c'est parce que je suis allé trop loin. j'ai osé poser mes mains sur toi alors que je sais ce que t'as vécu. j'étais pourtant sûr que je ne pourrais jamais te faire de mal.. faut croire que j'ai pas seulement fait ça, je t'ai brisé. « certaines choses ne peuvent pas s'arranger » je parle pas de toi et moi, je parle de ce que j'ai fait. j'ai tué un homme et ça je pourrais jamais le changer. « je sais pas si j'ai envie de m'en sortir. et toi, tu veux ? » je crois que je prends ça pour ma punition. même si celle crevure de jordy le méritait, j'irais probablement pas en prison, alors j'ai trouvé moi même ma punition pour ce meurtre : je me torturerais éternellement pour mon crime. « merci d'avoir accepté » parce que t'avais toutes les raisons de ne pas venir. mais t'es là et ça change tout.

sûrement une autre connerie balancée par ceux qui n’avaient pas su venir en aide ou qui n’en avait pas eu envie. facilité de tout reporter sur les épaules de la personne en souffrance, lui soufflant qu’il n’y avait pas de solution miracle et qu’elle était la seule à pouvoir choisir de remonter à la surface ou non. et peut être bien qu’elle se devait de fournir elle même les efforts mais elle était tout aussi certaine que sans aide, c’était peine perdu. à quoi bon tenter de s’en sortir si c’était pour se retrouver seule une nouvelle fois ? solitude qui n’apportait rien de bon. rien d’autre qu’un trou noir continuel où ses journées étaient rythmées entre les peines et les douleurs. elle avait besoin d’un point d’accroche d’alix, de vraies raisons. et si dernièrement sa fille était devenue sa bouée de sauvetage, elle savait aussi qu’elle ne pouvait décemment pas reporter tout son espoir sur elle. gosse innocente qu’elle apprenait à découvrir chaque jour un peu plus et qui ne méritait que le meilleur de chaque situation. le meilleur d’elle même. oh, elle tentait de le lui offrir à travers des sourires et ses meilleurs moments. prétextant que tout allait bien et que rien ne pourrait jamais entacher la légèreté dont elle faisait preuve quand elle était en sa présence. je sais. mais c’était là tout le problème. parfois, les excuses n’étaient pas suffisante. parfois, être désolé ne réparait pas les tords causés. pour yeri, oui. c’était même plus pour elle même. elle avait apprit avec le temps que son histoire continuerait de l’abîmer jour après jour. l’espoir de jours meilleurs qui s’étaient évaporés au fur et à mesure des années. mais pour yeri, elle voulait tenir le coup. lui prouver qu’elle pouvait avoir une mère qui serait présente jusqu’à la fin. je ne sais pas pourquoi je l’ai fais si tu veux de l’honnêteté. elle ne pourrait jamais justifier sa présence ici, même auprès d’elle même. j’suppose que tu me manquais même un peu. et c’était le reflet de sa bêtise de ressentir ça après tout qui s’était passé.

 perdu dans mes pensées, ces derniers temps ont été une torture pour moi. j'ai détesté le reflet de mon visage dans le miroir si longtemps. fixant mes iris, je ressentais la rage qui m'habitais, au plus profond de moi. je devais faire face au regard de l'homme qui avait osé réouvrir tes blessures. alix, si tu savais le nombre de fois où j'ai eu envie de me punir pour ce que je t'ai fais vivre, le nombre de fois où j'ai eu envie de t'écrire un pavé immense pour te dire à quel point j'étais désolé et à quel point je pouvais tenir à toi. somnambulisme hasardeux, coïncidence ou envie inconsciente, il m'est arrivé de marcher des heures après certains combats et de me retrouver en bas de chez toi. je restais là, perdant la notion du temps. je voulais juste apercevoir la lumière de ton appartement, savoir que t'étais là, que je t'avais pas brisé au point de rester dans le noir. l'arroseur arrosé c'est moi. j'ai entamé une danse avec la flamme qui dansait dans ton regard et au final, je me suis brûlé. feu ardent qui s'insinue dans mes poumons et brûle mon palpitant. chaque regard que je pose sur toi me fait l'effet d'une coup de poignard. je suis désolé. phrase usé, désabusé, sans plus aucun sens tellement qu'elle a été craché. mes yeux qui se pose sur toi, quitte à littéralement cramer quand tu me dis que tu le sais. tu le sens ? est-ce que tu vois l'épave que je suis ? à cause de ce que j'ai fais au monde qui m'entoure. brisant l'innocence de dawie, enlevant la vie de jordy, arrachant ta joie. si toi t'as trouvé une raison de te lever le matin, je la cherche encore. toi tu as ta fille, un but, une mission. moi j'ai quoi ? un morceau de famille qui j'ose à peine regarder dans les yeux quand mon jumeau ne voit même pas mon mal être et que la seule personne qui semble me comprendre et me soutenir et celle que j'aime si fort que les mots ne sortent même pas de ma bouche, qu'ils s'évanouissent au creux de mes lèvres quand je tente de lui dire merci.  « j'sais pas pourquoi t'as dit oui non plus. » soyons honnête, tu avais toutes les raisons de dire non. pourtant t'es là. et putain ce que ça me fait du bien. tellement que j'ai du mal à contenir certaines réactions. comme l'impression de pouvoir respirer tout à coup, quand tu me dis que je te manquais. l'espace d'un instant ma respiration n'est pas aussi pesante et brûlante. regard qui s'embrume quand je me mords la lèvre. « tu me manques alix » bien plus que tu ne peux l'imaginer.. mais j'ai aucun droit. j'ai rien le droit de te demander. je suis pas en position d'exiger quoi que ce soit, pourtant, je voudrais si fort que tu me sers dans tes bras en me disant ça va aller. parce que je perds pieds. quand bien même j'essaie de remonter la pente, je suis encore en équilibre.  

dans un monde utopique, elle aurait tourné la page. effacé le traumatisme et plus jamais posé ses opales sur toi. parce qu’après tout ça, t’étais plus censé lui évoquer quoi que ce soit. ni de la colère, ni de la peine. rien d’autre qu’une indifférence constante et alors, elle aurait pu être fière d’avoir chassé le néfaste de sa vie. dans la réalité, c’était bien moins glorieux, aucune fierté qu’elle ne pouvait trouver dans ses actions. les messages qu’elle t’envoie sur l’excuse d’une entreprise dont tu possèdes des parts pour finalement se retrouver ici, trinquer à la mélancolie de ce que tu évoques. misérable enfant qui ne cesse de s’accrocher au pire de son existence. ses doigts qui griffent, lacèrent les malheureux beaux instants, répètent en boucle que ça suffit à effacer le reste quand le souvenir de tes mains retirant son souffle ne cesse de repasser en boucle dans son esprit. t’aurais pu la tuer, tu l’as presque fait. et si tu n’avais pas lâché prise ? et si ta folie avait été si poignante que tu l’aurais emporté dans l’autre monde sans même t’en rendre compte ? frissonne légèrement, recule dans sa chaise, les millimètres essentiel pour s’éloigner de ton aura. la bouche qu’elle ouvre une fraction de seconde, la referme finalement sans son. les mots qui tardent à venir, l’incapacité à coordonner le flux de ses pensées et le mécanisme de sa voix. c’est l’air qui devient trop lourd autour d’eux, un poids qu’elle semble avoir sur sa poitrine l’empêchant de respirer correctement. c’est à cet instant qu’elle prend conscience des choses. jolie alix qui n’a pas cherché à affronter le traumatisme, l’enfouissant au plus profond d’elle même comme si le procédé lui permettrait de le faire disparaître. le glisser dans une case, relégué aux oubliettes au même titre que les souvenirs d’enfance dans l’espoir mince de ne plus jamais le voir ressurgir. l’esprit faible qui construit des barrières trop fragile, les éclats que ça provoque dans son esprit quand tout revient en trombe. j'ai pas confiance en toi ne lui as-tu pas prouvé que miser sur ta personne était d'une idiotie profonde ? s'éclaircit la gorge finalement, fouille dans son sac pour en sortir un dossier. du coup, j'ai emmené les papiers à signer pour que.. t'abandonnes tes parts c'était logique en soit de ne pas travailler ensemble, pas après tout ça. et en cherchant la vérité, tu n'avais de toute manière absolument rien fait pour lancer l'affaire.

j'essaie de me remettre sur pied, j'ai demandé de l'aide à roxane, je la laisse prendre soin de moi et m'aider à accepter ce que j'ai fait. je dis pas que je vais effacer de ma mémoire les coups que je t'ai porté, loin de là. mais c'est arrivé, aussi désolé que je puisse être ça ne changera pas ce que je t'ai fait endurer. mais si j'arrive à avancer, si j'arrive à me pardonner alors je peux espérer qu'un jour tu en fasse de même. comment tu pourrais me pardonner si j'ai peur de moi-même. je sais que toutes mes excuses ne changeront pas le fait que j'aurais pu te tuer ce soir là. et crois moi je voudrais te dire ce qu'il s'est passé, pas pour excuser mes gestes, mais pour que tu comprennes que ce soir là, c'était pas complètement moi qui te tapais dessus, que c'était pas vraiment le aidan dont tu es tombée amoureuse. mais je peux pas. y a déjà bien trop de personne au courant de cette histoire. roxane, dawie, laïa, jax, dylan.. je peux pas prendre le risque de mettre tout le monde dans la merde, je peux pas prendre le risque de te faire encore un peu plus peur, de te faire penser que je suis un monstre. c'est pour ça que je garde mes distances avec toi, que je cherche pas à te toucher alors que je meurs d'envie de prendre ta main dans la mienne. tu me renvoies à tout ce qui a de plus fragile chez moi, sûrement parce que j'ai été au plus près de tout ce qui est fragile chez toi, quand comme ton père, ne valant pas plus que lui, j'ai moi aussi osé poser mes mains sur toi, dans le but de te faire mal, dans le but de me faire mal aussi. ce soir là t'étais ma punition. une manière de me sanctionner de ce que j'avais fait en m'empêchant de garder pour moi ce qui me rendait heureux dernièrement : ton sourire. alors forcément te voir là face à moi, le visage fermé, me disant que t'as pas confiance en moi, c'est douloureux. mais je comprends, j'encaisse en hochant de la tête.  « okey, je comprends. » tu farfouilles dans ton sac et sort des documents. la raison pour laquelle on devait se voir. je t'ai dit que je te céderais les parts, que je voulais pas que tu me les rachète et je le pense toujours. je pourrais faire le chiant, décider que finalement non, juste pour te revoir encore une fois pour une autre signature de papier. mais je t'ai fait assez souffrir je crois.  « ouais. t'as un stylo ? » je te rends ta liberté Alix, le seul truc qui nous liait encore sur le papier, c'était cette affaire.

elle ne sait pas réellement comment s’y prendre. les bons mots à utiliser. le tact n’avait jamais été une de ses qualités. elle a l’impression de bafouiller, de tourner en rond. peut être qu’elle est sur la défensive, les images de la journée où tout a basculé en répétition dans son esprit. elle ne peut s’en empêcher quand il serait bien plus facile de les chasser. traumatisme que t’as laissé aussi bien sur sa peau que dans son esprit. et si les hématomes se sont fait la malle au fil des jours, l’âme est toujours aussi endommagée. elle voudrait comprendre poupée. savoir pourquoi elle, pourquoi comme ça. pourquoi n’était-elle que l’exutoire des autres à répétition. actrice éternelle servant de réceptacle pour les colères d’autrui, blâmé quand elle partait à la dérive. mais qui pourrait lui reprocher de ne plus fonctionner correctement quand elle n’avait de cesse d’être secouée comme une vulgaire poupée de chiffons. ouais souffle doucement, la main qui repart dans le sac pour en sortir le besoin qu’elle fait rouler sur la table. c'est ses doigts qui pianotent dans l'attente, malaise palpable quand ses yeux ne cessent de dériver sur les alentours, les sens en alerte. elle voudrait te dire tellement de chose sans savoir par quoi commencer. les reproches, la colère, la peine intense aussi. t'as retourné sa vie dans le mauvais sens du terme. gamine plaçant toujours sa confiance dans les mauvaises personnes, dans ceux susceptibles de la briser. et regarde ce qu'elle est désormais. regarde les opales éteintes, le visage fermée. fatiguée de devoir se reconstruire, de devoir réapprendre à composer avec les vestiges de ce qu'on fait de sa vie. t'es fautif sur trop de choses. lui a offert de l'espoir avant de l'humilier. et les pardons, aussi nombreux soient-ils, ne venaient rien réparer. les mots lancés sans vraiment de contenance. pourquoi ? murmure finalement. nul besoin de situer pour que tu comprennes la question, pas vrai ?